Orbitaria

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
Avatar du membre
Koiwai
Rider on the Storm
Messages : 10743
Enregistré le : 18 avr. 2008, 11:52
Localisation : Lille

Orbitaria

Message non lu par Koiwai » 12 mai 2015, 18:46

Image

La fiche sur le site


Tome 1 :

Dans un collège a priori comme les autres, le jeune Alba, surnommé Al par tout le monde, suit un quotidien aux côté de ses amis, Gupta la tête de classe, Pagan le sportif, et Chityak, la belle madonne de l'établissement, tous étant dans leur 8ème et dernière année scolaire. Mais ce quotidien est-il tout à fait normal ? Pas vraiment ! Car Al, grand fan de mécanique, est bien décidé à construire un robot au sein du club de techno. Loin de réussir pour l'instant, il enchaine les catastrophes, tant et si bien qu'il est sans cesse puni et est le sujet de moqueries de nombre de ses camarades. Mais, passionné qu'il est, il ne se décourage pas ! Et à force de persévérance, il finit par atteindre son but et va pouvoir quitter le collège avec les honneurs... à moins que quelque chose ne l'en empêche. En rêve, il fait a connaissance d'une certaine Walfran, énigmatique jeune femme qui, après avoir affronté une machine, lui confie un étrange pendentif avec une pierre incrustée. Quand il revient à la réalité, il découvre le pendentif dans sa poche. Sa rencontre avec Walfran était-elle réellement un rêve ? Et ce qu'il prend pour la réalité est-il réel ?

Première série de Masakazu Ôi paraissant en France, Orbitaria, dans ses premiers chapitres, démarre d'une façon plutôt classique, avec un quotidien en lycée assez bien présenté puisqu'il nous permet de cerner rapidement les caractéristiques et relations des principaux personnages. Ainsi découvre-t-on qu'entre Al le féru de mécanique et Gupta la tête de classe existe une amitié forte, mais aussi une certaine rivalité sentimentale puisque tous deux sont amoureux de la belle Chityak, douce et bien pourvue demoiselle et joueuse de violon qui plus est. L'auteur nous propose une vie scolaire qui est donc très mouvementée, pour un résultats assez immersif bien qu'il soit finalement très rapide et enchaine plusieurs situations plutôt tirées par les cheveux et peu utiles, à commencer par l'improbable quiproquo d'Al quand il tombe nez à nez sur sur ses deux amis dans une posture plutôt... compromettante.

Malgré tout, tout ceci a le mérite de planter assez bien le décor... pour une suite qui fera dans un tout autre registre ! Car c'est à partir de la cérémonie de fin d'études que le scénario d'Orbitaria commence réellement en se lançant les deux pieds devant dans la science-fiction. A peine sortis de l'établissement, les jeunes diplômés se retrouvent complètement nus, attachés, en attente d'un traitement qui leur permettra de survivre aux nuées de nuages toxiques présent autour du lieu... car ce lieu n'est autre qu'une gigantesque cité-Etat robotisée immobilisé dans les airs ! L'orbitaria, puisque c'est son nom, est u gigantesque robot-Etat qui attend patiemment d'être remis en mouvement par un "élu"... et en attendant ce jour, ce sont des administrateurs qui font leur loi, exerçant un régime proche du totalitarisme où les années de collège ne sont qu'un moyen de former des pilotes au cerveau savamment formaté pour ne pas désobéir. Mais la révolte gronde ! En recroisant Walfran, Al va se rebeller contre le destin qu'on lui a tracé et, en compagnie de ses inséparables amis, deviendra l'élément-clé du renouveau d'Orbitaria...

Voila pour l'essentiel de ce premier tome, sorte de riche et très mouvementée mise en place ! Et nous éviterons d'en dire plus que ces grandes lignes, afin de ne pas gâcher les nombreuses petits informations disséminée un peu partout sur Orbitaria, sur son passé, sur son statut, et sur les différentes factions qui y séjournent... Du moins, si vous comprenez tout, car - et c'est là le plus gros problème du tome - le mangaka a tendance à expédier beaucoup trop vite les différentes richesses de son oeuvre. Pendant que l'action et l'aventure battent leur plein à un rythme effréné , on déniche régulièrement des petites bribes d'informations sur le background sans que celles-ci soient clairement posée, on voit apparaître un peu dans tous les sens des personnages que l'on peine pour l'instant à cerner et que l'on a du mal à retenir pour certains... et il règne finalement une impression de gros bazar un peu confus, alors même que la lecture reste entrainante. Il faudra donc s'accrocher.

