Rudolf Turkey

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Rudolf Turkey

Message non lu par Koiwai » 16 oct. 2014, 17:18

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Après Sakamoto, un autre bonhomme d'envergure débarque aux éditions Komikku. Son nom : Rudolf Turkey. Sa profession : adjoint du maire à Gond Land, sorte de Las Vegas dans l'Amérique des années 1950. Ses spécificités : multiples !
Il est riche, très riche, au point de contrôler une bonne partie de la ville. Et le pouvoir, il adore ça, tout comme l'argent et les jolies femmes bien développées ! Mais c'est aussi un homme particulièrement arrogant, qui fait peu de cas des choses qui ne le concernent pas, mais que rien n'arrête quand on lui met des bâtons dans les roues. Un cabaret risque de se faire racheter par des mafieux ? Il le rachète lui-même et le bousille sans demander l'avis des anciens propriétaires. La banque de sa famille menace d'être braquée ? C'est l'occasion pour lui de s'illustrer et d'enjoliver son bien sur le dos des employés auxquels il en fait baver. La loi dans la ville, c'est lui, ou presque. Si bien qu'il s'attire forcément nombre d'ennemis qui le détestent et veulent sa perte...

Dans un premier tome composé principalement d'histoires assez indépendantes, la mangaka Hiroko Nagakura impose un univers immersif et séduisant, en premier lieu porté par le héros éponyme de la série, le genre de bonhomme ambitieux et prétentieux que rien ne semble pouvoir arrêter. Tantôt irritant dans son arrogance à toute épreuve, tantôt amusant dans cette façon de prendre tout le monde de haut, de contrarier les autres ou de s'agacer très vite, tantôt étonnamment classe et impressionnant dès qu'il devient plus sérieux et déterminé, Rudolf ne laisse clairement pas indifférent et fait partie de ces "stars" qui marquent les esprits (que ce soit en bien ou en mal). Mais il ne serait pas si "invincible" sans les deux "scribouillards" qui le servent, la petite secrétaire Momoko qui, sous ses airs frêles et sérieux, se transforme en furie quand son maître est en danger ou qu'on la traite comme une gamine, et Aigue-Marine, jeune homme aussi redoutable quand son patron est menacé que peu perspicace ou gaga devant des enfants.
Non, rien ne semble pouvoir arrêter le sieur Turkey... hormis une femme, la sublime Mlle Cornu, qui repousse constamment ses avances. Plantureuse, charmante mais aussi un peu manipulatrice, la belle est bien la seule qui a sans problème le dessus sur l'adjoint du maire !

C'est en compagnie de cette petite palette de personnages que l'on suit des premières aventures assez classiques, voire basiques, mais bien menées, car le rythme est là et que l'humour et l'action s'y mêlent très bien, pour un résultat immersif et facilement prenant.
Une immersion facilitée par un univers encore assez sommaire mais bien mis en place. Sorte de Las Vegas fictif, Gond Land dévoile peu à peu ses cabarets, ses jolies danseuses, bunnys ou serveuses, ses cérémonies luxueuses, ses banques chics, ses rues enluminées par les panneaux et les néons flashy, mais aussi certaines de ses facettes négatives cachées derrière les apparences (la mafia, la pauvreté des travailleurs noirs...). Ce petit monde reste pour l'instant dépeint sommairement, mais il y a un univers qui ne demande qu'à se développer. Dans tous les cas, celui-ci s'avère séduisant, car porté par des dessins qui s'appliquent à retranscrire des bâtiments et dont l'aspect luxueux ou grandiloquent confine souvent au kitsch. Sans oublier, bien sûr, les quelques petits éléments culturels de l'Amérique des 50s ("Don't be cruel" d'Elvis, etc...).

C'est néanmoins le ton adopté par Hiroko Nagakura qui s'impose le mieux. En s'appuyant sur sa narration claire et sans chichis et sur son trait assez épais et expressif, l'auteure joue clairement la carte du récit décomplexé et pas très sérieux, qui n'a d'autre but que de divertir sans prise de tête, un peu à la manière du regretté Hitman - Part Time Killer avec ces jolies filles et ces bastons surréalistes (Momoko et Aigue-Marine qui font voler les ennemis en un seul coup de poing, la course-poursuite en voiture et hélico too much comme il faut...), et à la façon de Hellsing ou de Drifters avec ce héros souvent à la limite du je m'en foutisme vis-à-vis des autres. D'ailleurs, certaines planches, dans les contours épais et dans les courbes et faciès des personnages, rappellent beaucoup le coup de crayon de Kôta Hirano.

