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The Earl and the Fairy

Posté : 23 sept. 2012, 16:14
par Koiwai
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La fiche sur le site


Tome 1 :

Une série et deux recueils d'histoires courtes : on peut dire que les éditions Glénat comptent sur Ayuko, leur nouvelle auteure shôjo, dont ils sortent trois oeuvres simultanément. Intéressons-nous ici à The Earl and the Fairy, série en quatre volumes adaptée d'un roman de Mizue Tani.

Le récit s'ouvre sur la ville de Londres au 19ème siècle. Dans des premières pages énigmatiques, un jeune homme blond récupère des informations sur une pierre légendaire, "l'étoile de mellow", auprès d'un homme qu'il laisse ensuite pour mort.
Quelque part près d'Edimbourg, la jeune Lydia Carlton est depuis toujours la cible des ragots, non seulement à cause de ses cheveux "couleur rouille" qui lui ont souvent valu d'être mise à l'écart, mais aussi et surtout à cause du pouvoir qu'elle déclare avoir : celui de voir les fées, êtres merveilleux que la croyance populaire a mis de côté au fil des siècles. Hors de question pour Lydia de renier ce qu'elle voit, ne serait-ce que pour faire honneur à sa défunte mère, qui était elle aussi "Docteur en féérie".
Vivant en compagnie de Nico, un chat féérique dont elle est la seule à entendre les paroles, la demoiselle est bientôt sommée par son père de la rejoindre à Londres. Mais en route, elle est kidnappée en douceur par une bande de malfrats mystérieux, puis sauvée par un jeune homme blond encore plus énigmatique, qui lui demande de mettre ses talents de "Docteur en féérie" à son service afin de retrouver la trace d'une épée mystérieuse devant le mener jusqu'au légendaire Pays des Fées...

S'il est sans cesse question de fées dans The Earl and The Fairy, oubliez les clichés un peu niais et enfantins que vous avez si souvent l'habitude d'avoir sur ce sujet dans les mangas : la série d'Ayuko s'inscrit bel et bien dans un monde réaliste, l'Angleterre du 19ème siècle, ou vient se mêler la légende des fées.
Toute la première moitié du volume, il faut avouer que l'on se demande où tout ceci va mener : même si le personnage de Lydia est plutôt bien présenté et que le blondinet demandant ses services intrigue beaucoup, l'entrée en matière est assez molle, manque un peu de rythme et enchaîne malgré tout quelques clichés dès que le statut de comte du jeune garçon entre en scène. Mais l'on poursuit la lecture, intrigués, et grand bien nous en fait, le récit intriguant de plus en plus au fil des pages, soulevant de nombreux mystères (qui est donc ce jeune blond ? Pourquoi cherche-t-il une épée légendaire ? Quel est son lien avec le légendaire Pays des Fées ? Est-il le dangereux voleur et assassin que l'on pense ? etc...), répondant déjà à certains d'entre eux de manière parfois inattendue... et, surtout, mettant bien en place les choses pour une suite qui devrait gagner en intensité, puisqu'avec cette histoire de voyage à la recherche du merveilleux Pays des Fées, on y devine un parfum d'aventure où le fantastique devrait bien s'immiscer.

Un peu cruche par moments, Lydia est une héroïne qui s'en sort finalement bien, car même si elle est facilement influençable, elle ne se laisse pas faire et est capable de réagir. En plus du blondinet qui reste séduisant mais possède son lot de mystères et ne semble pas être le prince charmant rêvé, d'autres personnages, à commencer par ses serviteurs Raven et Ermine, intriguent.

Côté graphique, Ayuko possède un coup de crayon qui s'adapte bien au contenu. Ici, on s'éloigne assez des clichés du shôjo, grâce à un trait fin, bien proportionné, parfois à la limite de ce que l'on peut voir dans certains seinen. Un coup de crayon assez adulte mais suffisamment féminin pour plaire aux lectrices qui voudraient une oeuvre changeant des habituels shôjo lycéens qu'on nous sort si souvent en France. Les décors sont anecdotiques, mais Ayuko parvient à apporter ce qu'il faut de détails à travers les costumes d'époque, pas spécialement détaillés mais suffisants pour s'immerger un peu plus. On regrette juste une certaine confusion lors des rares petites scènes orientées action, et des visages parfois trop relâchés.

