Séki, mon voisin de classe

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Séki, mon voisin de classe

Message non lu par Koiwai » 02 sept. 2015, 14:58

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Ayant débuté sa carrière dans les années 2000 et comptant déjà quelques oeuvres à son actif, Takuma Morishige est loin d'être un débutant et a su se tailler une petite réputation flatteuse dans son pays, que ce soit grâce à ses débuts auréolés du prix Tetsuya Chiba catégorie débutant, ou grâce à son lien de parenté avec une autre mangaka très connue : il est le petit frère d'Akiko Higashimura, à qui l'on doit notamment Princess Jellyfish (une autre série découverte en français grâce à Akata, les choses sont bien faites).
Pourtant, cet auteur d'une grosse trentaine d'années était jusqu'à présent totalement inédit chez nous... Ce n'est désormais plus le cas puisque nous pouvons maintenant profiter de ce qui est à ce jour son plus gros succès : Tonari no Seki-kun, en France Séki, mon voisin de classe, un titre fort de sa sélection au Prix Manga Taishô 2012, de ses 3 millions d'exemplaires vendus au Japon en seulement 7 tomes, et de sa populaire adaptation animée en 2014 qui est disponible chez nous sur Crunchyroll.

Commençons par saluer l'initiative des éditions Akata, car la série s'inscrit dans un genre souvent casse-gueule en France : la comédie pure et dure. Nous y découvrons Rumi Yokoï, une élève qui se veut sérieuse et studieuse... mais qui doit tous les jours composer avec les frasques de son voisin de classe, Séki, bien moins occupé à écouter les cours qu'à se trouver de nouveaux jeux pour tuer le temps ! Dans chaque chapitre d'une dizaine de pages, celui-ci amène en classe de quoi s'amuser : un jeu de go, des dominos, un jeu d'échecs, des robots, du sable, ou même des chats... Tandis que personne, pas même le prof, ne capte quoi que ce soit à la situation, Rumi, elle, ne peut qu'observer les délires de son voisin, délires allant souvent très loin puisque Séki, à l'imagination débordante, ne suit jamais l'utilisation de base de ses jeux.

Le concept de la série est on ne peut plus simple : chaque court chapitre, indépendant, suit le même schéma où Rumi réagit face aux nouveaux délires de Séki. Le cadre reste exclusivement scolaire, est essentiellement situé dans la salle de classe, mais s'offre de temps à autre quelques échappées ailleurs : en salle de chimie, en cours de gym, en plein exercice d'alerte incendie... Etant donné le choix de ce format assez linéaire et quelque peu restreint, il est évidemment important de savoir renouveler les situations, et de ce côté-là l'auteur fait des merveilles sur ce seul premier tome, principalement grâce à deux personnages principaux parfaitement campés !

Commençons par Séki, qui n'a rien du "cancre" habituel. Passant ses heures scolaires à tuer le temps, il ne se contente pas de jouer de façon basique, mais amène en classe toutes sortes de choses qu'il va souvent utiliser de manière détournée, comme c'est le cas pour le puzzle avec lequel il crée une pyramide, les dominos avec lesquels il invente un parcours totalement improbable, le jeu de mahjong qui devient le théâtre d'une lutte historique, les robots avec lesquelles il confectionne un jolie petite famille... Et pour parfaire ses idées, le jeune garçon n'hésitera pas à bricoler son bureau, à inventer de nouvelles choses... Il faut le voir en action pour le croire, et à l'instar de Rumi, on est plus d'une fois curieux de découvrir ses nouvelles idées ! Le roi de l'imagination est là, et il fait un bien fou, sans doute encore plus dans son pays d'origine où il pourrait représenter un idéal de liberté créatrice face à une société réputée comme trop castratrice.
Face à lui, Rumi, censée être son opposée tant elle se veut sérieuse... et qui est pourtant la première à toujours suivre Séki. Car quand on a un voisin comme ça, on a vite fait de se montrer curieux, et la pauvre jeune fille n'a pas fini de nous le prouver. A chaque fois, elle se embarquer bien malgré elle est sans que Séki ne la cherche, et la variété de ses réaction est un véritable moteur de l'humour. Parfois, elle tente de remettre Séki sur le droit chemin, et ça lui retombe souvent dessus d'amusante manière. A d'autres reprises, elle décide carrément de participer en bien ou en mal à ses délires, par exemple quand elle pense que le jeune garçon agit pour une bonne cause... et elle finira évidemment par tomber de haut. Et quand, en observant Séki, elle laisse vagabonder son imagination pour se créer des histoires, c'est souvent là qu'elle est la plus délicieuse tant elle est capable, elle aussi, de partir très loin dans ses trips, voire encore plus loin que Séki. De ce fait, plus que le contraire de Séki, Rumi est plutôt l'élément indispensable pour faire encore mieux ressortir la créativité de l'adolescent.

