Moyasimon

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Moyasimon

Message non lu par Koiwai » 01 oct. 2014, 15:53

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Moyasimon est une série que l'on n'attendait plus. Débutée au Japon en 2004 et bouclée en cette année 2014 après 13 tomes, cette série de Masayuki Ishikawa a connu une parution très lente, mais également un succès encore accru par un très populaire drama (sorti en DVD en France chez Kazé).

La série nous invité à suivre les aventures de Tadayasu Sawaki, jeune garçon qui, en compagnie de son ami d'enfance Kei Yuki, intègre une université agricole dans un but bien précis : retrouver le dénommé Pr Itsuki dont on lui a vanté les mérites, et qui devrait visiblement pouvoir l'aider à utiliser au mieux l'étrange pouvoir qui est en lui : celui de voir à l'oeil nu les micro-organismes ! Mais dès son premier jour, la vie de notre héros se retrouve très mouvementée...

Un jeune garçon qui intègre un lycée agricole : avec ça, on aurait envie de comparer la série à Silver Spoon, et ce serait faux, non seulement parce que Moyasimon a commencé bien avant la série de Hiromu Arakawa, mais aussi et surtout parce que leur tonalité est très différente. Là où Silver Spoon s'applique beaucoup à dépeindre de la tranche de vie en lycée agricole, la série de Masayuki Ishikawa dépeint pour le moment très peu l'ambiance quotidienne, pour plutôt réellement s'intéresser à son sujet spécifique, les micro-organismes.

Et de ce côté-là, on est servis d'emblée. L'introduction est très rapide et enchaine rapidement sur les premiers focus sur divers micro-organismes qui sont autour de nous. Microbes en tous genres se partagent les pages, qu'ils soient bons ou néfastes voire dangereux, aient une activité sur les aliments ou sur notre corps... Ils apparaissent en même temps que divers personnages que notre héros rencontrent et qui viennent vite animer les pages, qu'il s'agisse du Pr Itsuki et de ses manies parfois très farfelues, de la chercheuse caractérielle et stylée Hasegawa, ou des senpai Kaoru Misato ("Barbu") et Takuma Kawahama ("Bouboule") passionnés par le brassage ou les nutriments. La palette de protagonistes se veut assez fun, rigolote sans non plus en faire trop, ce qui apporte une ambiance assez joyeuse qui se voit grandement renforcée par le look des microbes que notre héros voit : celui-ci les perçoit comme des sortes de toutes petites créatures aux traits très simples, aux mines souvent naïves ou bébêtes, et au langage simple et plutôt humanisé. Par exemple, on sourit volontiers en voyant ces petites choses se réjouir de fermenter ou de trouver une nouvelle maison... sur les pieds de Hasegawa.

En somme, le résultat est plutôt plaisant... à condition de lire le tout à petite dose !
En effet, le récit est riche, très riche. Les textes sont denses et souvent complexes, ponctués de nombreux termes spécifiques à commencer par les noms scientifiques des micro-organismes, et lire cela d'une traite pourrait devenir assez barbant, malgré les notes d'humour et la variété. Le tome se prête d'ailleurs très bien à la lecture à petites doses, chaque chapitre étant plutôt i,dépendant, malgré le léger fil rouge lié au cursus universitaire et les quelques thèmes récurrents.
Dès lors, il y a de quoi passer un bon moment, tout en s'enrichissant. S'il semble impossible de retenir les différents noms de microbes qui vous passeront sûrement au-dessus de la tête, on prend plaisir à découvrir différentes choses sur l'élaboration délicate du sake, sur la fermentation ou sur la transformation de l'amidon en sucre, tout comme on voit avec intérêt poindre quelques thématiques sur l'environnement ou l'agronomie.

Ce qu'on en retient, c'est que les micro-organismes sont absolument partout, et que, bons ou mauvais, on ne peut pas vivre sans, même si souvent on ignore leur existence ! Le monde de l'infiniment petit promet de dévoiler toutes ses richesses avec cette série rafraichissante, certes très dense et parfois poussive, mais réellement intéressante.

