J'ai été réellement conquis par les deux premiers tomes. Une entrée en matière qui ne tarde pas, une ambiance délicieusement malsaine, notamment avec ce Comte Vannon atteint par la peste, et l'aspect très sinistre de son fort. Un côté sinistre et malsain que rend à merveille Hajime Sawada: c'est intense, c'est brutal, ça rappelle beaucoup Berserk, jusque dans le physique de certains personnages (Amnélys ressemble beaucoup à Griffith, il est d'ailleurs tout bonnement impossible de ne pas y penser quand on découvre son visage dans le tome 1

Je me suis donc dit que l'on tenait là une bonne série de dark fantasy. La déception pendant la lecture des 3 tomes suivants n'en a été que plus grande. Je regrette que l'arc du Compte Vannon n'ait pas duré plus longtemps, car franchement, la suite n'a plus rien de "dark": nos héros s'échappent, et puis hop, descendent la rivière où ils croiseront 2-3 monstres le temps de quelques pages, et se retrouvent à Nociphère pour croiser d'autres bêbêtes sur lesquelles nous n'apprendrons quasiment rien. L'ambiance sombre disparaît pour laisser place à des évènements qui me font plus penser à une banale aventure exotique dans un monde heroic-fantasy, avec pour seuls objectifs de fin la découverte des origines de Guin et un combat contre la troupe d'Amnélys. C'est maigre.
Parlons-en, des évènements. Que Sawada ne choisisse "qu'un point de vue unique pour ne pas laisser le gigantisme de l'oeuvre le submerger d'informations", comme le dit si bien la postface du tome 1, ok, mais il y a quand même des limites, car là, le dit gigantisme est à peine retranscrit. Tout le background de la saga est survolé, et ce ne sont pas les pages d'informations sur l'univers en fin de tome qui masqueront cela. De ce fait, les évènements s'enchaînent de manière très lisse et prévisible (surtout dans le tome 5 avec [spoiler]Isht Van qui arrive finalement à la rescousse, et l'arrivée de l'armée du peuple de Suni[/spoiler], des évènements que l'on voit arriver à des kilomètres), les principales interrogations sont très limitées (d'où vient Guin ? A part ça...), et quand des éléments sont révélés là-dessus, ils le sont sur un ton assez plat. Je ne ressens aucun suspense lors de cette lecture, c'est vraiment dommage.
Un autre point qui me gêne beaucoup, ce sont les personnages... A l'exception de Isht Van, aucun n'évolue ! Guin a dès le départ le rôle de bon guerrier droit, ce qui ne me pose pas de problème (cet état de fait trouve sans doute sa cause dans ses origines), mais c'est assez dommage de voir le héros de la saga cantonné à ce rôle, car à côté de ça, la seule interrogation que nous sommes amenés à porter sur lui concerne ses origines mystérieuses. De son côté, Linda, pour une jeune princesse, a un sacré caractère, et ça, ça fait rudement plaisir, ok, mais à côté de ça, elle non plus ne change pas (c'est bon, on a compris que tu es la digne fille du noble roi Machintruc, pas la peine de le répéter 10 fois par tome ! XD quant aux passage guimauves avec Suni, je préfère ne pas en parler). Le seul point où l'on devine une évolution chez elle, c'est dans sa façon de considérer Isht... le problème étant que ça, on le devinait dès la première rencontre entre les deux individus. Quant à Rémus, il reste un gamin tête à claques geignard inutile après 5 tomes, et s'il ne change pas dans le sixième et dernier tome, ce sera juste un beau gâchis. Et que dire de la belle Amnélys, cantonnée à son rôle de méchante guerrière (bouh ! Méchante !), alors qu'à mon avis, elle doit être largement plus travaillée dans les romans. Ici, c'est simple, elle ne l'est pas du tout.
Bon, je donne l'impression de descendre le titre en flèche... car oui, j'ai vraiment été déçu par le côté beaucoup moins dark et l'aspect trop lisse et prévisible du truc après deux premiers volumes qui m'avaient pourtant conquis.
Reste qu'à défaut de le trouver excellent, j'ai quand même trouvé le tout un minimum divertissant. Visuellement, c'est beau, vraiment très beau, Sawada a fait d'énormes progrès depuis Blood of Matools, ça fourmille de détails, notamment sur les décors et les armées, c'est fin, fluide, expressif... et ça suffit pour offrir quelque chose d'assez plaisant à suivre. Et les couvertures de Naoyuki Kato, illustrateur des premiers tomes des romans, sont tout simplement magnifiques, elles aussi. Si bien que tout ceci me donne fortement envie de choper l'artbook de Guin Saga. Enfin, les nombreuses références à la mythologie romaine (Rémus, Janos qui évoque Janus, Linda qui rappelle Cassandre...) sont sympathiques.
Mais au vu de l'oeuvre d'origine de Kaoru Kurimoto (R.I.P), je m'attendais vraiment à quelque chose de plus grand et de plus intense.