Et s'accrocher vaut sans doute le coup quand on voit le plaisir apparent avec lequel l'auteur dessine son oeuvre. Car niveau décors et robots, ça en jette pas mal ! La phase au collège possède son lot de petits détails visuels, et le robot que tente de mettre au point Al possède un design abouti et très clair. Et quand le récit s'emballe enfin avec le découverte d'Orbitaria, on découvre non seulement un gigantesque robot au très joli rendu, mais aussi un lot important de machines et de mécaniques aux designs variés, et au rendu suffisamment limpides dans les scènes d'action (chose suffisamment difficile à bien rendre dans le genre mecha pour mériter d'être signalée). De même, le fait qu'orbitaria soit immobilisé dans les airs offre pas mal de vues vertigineuses, avec des paysages lointains et des nuées de nuages au joli rendu, des angles de vue très aériens... ce qui accentue grandement le parfum d'aventure lors de scènes comme celle-ci où notre héros, à l'aide d'une sorte de corde, se jette dans le vide sur le côté de la machine pour aller sauver sa dulcinée... Il y a clairement du très bon ! Un rythme haletant, des cases qui ne sont jamais vides... il faut simplement que l'auteur s'applique à poser un peu plus son récit, car la clarté de l'action en pâtit aussi plus d'une fois.
Quant au design des personnages, il se veut plus simple, parfois inégal mais très expressif. L'auteur a toutefois tendance à glisser régulièrement de discrètes cases de fan-service (une culotte par-ci, une fesse par-là, des filles nues...) qui, accumulées, deviennent un peu lourdes. Sans compter son goût pour les demoiselles exagérément bien pourvues, il suffira de voir Chityak pour s'en convaincre.

Ce premier tome d'Orbitaria est donc loin d'être parfait, principalement à cause d'un rythme certes très soutenu mais qui confond un peu vitesse et précipitation, si bien qu'on peine à comprendre tous les tenants et aboutissants de la cité-robot et tous les enjeux de la rébellion. Mais il y a clairement des choses qui nous gardent accroché. Un rythme entrainant, un parfum d'aventure qui est bien là, des visuels très prometteurs avec décors omniprésents et machines aux designs de bonne facture... A confirmer avec la suite !
Image

Avatar du membre
Koiwai
Rider on the Storm
Messages : 10743
Enregistré le : 18 avr. 2008, 11:52
Localisation : Lille

Re: Orbitaria

Message non lu par Koiwai » 12 août 2015, 12:15

Tome 2 :

En réveillant l'orbitaria de l'ultime pays céleste, Al ne s'attendait certainement pas à en devenir le pilote légitime et à bousculer si profondément la hiérarchie de cette gigantesque cité-robot. Et tandis que les rapports de force entre les administrateurs dominants et les travailleurs dominés s'effondrent, notre jeune héros doit désormais prendre connaissance et conscience du rôle qui lui incombe...
Dans le même temps, ailleurs, un autre robot géant semble en proie à de funestes agissements. Princesse et pilote légitime de l'orbitaria du pays nocturne des cendres, la jeune Prau Zlau est gardée prisonnière par le dénommé Enkidu, travailleur qui a pris sa place en tant que régent. Et ses intentions ne semblent pas amicales...

Ce deuxième volume s'applique tout d'abord à développer encore un peu plus l'univers de la série, via des passages très légers et un tantinet maladroits (notamment quand l'auteur nous fait suivre le rôle un peu basique façon "femme au foyer" de Chityak... Un bon gros cliché de la gentille fille qui fait les corvées quotidiennes pendant que ces messieurs font dans la mécanique) qui permettent néanmoins de respirer un peu et de profiter de vues aériennes très belles (comme celle du linge flottant dans les airs), et d'autres moments qui permettent de mieux poser les protagonistes.
Ainsi, du côté de nos héros, on a l'occasion de mieux cerner des personnages comme le leader des travailleurs Sena, son alliée Dylan qui ne semble pas apprécier Al et commence à entretenir une relation conflictuelle avec Gupta, ou Pagan qui réapparaît après sa trahison en ayant visiblement du mal à trouver sa place...
Du côté du pays nocturne des cendres, on découvre avec un certain intérêt la jeune Prau Zlau qui aura sans nul doute un rôle plus important par la suite. En attendant, ce sont surtout les actes d'Enkidu et de ses sbires et partisans qui intriguent et inquiètent, le régent ayant visiblement des intentions belliqueuses... qui commenceront à s'exprimer pleinement en fin de tome, annonçant un troisième volume mouvementé.

