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Ane no kekkon

Posté : 11 juil. 2013, 18:13
par Koiwai
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La fiche sur le site


Tome 1 :

En 25 ans de carrière, Keiko Nishi s'est imposée comme une mangaka importante, à la carrière riche de plus d'une quarantaine d'oeuvres et de bon nombre de thèmes abordés à travers ses shôjo, josei ou même boy's love. Il paraîtrait donc presque bizarre que l'auteure ait droit aujourd'hui seulement à sa première percée en France avec Ane no kekkon, josei en cours de parution dans le magazine Gekkan Flowers, magazine qui accueille ou a accueilli quelques perles du genre comme Kamakura Diary, 7 Seeds ou Kids on the Slope.

Yori Iwatani, éternelle solitaire qui approche de la quarantaine, est revenue vivre dans sa ville natale où elle doit partager son temps entre son encombrante petite soeur, la jolie et féminine Ruiko, et son travail de bibliothécaire. Sa vie, plutôt monotone et réglée comme une pendule, la voue à un célibat qu'elle vit très bien. Jusqu'au jour où débarque dans sa vie un homme étrange, Makoto Maki, qui se dit son ami d'enfance et commence à lui tourner autour de façon très prononcée, bien décidé à conquérir son coeur, quitte à être rentre-dedans et à utiliser tous les moyens...

Si Ane no kekkon se présente un peu comme une énième romance digne de n'importe quel shôjo avec un beau gosse qui compte fleurette à une héroïne assez banale, la série de Keiko Nishi parvient pourtant à se démarquer en s'ancrant dans un milieu résolument adulte. Pour s'en rendre compte, il suffit d'observer l'héroïne, Yori, pleinement ancrée dans une vie d'adulte célibataire dont elle ne semble pas pouvoir ni vouloir se débarrasser, au grand dam de sa petite soeur Ruiko, bien plus mignonne et pétillante qu'elle. Tout à fait banale, cette héroïne est de celles auxquelles les femmes peuvent facilement s'identifier, d'autant qu'elle révèle petit à petit une mentalité propre à une certaine tranche de lectrices. Eternelle solitaire, pas spécialement intéressée par l'amour, se contentant de son quotidien un peu monotone de bibliothécaire, Yori n'a guère plus d'illusion sur la vie de couple et ne s'en soucie guère. Pourtant, l'arrivée de Maki risque bien malgré elle de la pousser à s'interroger un peu, comme n'importe quelle femme. Ne serait-il donc pas trop tard pour elle en ce qui concerne l'amour ? En a-t-elle envie ? Que deviendra-t-elle plus tard, quand elle sera plus vieille, si elle reste célibataire ? Autant de petites interrogations qui viennent doucement la tarauder sans non plus être trop persistantes.

Il faut aussi dire que Maki, beau brun lui-même un peu désabusé et quelque peu désordonné, fait partie de ces hommes qui intriguent. Est-il réellement un ami d'enfance de Yori ? Pourquoi lui tourne-t-il autour de façon si insistante ? Des réponses à ces questions commencent à arriver, sont parfois un prétexte pour de bonnes notes d'humour et de savoureux comiques de situation, et entretiennent tranquillement un petit mystère pas trop persistant, mais qui est bien là. Et si son côté beau gosse stalker peut passablement irriter au départ, on finit par s'intéresser à lui.

Entre l'humour, le ton assez posé et le côté plus frais et pêchu de Ruiko par rapport à sa grande soeur, l'ambiance se veut mâture mais assez légère, ancrée dans une tranche de vie assez paisible que viennent renforcer des dessins sans grande prétention. Le trait est assez fin et adulte, les décors sont présents uniquement quand il le faut, quelques coups de génie posés côté narration et découpage viennent servir de très habile manière certaines scènes... Il y a des inégalités graphiques (l'auteure a notamment tendance à faire des cous exagérément longs), mais le tout est pourvu d'une simplicité plaisante.

Au final, Ane no kekkon démarre de façon convaincante, en proposant une romance classique dans un univers adulte, qui est surtout l'occasion de suivre le quotidien d'une quasi-quarantenaire dont la vie sentimentale n'est peut-être pas encore totalement éteinte... Affaire à suivre !

Malheureusement, du côté de l'édition, il y a des signes qui ne trompent pas. Et quand on voit qu'aucune pub n'a été faite sur la série et que même certains vendeurs sur le stand Panini à Japan Expo ignoraient l'existence de la série, on ne sera pas étonné de voir Ane no kekkon plombé par une édition désagréable à prendre en main. Si la traduction n'est pas catastrophique, on reste surtout déçu par le papier trop rêche, la reliure trop dure, le carton de la couverture trop fin, et la qualité d'impression exécrable (l'encre bave beaucoup).

