
Tome 1:
Alors qu'elle débarque dans son nouveau lycée, Neiro a bien quelques souhaits: s'intégrer facilement, et se trouver un petit ami. Jusque là, rien de surprenant, la demoiselle semble être une jeune fille comme toutes les autres de son âge. Oui, mais pourtant, la miss a un tout petit problème: si elle a décidé de changer de lycée en partant de l'autre côté du pays, c'est bien parce qu'elle a traumatisé tout l'ouest tant elle est bonne à la baston et que tous les bad boys du Kansai avaient peur d'elle, et par la même occasion l'ensemble des mecs de la région.
C'est donc dévorée d'intentions pures que notre héroïne arrive dans son nouveau bahut. Mais on ne se refait pas si facilement, et dès son arrivée devant le lycée, Neiro se retrouve mêlée à une baston qui lui vaut d'être d'office cataloguée et reléguée dans la pire des classes: celle des nuls. Des abrutis. Des cas sociaux. Des... C'est bon, vous avez compris ?
Zakuri Sato, l'auteure, illustre inconnue en France avant l'arrivée de cette série, l'avoue elle-même: Obaka-chan est un manga qui flirte avec des thèmes en vogue, et ça, on le comprend dès le synopsis, qui témoigne d'un récit qui ne cherchera pas à faire dans l'originalité tant on a déjà vu ou entraperçu le principe de base dans de nombreuses autres oeuvres: Drôles de racailles, Koko Debut... les titres qui pourraient être cités sont nombreux.
De même, le déroulement confirme cette impression, via un cadre reprenant de nombreux éléments classiques.
Ainsi, s'il y a peu d'élèves dans la classe des Nuls car les trois quarts sèchent, on fait la connaissance, en même temps que Neiro, de celles et ceux qui sont là. Au programme: une kogall qui ne pense qu'à se faire draguer sans jamais daigner sortir avec les garçons, un idiot ayant tendance à utiliser les poings plutôt que son cerveau, un garçon qui n'a d'yeux que pour l'idiot en question, et un autre gars tellement maladivement timide qu'il est incapable de formuler une phrase. Sans oublier un professeur totalement dépassé par de tels énergumènes. Et les cas ne s'arrêtent pas à la classe des nuls, puisque le président du conseil d'administration, totalement narcissique, vénérant royalement sa propre personne, en tient lui aussi un sacrée couche.
Qui dit classe des nuls dit également classe des moyens et classe des bons. Un schéma basique au possible, mais destiné à avoir son importance, car il est évident que les bons ne portent aucune considération aux nuls. Et Neiro, elle, ne trouve rien de mieux que de tomber amoureuse de Shin, le meilleur élève de la classe des bons.
D'un bout à l'autre, toutes les idées de ce premier tome ont un grand goût de déjà vu pour tout lecteur de manga chevronné. Et pourtant, même pour ceux-ci, la lecture d'Obaka-chan pourrait bien révéler un charme dont on a encore du mal à déterminer toute l'origine. Serait-ce le graphisme classique mais plaisant ? Une volonté de bien faire de l'auteure qui se ressent à chaque instant ? Le rythme auquel avancent les choses ? Sans doute un mélange de tout ceci. Mais on retient certains éléments plus que d'autres.
Ainsi, on est un peu surpris par le déroulement du récit, qui évolue ici très vite là où d'autres oeuvres étireraient la sauce. Dès la fin de ce premier tome, on se retrouve avec une Neiro draguée par un Shin avec lequel elle sort d'ores et déjà, ce qui ne manque pas d'attirer la jalousie des autres filles du bahut, puis l'on voit changer très vite les sentiments d'un autre de nos cas sociaux envers notre héroïne. En voyant tout ceci déjà en place, on se demande tout simplement ce que nous réserve la suite.
Et, surtout, il y a clairement quelque chose qui se dégage de certains personnages: si la plupart des protagonistes restent encore sous exploités, d'autres tirent déjà leur épingle du jeu. On reste étonné par le caractère de Shin, excellent élève parmi les excellents, qui jette le plus naturellement du monde son dévolu sur Neiro dont il apprécie le caractère, mais le jeune homme reste une énigme, et nul doute que la suite va le développer plus en profondeur. De même, dans la classe des nuls, difficile de résister à Tokio, notre idiot bagarreur qui se découvre des sentiments pour Neiro alors même qu'il passait son temps à chercher à se battre avec en se prenant des vents. Rapidement, une relation se crée entre lui et Neiro, toujours à sens unique, que ce soit en rivalité ou en amour, et gageons que notre héroïne n'a pas fini d'en faire voir de toutes les couleurs au jeune garçon, que ce soit volontairement ou pas. En attendant de voir ça, la franchise avec laquelle ces deux-là communiquent entre eux est le moteur de quelques-uns des meilleurs moments du tome. Enfin, le meilleur personnage de ce premier volume reste probablement son héroïne, Neiro. A la fois idiote, franche et pourtant bourrée d'intentions pures, la miss charme de par son côté direct, a du caractère, ne se laisse pas faire, et amuse très facilement.
En somme, si ce premier volume enchaîne d'un bout à l'autre tout un tas de clichés et de stéréotypes qui auraient pu rendre la lecture ennuyante, et propose souvent des gags classiques plus ou moins réussis (les gags basés sur le président du conseil d'administration sont assez maladroits), il se dégage de l'ensemble une volonté de bien faire, une franchise et une bonne humeur communicative qui finissent étonnamment par séduire. En attendant de voir si la suite confirmera ou pas, nous voici face à une petite surprise que l'on n'attendait pas forcément.
Hormis quelques oublis ou inversions de lettres, pas de grosses coquilles à noter dans l'édition de Tonkam.