Kamakura Diary

Shojo, josei, yuri, yaoï... En d'autres termes voici la rubrique regroupant les genres de manga destinés à un public féminin!
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Koiwai
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Kamakura Diary

Message non lu par Koiwai » 26 avr. 2013, 08:35

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Il y a bientôt dix ans, les éditions Panini faisaient découvrir aux lecteurs français un shôjo pas comme les autres : Banana Fish, thriller culte au Japon, qui a marqué les fans autant pour ses nombreux moments intenses que pour la psychologie finement ciselée de ses héros. Trop particulière à l'époque et dotée d'un design pas forcément attirant au premier regard (que ce soit au niveau de l'édition ou du dessin), la série fit un flop dans notre pays, mais a su garder une place de choix dans la mémoire et le coeur d'une niche qui a alors conservé l'espoir de retrouver un jour en langue française une autre oeuvre de la mangaka, Akimi Yoshida.

Dix ans plus tard, l'heure est enfin arrivée, grâce aux éditions Kana, l'éditeur prenant une nouvelle fois le risque de publier une série très populaire au Japon mais dans un genre rarement vendeur en France : Kamakura Diary, josei tranches de vie à la réputation très flatteuse, nominé pour de nombreux prix et vainqueur de certains, comme le prestigieux prix d'excellence du Japan Media Arts Festival (qui a aussi eu pour vainqueurs des séries célèbres comme Real, 20th Century Boys, Pluto, Mushishi, Emma...).

Kamakura Diary nous plonge aux côtés des trois soeurs Kôda, vivant ensemble dans la demeure familiale au fond de la vallée de Kamakura, paisible ville côtière au sud-ouest de Tokyo, au moment où elles apprennent le décès d'un père qu'elles n'ont pas vu depuis 15 ans. La nouvelle ne leur fait ni chaud ni froid, mais il faut bien se rendre à Yamagata pour assister aux funérailles, d'autant que des affaires d'héritage doivent être réglées avec Yôko, celle qui était la nouvelle femme du paternel. Mais une fois sur place, elles font la connaissance de Suzu, une collégienne qui n'est autre que leur demi-soeur issue d'un précédent mariage du père avec une autre femme décédée depuis. N'ayant désormais plus aucun de ses parents biologiques et n'étant pas vraiment destinée à être heureuse auprès de sa belle-mère Yôko, la jeune Suzu se voit alors proposer par Sachi, l'aînée des Kôda, de venir vivre avec elles dans la grande et ancienne demeure de Kamakura.

Ce premier volume nous propose trois longs chapitres, dont le premier est une sorte de grande et habile introduction qui met bien en place l'ambiance de la série, loin d'être aussi triste qu'on pourrait le croire. En effet, si la question du deuil et de la perte d'un être absent depuis 15 ans est au coeur du début de tome, aucun pathos n'est à noter, cela permet même au bout du compte de sublimer un thème plus beau qu'est la force des liens familiaux, et le tout se veut même bourré d'humour, grâce à des personnalités que l'on prend plaisir à découvrir dans des clichés qui ne cessent de sauter.
Ainsi découvre-t-on les trois soeurs Kôda.
Sachi, la plus âgée, est aussi la plus mâture, celle qui a le plus la tête sur les épaules, et celle qui est souvent à l'origine des décisions importantes. Se laissant rarement aller, elle se donne à fond dans son travail d'infirmière et peut paraître souvent sévère, d'autant qu'elle ne se laisse pas faire, est très directe et a la langue bien pendue (Yôko en fera les frais, pour notre plus grand bonheur), mais tout ceci ne l'empêche pas d'avoir un coeur juste et droit, comme le montreront ses paroles très vraies sur l'enfance et sa proposition soudaine à Suzu.
Yoshino, de son côté, est la plus fêtarde et la plus féminine. Enchaînant les déceptions amoureuses et ayant un très fort penchant pour l'alcool, elle apparaît dans un premier temps plus insouciante et superficielle, mais finit par dévoiler d'autres facettes petit à petit, ainsi qu'une vraie bonté à fleur de peau.
Quant à Chika, la plus jeune des trois, elle est la plus sportive, la plus garçon manqué, et la plus extravagante aussi, à l'image de ses coupes de cheveux. Très sociable, elle permettra à Suzu de trouver ses marques assez rapidement à Kamakura, par exemple en l'invitant à rejoindre le club de football du coin dans la suite du tome.
Enfin, la petite Suzu, tout juste esquissée dans le premier chapitre, ne manque pas de charme, et on devine sous son physique de gamine une maturité presque poussée par la perte de ses parents et la dureté d'une Yôko qui la prive presque de son enfance à force de vouloir en faire déjà une adulte. Le deuxième chapitre, dans sa nouvelle vie aux côtés des trois femmes plus âgées qu'elle, la montre de manière plus enfantine, et on ressent très vite la naissance d'une alchimie entre elle et les trois soeurs Kôda. Tandis que dans le troisième chapitre, on la découvre encore sous une autre facette, grâce à son quotidien auprès de camarades de son âge, et l'on entrevoit alors déjà plus en profondeur une jeune fille effectivement mature, capable d'être aussi dure que réconfortante, mais conservant heureusement une part plus joyeuse et insouciante digne d'une enfant. L'attachement qu'on ressent pour elle se confirme, elle ne manque pas de charme, et deux de ses camarades semblent d'ailleurs l'avoir déjà remarqué...