On pourrait également voir un peu ce "couple" comme une nouvelle interprétation du Manzai, cette forme d'humour typiquement nippone basée sur un duo aux caractères opposés, d'un côté le tsukkomi sérieux et rationnel (ici Rumi), et de l'autre le boke plus extravagant et outrancier (Séki). En tout cas, Takuma Morishige parvient très bien à se réapproprier cette vieille recette pour proposer des gags qui fonctionnent de mieux en mieux, sitôt que l'on s'est habitué au schéma. En plus des frasques du duo en elles-mêmes, le mangaka crée constamment un décalage assez délicieux entre l'exubérance et l'ampleur des jeux de Séki, et le cadre tout à fait ordinaire et réaliste de la salle de classe. Dans la réalité, il serait impensable que les profs et les autres élèves ne remarquent pas les frasques du garçon, pourtant ici personne ne capte hormis Rumi, ce qui accentue joliment le côté loufoque (presque absurde) et le comique de situation.
Et parlons justement des autres personnages : s'ils restent très discrets, certains se mettent gentiment en place, comme Maéda le voisin de devant qui subira parfois les frasques de Séki sans s'en rendre compte, Uzawa qui mettra en danger les jeux de notre héros à cause de son côté mêle-tout presque égoïste, ou Tomoka Hashino, une amie de Rumi.

Du côté des dessins, le cadre réaliste basique permet à l'auteur de se concentrer surtout sur ses deux personnages principaux et sur leurs délires, grâce à un coup de crayon simple mais expressif et efficace, dont l'aspect un peu rond apporte également une petite touche plutôt chaleureuse voire mignonne.

De par son format typique de gag manga, avec ses courts chapitres indépendants ayant pour vocation première de faire rire ou simplement sourire, Séki, mon voisin de classe pourrait demande aux lecteur un petits temps d'adaptation sur ses premiers chapitres. Mais une fois qu'on est dedans, c'est un bonheur, une ode à l'imagination, à la créativité et à l'amusement qui se dégustera peut-être encore mieux à petite dose, en se replongeant de temps à autre dans quelques chapitres pris au hasard.

Le gag manga étant généralement peu vendeur en France, espérons que l'initiative d'Akata soit payante, d'autant que la très réussie adaptation animée pourrait aider, et que l'édition est très agréable à prendre en main grâce à son papier épais et souple, sa traduction fluide et vivante, son bon travail sur les choix de police et sur les onomatopées, et ses quelques notes de traduction sur certains éléments typiquement nippons (même si certains éléments eux aussi très typiques, comme les mille grues, auraient eux aussi mérité quelques notes). Notons aussi le joli travail sur le logo-titre !
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Re: Séki, mon voisin de classe

Message non lu par Koiwai » 14 oct. 2015, 10:29

Tome 2 :

L'exubérant Séki continuant de tuer le temps en cours, au grand dam de sa voisine Rumi Yokoï qui, à chaque fois, finit par se laisser emporter dans ses frasques !

Que ce soit en observant son voisin avec passion, en tentant de le remettre dans le droit chemin ou en participant plus ou moins, la si sérieuse jeune fille finit toujours par se laisser distraire. Il faut dire que Séki, une nouvelle fois, regorge d'inventivité dès qu'il s'agit de se créer de nouveaux passe-temps. Ici, il détournera joliment les jeux d'othello ou de jenga, offrira de nouvelles aventures à cette chère famillle robot, fera vivre à des petits oursons en plastique une folle escalade... et trouvera même le moyen de s'amuser en mangeant sauvagement de pauvres saucisse en forme de poulpe ! Celles et ceux qui ont vu la série animée se remémoreront sans doute la plupart des chapitres, mais le manga propose également quelques moments inédits.