L'édition française est plutôt honnête. Le papier est un peu fin mais agréable à prendre en main, la traduction n'évite pas quelques tournures poussives mais reste globalement claire. Par contre, Moyasimon est typiquement le genre de série sur laquelle on aurait adoré quelques pages bonus, d'un spécialiste par exemple, histoire d'approfondir encore le sujet.
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Re: Moyasimon

Message non lu par Koiwai » 20 nov. 2014, 18:10

Tome 2 :

Arrivé depuis peu à l'université agricole, Sawaki a à peine le temps de s'habituer aux lieux qu'une succession de problèmes lui tombent dessus. Cette fois-ci, il devra en découdre avec le "fantôme des bactéries", un étrange amas microbiens dont il retrouvera la trace dans une petite boutique de saké. Puis c'est l'arrivée d'Aoi Muto, la seule élève du séminaire Itsuki, qui débarque. Cette jeune fille, autrefois élue Miss Université, semble avoir bien changé après le long voyage dont elle revient... chargée de nombreux produits fermentés récupérés à travers le monde et qui vont poser quelques problèmes. Mais ces problèmes ne seront rien à côté de ceux engendrés par le club d'ufologie, qui se retrouve à deux doigts de provoquer une mutation de virus !

Après un sympathique premier tome, riche et complexe mais drôle et intéressant, Moyasimon s'offre dans ce deuxième volume un récit où les chapitres sont un peu moins indépendants, les choses s'enchaînant les une après les autres de façon continue, et en amenant bon nombre de petits rebondissements propices à l'abord de nouveaux sujets autour des microbes et de ce qu'ils peuvent apporter de bon ou de mauvais. DU côté du bon, on a un tome placé sous le signe de l'alcool, surtout avec l'évocation du saké et des levures liées à celui-ci. Dans un registre moins agréable, on découvre certaines choses sur la grippe et sur la façon dont elle peut se développer et muter, ou sur les colonies de microbes autour de l'humidité et de la moisissure.

L'humour bat toujours son plein pour rendre le récit plus agréable, entre les petits détails sur certains personnages (les odeurs d'Aoi, la raison l'ayant poussée à rejoindre le club d'ufologie ce qui se passe si on traite Kei de fille, les origines inattendues de Kawahama...) et, bien sûr, les frasques des microbes aux bouilles toujours aussi excellentes. On appréciera beaucoup leur tendance à envahir les marges des pages, de me^me que le bref passage, délirant, où ils fomentent une révolution contre l'être humain ! De même, l'auteur prend plaisir à entretenir une certaine proximité avec les lecteurs (y compris les lecteurs français) en ponctuant les pages de petits mots à leur attention, leur demandant de lui écrire ou leur posant des questions (et pour lui répondre, oui, on veut un strap de microbe en France !).

Toutefois, notons quand même quelques baisses de régimes au niveau des informations disséminées au fil des tomes. le récit a beau être toujours aussi bavard, il y avait sans doute encore des choses à dire sur certains points, notamment sur l'explosion de produits fermentés.

Mais c'est surtout la deuxième moitié du volume qui s'avère plus faible, en nous proposant un festival de printemps aux enjeux assez étranges, entre les règles plutôt saugrenues et la volonté de notre trio masculin principal de choper des aphrodisiaques pour se faire les trois jolies demoiselles qu'ils fréquentent. Malgré un concept qui se veut fun, un humour assez efficace (retour en forme d'Itsuki) et quelques petites révélations délirantes (ne faites jamais boire Hasegawa...), la guéguerre entre les deux clans tourne en rond et lasse vite, et les apparitions de microbes ainsi que les informations sur ceux-ci et sur l'univers agricole s'y limitent à trois fois rien (quelques apparitions de bactéries corporelles vers la fin, quelques très vagues explications sur le textile en fibre de bambou notamment, et c'est à peu près tout).

Mais qu'on ne s'y trompe pas, on reste globalement sur une bonne lecture, bavarde et amusante, bien qu'un brin en deçà du tome 1.
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Re: Moyasimon

Message non lu par Koiwai » 30 janv. 2015, 08:34

Tome 3 :

Après un deuxième tome inégal à cause d'un festival beaucoup trop long et hors-sujet, Moyasimon revient en très grande forme dans un troisième volume riche, très riche, où l'on en apprendra plus, entre beaucoup d'autres choses, sur la fabrication et les propriétés du natto et du surströmming, sur la cave de fermentation, sur la production de vin et certains procédés pour le faire vieillir.
De ce fait, les microbes s'activent beaucoup, et, quand ils ne nous laissent pas amusés en apparaissant dans tous les sens avec leurs bouilles simplistes et leur langage rigolo, ils nous laissent hilares dès que l'auteur nous plonge au plus près d'eux, comme lors de la scène sur la serpillère du seau d'eau. Bien sûr, on ne retient pas tout de cette foultitude de bactéries, de moisissures, d'acariens et autres micro-organismes, mais on en entrevoit beaucoup de différents, allant de l'inoffensif au très dangereux. Et tandis qu'eux fermentent toujours à mort, de notre côté on constate qu'il y a encore énormément de choses à découvrir sur eux...