Dès le premier chapitre, on sent des caractères bien mis en place et bien différents, quelque part assez complémentaires, et on entrevoit déjà l'abord de thèmes aussi forts que le deuil et l'enfance gâchée, sans que ce ne soit jamais pesant, bien au contraire. La suite du volume voit la petite Suzu débarquer à Kamakura, et le ton ne change pas, restant toujours aussi délicieux et habile, car au fil de ces premiers mois de cohabitation (le temps passe assez vite, on se retrouve déjà de l'été à décembre dans ce premier tome), on voit Akimi Yoshida aborder à nouveau des thèmes durs, de ceux qui font une vie, comme la déception amoureuse, les dettes d'argent ou le cancer, sans tomber dans une ambiance pesante, grâce à des personnages qui ne restent pas campés dans leurs traits de caractère, se dévoilent toujours plus et évoluent au quotidien. Comme n'importe qui dans la vie.

On se régale donc, tout simplement, en voyant nos quatre héroïnes affronter certaines épreuves de la vie sans se morfondre, pouvant mine de rien compter les unes sur les autres au gré de leurs disputes, de leurs petites piques, de leurs différentes altercations avec un entourage déjà très conséquent et qui semble lui aussi voué à être développé, de leurs discussions tout à fait banales sur le quotidien... C'est bavard, très bavard (il ne faut pas se laisser rebuter par tant de textes), et donc très vivant car très bien huilé, chaque dialogue transpire de vie, sonne juste, et apporte des situations de tous les jours variées, drôle et rafraîchissantes, ou plus amères. Le plus grand talent d'Akimi Yoshida est bien de réussir à partir de ces tout petits riens qui animent la vie pour aboutir sur un ensemble extrêmement vivant et toujours juste, sur des relations qui se créent ou s'achèvent avec un entourage jamais statique, sur des réflexions habiles sur les grandes épreuves que nous inflige la vie, le tout restant toujours dans cette ambiance très animée, loin d'être trop pathos ou trop monotone.

Si l'on devait résumer Kamakura Diary en un mot, ce serait donc tout simplement la Vie. Celle que tout le monde connaît, celle faite des plus simples moments de bonheur, des plus durs instants de tristesse, des plus humaines des relations, dans un ton vivant, bienveillant, pudique, tout simplement juste, le tout ancré dans le quotidien paisible d'une ville de Kamakura qui dévoile petit à petit ses charmes, au gré des lieux sur lesquelles les personnages sont amenés à se rendre.

Visuellement, celles et ceux qui sont habitués à des choses plus lisses devront faire un petit effort pour s'habituer, mais le jeu en vaut la chandelle, car sous un premier abord qui peut paraître un peu simple ou austère, le trait d'Akimi Yoshida cache une grande richesse au niveau des visages, la mangaka étant capable d'offrir à ses personnages une impressionnante palette d'expressions très nuancées, qui font très facilement passer les sentiments voulus. Dans son genre, c'est brillant.

