Asebi et les aventuriers du ciel

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Asebi et les aventuriers du ciel

Message non lu par Koiwai » 15 sept. 2015, 14:25

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Après Orbitaria, une autre aventure très aérienne nous attend en cette année 2015 aux éditions Doki-Doki : Asebi et les aventuriers du ciel, première série de Taisuke Umeki, un jeune artiste qui fut repéré par son éditeur pendant le festival japonais amateur Comitia de Niigata et qui remporta ensuite le premier prix de la 3ème édition du concours pour jeunes auteurs "Toryumon" avec le récit "Asebi et le trésor du monde des cieux", en quelque sorte épisode pilote de sa série actuelle.

Ici, place à un monde assez éloigné de notre réalité, puisqu'il est composé d'îles flottant dans le ciel ! Dans cet univers qui ne demande qu'à être exploré, des expéditions ont lieu, autant pour y découvrir de nouvelles richesse que pour dominer toujours plus de territoire. mais pour cela, il faut affronter la menace des poissons dragons, monstres hybrides voguant dans les cieux qui, armés de leur puissance et de leur vélocité, infligent des des dégâts considérables aux vaisseaux humains passant près d'eux et rendent toute expédition impossible sans l'assistance de gardiens, jeunes gens formés dès leurs plus jeune âge au combat et à la survie en milieu hostile.
Yû est l'un de ces gardiens, et son histoire commence lorsqu'il décide dé partir à l'aventure en compagnie d'Asebi, une étrange jeune fille...

Pas vraiment d'introduction dans ce premier tome qui nous plonge directement dans le vif du sujet, aux côtés de nos deux jeunes héros alors qu'ils doivent éliminer un poisson dragon menaçant les citoyens. La seule question posée dès le départ ? C'est après, petit à petit, au fil de la lecture, que toutes les bases du scénario se posent les unes après les autres. On découvre d'abord le danger que représentent les poissons dragons, les talents de Yû pour manier le fusil lui servant à les éliminer... Puis nous apprenons peu à peu leurs objectifs, ainsi que la nature réelle d'Asebi. Au sujet de cette dernière, les toutes premières pages en couleur soulèvent habilement la question de son inhumanité et de la possibilité qu'elle devienne humaine. Et pour cause : elle est une humanoïde née autrefois de la technologie très élaborée de Voldesia, cité aujourd'hui disparue dont on ne connaît que certains vestiges témoignant tous de cette brillante technologie. Seuls les explorateurs les plus aguerris osent tenter des expéditions lointaines pour retrouver des traces plus probantes de cette civilisation et en percer les mystères... L'objectif en tête de ces expéditions : retrouver l'antique cité de Blunt, capitale de cette civilisation disparue. Et vous vous doutez bien que là est aussi le but de Yû et d'Asebi ! Mais pour y parvenir, avant même de se mettre pour de bon en route, il leur faudra trouver de précieux alliés...

Quel es le but de Yû et d'Asebi , Comment l'humanoïde s'est-elle retrouvée aux côtés de ce jeune gardien alors qu'elle vient de la disparue Voldesia ? Quel est le fonctionnement de ce monde céleste ? Toutes ces questions trouvent une réponse au fil des début de la quête de nos héros pour dénicher des compagnons et de précieux indices, à commencer par une carte du monde des cieux héritée de la civilisation antique. La construction est assez maligne, en ceci qu'elle nous plonge de façon abrupte et immersive dans une monde que l'on découvre ensuite peu à peu. C'est efficace, même si l'on n'ira pas jusqu'à dire que l'univers proposé est un modèle d'originalité. Le coup du monde fait d'îles célestes est déjà vu, tout comme celui de l'association humain/humanoïde, celui de la recherche de compagnons d'aventure ou, surtout, celui de la recherche d'une civilisation disparue à la technologie incroyable. Ce sont là de bons vieux classiques du récit d'aventure... et Asebi, pour l'instant, les exploite bien, en exposant les choses malicieusement et clairement et en nous emmenant donc dans les prémisses d'une aventure que l'on a envie de voir décoller.

Et puis, grâce à la clarté du récit et à l'efficacité de rebondissements pourtant classiques pour l'instant, Taisuke Umeki parvient à bien poser ses protagonistes et leurs relation. Celle liant Yû et Asebi est évidemment intrigante : on devine un certaine complicité et un grand attachement l'un envers l'autre, cet attachement confinant clairement à des sentiments plus forts en ce qui concerne Asebi. Ainsi pourrait-on, plus tard, avoir des interrogations potentiellement intéressante sur une relation sentimentale entre un humain et une non-humaine (qui pourrait visiblement le devenir). On aime également découvrir la force du lien qui unissait Yû à Gheng, son mentor qui, par ses expéditions, a nourri la soif d'aventure de Yû et a ramené Asebi. On aime aussi faire la connaissance de Haytt, homme assez rustre qui deviendra un allié de choix et qui offrira quelques bons moments très classiques dans sa relation avec ses filles. Enfin, on reste intrigué par l'apparition en fin de tome de ce qui semble être un premier ennemi humain d'envergure pour nos héros.

