Sai:Taker

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Sai:Taker

Message par Koiwai » 10 nov. 2013, 22:33

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Peu de temps après la conclusion plutôt bâclée de Re:birth - The Lunatic Taker, Lim Dall Young et Lee Soo Hyon commencèrent au Japon une série ancrée dans le même univers : Sai:Taker - Futari no Artemis, qui s'est bouclée après trois tomes. S'agit-il d'une suite directe de Re:birth ? Pas du tout. Hormis le concept de base, tout est différent, des personnages jusqu'à l'ambiance plus humoristique, et c'est une série pouvant se lire indépendamment de Re:birth que vous découvrirez. Seulement, en aurez-vous l'envie ?

Dans le monde de Re:birth, sont apparues un jour les Récolteurs, des personnes qui, après avoir trouvé un artefact, ont ressuscité avec un nombre de vies inscrit sur leur poitrine, qu'ils doivent régulièrement entretenir en captant de nouvelles vies avant que le nombre ne tombe à zéro, synonyme de mort. Pour cela, les Récolteurs pouvaient affronter des Anges dans l'entre-mondes, ou alors s'affronter entre eux pour un cruel jeu de la mort.
Sai:Taker reprend ce concept de base en allant plus loin. Cette fois-ci, les Récolteurs Originaux ont permis à une société, Life Inc. (plus ou moins les méchants de Re:birth) de développer une nouvelle sorte de personnes : les Sai Takers, qui, grâce à un dispositif nommé le Sai qui transforme les vies en énergie, permet à ceux qui sont capables de se synchroniser avec lui d'acquérir une puissance surhumaine permettant de capter toujours plus de vies.

Kyoya Nanase est un lycéen sans histoire, à ceci près qu'il vit avec deux charmantes créatures : Kyôka, qui fait partie des Récolteurs Originaux, et Yuma, une Sai Taker en devenir. La première, qui n'est autre que sa bienfaitrice, prend plaisir à le titiller, tandis que la deuxième tend à pousser des petites crises de jalousie dans ces moments-là. Bref, tout va bien. Jusqu'au jour où Kyoya se retrouve au bord de la mort. Dans un univers où les vies et leur trafic rapportent plus que l'argent lui-même, les magouilles de Life Inc. autour des Sai Takers attirent les envieux, dont les terroristes de Taurus, dont notre héros est la victime collatérale. Pas de chance. Le seul moyen de le sauver viendra de Kyôka, et réservera quelques surprises... Jugez vous-mêmes : en se réveillant, Kyoya découvre non seulement qu'il est devenu un Sai Taker, mais en plus qu'il possède désormais un corps de fille ! Vous le sentez, le malaise ?

Quoi qu'il en soit, le jeune garçon, pour pouvoir avoir des vies et donc survivre, et en profiter pour peaufiner son statut de Sai Taker, est désormais contraint d'intégrer la même école que Yuma: une académie réservée aux Sai Takers, où des règles précises sont établies, comme l'obligation de faire partie d'un club dont le président est le seul à décider des vies qu'il attribuera ou non. Et, nouveau manque de bol pour Kyôya, il va bêtement se retrouver au sein du conseil des élèves n°1, un club non-officiel décidé à mettre des bâtons dans les roues du conseil officiel mené par Yuma. Un club dirigé d'une main de fer par la dénommée Reili et ses deux terreurs de sbires, pas vraiment commodes...

Transformer l'univers sombre et violent de Re:birth en comédie scolaire : fait ! Car pour l'heure, c'est finalement tout ce que nous propose Sai Taker. Et si l'idée aurait franchement pu être sympathique (on aurait bien imaginé les auteurs parodier un peu leur précédente série), elle retombe très vite comme un gros pétard mouillé, la faute à de trop gros problèmes narratifs/facilités/incohérences et à de l'humour parfois désespérant.

Tout d'abord, si les auteurs réexpliquent les bases de l'univers imaginé dans Re:birth histoire de justifier le statut indépendant de Sai:Taker, ils le font tout de même très vite, en seulement quelques pages en début de tome, et via de gros pavés de textes qui risquent de paraître indigestes pour quiconque n'a pas lu la précédente série. En conséquence, s'il est possible de lire Sai:Taker indépendamment de Re:birth, il est quand même préférable de connaître cette dernière, histoire d'être moins dérouté face à l'accumulation pas fine d'informations au début de cette nouvelle série.