Mais les microbes ne sont pas les seuls à être en grande forme : maintenant que la plupart des personnages sont bien installés, Masayuki Ishikawa se fait un plaisir de les exploiter comme il se doit. Grâce aux frasques un peu perverses des garçons, aux situations complètement burlesques (si vous vous posez des questions sur l'improbable couverture de ce tome, attendez de voir la fin du tome !) et au goût de l'auteur pour taquiner ses protagonistes ou leur faire faire n'importe quoi (soyez rassurés, le club d'ufologie n'est pas oublié et, niveau épidémie, voit à nouveau les choses en grand), on se régale face à des scénettes très animées.
Mais tout cela est aussi l'occasion de voir certaines choses évoluer ou se dévoiler autour de cette palette de personnages. L'énigme Kei Yuki continue d'être évoquée, Muto doit faire un choix "déchirant", Misato et Kawahama étonnent dans leur rôle de senpai en se cherchant un petit boulot, et, surtout, Hasegawa laisse entrevoir une condition familiale pas forcément réjouissante puisque son chemin semble déjà tout tracé (mais se laissera-t-elle faire ? Rien n'est moins sûr !). Le voyage à Okinawa occupant une bonne partie de la fin de tome est aussi l'occasion de voir deux nouveaux personnages bien campés, mais c'est surtout celle s'affichant sur la dernière page (et un peu avant) qui intrigue.

L'équilibre entre les informations sur les micro-organismes, l'humour incessant et la bonne exploitation des personnages est excellent. Moyasimon semble trouver ici son rythme de croisière et nous offre un excellent moment de lecture, entre la richesse de son propos et l'humour porté par les nombreuses frasques de ses héros humains et microbiens !
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Re: Moyasimon

Message non lu par Koiwai » 03 juin 2015, 13:45

Tome 4 :

Après un début de tome nous offrant un sympathique clin d'oeil envers Nodame Cantabile (la même chose avait été faite pour Moyasimon dans le tome 15 de la série de Tomoko Ninomiya), les choses sérieuses reprennent tout de suite du côté des microbes ! Ceux-ci poursuivent leur alliance visant à conquérir toujours plus de territoires, et cette fois-ci c'est désormais du côté des végétaux de la forêt expérimentale qu'ils ont jeté leur dévolu ! L'occasion d'en apprendre un peu plus sur la rhizosphère, sur l'impact que les micro-organismes ont sur les végétaux, ou sur le danger que représente pour eux l'orchidée, entre autres. Mais leur plus rude mission reste l'impossible conquête du corps trop parfait de cette chère Hasegawa ! Tout en nous offrant un fan-service tout en sous-entendus sur la jeune femme, de nouvelles petites informations nous arrivent sur notre épiderme ou sur notre flore.
Les passages où Masayuki Ishikawa nous propulse dans l'infiniment petit directement aux côtés de ces microbes humanisés sont toujours très fun, surtout grâce à leur soif de conquête et à la façon dont leurs plans sont tenus en échec, et malgré leur trop forte tendance à parler pour ne rien dire !

Après un début de tome faisant donc la part belle aux microbes, ceux-ci sont ensuite en grande partie absents du volume, et pour cause : petit à petit, Sawaki se rend compte qu'il ne peut plus les voir ! Tout laisse penser que ce sera temporaire (et nous en aurons vite la confirmation), mais en attendant, l'absence de la principale spécificité de la série nuit un peu au plaisir de lecture, qui se perd un brin. Pourtant, on a quelques informations plus ou moins importantes sur les goûts d'Oikawa, sur la gothic-lolita ou sur ce qu'est devenu Kei Yuki, mais l'auteur a une façon d'amener certaines choses qui s'avère plutôt confuse et pas marquante, à commencer par l'identité réelle de la gothic-lolita. Certains autre passages, en tête celui sur la croisade du club d'ufologie pour récupérer leur égérie Muto, sont plutôt amusants mais n'apportent quasiment rien, hormis de trop vagues informations sur la fabrication de la poudre à canon. Le principal bon point concerne la raison des chutes de vision de Sawaki, qui, en fin de tome, laisse malicieusement deviner certaines choses dans les toutes dernières pages.