Quant à l'édition de Kana, elle s'avère correcte. La jaquette aux couleurs douces est superbe, la première en couleur est charmante, la traduction s'en sort plutôt bien pour une oeuvre aussi bavarde.
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Re: Kamakura Diary

Message non lu par Koiwai » 25 juil. 2013, 22:34

Tome 2 :

"Moi aussi, je veux vivre en regardant droit devant moi, dans cette ville où se trouvent mes amis et ma famille."

Vivant avec ses trois demi soeurs à Kamakura depuis déjà quelques mois, Suzu s'est bien acclimatée. Elle s'entend bien avec Sachi, Yoshino et Chika qui veillent sur elle chacune à sa manière, elle s'est fait des amis, a intégré l'équipe de football mixte local des Shônan Octopus... et a aussi déjà dû faire face à de cruelles épreuves, comme l'amputation de Yûya, le grand espoir du club de football. Dans ce deuxième volume, le quotidien se poursuit doucement à Kamakura pour nos différentes héroïnes, au gré des étapes de la vie qui se dressent face à elles.

Après un premier tome équilibré au niveau de la mise en avant des personnages, ce deuxième tome met plutôt en avant Suzu. Après s'être intéressée de près à l'ancien petit ami de Yoshino et avoir découvert certaines facettes de son passé et ses liens avec d'autres personnes, la jeune fille se lie un peu plus avec Miporin, la gardienne du club de foot, un garçon manqué, secrètement amoureuse de Yûya. Elle découvre alors un peu plus cette jeune fille au fort caractère et au bon fond mais qui a aussi ses faiblesses, tandis que le retour sur Yûya perce les pages de par sa pertinence. On voit le jeune garçon persévérer pour pouvoir refaire du football malgré son amputation, il reste optimiste et souriant, mais attire forcément une pitié qu'il aimerait à tout prix éviter, surtout de la part de personnes qui sont mal placées pour le comprendre. Le ton est aussi cruel que délicat, car si Yûya a, dans le fond, parfaitement conscience qu'il ne retrouvera jamais son niveau d'avant et qu'il ne peut éviter certains regards, il persévère malgré tout sans espérer de miracle. C'est la vie, tout simplement.

Surtout, les mises en avant de Tomoaki Fujii et de Yûya permettent à Akimi Yoshida d'aborder en douceur des thèmes vrais, comme le suicide, la mort, les conséquences d'un handicap... Que des choses qui font partie intégrante d'une vie. La force de l'auteur étant de ne jamais changer de ton, de ne pas surcharger les choses d'émotion, puisque qu'elle se contente de conter son récit avec naturel, en s'appliquant simplement à rendre ses nombreux personnages vivants et profonds, dévorés par tout un tas de sentiments qui sonnent juste. Ainsi, les petits quiproquos amoureux autour de Suzu et Fûta sont délicieux, la brève image que l'on a de la famille de Fûta est un régal de vivacité, les protagonistes secondaires comme la famille de Miporin ou le grand frère de Fûta sont très bien campés, les doutes de Suzu quant à sa place dans le club de football sonnent juste, le focus sur la relation de Sachi avec le médecin est discret mais bien présent... Le tout sans que le cours du temps n'en soit troublé, sans que la vie n'en soit fondamentalement chamboulée, Suzu et ses camarades de classe arrivant déjà à l'année scolaire suivante, et les petites conversations secondaires étant toujours là pour dynamiser le tout et le rendre toujours plus vrai (ici, on retiendra, entre autres, les histoires de curry).

Quant au dernier chapitre, il se focalise brillamment sur la relation houleuse entre la mère des trois soeurs Kôda et l'aînée Sachi, lorsque l'heure est venue de commémorer le sixième anniversaire de la mort de la grand-mère des trois soeurs. Tandis que l'on découvre encore un personnage bien campé en la grand-tante d'Ôfuna, et que les tensions entre la mère Kôda et Sachi sont bien perceptibles, on voit surtout se dessiner, tout en finesse, un portrait nuancé de la mère, et de la relation qu'elle avait avec sa propre mère... Car après tout, la vieille Miyako Kôda a elle aussi été l'enfant de quelqu'un. Et si Sachi ne peut évidemment pas lui pardonner certaines facettes de sa personnalité, on ressent en elle un doux changement dans sa façon de considérer sa mère.