En tout cas, sur ses deux premiers volumes, la série parvient à se renouveler suffisamment et reste surtout un plaisir à suivre quand on se contente de quelques courts chapitres à la fois. Il faut également signaler que le renouvellement vient aussi des quelques courts changements de cadres (la gym, la piscine...) et de l'exploitation discrète des protagonistes secondaires. Uzawa et Maéda sont toujours là, bien sûr, mais c'est surtout la douce Gotô qui vient offrir un peu plus de piment : désireuse de lier amitié avec Rumi, celle-ci va rapidement s'imaginer toute seule des choses entre nos deux héros, pour un résultat aboutissant sur d'excellents petits quiproquos.

Ajoutons à cela le dessin toujours aussi simple et efficace dans les mimiques des personnages, et l'on continue de passer un agréable moment en compagnie de Séki et de Rumi. En espérant que la suite parvienne encore à se renouveler !
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Re: Séki, mon voisin de classe

Message non lu par Koiwai » 10 déc. 2015, 19:15

Tome 3 :

Séki, le plus créatif des cancres, continue d'en faire voir de toutes les couleurs à sa voisine de classe Rumi Yokoi ! Que ce soit en mettant en scène un combat entre pièces d'échec et pièces de shôgi en profitant de l'obscurité de la salle d'audiovisuel, en se créant un tampon avec sa gomme, en passant son permis de conduite avec une voiture télécommandée, en organisant une cérémonie du thé, en créant un match de baseball avec des aimants, en faisant des fouilles archéologiques ou en cherchant de l'or, le jeune garçon ne cesse de rivalise d'inventivité avec lui-même pour tuer le temps en cours, dans des situations qui ont le mérite, après trois tomes, de réussir à rester variées.

Il faut dire que les jeux de l'adolescent sont tantôt réalisables avec peu de moyens ou avec plus de matériel (l'idée du baseball avec les aimants, il fallait la trouver), tantôt complètement surréalistes (la fouille archéologique...), pour un résultat qui surprend le lecteur autant qu'une Rumi toujours aussi hilarante dans ses observations et réactions. Qu'elle participe de façon passionnée au jeux de Séki, tente de le remettre sur le droit chemin ou soit victime de ses frasques, elle dévoile encore et toujours une belle palette de comportements, qui ont toutefois tous pour point commun de révéler derrière son côté studieux un réel désir de dépaysement.

A cela, il faut ajouter les très brèves apparitions du rigide Maeda ou d'un Uzawa qui sème à nouveau la pagaille, ou celles plus persistantes d'une Goto toujours aussi rigolote dans les fantasmes qu'elle s'imagine sur nos deux héros... mais ce n'est pas tout, car quelques autres chapitres viennent diversifier encore un peu plus les choses ! Il n'y a pas qu'en classe que Séki met à l'oeuvre son imagination pour s'amuser, comme le montreront un chapitre hivernal en extérieur pour lequel Takuma Morishige offre quelque chose d'un peu plus long (20 pages), et surtout une étrange séance-photos dans un parc où Rumi fera la connaissance d'une nouvelle figure déjà haute en couleur : la petite soeur de Séki, rien que ça ! Est-elle comme son frère ? Rumi en fera très vite l'expérience, et l'on obtient alors un nouveau personnage prometteur dans ses similitudes avec Séki (son physique, le fait qu'elle ne parle pas...), amusante dans sa détermination a attirer l'attention de son frère, mais également tout aussi imprévisible que lui ! Qu'on se le dise, ce duo frère/soeur est très prometteur, espérons donc les revoir ensemble !

Après trois volumes, les petits chapitres se suivent et ne se ressemblent pas trop, l'auteur sachant y distiller ce qu'il faut pour conserver intacte sa recette. Séki, mon voisin de classe reste donc une lecture simple qui donne le sourire. Pourvu que ça dure !
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Re: Séki, mon voisin de classe

Message non lu par Koiwai » 11 févr. 2016, 12:10

Tome 4 :

Les chapitres et les volumes défilent concernant Séki, et nous voici déjà au 4ème opus. Jour après jour, cours après cours, l'adolescent continue d'inventer toutes sortes de créations farfelues ou de jeux détournés pour tuer le temps, au grand dam de sa chère voisine Rumi qui ne peut s'empêcher, encore et toujours, de l'observer et de réagir.

