Zelphy
Posté : 30 juil. 2014, 21:15
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Tome 1 :
Alors qu'il a déjà toutes les peines du monde à poursuivre convenablement Übel Blatt, Etorouji Shiono a récemment choisi de démarrer une nouvelle série, Zelphy, un récit qui a au moins le mérite de s'inscrire dans un genre pas forcément très visible en France, à savoir le space opera. Mais proposer une oeuvre dans un genre peu visible ne suffit pas forcément à faire une oeuvre digne d'intérêt. Ainsi, où se situe le premier tome de cette nouvelle oeuvre ?
Commençons par évoquer l'histoire, si tant est que vous y compreniez quelque chose, l'auteur ayant toujours eu un don pour compliquer inutilement la bonne mémorisation des éléments, en balançant notamment des noms invraisemblables, ce qu'il a déjà fait dans Übel Blatt.
Nous voici donc en l'an 1001 du calendrier de l'Aion, à une époque où tous les portails spatiaux sont dominés par l'alliance militaire interplanétaire des Gardiens de l'Aion (vive les noms à rallonge), une alliance qui a réussi à asseoir sa domination, notamment en faisant disparaître d'autres royaumes, dont le Royaume-Uni de Zaysion, dont notre héros Lysja Lion Ilphadzit (vive les noms compliqués à écrire) était le jeune prince. Ce dernier a désormais dû se faire une nouvelle place, mais après avoir été rejeté par l'armée à cause de sa faible constitution, le voici devenu plombier. Une condition de vie assez précaire, tout juste enjolivée par les visites de son amie d'enfance Swejnä bien que celle-ci travaille désormais pour les Gardiens de l'Aion, et qui n'entache en rien ses envies de découvrir les vastes étendues spatiales... Or, cette occasion de s'envoler ailleurs va lui être offerte après un enchaînement de circonstances pour le moins... ridicule, au bout duquel, après s'être attiré les foudres des Gardiens de l'Aion et du général Ixénis, le jeune garçon se retrouve à bord d'un vaisseau pirate, en compagnie d'Enoc, émérite chat-pirate balafré qui l'a sauvé, et de Pico Pico, une batterie multifonctions à intelligence artificielle.
Ainsi se présente la série, qui a pour l'instant beaucoup de mal à nous plonger dans son ambiance, car pour l'heure, on ne sait absolument pas sur quel pied danser avec un auteur qui, quand il n'effectue pas quelques clins d'oeil amusés et un peu parodiques envers d'autres oeuvres (Enoc est une copie féline d'Albator/Harlock, Pico Pico rappelle Star Wars..), tente maladroitement de mettre en place un scénario très nébuleux, qu'il complexifie jusqu'à la nausée alors que les choses sont finalement on ne peut plus simples.
En gros, on comprend que Lysja devra faire renaître de ses cendres son royaume disparu, afin d'en devenir le dirigeant et de contrer la méchante alliance. Ce qui, en langage Shiono, revient à dire que Lysja Lion Ilphadzit devra contrer l'alliance militaire interplanétaire des Gardiens de l'Aion et ressusciter le Royaume-Uni de l'expérience millénaire basée sur le projet du professeur Isabella Zaysion, en retrouvant la lumière du royaume de la mi-humanité et en reprenant l'expérience millénaire qui doit décider de l'avenir du genre humain. Dans cette quête, il sera amené à croiser encore d'autres protagonistes, dont Chjovdzaan, le contremaitre de Badzdowmm (vive les noms imprononçables).
*Instant Doliprane*
Difficile de dire si tout ceci n'est qu'une énorme parodie de space opera, tant l'auteur semble la plupart du temps se prendre plutôt au sérieux. Pourtant, de nombreux éléments semblent clairement pencher vers la volonté comique avant tout. Il y a, bien sûr, les petits clins d'oeil évoqués précédemment, mais il y a également le concours de circonstance ridicule qui pousse notre héros à s'en aller, les quelques notes de fan-service, et surtout le caractère un peu exubérant de certains personnages. En tête, le général Ixénis et ses penchants secrets, ou le lieutenant Alvera, jolie fliquette qui ne pense exclusivement qu'à sa carrière, au point d'avoir des réactions intéressées totalement visibles et décalées. Le problème, c'est que tout ceci est amené sans imagination, de façon totalement artificielle par un auteur qui semble se forcer. Les notes d'humour sont placées n'importe quand et tombent à plat, les quelques notes de fan-service sont balancées n'importe comment et sont portées par des héroïnes clichés et insipides...
Il ne reste alors que les dessins, et là non plus ce n'est pas totalement satisfaisant. Certains planches peuvent réellement impressionner, notamment au niveau des vaisseaux spatiaux qui, sans avoir un look très original, sont soignés, précis et possèdent un certains nombre de détails. De même, le look de la plupart des personnages est plutôt réussi, et, bien que souvent passe-partout, peut effectivement se prêter au fan-service avec des demoiselles aux tenues très moulantes ou se faisant tripoter par leurs collègues sous la douche (hem, ça vaut ce que ça vaut). Mais d'une page à l'autre, les traits peuvent être très inégaux et beaucoup trop relâchés, comme faits à la va-vite. Quant aux brèves scènes plus vives, scènes d"'action", c'est plutôt l'hécatombe, tant elles sont molles et ne dynamisme pas du tout un récit embourbé dans sa narration pataude.
Au bout du compte, avec ce seul premier volume, difficile de dire où Etorouji Shiono va nous mener. Véritable space opera ? Parodie ? Le tome 2, sorti en même temps que le premier, nous en dira peut-être plus. Mais en attendant, sur le seul volume 1, c'est une oeuvre bancale, soporifique, aux personnages peu sympathiques et inintéressants, qui vous attend.