Another

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Another

Message non lu par Koiwai » 27 mai 2015, 13:11

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La fiche sur le site


Tome 1 :

A l'origine, Another est un roman de Yukito Ayatsuji paru au Japon en octobre 2009, et qui a rencontré un succès suffisamment fort pour connaître rapidement une adaptation manga en 4 tomes, publiée entre mai 2010 et janvier 2012. Mais ce n'est pas tout : le manga fut à peine achevée qu'une adaptation animée en 12 épisodes pris le relais, et ce jusqu'en mars 2012. Quelques mois plus tard, en août 2012, c'est un film live qui a vu le jour. Et la success story Another ne s'arrête pas là, puisqu'un roman spin-off, Another : Episode S, est sorti en 2013.

En France, l'oeuvre a gagné sa renommée avec le populaire anime (disponible en DVD et Blu-ray chez Dybex), et c'est après une certaine attente que nous pouvons enfin découvrir la fameuse version manga, dessinée par un mangaka que l'on connaît déjà : Hiro Kiyohara, à qui nous devons aussi la trilogie Mad World parue chez Soleil.

Tout commence par une légende, celle de Mei Misaki, en 1972. Très populaire dans son collège de Yomiyamakita, la jeune fille est appréciée de tous. Jolie, douée en études, gentille, elle a tout pour que la vie lui sourie... jusqu'à ce jour où, à l'aube de son passage en 3ème 3, elle périt brusquement dans un accident. Profondément choqués, refusant d’admettre sa mort, ses camarades de classe décident de faire comme si elle était toujours là : son bureau est laissé en l'état, ils font comme s'ils lui parlaient, sortaient de cours avec elle... Mais à la fin de l'année, c'est la stupeur quand, sur la photo de classe, Misaki apparaît...
Au fil des ans, la légende est toujours là, ancrée...
26 ans plus tard, en 1998. Quand il arrive au collège, l'ancien tokyoïte Kôichi Sakakibara ne connaît rien de la légende. Malade, atteint de pneumothorax, il est hospitalisé peu de temps avant d'intégrer la 3ème 3. Et en sortant de l'hôpital pour enfin vivre ses premiers instants dans son nouveau collège, il découvre des camarades de classe plutôt étranges. Il se fait assez facilement quelques camarades, mais l'ambiance de classe reste plombée par une atmosphère sinistre que le jeun garçon ne parvient pas à expliquer. Et puis, il y a cette fille de sa classe, qui l'intrigue beaucoup par ses propos énigmatiques, ses mises en garde et la façon dont tout le monde l'ignore... une certaine Mei Misaki...

Autant le dire tout de suite : dans l'immédiat, il ne faut s'attendre à aucune surprise à la lecture de ce tome 1, dont la principale interrogation, à savoir la nature de Mei Misaki, est annihilée dès le départ puisque nous, lecteurs, prenons tout de suite connaissance de la légende contrairement à Koîchi. Et c'est donc tout autre chose qui est à chercher dans ce premier volet : une ambiance mystérieuse et inquiétante, immiscée dès les premières pages avec cette légende, et qui se peaufine peu à peu au gré des interrogations que Kôichi est amené à se faire. Qui est exactement Mei Misaki ? Pourquoi l'a-t-il croisée alors qu'elle se rendait au sous-sol de l'hôpital, là où se trouve la morgue ? Pourquoi a-t-elle un bandeau sur l'oeil gauche ? Que cache la boutique de poupées où elle se rend ? Pourquoi donne-t-elle cette impression d'apparaître et de disparaître selon ses envies ? Quelle est la raison exacte des mises en garde qu'elle lui fait et des règles superstitieuses que sa tante Reiko lui conseille de suivre ? Pourquoi ses camarades de classe ignorent-ils la jeune fille ? Et, surtout, pourquoi deviennent-ils soudainement plus sinistres dès que Kôichi leur parle de Mei ?

