Man-ken

[Koiwai]

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Tome 1 :

Sachi Higasa est une adolescente qui a tout pour elle : belle, douée en sport et en études, sympathique avec les autres, elles attire tous les regards sur elle depuis toujours... tant et si bien qu'en réalité, bouffée par sa perfection, elle a un petit complexe de supériorité et se contrefiche royalement de ses camarades. Mais sous ses allures parfaites, Sachi a aussi une passion qu'elle préfère ne pas avouer : le manga ! Son rêve ? Devenir mangaka. Et c'est dans cette optique qu'elle est en contact avec un éditeur sur le point de publier sa série. Pourtant, ce dernier reste sceptique, car malgré les qualités évidentes du manga de Sachi, il semble manquer à l'oeuvre le plus important, une chose que possèderait apparemment le manga à succès d'un autre nouveau venu dans le milieu du manga, un certain Hirano. Jusque là toujours habituée à ne recevoir que des compliments, Sachi est un peu choquée, et son orgueil en prend un sacré coup.
Dans le même temps, au lycée, la vie de Sachi est sur le point de basculer suite à une rencontre inattendue avec Alice, son exact contraire. Franco-japonaise, toute petite et toujours totalement enjouée, Alice a toujours pris plaisir à dessiner des mangas dans son coin, en plein cours, et en ne prêtant aucunement attention aux préjugés de ses camarades, à tel point qu'elle s'est marginalisée d'elle-même sans que ça la dérange... et qu'elle se retrouve bientôt victime de brimades. Sachi, évidemment, n'en a rien à faire... jusqu'au moment où l'un des tortionnaires d'Alice arrache son manga sous ses yeux. Ne supportant pas qu'on salisse le travail d'autrui, Sachi s'emporte violemment en défendant la passion d'Alice... et se retrouve bientôt suivie partout par cette petite blondinette extrêmement collante, qui ne rêve désormais plus que d'une chose : que Sachi intègre le club de manga du lycée, plutôt connu pour ne regrouper que des personnes marginales aux centres d'intérêt étranges...

Man-ken (abréviation japonaise de "club de manga") nous raconte une histoire on ne peut plus classique : celle d'une jeune fille poussée bien malgré elle à intégrer un club de manga. Bien malgré elle, car du haut de son complexe de supériorité, Sachi n'a évidemment aucunement envie d'intégrer un club de marginaux... mais elle n'aura pas vraiment le choix, car au-delà de l'insistance de la collante et ultra énergique Alice, la belle jeune fille va être confrontée aux manigances de Kirino, véritable terreur du lycée, crainte aussi bien des élèves que des professeurs qui n'osent rien lui dire puisqu'elle est tout bonnement la fille du premier ministre japonais (rien que ça !)... et qui, surtout, est la présidente du club de manga !

Ce premier volume de Man-ken s'applique donc à présenter l'arrivée bien malgré elle dans le club de manga de Sachi, extrêmement réticente, mais contrainte et forcée. Mais bien qu'elle y aille avec le recul, notre héroïne va être amenée à rencontrer les différents membres du club, tous assez marginaux, entre Kirino, Alice, Marika la couturière fan de cosplay, et Nao la championne de jeux vidéo qui ne dit jamais rien. Evidemment, Sachi se demande bien où elle a atterri, mais elle va petit à petit se rendre compte qu'au-delà de l'aspect marginal de ces adolescents à première vue ratés, il se cache une véritable raison d'être au club, et des talents insoupçonnés. Si bien que sans pour autant l'avouer franchement, Sachi se prendra évidemment peu à peu au jeu... D'autant qu'au sein du club se cache également le dénommé Anoth, mystérieux personnage jamais présent au club, mais qui y a déjà fourni des mangas de telle qualité que notre héroïne l'érige très vite comme un rival dont elle veut percer le secret et l'identité...

Evidemment, toutes nos chères héroïnes sont des stéréotypes sur pattes, et l'auteur joue beaucoup là-dessus. Sorte de Hiruma d'Eyeshield 21 au féminin, Kirino, avec sa coiffure hirsute rouge, son visage de rebelle et son sourire sadique, est une bourrine manipulatrice de premier ordre, qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins et former l'équipe qu'elle veut pour son club de manga. Et pourtant, elle témoigne d'une forme de bienveillance, comme lorsque se dévoile la manière dont elle a recruté Marika, jeune fille à lunettes plutôt douce, qui jusque là avait toujours été seule. Cliché du personnage gamer replié sur lui-même, caché sous une capuche qu'elle (ou il) n'enlève jamais, Nao montrera déjà tous ses talents au jeu vidéo. Parfaite représentante de la catégorie de personnages dit "moe" de par sa petite taille, son côté tout mignon et son engouement incessant, Alice se révèle d'autant plus amusante à suivre qu'elle déborde de passion pour le manga et que l'auteur lui offre de nombreuses bonnes bouilles SD amusantes. Quant à Sachi, du haut de son caractère orgueilleux et de sa difficulté à avouer son intérêt pour le club, elle est une belle figure de personnage à tendance "tsundere", tendance bien visible derrière sa beauté classe.