Visuellement, on sent que Taisuke Umeki livre ici sa toute première série : l'ensemble n'est pas spécialement détaillé, les personnages paraissent souvent un peu disproportionnés, les poissons dragon possèdent une dégaine somme toute assez classique, les paysages aériens sont assez minimes, les décors des villes aussi... Et pourtant, l'ensemble parvient à être suffisamment emballant. A la fois simple et un peu rond, le design des protagonistes s'avère varié, chacun d'eux est tout de suite reconnaissable et profite d'une grand expressivité qui n'hésite pas à aller un peu dans la caricature. Et la relative pauvreté graphique est compensée par un trait clair et un découpage très limpide (par exemple, les très courtes scène d'action sont toujours très lisibles) qui rendent les choses agréablement fluides.

En somme, la série s'offre une entrée en matière qui ne propose rien de spécialement original dans le large registre des oeuvres d'aventure, mais ce nouvel auteur qu'est Taisuke Umeki nous montre déjà qu'il peut en avoir sous le coude grâce à des bases efficacement plantées, des personnages bien mis en place, un style visuel qui compense son manque de richesse par un très bon sens du rythme, et un parfum d'aventure déjà bien présent.

L'édition est dans les standards de Doki-Doki. Le papier est souple, les premières pages en couleur sont un plus qui fait plaisir, et la traduction est très vivante et enlevée grâce au travail d'un Sébastien Ludmann toujours inspiré. Mention spéciale au langage de Haytt !
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Re: Asebi et les aventuriers du ciel

Message non lu par Koiwai » 07 janv. 2016, 22:23

Tome 2 :

Asebi et Yû ont rejoint le fier Haytt, mais à peine viennent-ils de récupérer la carte de Brandt qu'ils retrouvent sur leur chemin Ghramm, bien décidé à récupérer le plan qui le mènera jusqu'à Voldesia !

Le schéma de ce tome est on ne peut plus simple : nos héros devront d'abord en découdre avec un adversaire qui se dévoilera un peu plus ensuite, consolider leur petite équipe avec forcément une "invitée-surprise" insistant pour partir aussi en voyage, des préparatifs qui se poursuivent jusqu'à une autre ville, et le retour des ennuis avec un ennemi insistant et une nouvelle adversaire redoutable...

Autant le dire, aucune de ces étapes ne surprend vraiment. Le combat contre Ghramm permet surtout de bien introduire le personnage, d'exposer sa mission et son caractère, avant que l'affrontement ne prenne une tournure mouvementée avec l'arrivée de la menace des poissons-dragons et une étrange silhouette les accompagnant. La consolidation de la petite équipe se fait dans la foulée, avec une mise en avant de la jeune mais déterminée et aventureuse Tsukushi, on ne peut plus classique. Et la suite dans la ville de Prayfork amène ce qu'il faut d'informations sur Yû, avant d'intriguer fortement sur l'énigmatique Dahlia, une androïde hostile, au caractère hautain tout à fait cliché du genre, et dont le rôle par la suite reste à définir. En toile de fond, certaines énigmes s'accentuent efficacement, notamment autour des poissons-dragons. Serait-il possible de les contrôler ?

Après deux tomes, on ne peut pas dire que la série surprenne... et elle n'a sans doute pas cette prétention, se contentant pour l'instant de reprendre beaucoup de bases d'un récit d'aventure correct.
Et à défaut d'avoir un style graphique merveilleux (ça reste plutôt pauvre, et à nouveau inégal dans le physique des personnages, l'oeuvre peut se vanter d'être très limpide dans ses avancées ! L'auteur compense la pauvreté graphique par une grande clarté dans l'action et dans la narration si bien qu'on cerne très facilement les enjeux de l'aventure et des différents personnages. En cela, la lecture confirme qu'elle est suffisamment agréable pour constituer un divertissement sympathique.
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Re: Asebi et les aventuriers du ciel

Message non lu par Koiwai » 19 févr. 2016, 18:46

Tome 3 :

Yû et les autres ont été pris à parti par Dahlia, mystérieuse jeune fille chargée d'empêcher les humains d'approcher la civilisation de Voldesia. Et même s'ils parviennent à éloigner un temps cette ennemie, les choses se corsent encore : Ghramm et son armée contraignent Yû, Asebi et Haytt et monter à bord de leur navire volant. Ils sont faits prisonniers, "Ghramm l'ouragan" ayant des ambitions précises concernant Asebi... Yû va devoir tenter de se libérer pur venir en aide à ses amis, mais pourra-t-il seulement y parvenir avant que Dahlia ne revienne à la charge ?