Autant d'interrogations qui s'installent tranquillement, et si certaines réponses arrivent déjà, ce n'est que pour mieux entretenir de nouvelles énigmes. Le lecteur a beau deviner dès le début le statut de Mei Misaki (mais rien ne nous dit qu'il n'y aura pas de surprises là-dessus plus tard), il est finalement autant dans le flou que Kôichi, et le résultat est garanti : c'est nébuleux, on se pose de nombreuses questions sans vraiment avoir de réponses pour l'instant, on ne cerne pas grand chose de ce qui se passe... et les dernières pages, tout aussi énigmatiques, arrivent alors au bon moment, avec brutalité, pour nous faire prendre conscience que la malédiction est d'ores et déjà en marche... Mais quelle en est la teneur ?

Dans ce premier tome, il faut donc accepter de se laisser balader, voguer au gré des interrogations et découvertes de Kôichi, en attendant d'en apprendre plus. Pour l'heure, tout est question de mise en place d'une ambiance, d'une atmosphère à la fois sinistre, inquiétante et fascinante. et cela, Hiro Kiyohara le fait très bien : sa narration assez posée et un peu introspective sur le héros, ainsi que les nombreux dialogues énigmatiques, installent efficacement cette ambiance, mais ce sont bien les dessins eux-même qui captivent. Plutôt élégants, fins et jouant assez sur le noir, ils sont portés par des visages aussi beaux que difficiles à cerner, tant les yeux affichent en profondeur. On plonge dans ceux de Misaki en y cherchant des réponses, mais en comprenant vite qu'on ne les aura pas tout de suite tant ce regard paraît impossible à cerner.
Les seuls vrais points faibles viendront alors des nombreux personnages secondaires. Hormis Kôichi, Misaki et dans une moindre mesure l'infirmière Mizuno qui apporte un peu de fraîcheur, les autres protagonistes, que ce soit les camarades de classe ou la tante Reiko, sont plutôt éclipsés et pour l'instant pas du tout marquants. Ce qui ne les empêche pas d'enchainer quelques vieux clichés irritants (oui oui, on a bien l'habituel intello/délégué relevant sans cesses ses lunettes avec son majeur en tirant une tête sombre...).

Ce premier volume met de côté tout vrai suspense pour plutôt installer une atmosphère inquiétante et fascinante, portée par la captivante Mei Misaki et par les nombreuses interrogations qu'elle entraîne. Une entrée en matière volontairement posée, nébuleuse et réussie, pour une courte série que l'on suivra de près en espérant qu'elle saura nous étonner.

Bonne copie pour Pika Edition, avec premières pages en couleur, traduction et polices agréables, papier suffisamment épais...
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Re: Another

Message non lu par Koiwai » 30 sept. 2015, 08:50

Tome 2 :

Arrivé au sein de la classe de 3ème 3, Kôichi a rapidement été confronté à une série d'événements aussi mystérieux qu'inquiétants. Que se cache-t-il derrière la légende de Misaki, élève décédée une vingtaine d'année auparavant dans cette classe et pourtant réapparue sur la photo de fin d'année ? Quelle est la nature et les raisons de cette soi-disant malédiction dont serait frappée la classe ? Que cache Mei Misaki, mystérieuse élève dont out le monde ignore la présence en cours ?

Le premier volume, s'écoulant doucement en faisant monter la tension grâce à une narration claire et à de sombres et élégants dessins, instaurait on ne peut plus efficacement une ambiance morbide faite de nombreuses énigmes... avant de concrétiser brutalement les choses dans des dernières pages sanglantes et alors insondables. En adressant la parole à celle que tout le monde prend soin d'ignorer, Kôichi ne s'attendait certainement pas à lancer la fameuse malédiction. Et Yukari Sakuragi a été la première à en faire les frais, en mourant de façon bizarre, son parapluie planté dans la gorge après une chute.
Juste avant de mourir, elle semblait effrayée... et sa mort ne fait qu'enfoncer encore plus Kôichi dans les interrogations. Ce deuxième volume voit le jeune garçon accentuer sa recherche de la vérité, au fil d'investigations et de nouveaux drames qui, par moments, pourront paraître légèrement trop rapides. Mais globalement, les auteurs trouvent le bon rythme et distillent habilement les événements, les énigmes et les éléments de réponse de leur scénario.