En somme, vous l'aurez compris, voici des héroïnes destinées à titiller le lecteur otaku, qui aura vite de s'attacher à chacune d'elles pour peu qu'il soit sensible à ces stéréotypes, et ce malgré plusieurs éléments beaucoup trop gros (à tout hasard, Kirino qui est la fille du premier ministre japonais...). Mais au-delà du lecteur otak', Man-ken peut tout à fait séduire les autres lecteurs qui accepteraient de se prendre au jeu. Car bien qu'ils soient des clichés sur pattes, les personnages s'annoncent franchement plaisants à suivre, car ils sont variés, sont dessinés avec beaucoup de charme par un auteur doté d'un trait clair, expressif et agréable, et parce qu'ils ont tous des qualités qu'on ne demande qu'à voir approfondies, après les avoir juste entrevues ici via un petit passage cosplay, une excursion à Akihabara, une rencontre IRL de jeux vidéo... ou la passion pour le dessin de Sachi et Alice, les deux jeunes filles risquant bien de se pousser mutuellement vers l'avant (c'est déjà le cas pour Alice, qui prend avec un optimisme déconcertant et attachant toutes les critiques de Sachi). Et surtout, il y a tout de même une vraie toile de fond qui se met en place, avec les interrogations autour du vrai but de Kirino à la tête du club, de l'identité du fameux Anoth, et de ce que Sachi a à apprendre pour égaler le niveau de Hirano.

Manga pour otaku, mais pas que, Man-ken tire son épingle du jeu grâce à un ton rafraichissant et à une petite palette de personnages certes stéréotypés mais très bien campés, amusants et que l'on prend plaisir à suivre. On a hâte de voir s'affirmer ce club regorgeant de personnages marginaux mais foncièrement contents d'être ensemble, de voir ce qui attend Sachi parmi eux, et tout simplement de suivre les évolutions de ce petit groupe.

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Tome 2 :

Contrainte de rejoindre le club de manga à cause des menaces de Kirino, Sachi commence à se prendre bien malgré elle au jeu. Bien qu'elle le nie et qu'elle n'en soit pas encore totalement consciente, elle a changé la vie d'Alice, cette dernière prenant de façon optimiste toutes les critiques sur son travail que peut lui faire notre héroïne passionnée de dessin. Si bien qu'à force de se laisser entraîner par sa passion, la jolie brune finit par dévoiler ses talents aux yeux de tout le club. Cela n'échappe évidemment pas à Kirino et aux autres, qui souhaitent alors que Sachi participe à la prochaine revue du club. Mais du haut de son orgueil, Sachi refuse en bloc. Au-delà des manigances de Kirino, c'est bel et bien Alice qui risque fort de la faire changer d'avis.

Dans ce deuxième volume, Sachi poursuit son intégration presque forcée dans le club de manga, où elle va connaître diverses épreuves : la tentative des autres membres de la faire participer à la revue, puis sa découverte du Comitia, convention où une foule d'amateurs exposent leurs oeuvres dans l'espoir de se faire repérer. L'incursion dans ces différents domaines liés au manga reste prenante dans la mesure où l'auteur y distille pas mal d'informations sur ce milieu : les techniques de dessin, les conventions d'amateurs, la difficulté des histoires en une page... Tout ceci est rendu plaisant par une palette de personnages qui se bonifie dès ce deuxième tome. Ainsi Sachi aura-t-elle l'occasion d'apprécier toute la volonté d'Alice, mais ses talents bien cachés... ainsi que l'amitié qu'elle lui accorde déjà. Une relation plutôt touchante se crée déjà entre ces deux-là, au grand étonnement de Sachi elle-même, qui continue de se prendre au jeu quand elle devra aider Marika à se sortir d'une délicate situation de brimades, ou quand elle découvrira encore un peu plus la bienveillance que Kirino peut montrer derrière ses allures de démon. De même, le passage au Comitia sera l'occasion pour elle de se faire une rivale de choix (on n'en dira pas plus sur cette nouvelle venue, histoire de laisser la surprise quant à son physique et son caractère un peu hors-normes), et par la même occasion de se rapprocher un peu plus de Shin Hirano...

Après un premier tome qui posait de très bonnes bases, ce deuxième volume confirme les qualités d'un récit qui ne manque pas d'arguments pour plaire. Petit à petit, l'orgueilleuse et solitaire Sachi change et se rapproche des es objectifs de manga professionnelle, au contact d'une petite palette d'héroïne hautes en couleur, qui se dévoilent petit à petit pour mieux renforcer la cohésion qui semble se créer dans ce petit groupe. De notre héroïne à Alice en passant par Marika et Kirino, aucune n'est oubliée, et la fin du tome, qui promet des révélations intéressante sur Nao, annonce une suite toujours aussi plaisante.