Pour le reste de l'introduction, ça va très vite, et ça donne le ton : un peu d'humour/fan-service via une petite scène de bain avec l'impudique Kyôka, puis l'accident, et enfin notre héros qui se retrouve en fille après une quarantaine de pages (ce qui n'est pas plus mal), avec toutefois une particularité dont on devine qu'elle ajoutera du piment dans certaines situations : s'il enlève son serre-tête, il redevient garçon tout en perdant ses vies à vitesse grand V. Décidément, il n'a vraiment pas de bol.

C'est après que les choses se gâtent, avec la présentation du fonctionnement du lycée et l'arrivée des filles du conseil non-officiel.

Reprenons : pour avoir des vies et donc ne pas mourir, tous les lycéens doivent faire partie d'un club, dont le dirigeant est seul à décider s'il donnera des vies ou non. En d'autres termes, si t'as pas de club ou si tu ne t'entends pas avec le dirigeant du club, tu crèves. C'est débile. Pourquoi les dirigeants du lycée s'amuseraient à perdre aussi bêtement de futurs Sai Takers ?
Ensuite : une fois qu'on a intégré un club, il est interdit de le quitter avant x temps. Histoire de mettre les gens encore plus dans la mouise, sans doute. C'est encore plus débile. En tout cas, voici donc le pauvre Kyoya obligé de rester dans le conseil non-officiel... Hé... mais attendez... vu que ce conseil est non-officiel, n'est pas homologué par les dirigeants du lycée, pourquoi le fait que Kyoya veuille le quitter poserait-il problème, et d'où vient alors la possibilité qu'a Reili de distribuer des vies ?... Comment ? On s'en fout ? Ah bon.
Plus sérieusement, avec tout ça, on se doute qu'il y a quelque chose qui cloche du côté de Reili et qu'elle a sans doute un statut un peu particulier dans le lycée, mais comme il n'en est jamais fait mention et que les auteurs ne tentent jamais d'instaurer un peu de mystère autour de ça, pour l'instant on se contente de trouver toute cette tambouille désespérément invraisemblable car mal narrée.

Revenons à présent sur cette fameuse Reili, qui s'affiche fièrement en couverture de ce premier tome, et sur ses deux sbires (ou peut-être trois sbires, avec l'amusante petite qui passe son temps à garder la porte sans servir à quoi que ce soit). Un trio pour le moins infernal, qui prend un plaisir fou à semer la pagaille sur son passage, à faire tourner un peu tout le monde en bourrique au point de s'attirer pas mal de véhémences, dans le fond on dit oui ! Quand elle s'y mettent, ces trois terreurs sont capables d'être aussi horripilantes qu'amusantes... tout comme elles sont capables de mener la série dans des gouffres sans fond de médiocrité. Ainsi, il paraît difficile de trouver drôle ce passage où, sous couvert de vérifier que Kyoya est bien une fille, la pauvre se retrouve humiliée, déshabillée de force pour se faire mater le vagin. Le plus grave étant que Kyoya ne leur en tient finalement pas rigueur plus que ça...
De même, on se pose des questions devant la scène où Kyoya, dans un relent de nymphomanie dira-t-on, ne peut s'empêcher d'embrasser Reili à cause de l'oestrus. Manière belle et délicate de présenter les chaleurs féminines...
Si Lim Dall Young n'a jamais été fin quand il fait dans l'humour ou le fan-service, il touche le fond avec ce genre de scènes, dégradantes et lamentables, et qui devraient avoir de quoi rebuter même les plus fervents fans de l'auteur, pour peu qu'ils aient un peu de recul.

Ainsi, sous couvert d'un pitch bancal qui paraît pour l'instant peu cohérent (ce qu'on aurait pu accepter dans le cadre d'une parodie bien coconne, ce que Sai:Taker n'est pas), ce premier tome enchaîne de l'humour et du fan-service qui alternent entre le potentiellement sympathique et le rigoureusement lamentable, le deuxième cas l'emportant le plus souvent. Pendant tout le volume, on s'interroge sur ce que les auteurs sont en train de faire, tout comme on se demande d'où sortent certaines idées, comme dans cette fin de tome qui fait débarquer sans plus de précisions, comme ça, le concept de code de déblocage et d'invocation d'anges pour les combats. Pouarf.