Ici, notre héros accentue ses recherches, mais quoi qu'il fasse, il se confronte à certains murs : des camarades de classe peu bavards, prenant soin d'éviter certains sujets, ou se contentant de glisser son oreille certains conseils nébuleux, comme arrêter de parler avec ce qui n'existe as, à savoir Mei Misaki... Pourtant, aux côtés de l'enjouée et gaffeuse infirmière Mizuno, Mei Misaki se présente comme la seule personne en qui Kôichi peut accorder sa confiance... du moins pour l'instant.
Mais dans ce petit univers où les secrets sont bien gardés et où quasiment personne, hormis la trop gentille Mizuno, ne semble totalement sincère, la volonté de Kôichi de découvrir la vérité provoquera de nouveaux événements tragiques, effaçant par la me^me occasion la moindre petite figure de joyeuseté dans la série. Les choses sérieuses sont désormais bel et bien commencées. Car tenter de se rapprocher de la vérité, c'est aussi se rapprocher de la mort.

Dans un climat qui se fait donc de plus en plus lugubre et inquiétant, les auteurs parviennent donc à nouveau à entretenir leur épais voile de mystère... tout en apportant enfin des premiers éléments de réponse autour de la malédiction et de Mei Misaki. Les premières hypothèses que le lecteur pouvait tenter de se faire se verront alors confirmées ou brisées, tout ceci ne faisant qu'apporter de nouveaux mystères, notamment autour de l'identité du mort. A ce titre, les dernières pages du tome relancent de plus belle note envie de découvrir la vérité et d'émettre de nouvelles hypothèse, y compris autour de Kôichi lui-même et, encore et toujours, autour de Mei Misaki, personnage décidément mystérieux et fascinant.
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Re: Another

Message non lu par Koiwai » 19 nov. 2015, 14:22

Tome 3 :

La malédiction de la 3ème 3 continue d'emporter des vies tandis que Kôichi et Mei Misaki continuent leurs recherches pour en apprendre plus. Leurs pas les conduisent auprès du bibliothécaire, ancien professeur qui leur livrera de nouvelles informations intrigantes, sur les années "avec", sur ce qu'il s'est passé lors de certaines d'entre elles... Une piste est en train d'être remontée, sur la possibilité de mettre fin à cette malédiction, mais dans Another la mort n'est jamais très loin...

Le parfum de mort est toujours aussi présent dans la série et est servi efficacement par le dessin un peu froid de Hiro Kiyohara. Et si les décès dans ce volume ne sont pas très nombreux, ils sont suffisamment bien placés et suffisamment violents pour accentuer comme il se doit la tension du récit. Car plus Kôichi et les autres se rapprochent de la vérité, plus le danger se fait sentir, encore plus dans la toute fin de volume qui annonce une dernière ligne droite tendue.

Concrètement, le récit poursuit sa route en usant de quelques ficelles un peu faciles. On se demande notamment pourquoi certaines informations, certaines pistes n'ont pas été données par certains personnages plus tôt (certaines infos du bibliothécaire, le rôle du camp de vacances...). De même, certains passages paraissent trop rapides, notamment les petits focus sur le prof principal de la classe puis sur les tourments d'Akazawa. Mais cette dernière devient pourtant l'un des personnages les plus intrigants pour la suite et fin, et de manière générale l'évolution de cette mystérieuse affaire suit un implacable logique dans son déroulement. De fil en aiguille, les révélations tombent sur ce qu'il s'est passé il y a 26 ans ou il y a 15 ans quand la mère de Kôichi est morte, des personnages comme la tante Reiko finissent par se révéler un peu plus par la force des choses, et Kôichi est plus que jamais contraint de s'interroger sur le passé de sa famille et sur l'identité du "mort"... au point d'émettre des hypothèses que le lecteur lui-même s'était fait un plaisir de faire.