Il est tout simplement admirable de voir la subtilité avec laquelle Akimi Yoshida croque ses nombreux personnages et les fait doucement évoluer au gré des simples étapes de la vie qu'ils doivent passer. C'est d'une finesse rare, riche sur bien des points tant chaque protagoniste est bien croqué. L'ensemble ne tombe jamais dans la surenchère, reste très posé voire ponctué de nombreuses notes d'humour malgré des thèmes souvent douloureux. Et la mangaka n'oublie rien, pas même les tourments de Suzu après la dispute de Sachi et de sa mère. Cette chronique quotidienne a décidément tout pour elle.

Dommage, alors, que la traduction peine parfois à suivre la richesse de l'oeuvre. Car entre Chika qui devient Chiko à la première page, Fûta et Yûya qui sont confondus lors d'un dialogue de première importance entre Suzu et Miporin, ou le nom d'Ôfuna qui est utilisé tantôt pour la tante tantôt pour la ville d'où elle vient, on a vite fait de se sentir un peu perdu par moments...
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Re: Kamakura Diary

Message non lu par Koiwai » 25 nov. 2013, 23:40

Tome 3 :

A Kamakura, l'été bat son plein, et le premier anniversaire de la mort du père de Suzu et de ses trois demi-soeurs arrive. En route pour Kajikazawa où elles devront assister à la cérémonie commémorant ce premier anniversaire, toutes quatre se préparent, notamment Suzu qui retrouvera le lieu où elle vivait il y a encore peu de temps, mais aussi les personnes qui l'y entouraient. Pourtant, une surprise de taille les attend au sujet de Yoko. Une surprise qui va chambouler en profondeur Suzu, à nouveau meurtrie par les actes de sa belle-mère.
Via ce passage à Kajikazawa, Akimi Yoshida place la collégienne face à ses souvenirs, mais aussi face à certaines de ses douleurs les plus enfouies, l'événement autour de Yoko l'obligeant à se replonger dans certaines choses désagréables, au point de se disputer assez violemment avec sa soeur Sachi. Mais au fil des pages, c'est une prise de conscience qui l'attend. Au sujet de Yoko, mais aussi de ses deux jeunes frères d'adoption, et de la famille qu'ensemble ils n'ont jamais réussi à réellement former. Grâce à une parfaite exploitation des personnages et à des dialogues et pensées fins et logiques, Yoshida continue de faire doucement évoluer sa jeune héroïne.

Le retour à Kamakura dans les trois quarts du volume restants s'accompagne de nombreux doutes, principalement sentimentaux, et s'ils s'axent à nouveau de façon importante sur Suzu qui découvre certains de ses sentiments, ils s'attardent également beaucoup sur Sachi, qui va voir sa vie professionnelle et sentimentale évoluer. Chika reste malheureusement un peu discrète, et Yoshino voit surtout sa carrière professionnelle évoluer, mais dès lors que toutes deux découvrent que leur grande soeur entretient une relation avec un homme marié, c'est la surprise et l'indignation. Tout en s'intéressant de jolie manière aux premiers émois déçus de Suzu, Akimi Yoshida prépare le doute que s'apprête à vivre la plus secrète des trois soeurs Kôda, entretenant une liaison délicate avec le médecin Kazuya Shiina, visiblement bien amoureux d'elle mais qui ne peut se résoudre à abandonner son épouse malade. La situation a beau être délicate, puis houleuse dès lors que Yoshino la découvre, Sachi reste celle que l'on connaît déjà : un femme ferme et de caractère, qui a la tête sur les épaules et n'hésite pas à dire ce qu'elle a à dire. Et pourtant, au fil de conversations et d'événements parfois soudains, elle sera contrainte de se remettre en cause et de revenir sur ce qu'elle a vécu pendant trois ans.