Récit sans prise de tête, personnages plutôt truculents, action débridée, visuels réussis, humour efficace, univers assez prometteur : Rudolf Turkey a tout de la lecture fun et décomplexée qui commençait à manquer dans le paysage manga en France. Un bon moment de lecture, qui n'a sans doute pas encore révélé tout son potentiel (en tout cas on l'espère, car ça reste quand même un peu trop basique) mais qui se révèle déjà très divertissant.
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Koiwai
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Re: Rudolf Turkey

Message non lu par Koiwai » 05 mars 2015, 14:04

Tome 2 :

Adjoint au maire de Gond Land et contrôlant en "cachette" ce Las Vegas imaginaire, Rudolf Turkey attire à lui autant d'admiration que de haine, et son caractère orgueilleux et capricieux ne l'aide certainement pas à ne se faire que des amis. Les tentatives de complots contre lui sont légion, mais à chaque fois qu'un piège se referme autour de lui, il parvient à en sortir tout en en profitant pour asseoir son contrôle ou sa popularité.
Mais cette fois-ci, Rudolf n'est vraiment pas content, car une triade a commis l'erreur de s'en prendre à Mlle Cornu, celle qu'il aime, en la kidnappant... Et quand on énerve Rudolf, on en paie le prix cher !

C'est sur cette base assez classique que se déroule une première moitié de tome néanmoins très plaisante, grâce au trait léché et très séduisant, bien sûr, mais aussi et surtout grâce à une excellente utilisation des personnages. Tout en présentant une nouvelle facette des ennemis de Rudolf à travers les triades, Hiroko Nagakura poursuit sa mise en valeur d'un Rudolf assez délicieux dans son côté fonceur dès qu'il est question de protéger la sublime Mlle Cornu. Mais notre héros sait aussi réfléchir et rester prudent, et peut toujours compter sur ses deux "scribouillards", à commencer par une Momoko très joliment mise en avant dans ses sentiments exacts pour son patron, mais aussi dans ses fulgurantes capacités au combat. En apparence tellement frêle et mignonne, en réalité tout autre ! Et que dire de cette chère Mlle Cornu, dont la beauté fera encore chavirer les coeurs, et qui se joue encore avec malice de notre Rudolf.

Héros qui en jette, récit rythmé, action débridée qu'une fois de plus Kôta Hirano n'aurait pas reniée, filles de rêve, contexte de la ville assez bien exploité : une nouvelle fois, tout est là pou faire de Rudolf Turkey un divertissement de choix ! La deuxième moitié du tome, elle, revient à des intrigues plus courtes, mais on y note tout de même un joli moment plus posé entre Rudolf et Cornu (dont la relation évoluera peut-être... Qui sait ?), et la lente mise en place d'une menace encore assez énigmatique mais beaucoup plus sérieuse pour notre Rudolf...
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Coco Felken
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Re: Rudolf Turkey

Message non lu par Coco Felken » 10 mars 2015, 17:10

Deux premiers volumes très sympa ! Un peu déstabilisé, tout de même, par tous ces noms un peu spéciaux !

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Re: Rudolf Turkey

Message non lu par Koiwai » 11 mars 2015, 00:34

Surtout "Turkey" quoi, on a vu plus classe comme nom !
"Salut, je m'appelle Rudolf Dinde" :lol:
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Coco Felken
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Re: Rudolf Turkey

Message non lu par Coco Felken » 11 mars 2015, 10:43

Et Rudolf, prénom du renne du père Noël... Lapin Cornu aussi, c'est pas mal ! Mais ouais, Rudolf Dinde, pour un héros, ça brise un peu le charisme ! :)

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Re: Rudolf Turkey

Message non lu par Koiwai » 06 mai 2015, 16:48

Tome 3 :

Quand on est Rudolf Turkey, riche et arrogant adjoint au maire de Gond Land, on peut (presque) tout se permettre. Alors quand sa chère Lapin émet brièvement l'envie de visiter le Japon, Rudolf organise le voyage dès le lendemain ! Débarqués au pays du soleil levant, Rudolf et ses compagnons se font un plaisir d'aller à la rencontre de celle qui les logera : Mme Kamogawa, la mère de Momoko ! Mais est-ce vraiment un plaisir ? Pour Rudolf, pas vraiment, tant il ignore les règles de bienséance nippones, voire les refuse... Pour lui qui ne s'est jamais incliné devant personne, hors de question de le faire ici !

C'est donc dans le plus grand fracas que notre cher Rudolf débarque au Japon et nous amuse par sa méconnaissance des traditions nippones ou son dédain envers certaines coutumes ou certains plats. Pourtant, du haut de son arrogance, il va devoir se confronter à une personne aussi caractérielle que lui : la mère de Momoko, femme forte qui va le contraindre à effectuer des tâches dont il n' a pas l'habitude, et dont la langue bien pendue va donner lieu à des petites joutes verbales absolument délicieuses !