Another se poursuit avec une efficacité certaine et parvient à captiver malgré quelques éléments un peu moins convaincants. La tension s'accentue encore, et tandis que les choses se révèlent peu à peu on reste surtout pris par l'aura de mystère qui règne toujours en maître et entretient un final assez imprévisible.
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Re: Another

Message non lu par Koiwai » 22 déc. 2015, 18:16

Tome 4 :

Via la cassette audio enregistrée par un membre de la 3ème 3 15 années auparavant, Kôichi et ses camarades ont découvert une piste pour mettre fin à la malédiction : et comme il y a 15 ans, tout pourrait bien se jouer lors du camp de vacances. Encore faut-il qu'une fois sur place, ils découvrent exactement ce qu'ils doivent faire... et parviennent à découvrir qui est le "mort" dans leur classe. Tout cela, sans se douter une seule seconde des actes terribles que s'apprêtent à commettre certains camarades de classe comme Akazawa, en proie à une dangereuse détresse depuis la mort de son amie, et vouant dès lors une haine féroce envers Mei Misaki...

Que faut-il faire exactement pour mettre fin à la malédiction ? Qui est le "mort" ? Ce sont bien ces deux interrogations qui, jusqu'au bout, font tout le sel de ce dernier tome. La réponse à la première question arrive assez vite et est plutôt prévisible, mais entretient dès lors l'aspect dramatique de la situation, jusqu'à ce que se révèle à la fin toute la vérité sur la plus importante interrogation : l'identité de la personne qui n'aurait jamais dû se trouver dans la classe. Et sur ce dernier point, on peut dire que les auteurs ont parfaitement joué leur coup ! En effet, si l'on a pu émettre un bon paquet d'hypothèses sur l'identité du "mort" au fil des tomes grâce à des indices souvent trompeurs, il faut avouer que la vérité a finalement eu le mérite d'être assez difficile à prévoir, tout en se payant le luxe d'être parfaitement cohérente par rapport à tous les indices et événements disséminés auparavant... et en offrant un final on ne peut plus cruel et joliment rendu par le trait noir de Hiro Kiyohara.

Fin satisfaisante, donc ? On peut dire que oui, car on a droit à une vraie conclusion, malgré les toutes dernières pages tout à fait classiques de ce genre de récit horrifique. Et pourtant, avant d'en arriver là, quelque chose vient ternir un peu la satisfaction au fil de la lecture : un aspect très précipité dans tous les derniers rebondissements. Intrigante et inquiétante à la fois, Akazawa délivre des événements qui apparaissent trop rushés et artificiels, tout comme ceux autour de Teshigawa et Kazami qui paraissent franchement sortis de nulle part et uniquement bons à entretenir le suspense un peu plus longtemps et de manière très superficielle. Il aurait limite fallu quelques chapitres voire un tome supplémentaires pour vraiment développer comme il se doit ces intrigues finalement très basiques. Quant au final, malgré le choc cruel de la vérité, on regrette là aussi que les choses arrivent de façon si précipitée : Misaki qui décide de laisser parler son pouvoir juste quand il faut, le fait que ce soit justement le "mort" qui soit coincé sous les décombres... tout cela apparaît trop bien réglé.

Ainsi, Another s'achève en tenant bel et bien toutes ses promesses concernant l'intrigue principale autour de l'identité du mort et de la fin de la malédiction, mais tous les à-côté sont développés un peu trop sommairement et l'on aurait aimé un peu plus de travail sur la plupart des personnages. Reste qu'on tient assurément un court divertissement à tendance horrifique on ne peut plus sympathique et efficace.

Côté édition, on saluera à nouveau le papier et l'impression qui sont tout à fait corrects, par contre un défaut gênant vient faire son apparition : beaucoup de bulles sont un peu coupées sur l'extérieur, et de ce fait certains mots, au fil de la lecture, sont légèrement amputés. Heureusement, rien de très gênant pour la bonne compréhension, mais cela reste irritant.
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