Après un début un peu mollasson, The Earl and the Fairy décolle petit à petit jusqu'à donner réellement envie de connaître la suite. De nombreux mystères sont là, certaines réponses apparaissent déjà et intriguent toujours plus autour de personnages bien campés et que l'on a envie de voir développés. Bref, tout est là pour nous offrir un agréable shôjo fantastique sur fond d'aventure.

Re: The Earl and the Fairy

Posté : 22 nov. 2012, 18:03
par Koiwai
Tome 2 :

Lydia, Edgar, Ermine et Raven poursuivent leur route, à la recherche du lieu où se trouverait le noble épée du Chevalier bleu. Leurs pas les amène sur l'île de Manane, en mer d'Irlande, où se trouve l'ancien château du Comte. L'île est riche en histoires fantastiques, et l'on raconte notamment que l'on retrouve souvent les pilleurs cherchant à s'emparer de l'épée au fond de la mer, comme happés par Mellow, une sirène légendaire à la voix d'or, qui a autrefois conclu un pacte avec le Comte.

L'aventure se poursuit donc pour nos héros, qui se retrouvent bientôt dans un univers peuples de fées et de légendes que seule Lydia peut voir ou connaître. Elle sera d'une grande aide à Edgar... Mais la jeune fille reste rongée par le doute ? Edgar est-il bon ou mauvais ? Les rumeurs sur son statut de tueur en série sont-elles fondées ? D'un côté le jeune homme semble ne reculer devant rien pour arriver à ses fins, mais d'un autre côté, il montre une gentillesse envers Lydia qui tend à se confirmer quand notre héroïne apprend tous les sacrifices qu'il est prêt à faire pour rendre heureux ses deux protégés, Ermine et Raven, sur lesquels nous en apprenons un peu plus.

A vrai dire, pendant une bonne partie de ce volume, les dialogues priment sur le reste, un peu comme dans le tome 1, et certains pourraient trouver que le rythmé en pâtit. Simplement, Ayuko prend bien le temps d'apporter ce qu'il faut d'informations et d'ambiguïtés à ses personnages. Edgar reste très mystérieux, Raven tout en nuances tant il semblerait prêt à commettre le pire pour protéger son maître, et Ermine touche dans les faiblesses qu'elle avoue à Lydia, dans les sentiments qu'elle éprouve pour Edgar, dans le désespoir qui la tiraille quand elle voit ce dernier prêt à se sacrifier pour elle.

Et ce qui doit arriver arrive. Au fil d'une aventure qui finit par repartir bel et bien autour de la recherche de l'épée et des passionnantes mais trop brèves interprétations des légendes féériques de Lydia, le récit se voit ponctué d'événements dramatiques du plus bel effet, car bien préparés par le focus sur les personnages. L'équilibre entre aventure, romance, féérie et psychologie des protagonistes s'avère bien dosé, la mangaka ayant su tirer le principal du roman original, même si l'on ressent régulièrement quelque coupure à cause de la brièveté du manga.

Finalement, ce deuxième volet s'emballe bien, parvient à captiver et à toucher quand il le faut, et ce qu'aux rebondissements finaux et à la fin de la première partie de la série. Pari réussi pour Ayuko : son adaptation en manga de l'oeuvre de Mizue Tani se présente petit à petit comme une vraie réussite.

Re: The Earl and the Fairy

Posté : 12 févr. 2013, 17:08
par Koiwai
Tome 3 :

Lydia, désormais docteur en féérie officielle du Comte Ashenbert alias Edgar, doit se faire à son nouveau statut, et prouver au yeux de certaines personnes de la haute société qu'elle mérite l'attention de son maître. Entre l'attitude ambiguë d'Edgar et les médisances de certains, la jeune femme voit arriver sa première enquête, liée à la disparition énigmatique d'une jeune baronne. De fil en aiguille, l'affaire l'amène sur la piste d'une mystérieuse pierre fantastique nommé "l'oeuf féérique", et de "l'homme de brume", créature réputée maléfique...

