Murder Incarnation

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Murder Incarnation

Message non lu par Koiwai » 24 juin 2015, 20:27

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Elle se nomme Maya Mikuni. Elle a l'apparence d'une adolescente comme les autres, affublée de longues couettes et d'un caractère plutôt jovial. Pourtant, elle n'apparaît que quand des êtres vivants viennent de mourir, et pour proposer à la personne la plus proche du défunt de ressusciter celui ou celle qu'il vient de perdre. Pour cela, il n'y a qu'une condition à accomplir : tuer trois personnes dans les prochaines 24 heures. N'importe lesquelles. Suite à quoi, le défunt réapparaîtra, bien en vie, au lieu même où il a trouvé la mort, et toutes les preuves des trois meurtres seront soigneusement effacées...

Issu du magazine Action de Futabasha, le nouveau thriller fantastique des éditions Komikku se nomme Murder Incarnation, oeuvre en deux tomes nous permettant de découvrir en France Keita Sugahara (scénario) et Shinji Inamitsu (dessin).

Le premier constat frappe dès la couverture, et est d'ordre graphique : l'ensemble des dessins de la série est constitué via modélisation 3D, pour un résultat qui ne plaira sans doute pas à tout le monde : les décors extérieurs sont assez rares et se limitent plutôt à des photos, tandis que les intérieurs se limitent au strict nécessaire. Quant aux personnages, cet aspect 3D leur confrère plus d'une fois des dégaines en apparences pauvres et inégales. Il est sûr que dans l'art de la modélisation 3D, on est ici très loin de la maestria d'un Hiroya Oku (l'auteur de Gantz), par exemple.
Et pourtant, une fois la première impression passée, on peut facilement se laisser immerger par ce style qui offre au récit une ambiance adéquate. La simplicité apparente des décors profite tout de même d'une volonté de se rapprocher du réel, ce qui se ressent bien dans le rendu très réaliste de certains objets. De même, le look inégal des personnages n'empêche pas une forte vocation réaliste et la recherche d'une atmosphère résolument moderne, tandis que les nombreux contrastes très nette entre blanc et noir accentue le côté plutôt malsain et inquiétant du propos.

En somme, on constate qu'une fois qu'on y est habitué, ce rendu graphique très particulier et imparfait sert bien un scénario qui ne manque pas d'intriguer... bien qu'il reste dans les faits plutôt basique. En tout cas, c'est ce qui ressort des deux premiers histoires de ce premier volume, où l'on suit tout d'abord une jeune lycéenne prête à tout pour rendre la vie à sa grande soeur qu'elle pense assassinée par des camarades de classe (et ses trois cibles à tuer sont donc toutes trouvées...), puis un jeune professeur qui vient juste de perdre sa femme adorée dans ce qui s'apparente à un accident domestique. Les deux cas ont le mérite d'être assez différents : dans le premier la lycéenne n'a aucun remords à abattre ceux qu'elle pense être les meurtriers de sa soeur, et dans le deuxième on a au contraire un enseignant visiblement rongé par le remords rien qu'en envisageant l'assassinat de trois innocents. Dès lors, on se dit que le récit devrait proposer un plongée profonde dans les tourments de ces personnages... Oseront-ils tuer pour ressusciter la personne en qui ils tiennent ? Pourront-ils continuer de vivre normalement et sans remords s'ils y parviennent ?
Il ne faudra pourtant rien attendre de très, car Murder Incarnation semble plutôt privilégier ne suspense à la psychologie de ses personnage (somme toute très sommaire). Et de ce côté-là, on reste sur un divertissement plutôt honnête, car les auteurs ont le mérite d'aller à l'essentiel, d'éviter les temps morts... et d'offrir dans les deux histoires de ce tome des surprises finales plutôt bienvenues !

Et la figure de Maya dans tout ça ? Hé bien, pour l'heure elle n'est aucunement développée. On ne sait quasiment rien d'elle, simplement qu'elle semble fascinée par la mort et peut compter sur ses deux grandes soeurs (Aya et Saya, qui n'apparaissent que brièvement sans être utiles pour l'instant) pour ressusciter les morts. Elle reste une énigme, qui semble voguer de défunt en défunt sans autre but que de proposer son macabre contrat.