Sai:Taker commence mal, très mal, et se pose comme une catastrophe sur quasiment toute la ligne. Seuls certains caractères (l'insupportable Reili en tête) et certains gags relèvent un minimum l'intérêt, ce qui est franchement peu. Espérons que les auteurs se réveillent et parviennent à offrir une suite plus intéressante, notamment en exploitant bien le statut visiblement à part de Reili, qui est l'une des seules interrogations valables de ce début de série.
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Re: Sai:Taker

Message par Koiwai » 07 janv. 2014, 19:10

Tome 2 :

Forcée de rester sous le joug du "bureau des élèves numéro 1" pour une raison tarabiscotée, Kyoya doit subir, jour après jour, les frasques de Reili et de ses sbires, qui continuent de la harceler pour qu'il prenne des photos compromettantes de Yuma, quand elles ne sont pas en train de la torturer... C'est précisément via l'une de ces photos que les diablesses finissent par découvrir le secret de Yuma : elle est une fan profonde de mangas, au point de dessiner des fanzines adultes qu'elle présente en convention. Ni une ni deux, la diabolique Reili part à la rencontre de Yuma et Kyoya pendant l'une de ces conventions, bien décidée à la faire chanter et à l'humilier.

Dans le premier chapitre de ce tome, on suit donc les déboires de Kyoya lors de la convention. Déjà martyrisé par Reili et ses compagnes à l'école, le voici également contraint de subir la demoiselle en convention, tout ceci afin de tenter de préserver Yuma. Dès lors que les humiliations de Kyoya subit ne sont plus aussi dégradantes pour les femmes que dans le tome 1, suivre les déboires de notre personnage principal devient plus amusant, tant Reili lui en fait voir de toutes les couleurs ! Mais le passage en convention est aussi l'occasion d'entrevoir d'autres choses : des réflexions classiques mais assez efficaces sur le milieu otaku, sur ses limites assez cliché (aaah, les gros photographes pervers...), et sur le respect des passions d'autrui. Mais au bout du compte, C'est surtout l'occasion pour Kyoya de découvrir la principale faiblesse de cette chère Reili, qui apparaît soudainement plus craintive et soumise, à l'opposé de ce qu'elle est d'habitude... ce qui fera le bonheur des (a)mateurs de la belle, même si son comportement est clairement exagéré pour apporter du bon gros fan-service.
Reste la question de l'idiotie de Kyoya, qui semble ici découvrir pour la première fois l'allergie de Reili envers les hommes, alors qu'il en a été victime dans le tome 1...

Après ce premier chapitre, les deux suivants sont enfin l'occasion de découvrir un peu plus la quatrième membre du bureau des élèves numéro 1 : la discrète et adorable Yuna, la blondinette qui passe sa vie à garder la porte ! Invitée chez elle, Kyoya découvre sa famille... ou ce qu'il en reste : deux frangines dont l'une, Mako, est totalement asociale depuis un drame passé. Cette dernière, surnommée la "grande faucheuse", sème le trouble dans le lycée en récupérant des vies d'une manière tout à fait unique. Et quand Reili vient se frotter à elle, c'est de nouveau Kyoya qui se retrouve en première victime !
Une nouvelle fois, on adore l'insupportable Reili, qui se fait un plaisir de mettre volontairement dans la mouise Kyoya face à la "grande faucheuse" ! Mais c'est surtout le ton soudainement plus sérieux qui marque, car s'en suit un combat mettant en exergue les tourments de Mako et de Yuna, tout en mettant un peu plus en avant les concept de récolteur original ou d'artefact (jusque là très discrets) et en expliquant enfin un peu plus le rapport entre les Sai Takers et les Anges, montrant notamment à quel point ces derniers peuvent être des armes à double tranchant. Mais au bout du compte, c'est à nouveau l'observatrice Reili qui intrigue, dans sa capacité d'anticipation et son ambiguïté... Son sadisme cacherait-il une certaine forme de bonté ? Serait-elle en train de s'adoucir un peu depuis que Kyoya est arrivé au bureau ?

Enfin, le dernier chapitre du volume revient à une ambiance plus légère, Kyoya se retrouvant nez à nez dans la rue avec Reili, qui la contraint à passer du temps avec elle. La richissime fille de bonne famille a échappé à ses deux sbires pour découvrir un peu plus la vie du peuple, et Kyoya aura alors tout le loisir de découvrir une autre facette de la personnalité de Reili, une facette plus sympathique, plus douce, pleine de curiosité face aux goûts du peuple qu'elle ne connaissait pas jusqu'à présent... La demoiselle gagnera alors un peu plus en charme auprès des lecteurs, qui la découvriront sous un jour différent... bien qu'elle conserve son caractère de petite princesse souvent condescendante !

