Gigantomachia

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
Rider on the Storm
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Gigantomachia

Message non lu par Koiwai » 30 juin 2015, 16:56

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En 2013, entre deux tomes d'un Berserk qui n'en finit plus de subir une parution erratique, Kentarô Miura décida de se lancer dans une courte oeuvre de quelques chapitres revisitant la Gigantomachie, ce mythe grec où les Géants se révoltèrent contre les Dieux menés par Zeus... le tout à la sauce de l'auteur de Berserk !
Le mangaka a donc choisi de replacer le tout dans un univers futuriste apocalyptique, où Délos, un ancien esclave lutteur humain, et Promé, une mystérieuse fillette toujours debout sur ses épaules et ayant d'étranges pouvoirs, parcourent le monde jusqu'à tomber sur les Mu, un peuple d'hommes-scarabées. Ces derniers les prennent en grippe sous prétexte qu'ils viennent l'Empire des Hu, peuple humain qui les a toujours martyrisés et a fait naître en eux une profonde haine. Nos deux héros sont faits prisonniers, mais au bout d'un combat dantesque contre le redoutable guerrier mu Ogun, Délos finit par s'attirer le respect du peuple et par se battre à leurs côtés contre les créatures géantes de l'Empire.

Vous vous interrogez sur le rapport avec le mythe de la Gigantomachie ? Nous aussi. Il y a bien quelques noms grecs qui y renvoient, mais c'est à peu près tout, car en réalité il ne s'agit là que d'un gros prétexte pour que Kentarô Miura étale son habituel art graphique. Et sur ce dernier point, pour le coup c'est réellement dantesque ! Le premier combat opposant Délos à Ogun est un affrontement de force pure, où les techniques de lutte de notre héros s'opposent à un combattant à la peau aussi dure que celle d'un scarabée, pour un rendu où les muscles et les coups de poings brillent. La suite, elle enchaîne vite sur un autre affrontement, où notre héros, transformé en géant grâce aux pouvoirs de sa jeune partenaire, va pouvoir tout donner contre ses semblables en taille, dans un conflit réellement impressionnant tant le mangaka donne tout ce qu'il a visuellement. Dans ce monde apocalyptique aux paysages bluffants, on reste séduit par la variété et l'inventivité du bestiaire que le mangaka croque, ainsi que par l'impression de gigantisme de ces créature qui est parfaitement rendue.

Bref, c'est beau, très beau, dense, riche et impressionnant... mais c'est tout. L'histoire nous plonge vite fait dans cet univers sans rien expliquer au départ (on aura quelques bribes d'informations, vers la fin, sur ce qu'est devenu le monde, et basta) et peine à trouver son rapport à la Gigantomachie. Elle se contente d'étaler une vraie verve visuelle, tout en se ponctuant d'un humour un peu douteux, répétitif et lourdingue (pour réhydrater Délos, Promé peut faire sortir de l'eau de son corps par un endroit bien précis... Après son goût pour les jeux Idolmaster et l'arrivée de Shierke dans Berserk, Miura confirme qu'il aime bien les jeunes filles...), et se conclut un peu en eau de boudin sur un dernier chapitre vaguement humoristique et plutôt ouvert.

Bref, n'attendez strictement rien du scénario de Gigantomachia, complètement creux, et prenez simplement ce petit bouquin comme un superbe artbook de 230 pages où Miura se fait clairement plaisir.
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