L'enquête que doit suivre Lydia s'avère intéressante, car divisée entre plusieurs pistes qui finissent petit à petit par se rejoindre en laissant petit à petit se dévoiler la vérité. Ainsi, si le fond ne surprend pas vraiment (par exemple, on voit venir de très loin l'identité de le personne à l'origine du complot et ses motivations), on prend plaisir à découvrir la jeune Rosalie, fille de bonne famille coquette et prétentieuse que l'on adore déjà détester un peu dès lors qu'elle considère Lydia comme sa rivale dans la conquête d'Edgar. Mais c'est bel et bien ce dernier qui intrigue le plus, évidemment, car l'affaire entrouvre peu à peu la vérité sur son passé, riche de plusieurs coups durs qui viennent bien expliquer ses motivations ainsi que l'importance que peut avoir pour lui un ami comme Raven.

En somme, on se retrouve avec un tome pas forcément surprenant, mais bien équilibré entre l'enquête, l'aspect fantastique et féérique, la découverte du passé d'un Edgar plus ambigu que jamais, et les sentiments toujours imprécis d'une Lydia mise à mal par la jalousie de Rosalie.

Aventure, fantastique, mystère et romance, le tout bien narré et porté par le coup de crayon toujours aussi fin et élégant d'Ayuko : il n'en faut pas plus pour passer un bon moment de lecture.

Re: The Earl and the Fairy

Posté : 12 mars 2013, 20:05
par Koiwai
Tome 4 :

Lydia se retrouve enfermée par Rosalie dans un entrepôt où elle retrouve Doris, la jeune Lady portée disparue. Surgit alors le bogie beast, qui leur en apprend plus sur ce qui est en train de se jouer et sur qui tire réellement les ficelles...

Avec ce quatrième volume, The Earl and the Fairy tire sa révérence dans une conclusion où tout trouve réponse, de l'identité d'un ennemi plus important encore que Graham à la soif de vengeance d'Edgar, en passant par les tourments de la prétentieuse Rosalie, qui risque fort de devoir se remettre en question.

Malheureusement, certains de ces axes sont rapidement traités, voire assez expéditifs, à l'image d'un final qui nous laisse un peu sur notre fin, ou du focus sur Rosalie et Doris, qui reste superficiel. Mais par contre, Ayuko parvient plutôt bien à mettre en avant l'ambiguïté et les tourments du Comte, toujours aussi partagé entre sa bienveillance envers Lydia, son côté manipulateur, et l'inquiétude qu'il peut parfois inspirer de par quelques agissements extrêmes, notamment envers Rosalie. Au bout du compte, on ressent surtout le sentiment de culpabilité qui anime Edgar de façon injustifiée, puisqu'il se reproche d'avoir survécu par le passé. Lydia prend alors une importance capitale auprès de lui, lui permettant d'évacuer petit à petit la soif de vengeance et la culpabilité infondée qui l'animent.

Porté par cet aspect, la série suit son cours sans jamais surprendre dans les différentes informations sur Graham, l'homme de brume ou la façon de combattre ce dernier. Pire, quelques facilités pointent le bout de leur nez, mais concernent des points discrets (ben oui, Graham, gros beta, tu aurais quand même dû te douter que sans surveillance, Raven n'allait pas t'attendre gentiment juste parce que tu le lui avais demandé...). Il n'y a donc pas de quoi hurler de surprise, tout est assez convenu dans ce final, mais la narration posée et le trait élégant d'Ayuko sont toujours là pour que les choses s'écoulent plaisamment.

C'est donc principalement la relation entre Lydia et Edgar qui anime ce dernier tome. L'ambiguïté du beau blond aurait pu devenir rébarbative si la série avait duré plus longtemps, et Ayuko achève finalement au bon moment la série, en entrouvrant une porte de sortie à nos héros, qui pourront dès lors enfin oublier le passé peu à peu et marcher vers l'avenir. Il faut bien dire qu'au bout du compte, on aurait aimé voir cet avenir, suivre encore un peu plus longtemps ces personnages, car il y a un petit quelque chose d'incomplet, de trop peu, la sensation que certains personnages auraient pu être plus exploités. Les romans originaux pourraient être une bonne alternative, s'ils sont publiés un jour en langue française...