Le principal problème de Moyasimon reste une tendance de l'auteur à parfois trop s'égarer (le festival du tome 2 en reste le meilleur exemple), mais la lecture reste plaisante et portée par des personnages sympathiques et des microbes délicieux.
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Re: Moyasimon

Message non lu par Koiwai » 04 juin 2015, 14:08

Tome 5 :

L'arrivée de l'automne marque un certain remue-ménage pour nos héros au sein de leur école agricole : pendant que Kei Yuki, désormais travesti en gothic-lolita (?), a pour mission de donner un coup de neuf au sakaya Hiyoshi de façon plutôt radicale, Sawaki et les autres doivent préparer le festival des moissons ! Un festival qui connaîtra autant de hauts que de bas pour nos héros, surtout grâce à (ou à cause des) plans douteux de Misato et Kawahama.
Mais les festivités se dérouleront sans Hasegawa, qui a mystérieusement disparu dans la voiture de son père, non sans avoir laissé une lettre de démission sur le bureau d'Itsuki...

Plusieurs intrigues s'entremêlent dans ce cinquième volume, qui, après s'être un peu intéressé aux frasques de Kei Yuki, nous offre un Festival des Moissons hauts en couleur tout en préparant l'intrigue suivante sur le départ soudain de Hasegawa.

Le focus sur la mission de Kei offre de bons moments, partagés entre l'humour de la situation et des informations sur le shochu ou sur l'avenir des sakaya face aux supérettes.
Le Festival des Moissons, lui, s'avère bien plus réussi que celui de printemps du tome 2, la principale raison étant que cette fois-ci les "bons plans" de Misato et Kawahama amènent pas mal de situations un peu burlesques qui s'avèrent assez variées et d'informations appréciables (notamment sur les alcools mexicains), là où le festival de printemps était trop lourdement fixé sur le jeu improbable et sur les tentatives de nos héros de choper Muto et Oikawa. Bien sûr, les deux jeunes filles, accompagnées d'Aya en prime, sont toujours là et ne manquent pas de révéler leurs charmes pour le bien du stand du club de fermentation (Oikawa en bunny vous fera chavirer, et le déguisement de Muto vous explosera de rire, surtout avec la réaction de fanboys aveugles des membres du club d'ufologie !), et on constate à nouveau que Masayuki Ishikawa a décidément un don pour mettre en valeur sans forcer ses jolies héroïnes.
Quant à l'intrigue sur Hasegawa, elle semble être surtout un prétexte pour entamer en fin de tome un voyage dans notre cher pays, où Sawaki, Misato et Kawahama vont se confrontent de plein fouet à certaines différences culturelles entre le Japon et la France ! Affaire à suivre dans le prochain tome pour cette partie qui s'annonce plutôt bien.

Les microbes, eux, sont évidemment toujours là. Si l'auteur a parfois du mal à trouver l'équilibre en offrant des moments où ils sont trop présents et d'autres où ils sont trop absents, ici il parvient à bien équilibrer les choses.

Avec ses textes toujours très bavards et bourrés d'informations ou de délires, ses nombreux personnages qui ne s'arrêtent jamais et les trips de l'auteur qui vont parfois loin, Moyasimon est typiquement le genre de série capable d'alterner très vite passages excellents et moments plus poussifs. C'est toujours le cas ici, certains instants étant tout de même longuets, mais Ishikawa trouve néanmoins cette fois-ci une recette qui marche très bien. Les informations sur les microbes ou sur les alcools sont là sans être omniprésentes (et ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu un manga avec autant de personnages ivres), la fête des moissons est bien menée, les protagonistes restent très bien campés (surtout quand l'humour s'emballe), et le début d'intrigue sur Hasegawa amène un petit fil conducteur un peu plus clair que les autres.
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Re: Moyasimon

Message non lu par Koiwai » 07 août 2015, 14:19

Tome 6 :

Le professeur Itsuki a chargé Sawaki, Misato et Takahama d'aller lui chercher du fromage et du vin... en France. Mais pour nos trois gaillards, il s'agit surtout d'aller retrouver la trace de Hasegawa, soudainement partie avec son "fiancé" Ryuta... en vue de se marier contre son gré ?! Direction la Bourgogne, donc, et plus précisément la région de Beaune où les garçons font vite la connaissance de Marie, une française parlant parfaitement le japonais et dont la famille possède un domaine viticole. Et ils ne tardent pas à y croiser cette chère Hasegawa, qu'ils sont décidés à ramener avec eux !