Que ce soit à travers Suzu ou Sachi, Akimi Yoshida décrit des émotions qui apparaissent extrêmement réalistes, tant on a l'impression que n'importe qui peut s'interroger ainsi. Cela, on le doit surtout à une impressionnante cohésion dans les relations entre les personnages, qui s'influencent constamment au gré de leurs conversations, des rencontres et des séparations. Ainsi, si les quatre soeurs restent les principales actrices de l'oeuvre, il faut saluer la cohérence avec laquelle tous ceux qui les fréquentent évoluent, eux aussi. Par exemple, la volonté de Yûya au football provoque de l'admiration chez Fûta alors que tout le monde tendait à la pitié, et cela aura des conséquences très bien amenées chez Suzu et chez l'entraîneur Yasu, ce dernier étant même amené à se remettre en cause tandis qu'il sympathise avec Sachi, qui subira elle-même l'influence de ce collègue de travail. Puis Sachi qui découvre les qualités d'une collègue a priori incompétente, Yoshino qui subit les frasques de son patron... sont d'autres exemples amenant les personnages à évoluer, à mûrir.

On pourrait encore s'étaler longtemps comme ça sur des détails, mais ce serait inutile. En fait, dans Kamakura Diary, tout repose d'abord sur des dialogues et pensées très fins, qui amènent petit à petit des évolutions sur chacun des nombreux protagonistes, ceux-ci ne cessant de s'influencer les uns les autres. Akimi Yoshida crée une connectivité complexe mais logique et limpide entre tous ses personnages, pour un résultat qui sonne incroyablement juste. Si bien que rarement des relations n'ont semblé si justes dans un manga. Pour les amateurs de tranche de vie réaliste, c'est un régal à suivre, d'autant que l'incursion paisible dans Kamakura est immersive et délicieuse, au gré des manifestations comme le feu d'artifice ou la fête des masques, ou des lieux mis en avant comme la longue pente, la plage ou les maisons traditionnelles.
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Re: Kamakura Diary

Message non lu par Koiwai » 18 juil. 2014, 08:21

Tome 4 :

La nouvelle vie de Suzu à Kamakura se poursuit, et un deuxième automne arrive déjà pour la jeune fille en compagnie de ses trois demi-soeurs. En un an, elle a déjà vécu de nombreuses choses, des petits instants de bonheur, mais aussi des événements plus dramatiques ou bouleversants, mais elle a surtout appris à connaître peu à peu les soeurs Kôda et à sympathise avec son entourage, dont Fûta, camarade de classe dont elle ignore encore qu'il est amoureux d'elle. Mais la collégienne le sent, elle est de plus en plus intriguée et intéressée par son ami, et va de nouveau pouvoir observer toutes ses qualités et sa gentillesse au fil de nouveaux petits événements délicats. Ainsi, une sortie scolaire devient pour les deux enfants un "jeu de piste" où ils observent la dure séparation de Sachi avec son amour impossible, puis tous deux partent à la recherche de Yûya, qui connaît de nouvelles difficultés avec sa prothèse qui doit être changée. L'époque de Noël risque également de troubler nos jeunes héros, sans oublier la découverte d'un petit restaurant et de son patron, aussi bon que mélancolique et nostalgique.

Dans ce quatrième volume, Akimi Yoshida se centre plus que jamais sur Suzu et Fûta, que divers événements rapprochent doucement. Que ce soit en lui offrant un cadeau d'anniversaire, en effectuant quelques sorties avec lui ou en lui cherchant un cadeau de Noël, la jeune fille ne peut qu'observer toute la bienveillance de son ami, qui est toujours là pour elle et tente de la soutenir quand ça ne va pas, le tout sous le regard bienveillant ou curieux de tout le monde, de Miporin au bavard Masa en passant par la famille de Fûta ou les demi-soeurs de Suzu.

Ce focus sur les deux enfants, travaillé et au ton juste, reste un régal à suivre, d'autant qu'il nous permet toujours de découvrir quelques recoins bourrés de charme de Kamakura et de ses environs, mais le plus grand talent de la mangaka reste sa façon d'utiliser ce fil rouge pour approfondir et faire évoluer tous les personnages qui gravitent autour. Ainsi le premier chapitre permet-il de vivre la difficile et délicate rupture amoureuse de Sachi sous l'oeil de Suzu, pour un rendu assez intimiste et sans pathos, vraiment bien rendu. Le deuxième chapitre revient avec talent sur les tourments de Yûya liés à sa prothèse, pour laquelle il a le sentiment de voir tous ses efforts réduits à néant, mais le tout est également l'occasion d'en découvrir un peu plus sur le patron du magasin de sport et petit ami de Chika. Malheureusement plus discrète, Yoshino, la deuxième soeur Kôda, connaît néanmoins elle aussi quelques évolutions, principalement via son difficile rapprochement avec un homme en période de Noël. Et, bien sûr, les différents événements vécus ou observés par Suzu éveillent à nouveau en elle quelques tourments liés à sa situation familiale. Notamment, la rupture amoureuse vécue par Sachi la pousse à reconsidérer un peu sa vision de l'amour adultère, et la découverte du restaurant dans le dernier chapitre réveille en elle des souvenirs nostalgiques qui lui donnent l'impression de redécouvrir encore un peu plus ses parents.