Si vous attendiez de Murder Incarnation un thriller axé sur le psychologique, sur ce seul premier tome vous pouvez passer votre chemin : les tourments intérieurs des protagonistes sont basiques et plutôt minimes, et les nombreuses interrogations pouvant découler de ce concept (entre autres : Peut-on reprendre une vie normale après avoir tué des gens pour sauver ce qu'on a de plus cher ? Que se passe-t-il si on tue des innocents sans atteindre les trois morts nécessaires ? Que penserait l'entourage en voyant revenir ces gens qui étaient censés être morts ? Que peuvent ressentir les proches des personnes tuées par nos héros ? Oublient-ils l'existence des assassinés dont toute trace est effacée par Maya ?...) sont absentes.
Par contre, si vous cherchez un simple divertissement plutôt efficace, la série a plus d'un tour dans son sac, à commencer par sa faculté à aller à l'essentiel, ses petites surprises finales et son style graphique bien adapté une fois qu'on s'y est habitué.
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cicipouce
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Re: Murder Incarnation

Message non lu par cicipouce » 29 juin 2015, 13:08

Je n'ai même pas cherché à le lire les dessins ne m'ont pas plus du tout, de plus je trouve le concept un peu fade .... :? :arrow:
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Re: Murder Incarnation

Message non lu par Koiwai » 29 juin 2015, 13:12

Mine de rien, le dessin, tout aussi particulier soit-il, colle bien à l'ambiance voulue, mais il est clairement inabouti malheureusement.
La plus grosse déception reste toutefois la fin du tome 2... puisqu'il n'y a aucune fin et aucune réponse concernant les quelques interrogations autour de Maya et de ses soeurs ! Ca sent totalement la série stoppée à l'arrache faute de succès... Restent deux petits volumes offrant un divertissement assez rythmé.
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Re: Murder Incarnation

Message non lu par cicipouce » 29 juin 2015, 13:33

Mais c'est à se demander si les éditeurs prennent la peine de lire ce qu'ils proposent à la vente ...

Ce manga n'est vraiment pas un TOP, même pas un coup de cœur ....
C'est pas parce qu'il est fini qu'il faut l'éditer .... tsss ....

Ça m'agace vraiment ...
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Re: Murder Incarnation

Message non lu par Koiwai » 15 août 2015, 22:02

Tome 2 :

Après un premier volume assez bancal mais intriguant sur plus d'un point, voici déjà la suite et fin de Murder Incarnation avec un deuxième tome qui nous offre à nouveau deux récits indépendants.

En prenant pour personnage principal une mère de famille délaissée et ayant perdu son fils, la première histoire prend un contexte un brin social qui s'annonce intéressant, mais qui n'ira finalement pas chercher bien loin et préfèrera jouer sur la tension liée à la situation familiale atypique de la femme, notamment sa relation avec son père qu'elle voit un peu comme un paternel indigne... Mais est-ce vraiment le cas ? En ce sens, la chute s'avère très intéressante, et en profite pour glisser une information intrigante sur les ressuscités.

La deuxième et dernière histoire fait encore dans un autre registre, proche du survival avec la confrontation de plusieurs "amis" sur une île où il se sont échoués. Porté par de nombreux rebondissements qui relancent régulièrement le suspense (même si, à force, on finit par deviner la conclusion), cette histoire exploite assez efficacement le pouvoir de Maya pour perdre encore plus les personnages dans leurs sombres desseins.

Il faudra à nouveau se faire aux dessins faits en modélisation 3D, qui offrent une ambiance assez adéquate mais restent souvent maladroits. Une maladresse qui explose encore plus dans ce deuxième tome, et surtout dans la dernière histoires qui demande aux personnages d'être plus actifs, de courir, de sauter... or, leurs mouvements paraissent souvent trop figés, pas du tout naturels, et les corps semblent parfois disproportionnés.
Une fois habitué à ce graphisme, il y a de quoi se laisser facilement happer par ces histoires au rythme soutenu... Mais il reste une déception une fois la dernière page tournée : l'absence de vraie fin. Après avoir fait entrer en scène les mystérieuses soeurs de Maya, soulevé quelques énigmes sur cette dernière, et apporté un élément intrigant sur la ressuscités, nous n'aurons aucune réponse à ces quelques questions qui semblaient destinées à instaurer peu à peu un fil rouge. On a clairement le sentiment que la série a été avortée pour x raison et que les auteurs n'ont pas vraiment eu le temps de faire leurs armes. Chaque histoire étant indépendante, la frustration reste minime, mais elle existe bel et bien.

A condition d'accepter ses différents défauts ou partis pris (surtout graphiques), Murder Incarnation propose un divertissement globalement efficace, pendant lequel on n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer, mais que l'on aurait aimer voir se développer un peu plus. A lire en connaissance de cause.
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