Ouvert à la fin du tome précédent, l'arc français de Moyasimon se conclura à la fin de ce volume-ci, non sans nous dévoiler de nombreuses richesses, à commencer par un bon focus sur le vin français ! Car évidemment, ce voyage en Bourgogne est l'occasion parfaite pour Masayuki Ishikawa de nous abreuver d'informations sur le si complexe milieu du vin... Et il s'en sort joliment, dans un passage présenté par les microbes façon "Le vin pour les nuls" qui s'avère très clair, animé, et drôle tout en faisant un joli pied de nez au côté parfois prétentieux de ce breuvage.

Ce tome, c'est aussi celui de l'entrée en scène de Marie, demoiselle qui traduit une nouvelle fois certains goûts très charmants de l'auteur. Pensez-vous, en plein milieu de la Bourgogne viticole, une française parlant très bien le japonais et fringuée comme une gothic-lolita... encore... mais blanche, cette fois-ci (le concept est chouette). Mais ne vous fiez pas uniquement à son apparence : la miss a son caractère et le montrera plus d'une fois, et on apprend très vite à l'aimer dans ses petites frasques, dans son amour "violent" pour la cuisine de son terroir, ou pour ses relations désunies avec sa famille qui feront l'objet d'une habile petit focus.

Enfin, il y a l'aventure du possible mariage de Hasegawa, elle aussi excellente. Elle nous offre des rebondissements fun car un peu barges, et des personnages toujours aussi bien campés (y compris Ryuta, le fiancé tourné en ridicule plus d'une fois mais n'ayant clairement pas un mauvais fond et étant lui aussi une victime des manigances de ses parents). Hasegawa est toujours aussi exquise dans son caractère dès qu'elle a bu un peu d'alcool, mais elle se montrera également sous un jour qu'on ne lui connaissait pas, et au final on la retrouve un eu changée. Sa relation avec Misato prend à quelques reprises une tournure qui trouve un parfait équilibre entre diverses ambiances... Et Takahama est merveilleux dans son rôle de pseudo justicier mexicain pas si doué que ça.

Quant aux dessins, ils sont à nouveau très bons, que ce soit pour faire dans l'humour, pour souligner le charme des personnages et le fun des microbes... et aussi pour croquer des paysages de la campagne viticole française somptueux et très proches de la réalité.

De l'humour, des situations improbables, des personnages au top, des femmes pleines de charme, des microbes, et de nombreuses informations claires : on a ici tout ce qu'on aime dans Moyasimon.
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Re: Moyasimon

Message non lu par Koiwai » 04 nov. 2015, 17:44

Tome 7 :

Le séjour de nos héros en France s'est achevé, tout le monde est rentré au Japon, et Haruka a pu annulé son mariage arrangé, même si elle doit encore en parler avec ses parents en réunion familiale, et qu'elle doit désormais subir les rumeurs allant bon train sur elle et Misato ! De son côté, Kei Yuki a bouclé la rénovation du magasin Sakaya, mais ne quitte pas pour autant son costume de gothloli.
Avec tout ça, l'automne commence à être bien entamé, et l'heure est donc venue pour le professeur Itsuki de mettre en route la cave de fermentation. Toute la petite troupe se divise alors en deux groupes, l'un pour s'occuper du riz, et l'autre du saké. C'est l'occasion pour Masayuki Ishikawa de nous abreuver de nombreuses nouvelles informations sur tout ce qui découle de cette cave : sur la production saké, de sauce soja, de miso, de vinaigre... mais également sur l'imposition du saké par exemple. Dans tout ceci, les microbes sont parfois absents, parfois plus présents, et quand ils sont là ils réservent encore quelques très bons moments, par exemples en nous montrant les choses de leur point de vue et en se la jouant soldats.