Les petites intrigues de ce volume sont assez classiques et la série ne semble pas destinée à développer grand chose (par exemple, les terroristes du tome 1, simple prétexte pour transformer Kyoya, sont déjà oubliés... Et apprendra-t-on l'origine de la phobie de Reili pour les mecs ?), mais mais ce deuxième volume permet néanmoins à Sai:taker de décoller un peu après un premier tome très mauvais. L'humour douteux du tome 1 a disparu au profit d'instants comiques bien portés par les déboires de Kyoya face à ses tortionnaires, le passage plus sérieux de la "grande faucheuse" permet de mieux présenter Yuna et de remettre un peu en avant les concepts de la série (récolteurs originaux, psychopathes, Anges...), et le tout tire beaucoup de charme du personnage de Reili, demoiselle au caractère variable qui a largement de quoi séduire les fans de Lim Dall Young.
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Re: Sai:Taker

Message par Koiwai » 14 avr. 2014, 19:40

Tome 3 :

Après trois volumes, l'heure est venue pour Sai:taker, le spin-off à tendance humoristique de Re:birth, de tirer sa révérence, avec une conclusion... que l'on cherche encore.

A l'académie, chaque club se prépare pour le festival des assoces, et du côté du bureau des élèves numéro, même si on n'est pas reconnu par la direction, on est bien décidé à faire quelque chose aussi. Et pour cette chère Reili, tout commence évidemment par aller observer ce que va faire le conseil des élèves officiel de Yuma ! Le prétexte est donc tout trouvé pour aller s'incruster chez Kyôya et Yuma, mais une fois sur place la situation dégénère encore plus que prévu : même si Yuma essaie d'accueillir à peu près correctement Reili et les autres en leur préparant à manger, les choses tournent rapidement en une avalanche de fan-service où les deux principales concernées rivalisent de pouffitude pour chauffer Kyôya. On ne sait pas trop comment on en arrive à ça, tout au plus se dit-on que ce n'est guère qu'une scène fan-service de plus... Et si les formes de Reili et Yuma ainsi que les relents shôjo-ai raviront de façon basique les amateurs, bon dieu, que tout ceci est mal amené, en plus d'offrir des répliques d'une idiotie sans nom (Yuma qui veut faire bander Kyôya alors qu'ile st sous sa forme de fille, bien joué).

La suite du tome n'est guère plus intéressante, malgré quelques idées sympathiques, à commencer par le focus sur les sentiments naissants de Mako pour Kyôya, et surtout par l'arrivée d'un ennemi issu de l'organisation terroriste Taurus bien décidé à voler toutes les vies en stock à l'école.
Le premier point apporte quelques petites choses sympathiques, comme l'incompréhension de Mako face à ses propres sentiments, son côté plus féminin qui se dévoile, et les petites crises de jalousie de Reili... mais ça s'arrête là.
Quant au deuxième point, qui anime toute la fin de la série, il donne lieu à un combat final qui aurait pu être sympathique s'il avait été mieux orchestré. A la place, on se retrouve avec une succession de grosses facilités (la méchante qui perd son carnet de notes, allons bon...) nous amenant vite fait jusqu'à un affrontement sans intérêt, où les facilités cèdent carrément la place aux incohérences (les vies de Kyôya baissent étonnamment peu vite quand il est en garçon, il ignore ce qu'est Taurus alors que c'est de leur faute s'il a été transformé au début de la série, les renforts arrivent après la bataille, personne ne surveillait le bâtiment où sont gardées les vies alors que c'est le bâtiment le plus important, ce bâtiment est d'ailleurs censé être secret mais les ennemis le connaissent sans problème...).
Mais le principal problème, c'est surtout que tout ceci ne conclut rien du tout ! Hormis l'acceptation du club de Reili par l'école et par Kyôya, Lim Dall Young laisse tout le reste en plan. Le problème de changement de sexe de Kyôya n'est pas résolu, le focus sur les sentiments de Mako n'aboutit sur rien, cette dernière ainsi que Yuma et tant d'autres ne servent à rien dans le final, le festival des assoces passe à la trappe, le personnage de Kyôka a finalement disparu de la circulation après le premier chapitre de la série... Cerise sur le gâteau, Lim Dall Young semble se foutre ouvertement de ses lecteurs dans sa postface, mais est-ce qu'on s'en étonnera vraiment ? Après tout, c'est loin d'être la première fois qu'il vendange l'une de ses séries...

Sai:taker se termine donc de la pire des manières, puisque rien n'est conclu. Seules les frasques de Reili et quelques notes d'humour et de fan-service sauvent un petit peu la face de cette série qui n'a rien raconté.
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