Le concept reste toujours le même, alors la lassitude est-elle là ? Une fois de plus, si l'on a accroché aux précédents volumes, certainement pas ! Car Globalement, Takuma Morishige parvient toujours à renouveler ses petits gags.
Bien sûr, certains chapitres paraîtront moins inspirés que d'autres, et là-dessus chaque lecteur risque d'avoir ses moments préférés et ses chapitres moins appréciés (en ce qui me concerne, ce sont principalement le dernier chapitre - celui du contrôle - et celui où Séki rêve qui m'ont moins plu, les ayant trouvé trop tirés par les cheveux même si leur absurdité est intéressante). Mais dans les faits, ça reste très bon, bien sûr pour l'inventivité de Séki et les réactions très diverses de Rumi (celles où elle s'absorbe totalement dans les activités de Séki sont excellentes), mais aussi parce que l'auteur s'applique à exploiter de mieux en mieux plusieurs choses qu'il a instaurées auparavant. Ainsi, les quelques changements de classe selon les cours arrivent toujours quand il faut, de même que les activités hors de classe, comme la fête sportive qui amène quelques situations très drôles. Mais on retient surtout une exploitation toujours plus prononcée de certains personnages secondaires : Maeda est absent et Uzawa peu en vue, mais Goto, elle, est plus en forme que jamais en s'imaginant des fantasmes toujours plus fous en cours de dessin, et la petite soeur de Séki revient pour notre plus grand bonheur ! En filigranes, tout cela est aussi l'occasion de développer des petites choses un peu plus poussées, notamment la bienveillance de Rumi pour la famille robot qui la pousser à commettre un acte terrible, mais aussi la découverte de la maison de Séki et de ses "dons" aux examens quand il décide de s'y mettre (à sa manière, bien sûr).

Le renouvellement est globalement là, l'inventivité de Séki et la créativité de l'auteur aussi : Séki mon voisin de classe, c'est toujours aussi sympa !
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Re: Séki, mon voisin de classe

Message non lu par Koiwai » 15 avr. 2016, 10:01

Tome 5 :

Encore et toujours, difficile pour la studieuse Rumi Yokoï de se concentrer en classe, quand son attention est sans cesse détournée par les frasques de Séki, son inventif voisin de classe qui, une nouvelle fois, se surpasse pour tuer le temps en cours !

Cette fois-ci, le jeune garçon s'improvise cuisinier, travailleur-robot dans une usine, styliste, jardinier, expert en oeuvres d'art, ou même scientifique (il faut voir la façon dont il obtient tranquillement de l'eau en fin de tome !), au fil de nouveaux courts chapitres indépendants qui, par la diversité des choses abordées et des réactions de Yokoï, parviennent à nouveau à renouveler sans mal une lecture pourtant toujours basée sur le même schéma. Ainsi, observer en classe tout l'imagination de Séki reste un régal, et l'on constate surtout que même s'il ne suit rien en cours, le garçon est fichtrement doué dans nombre de domaines... Preuve qu'il s'intéresse à énormément de choses, et que la curiosité et l'imagination peuvent être libérateurs !

Mais Rumi et Séki, une nouvelle fois, ne sont pas les seuls à nous amuser : autour d'eux, on trouve toujours le sérieux Maeda, l'insupportable Uzawa qui va encore faire des siennes, et surtout une Gotô toujours aussi géniale dans ce qu'elle s'imagine sur nos deux héros ! Et cette fois, la demoiselle va encore plus loin dans ses délires. Sans oublier l'apparition d'un nouveau personnage : la mère de Séki qui, à l'occasion d'une visite des parents d'élèves, va venir réserver quelques surprises... Rumi se serait-elle trouvée une alliée de choix ? En tout cas, le look de cette femme s'avère réussi, car dans la droite lignée de celui de Séki et de sa petite soeur !

Enfin, un passage de ce volume vient briser la routine scolaire quotidienne : le voyage de classe, qui s'avère sympathique pour ses idées, pour les trips de Gotô, pour le retour de la famille robot, ou pour le passe-temps de Séki dans le bus... mais on reste sur le sentiment que ce voyage est trop vite passé en revue et que Takuma Morishige aurait pu l'exploiter un peu plus.

Quoi qu'il en soit, après 5 tomes, la série parvient encore à se renouveler sans difficulté, et Séki, Yokoï et les autres sauront à nouveau séduire sans problème celles et ceux ayant aimé les volumes précédents.
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