Re: Ane no kekkon

Posté : 10 sept. 2013, 17:49
par Koiwai
Tome 2 :

Draguée, voire stalkée par Makoto Maki, la célibataire endurcie qu'est Yori s'interroge, se demande un peu si elle peut de nouveau croire en l'amour, alors qu'elle y avait renoncé sans regret depuis belle lurette, et sans toutefois ressentir quoi que ce soit pour l'homme qui lui tourne autour. Aussi, quand elle apprend que Maki est marié, qui plus est à une femme qui lui ressemble beaucoup, elle est troublée et décide de reprendre les choses en main pour ne pas se laisser avoir. Car après tout, à son âge, on ne croit plus aux belles histoires d'amour adultères...
Aidée par sa petite soeur l'ultra féminine Ruiko, Yori redécouvre sa féminité, a la confirmation qu'elle peut encore plaire dès lors que l'un de ses collègues de travail commence à tourner autour d'elle... Mais pour le moment, histoire de ne pas se laisser bouffer par un Maki très insistant et envahissant, elle décide d'accepter les avances de ce dernier... à une seule condition : c'est elle qui décide. Qui décide des jours où ils se verront, de ce qu'ils feront...

Commence alors entre les deux amants une relation étrange, où Yori semble prompte aux relations charnelles tant qu'elle reste la maîtresse de son histoire d'amour, mais où Maki, au-delà de simples ébats sans coeur, semble bel et bien vouloir plus de la part de notre héroïne. On devine en lui la recherche de l'amour véritable d'une femme qu'il a toujours aimée (au point qu'il la stalkait déjà quand ils étaient enfants... bonjour l'angoisse), d'autant plus quand on constate l'échec de son mariage arrangé, où il n'y a jamais eu de place pour les sentiments malgré les espoirs du début, et qui interroge volontiers le lecteur quant à la place du mariage de nos jours.

Assez dérangeante, la relation entre Maki et Yori peut déstabiliser et mettre mal à l'aise, entre le premier qui est un stalker de première, et la deuxième qui cède à ses avances sous couvert de rester maîtresse de sa relation. Mais de fil en aiguille, on est surtout amené à découvrir chez chacun des deux amants plus de profondeur, car tandis que sont mis en avant les doutes d'une femme qui a choisi de prendre maladroitement les choses en main pour être sûre de ne pas se laisser bouffer par l'amour auquel elle ne croyait plus, c'est aussi la force des sentiments de Maki qui se confirme, derrière le mariage malheureux et les révélations du passé. Les deux amants restent pour l'instant assez éloignés, mais on se demande bien comment ils vont évoluer, car bien qu'elle affirme ne rien vouloir connaître de Maki, Yori est malgré tout amenée à en apprendre peu à peu plus sur lui. Et en face, d'autres prétendants commencent à arriver...

Côté dessins et narration, ça reste dans la veine du premier tome. Les choses passent essentiellement par des dialogues fins et bien ciselés, ponctués d'une narration posée et de notes d'humour bien senties (surtout lors du voyage des deux amants sur l'île de leur enfance).

Re: Ane no kekkon

Posté : 06 nov. 2013, 00:28
par Koiwai
Tome 3 :

Tandis qu'elle poursuit sa relation extraconjugale avec Makoto, Yori se rapproche doucement de Yoichiro Kawahara, un homme qui lui a été présenté par son ancien professeur. Attentionné, gentil, doté d'une bonne place au travail : Yoichiro s'avère être un excellent parti, soit l'exact contraire de Makoto, et elle n'aurait alors aucune raison de repousser ses avances et ses envies de mariage... Vraiment ?

Dans ce troisième tome, le rôle de Yoichiro prend consistance, celui-ci se présentant peu à peu comme un sérieux prétendant à la main de Yori, tandis que de son côté, Makoto est toujours cantonné à son rôle d'amant. Alors qu'elle va bientôt avoir 40 ans et qu'elle ne croyait plus au mariage, notre héroïne le voit revenir peu à peu sous ses yeux... Mais le souhaite-t-elle réellement encore ? C'est que, tout autour d'elle, des exemples de mariage raté s'enchaînent, et pas seulement celui de Maki. Mariages "politiques", mariages d'intérêt... Où est le véritable amour dans tout cela ?

Si, à notre époque, le mariage n'apparaît déjà clairement plus comme une institution foncièrement belle et idéale, Keiko Nishi se fait un plaisir de le désacraliser encore plus, en en décortiquant brièvement les limites via différents exemples, le tout sous le regard confus de Yori, héroïne quasiment quarantenaire qui devra prochainement faire le point sur ce qu'elle souhaite réellement : une simple stabilité apportée par le mariage, ou une histoire d'amour plus passionnelle avec un Makoto pour lequel elle tente toujours de réprimer son intérêt, quitte à se mentir un peu ?

Nul doute que le quatrième tome apportera déjà quelques clés, au vu du rebondissement des dernières pages.

Enfin, gros point négatif envers la qualité d'impression toujours aussi déplorable. Avoir de l'encre plein les doigts après avoir fini la lecture est loin d'être agréable...