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Tome 3 :

Nao serait-elle Anoth en personne ? C'est la question que se pose Sachi en surprenant une conversion de celle-ci avec Kirino. Mais avant d'avoir la réponse à cette question, c'est une autre découverte surprenante que va faire notre belle brune : cela fait longtemps que Nao est marginalisé par des lycéens qui le briment, pas uniquement parce qu'elle a toujours le nez dans ses jeux vidéo, mais aussi parce qu'elle est... un garçon ?!

Dans ce début de tome, c'est donc au tour de Nao d'être mis en avant, et l'on découvre avec plaisir le secret de ce garçon qui aurait tant aimé être une fille. Le thème du travestissement n'est pas nouveau, mais Daiki Kase l'utilise de belle manière, sans en faire trop autour de l'étrangeté de la chose. On découvre un peu le passé du jeune garçon qui s'est toujours senti plus attiré par la féminité, puis on voit avec plaisir la réaction de Sachi, qui ne sait d'abord pas comment réagir, prend ses distances, avant de se rendre compte qu'elle est en train d'agir très bêtement, et que le mieux est évidemment d'aller en parler directement avec Nao, puis de donner une bonne leçon à ceux qui l'embêtent.

En somme, un joli petit message de tolérance et d'acceptation qui sonne avec naturel, avant une suite qui revient sur les principales intrigues de la série : la percée de Sachi dans le monde professionnelle du manga, et sa prise en main de la revue du club avec pour objectif de se confronter à un Anoth toujours aussi mystérieux.
D'un côté on suit avec intérêt les progrès de Sachi pour devenir mangaka professionnelle, et elle passe ici une étape importante. De même, c'est avec bonheur que l'on voit Alice redoubler d'efforts pour participer à un concours de manga amateur. C'est l'occasion pour elle de se surpasse au point de s'épuiser et de ne pas prendre compte des conseils de Sachi... mais au bout du compte, on voit surtout que la petite blonde a elle aussi énormément progressé, même si ses histoires ont toujours tendance à partir un peu en vrille dès lors qu'elle se laisse trop aller dans sa passion.

Sachi et Alice évoluent toutes les deux, et par la même occasion c'est leur relation qui évolue aussi. Cette relation est désormais celle de deux rivales... qui restent néanmoins soudées par un souci d'entraide et une amitié grandissante. Et si Alice avait déjà parfaitement conscience de tout ce que Sachi lui apporte, notre héroïne, elle, prend seulement conscience de tout ce que le club de manga a pu lui apporter pour progresser dans son début de carrière professionnelle.

Et ces évolutions ne seraient rien sans les agissements toujours aussi difficiles à cerner de Kirino. Cette fois-ci, la démone aux cheveux rouges organise un voyage scolaire qui est notamment l'occasion de découvrir un nouveau personnage, Reiji, un ancien du club de manga qui va en révéler un petit peu plus sur la chef du club, même si celle-ci reste encore et toujours très énigmatique...

En somme, Man-ken s'offre encore un très bon volume, où les personnages se dévoilent, approfondissent leurs relations, évoluent, et apparaissent toujours aussi attachants. Mais les énigmes autour de Kirino et d'Anoth sont toujours là, et les dernières pages laissent penser que les choses devraient rapidement bouger aussi de ce côté-là.

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Tome 4 :

Sachi rencontre enfin Anoth, son énigmatique rival qu'elle a décidé d'affronter via la création d'un manga pour le magazine du club. Les règles sont posées : ce sont les lecteurs qui décideront quel est le meilleur manga, et le perdant devra en raconter plus sur son passé... Autant dire que le résultat sera intéressant, car que ce soit du côté d'Anoth ou de Sachi, on a hâte d'en apprendre plus.

Mais avant d'en arriver là, la série continue d'intriguer sur certaines choses. En premier lieu, la véritable identité d'Anoth, qui finit par se dévoiler, et qui apparaît assez grosse mais n'en reste pas moins intéressante. Ensuite, les agissements de Kirino, toujours aussi mystérieuse, que ce soit dans son choix d'inclure Alice dans le concours ou de pousser celle-ci et Sachi à devenir assistantes de la dénommée Satomi, une belle demoiselle aussi douée dans l'art du manga que mystérieuse dans sa relation avec la démone aux cheveux rouges. Un nouveau personnage qui s'annonce intéressant, donc, dont le look fleure bon le fan-service (pas trop prononcé, donc qui passe bien, comme pour tous les autres personnages), mais qui va pousser Sachi à remettre en cause ses méthodes de travail entièrement numériques. Daiki Kase nous offre alors un comparatif intéressant entre dessins manuel et dessins en tout numérique, en exposant les qualités et les limites du travail 100% par ordinateur.

Man-ken reste l'agréable lecture qu'elle a toujours été jusque là. Daiki Kase croque des personnages charmants, attachants et assez mystérieux, qu'il exploite plutôt habilement pour dépeindre quelques facettes de l'univers du manga et pour faire avancer une histoire toujours aussi intéressante à suivre, ce volume se terminant même sur un petit climax qui donne forcément envie de connaître rapidement la suite ! Mais il va sûrement falloir attendre un peu, la rythme de parution japonais étant déjà quasiment rattrapé...