Bref, Kamakura Diary regorge une nouvelle fois de nombreuses richesses. Les thèmes abordés le sont avec subtilité et pertinence, la découverte de Kamakura reste délicieuse, l'approfondissement des personnages reste exemplaire dans la façon dont tout s'entremêle et évolue en parallèle... Avec sa narration maîtrisée et travaillée et ses dialogues bien sentis, Akimi Yoshida croque avec facilité des relations qui sont pourtant tout sauf simples, de celles qui font une vie.
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Re: Kamakura Diary

Message non lu par Koiwai » 13 août 2015, 12:00

Tome 5 :

La vie à Kamakura se poursuit, le printemps est bientôt là. C'est au moment de l'équinoxe qu'un coup de téléphone vient troubler ses soeurs Kôda : une femme se présentant comme la tante de Suzu aimerait venir à sa rencontre, sans que les soeurs et la jeune fille ne connaissent précisément ses intentions... Puis un événement important viendra frapper à la cantine du goéland, Yuya prendra une décision importante, et Sachi se retrouvera dans le doute en fin de volume...

Fondamentalement, la recette de Kamakura Diary ne change pas. Akimi Yoshida continue de narrer son récit sur un rythme lent, celui du quotidien, et continue de briller dans l'abord de thèmes on ne peut plus justes et réalistes. Ici, il sera question de sujets aussi vrais que l'appréhension face au retour du passé, la maladie et, surtout, la mort. Sur un ton toujours aussi simple, Yoshida parvient, dans ce tome plus triste qu'aucun autre, à émouvoir le plus naturellement du monde, simplement à la force de sa narration posée et réaliste et de ses dialogues toujours fins et justes, qui parviennent à dégager beaucoup d'idées sur la vie et ses affres.

Et au fil des événements marquants de ce tome, la mangaka continue d'entrecroiser les parcours de ses personnages, d'en rapprocher certains, de leur faire prendre conscience de certaines choses... De les faire évoluer comme ils le feraient dans la réalité, tout simplement.
Le choix de Yuya vis-à-vis du club de football lui confère une nouvelle forme de relation avec Futa, et ce dernier est poussé à mûrir et à prendre un peu plus conscience de ses qualités de capitaine. Egalement, sa relation avec Suzu se consolide encore un peu plus.
Chez les trois soeurs Koda, Sachi est à nouveau la mieux mise en avant. Travaillant désormais dans l'unité de soins palliatifs, elle va devoir apprendre à se confronter au quotidien à la fin de vie des patients, à affronter elle-même la peur de la maladie. Elle découvrira un peu plus ses collègues, et prendra également conscience des raisons faisant qu'elle aime son travail. Quant à Yasu, il est toujours là, désireux de se rapprocher d'elle. Enfin, son travail l'amènera à croiser sa propre soeur, Yoshino, qui elle aussi connaît dans ce tome une jolie mise en valeur, que ce soit dans son travail, dans sa façon de considérer celui-ci, ou dans son lien avec un collègue qu'elle découvre de plus en plus. Seule Chika reste un peu trop cantonnée à un rôle comique... mais il faut avouer que ces quelques notes d'humour font du bien dans ce tome et qu'elles arrivent souvent quand il le faut.
Enfin, les événements sont aussi l'occasion de mieux développer des personnages jusque là discrets. On pense à la patronne de la cantine du goéland, bien sûr, mais aussi au patron du café yamaneko-tei, et à Masashi dont nous cernons mieux le caractère et la situation familiale.

Comme toujours, Akimi Yoshida nous délivre un très beau volume.
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