Comme souvent, l'auteur délivre quelques passages qui peuvent paraître un peu barbants à cause de leur amas de texte, c'est notamment le cas en début de tome pour les informations sur les bactéries lactiques et intestinales ou pour quelques monologues durant le volume. Mais à côté de ça, l'ambiance de groupe est toujours très bien rendue par de nombreux événements : le retour de la fille d'Okinawa Yu Nakeshiro (cf le tome 3), la rivalité en absorption d'alcool que Muto entretient avec elle, la relation tendue entre Misato et Hasegawa qui doit se décanter, les frasques des garçons de l'internat pour tenter de voir les belles Oikawa et Yu dans leur bain... C'est toujours très vivant et souvent amusant. Mais en toile de fond, un autre mystère vient animer ce volume, puisqu'Oikawa découvre d'étranges souterrains sous l'Université... De fil en aiguille, elle est amenée à s'interroger de plus en plus là-dessus, demande de l'aide à Sawkai puis aux autres pour résoudre cette énigme où Itsuki et Kei Yuki ne semblent pas étrangers... Ce petit fil rouge n'est en réalité pas exceptionnel dans sa chute, mais il permet quelques très bons moments, notamment une mise en avant de la jolie Haruki Oikawa et de la confiance qu'elle accorde à Sawaki. Et ce dernier est enfin décidé à lui rendre cette confiance en lui révélant son plus profond secret... mais la réaction d'Oikawa risque fort de ne pas être celle escomptée !

Moyasimon poursuit son bonhomme de chemin en conservant son charme. Malgré quelques moments un peu poussifs, la série mêle toujours aussi efficacement de nombreuses informations aux relations de groupe et à un humour débridé qui n'en fait pas trop.
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Re: Moyasimon

Message non lu par Koiwai » 07 mars 2016, 19:40

Tome 8 :

Aoi Muto, seule élève du séminaire du Pr Itsuki et miss fac agricole, aime l'alcool à en vomir. Mais elle a beau l'aimer plus que tout, il lui arrive aussi d'avoir des pépins avec. Comme en cette période maudite où, après avoir goûté en douce la bière concoctée par Itsuki qu'elle a trouvée horriblement acide, elle se retrouve en plus à devoir conseiller Kei Yuki en matière de microbières pour le sakaya Hiyoshi... alors qu'elle déteste les microbières japonaises ! Mais les connaît-elle seulement ? Au fil de débats houleux avec une jeune fabricante de microbière du nom de Hana Kano, Miss Muto va devoir apprendre à réviser ses préjugés sur ce domaine, en plus de permettre un riche focus sur l'un des breuvages les plus appréciés au monde.

Après le saké ou le vin, c'est donc au tour de la bière d'être à l'honneur dans Moyasimon, et cela sous toutes ses formes ! Au gré des présentations du début par les micro-organismes, puis des discussions enflammées d'Aoi avec Hana, Itsuki ou Hirooka, Masayuki Ishikawa se fait un plaisir d'expliquer la bière sous toutes ses coutures, et on peut dire qu'il a bien étudié son sujet, car de nombreuses choses y passent : les différents types de bière, les ingrédients indispensables à sa fabrication et les variantes, les grandes régions productrices des différents types, certaines origines et vertu, les différences entre les grandes chaines de bière et les microbrasseries, les limites et préjugés liés à ces dernières... C'est très riche, et dense comme souvent dans ce manga, et tout le talent de l'auteur est alors de savoir distiller ses nombreuses informations au gré des discussions vivantes de ses personnages, personnages qui se trouvent par ailleurs bien campés : l'exquise Muto est un plaisir à suivre dans sa remise en question, cela fait plaisir de voir Hirooka remise en avant, le nouveau personnage qu'est Hana Kano, tout petit bout de femme passionnée par ce qu'elle fait, est très facilement attachante...

L'exploration du monde de la bière artisanale par la chercheuse Aoi est donc passionnante, et trouve un belle consolidation dans le désir de la jeune fille d'organiser ensuite sa propre Oktoberfest à l’université agricole, pour une dernière partie de tome qui renoue avec l'aspect entrainant et amusant de la série, via une ambiance festive bien rendue, offrant leur rôle à la plupart des personnages, et proposant une belle mise en avant de l'évolution d'Aoi et Hana... tout en répondant à des questions servant de fil rouge au volume : qu'est-ce que la bière ? Pourquoi la boit-on ? La réponse prend plusieurs formes et s'avère plaisante.

Entre la richesse de son sujet et ses personnages bien campés, Moyasimon est donc à nouveau une lecture plaisante à plus d'un égard.
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