Une nouvelle fois, on s'amuse donc forcément à la lecture en voyant ce cher Rudolf quelque peu malmené mais conservant encore et toujours son arrogance typique. Le tout, pendant qu'on profite d'une incursion au Japon visuellement très plaisante, entre les décors modernes ou traditionnels riches, les plats qui donnent l'eau à la bouche, et les événements comme la fête traditionnelle permettant d'admirer Lapin, Momoko et ces messieurs en yukata...
Mais avec Rudolf, il y a toujours des dégâts, et en seulement quelques jours il arrive forcément à se mettre à dos quelques yakuzas, pour une confrontation aussi décoiffante que décomplexée ! Que ce soit pour ses moments plutôt axés tranches de vie ou pour ses dangers et scènes d'action, la série est à nouveau un vrai moment de fun. Mais Hiroko Nagakura sait en profiter pour continuer de développer ses personnages : si cette visite au Japon permet évidemment de mieux cerner la famille, les origines et le passé de Momoko, c'est aussi l'occasion de mettre en avant Aigue-Marine, ses doutes quant à son utilité auprès de Rudolf, et la manière dont il est entré à son service.

Combo gagnant, donc, pour ce séjour nippon de 130 pages rondement mené ! Et la suite du tome ne nous laisse que peu de temps pour souffler : après un petit chapitre léger, enlevé et séduisant mettant en avant Lapin et ses compagnes, la fin du volume ouvre de façon tonitruante une nouvelle partie qui s'annonce intéressante et devrait amener de nettes évolutions dans le petit fil conducteur de l'oeuvre... Affaire à suivre !
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Re: Rudolf Turkey

Message non lu par Koiwai » 12 nov. 2015, 09:12

Tome 4 :

Les récentes épreuves auxquelles Rudolf et ses acolytes ont dû faire face leur ont appris l'existence, dans l'ombre, d'une menace décidée à prendre le contrôle de Gond Land... et à l'approche des élections municipales, cette menace semble se concrétiser en la personne de Benjamin Bear, jeune homme arriviste et candidat déclaré. Sous l'impulsion du secrétaire de mairie Goat, Turkey est amené à faire connaissance avec ce jeune premier. Mais sous sa prestance et ses allures correctes sous tout rapport, Bear cache une personnalité et des desseins qui sont tout autres... Pour s'opposer à Benjamin, Rudolf et ses compagnons devront déployer toutes leurs ressources, en commençant d'abord par effectuer chacun un entraînement spécifique...

Cette fois, ça y est : un ennemi d'envergure entre en scène en la personne de Benjamin Bear. Mais l'affrontement contre lui n'a pas encore lieux : nous nous contentons de le découvrir en début de tome, avant que la suite ne voit chacun des acolytes de Turkey se préparer aux côtés de divers spécialistes dans leur catégorie. Ainsi, Vermelho doit affiner ses capacités déjà folles au combat dans un petit conflit de gang, tandis que Pale doit se renforcer de corps et d'esprit au gré d'un dangereux jeu d'énigmes avec Rudolf. Quant à Momoko et Aigue-Marine, leurs rôles de secrétaire et de garde du corps seront mis à l'épreuve pour leur permettre d'évoluer.

On suit chaque entrainement à tour de rôle, chacun s'étirant sur deux chapitres (Vermelho et Pale), sur un seul (Momoko), voire sur seulement quelques cases (Aigue-Marine). En découle un volume très linéaire, où les entrainements ne vont pas chercher très loin, et qui est un peu inégal selon les focus. Par exemple, celui sur Vermelho est fun grâce au caractère du bonhomme et à sa façon d'utiliser la hargne de ce cher Rudolf ! De même, le focus sur le rôle de secrétaire de Momoko est bref mais fait passer l'essentiel, et permet d'apprécier la jeune fille dans une tenue plus féminine que jamais ! A contrario, le passage sur Pale est un peu lassant, bien qu'il offre une collaboration intéressante entre Turkey et lui. Quant au focus sur Aigue-Marine... à vrai dire, il est inexistant, ce qui frustre un peu sur le coup mais a le mérite d'entretenir un léger mystère, notamment autour de la valise qu'il a reçue.

Dans tous les cas, malgré quelques inégalités et sa linéarité, ce quatrième tome reste un bon moment de lecture, car Hiroko Nagakura n'y perd aucunement son sens du divertissement. Et puis, il y a ces quelques moments avec la belle Lapin, venant offrir de jolis instants répit.

C'est avec le dernier chapitre que les hostilités contre Bear se préparent réellement. Tout est désormais en place, et le prochain volume devrait être explosif !
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