Masakazu Ôi affiche une volonté louable d'enrichir au plus vite son histoire, qui possède peu de temps morts et a le mérite d'offrir pas mal de nuances à certains personnages (par exemple Sena et les raisons pour lesquelles il voulait devenir le pilote, qui trouve ses sources dans les châtiments qu'ont eu à subir les travailleurs pendant tant d'années). Mais concrètement, il reste ici le même gros défaut que dans le premier tome : une narration assez abrupte, qui par exemple passe trop soudainement d'un orbitaria à l'autre, n'explique pas assez certains termes spécifiques, ou balance trop vite des informations importantes (notamment celles sur le sombre passé de l'ultime pays céleste).

C'est essentiellement cette narration qui "plombe" un peu le récit. Il y a souvent la sensation d'être un peu perdus à la lecture, alors même que l'auteur semble très bien savoir où il va et a bien pensé son univers (comme l'attestent également ses croquis préparatoires détaillés), et qu'il nous offre à nouveau des planches visuellement très prenantes, entre les nombreuses vues vertigineuses du plus bel effet, les robots à la mécanique précise et inventive, les moments d'action dans une fin de tome où l'on ressent bien toute la puissance et le gigantisme extrême des robots...

Orbitaria reste une lecture séduisante à plus d'un égard, qui n'a besoin que de gommer ses problèmes de narration pour devenir meilleure.
Image

Avatar du membre
Koiwai
Rider on the Storm
Messages : 10743
Enregistré le : 18 avr. 2008, 11:52
Localisation : Lille

Re: Orbitaria

Message non lu par Koiwai » 27 oct. 2015, 15:48

Tome 3 :

Même s'il a pu éviter le pire, Al n'a pu empêcher la hache géante du Pays Nocturne des Cendres de s'abattre sur la ville de l'Ultime Pays Céleste. Alors que les deux orbitaria se retrouvent bientôt sur un statu quo en attendant d'éponger leurs plaies, c'est une nouvelle épreuve qui attend notre héros : prendre conscience des morts qui viennent de tomber, parmi lesquelles ses amis... Le jeune garçon mûrit encore un peu plus dans la prise de conscience de ses responsabilités de pilote, d'autant qu'il peut compter sur un nouveau soutien aussi soudain qu'inattendu : Prau Zlau, qui a pu s'échapper de sa geôle pendant l'affrontement.

Le combat ne reprendra pas réellement avant la toute fin du tome, qui voit en plus arriver un troisième orbitaria, l'Eternel Pays d'Acier, qui pour l'instant n'est pas très intéressant et se contente de faire apparaître un capitaine assez énervant dans ses clichés de beau gosse ténébreux aux idées par très fines ("Un homme, ça desserre les lèvres que pour vider un verre ou consoler une fille", mouais). Tout ce volume s'applique donc plutôt à continuer de dépeindre les stratégies des personnages, notamment autour du bras droit du Pays Céleste, ainsi que leur passé et leur ressenti. Et, clairement, plus d'un personnage y gagne. On reste évidemment intéressé par la mentalité d'Al dans ce conflit qu'il ne souhaite pas. Son inquiétude pour la vie des autres possède des répercussions intéressantes, notamment sur Prau Zlau qui est elle-même une jeune fille capable de paroles assez fortes. La relation tantôt conflictuelle tantôt soudée entre notre héros et Sena prend elle aussi plus de consistance, et on attend également de voir les conséquences des actes de Kall et d'en découvrir plus sur Walfran. De manière générale, les conflits entre admins et travailleurs restent également un élément important. Du côté du Pays Nocturne des Cendres, l'heure est venue d'en apprendre plus sur les étonnantes motivations d'Enkidu, à des années-lumière de ce que beaucoup de monde imagine, mais aussi sur l'identité exacte de la pulpeuse et agressive Mirambon...

Au fil de cette période de faux répit entre les deux orbitaria, Masakazu Ôi continue de présenter les nombreux tenants et aboutissants du conflit, les objectifs réels de ses personnages, les conflits internes... Le récit profite réellement d'un univers dense et cohérent que son auteur a bien pensé. Mais la lecture demande à être très attentif, ce qui n'est pas facilité par une narration toujours un peu trop lourde, passant régulièrement d'une chose à l'autre et n'appuyant pas toujours suffisamment ses informations.

Il y a toujours cette impression que les choses sont un peu trop précipitées, alors même que l'univers global est riche et prenant. L'auteur saura-t-il gommer les défauts et faire ressortir toutes les qualités de son histoire dans le quatrième volume, qui sera déjà le dernier ?
Image

Avatar du membre
Koiwai
Rider on the Storm
Messages : 10743
Enregistré le : 18 avr. 2008, 11:52
Localisation : Lille

Re: Orbitaria

Message non lu par Koiwai » 18 déc. 2015, 13:10

Tome 4 :

Alors qu'Al, à la tête de l'Ultime Pays Céleste, s'apprête à répondre à l'attaque du Pays Nocturne des Cendres, il est interrompu par Akinakes, le pilote de l'Eternel Pays d'Acier, qui souhaite éviter que le jeune garçon ne s'engouffre dans la voie de la destruction... Quelle sera l'issue du conflit ? Qu'adviendra-t-il des différents pays ?
Vous ne le saurez jamais.

En effet, si l'on avait toutes les raisons de craindre le final d'Orbitaria, cette crainte ne fait que se confirmer, et, pire, s'intensifier au fil de la lecture de ce quatrième et dernier volume, qui ne conclut rien, tout simplement, et où l'auteur prend une voie on ne peut plus discutable en nous plongeant rapidement dans une succession de flashbacks qui dévoilent certes des éléments intéressants sur le passé de l'Ultime Pays Céleste ou sur celui de Walfran, mais qui s'avèrent surtout désastreux dans la façon dont Masakazu Ôi mène tout ça.
Dans les volumes précédents, l'un des gros problèmes du récit était une narration beaucoup trop rapide, passant sans cesse du coq à l'âne, ce qui nuisait au rythme et ne facilitait pas la bonne compréhension des choses, mais on s'y retrouvait quand même. Mais ici, le problème est encore plus présent, l'auteur vomissant constamment un flot d'informations, de nouveaux pays aux noms impossibles à retenir et de nouveaux personnages sortis de nulle part, le tout sans la moindre transition, ce qui fait qu'on finit par ne plus rien comprendre, par se perdre dans une gestion du temps hasardeuse (à certains moments, on ne comprend pas quand exactement se passent les choses)... et tout ça pour quoi ? Hé bien, on se le demande. Car on a beau connaître à la fin certaines facettes du passé, on reste dans l'absence totale de réponses concernant le présent. Quid de ce qu'il advient de l'Ultime Pays Céleste ? Du Pays Nocturne des Cendres ? d'Al ? De ses amis ? D'Enkidu ? De Prau Zlau ? Aucune idée.

Et mieux vaut ne pas chercher à comprendre certains moments qui font tache, comme ce petit passage où Walfran enfant se retrouve nue sans raisons, ou quelques moments d'action expéditifs et rendus incompréhensibles car ils sont mal amenés. Dommage, car à côté de ça, d'autres petites choses étaient plus enthousiasmantes, comme les petits clins d'oeil (à Laputa par exemple), et les références à l'Utopie de Thomas More qui laissaient deviner un récit ambitieux.

Car la problème est finalement là : avec ce déferlement incompréhensible de nouvelles choses, les nombreux enjeux posés auparavant, ou l'univers qui pouvait devenir très important, on reste sur l'impression que Masakazu Ôi voulait proposer une oeuvre riche et ambitieuse mais qu'il a dû (mal) précipiter tout cela dans un final bâclé qui ne conclut rien. Comme une oeuvre bourrée d'idées mais morte après avoir à peine éclos. Difficile de faire plus frustrant, notre principale pensée en refermant cette fin étant celle présente à la dernière page du manga : "Pourquoi ?"
Image

Répondre