Après deux premiers tomes globalement sympathiques à suivre sans être inoubliables, la série se poursuit toujours sur un rythme plaisant, portée par une narration et un découpage qui ont le mérite d'être toujours aussi limpides et de compenser un peu une certaine pauvreté dans le dessin. Encore que cette pauvreté pourra apparaître ici plus relative, Taisuke Umeki apportant en fin de volume un peu plus de variété dans la dégaine des poissons-dragons, avec notamment une double-page impressionnante dans son genre.
Reste que c'est surtout le récit qui se poursuit de façon intéressante, l'auteur apportant de nouvelles précisions sur plusieurs points : le rôle d'Asebi, celui de Dahlia, l'influence de cette dernière sur les poissons-dragons, certain éléments du passé de Ghramm... Sans trop brusquer les choses, le mangaka continue de dévoiler petit à petit son univers, efficace sans être original, et le tout étant ponctué de quelques petits rebondissements qui, tel l'évasion de Yu, ne vont pas chercher loin mais entretiennent un certain rythme.

Au Japon, Asebi et les aventuriers du ciel est prépublié dans le Web Comic Ryû, un magazine numérique plutôt orienté seinen donc plutôt adulte. Pourtant, après trois volumes parus en France, on aurait plutôt envie de conseiller l'oeuvre à un assez jeune public. En effet, avec son récit d'expédition et d'exploration classique pour des habitués du genre mais qui reste efficace, son graphisme très clair et un peu enfantin dans certaines bouilles ou physiques, et son absence de réelle violence graphique (il y a des combats, quelques blessés ou morts, mais très peu de sang et de violence tout compte fait), l'oeuvre semble bien partie pour conquérir de jeunes lecteurs avides d'aventures !
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Re: Asebi et les aventuriers du ciel

Message non lu par Koiwai » 07 avr. 2016, 17:02

Tome 4 :

Asebi est entre les mains de Ghramm, et ce dernier est bien décidé à l'utiliser dans le but pour lequel elle a été créée. Faits prisonniers, Yû et Haytt parviennent à se libérer, animés par la volonté de sauver leur compagne d'aventure. Mais les choses prennent une tournure encore plus critique quand Dahlia, module humanoïde chargé d'empêcher les visiteurs de s'approcher de Voldesia, réapparaît et attaque le navire de Ghramm, auquel elle inflige de sérieux dégâts. Ghramm, qui retrouve là l'une des adversaires ayant marqué sa déroute d'il y a quatre ans, l'affronte avec une certaine rage... Quelle sera l'issue de cet affrontement ? Asebi, dont la conscience s'éloigne peu à peu, pourra-t-elle être ramenée par Yû ?

Réponses dans un quatrième volume mouvementé et qui conserve les les défauts et qualités que connaît la série depuis ses débuts : le coup de crayon a beau rester encore assez pauvre, il jouit d'une expressivité sans failles (et certaines bouilles d'Asebi sont particulièrement attachantes), d'un sens du rythme indéniable, ainsi que d'un découpage et d'une mise mise en scène qui restent efficaces tant Taisuke Umeki parvient à y être fluide. Cela contribue sans mal à nous faire suivre la lecture d'un bout à l'autre, et à observer les quelques thématiques que l'auteur glisse dans son aventure. En tête, bien sûr, le statut d'Asebi, affichant toute son humanité à plus d'une reprise, mais restant malgré tout une machine que certains sont bien décidés à exploiter en tant que telle. Cette dualité humanité/machine ne compte rien d'original pour n'importe quel lecteur habitué à cette thématique, mais elle reste efficacement évoquée et constitue l'un des fils conducteurs de l'oeuvre, d'autant qu'Asebi sait se faire de plus en plus attachante dans sa relation avec Yû, qui lui permet de se rattacher à ses aspects humains.
Pour le reste, on appréciera le petit travail apporté au personnage de Dahlia, module humanoïde comme Asebi, mais suivant une voie jusque là différente, celle d'une machine de guerre à la solde de ses maîtres contre lesquels elle ne peut se rebeller... à moins qu'elle-même ne puisse afficher certains tourments et un aspect un peu plus humain. Là aussi, Umeki reste sur des basses classiques et assez basiques, mais il les évoque avec clarté.

Au bout du compte, Asebi reste donc sur ses acquis : avec ses visuels assez pauvres mais très clairs et son intrigue exploitant de façon très classique mais assez efficace ses thématiques, l'oeuvre confirme qu'elle peut faire un récit d'aventure divertissant et plaisant à suivre, pour un public relativement jeune, ou pour des adultes pas trop regardants quant à la profondeurs des thématiques. Le seul problème, c'est qu'après 4 volumes l'intrigue ne semble pas avoir totalement décollé puisque le voyage n'a pas encore vraiment débuté, et que désormais il va falloir attendre un peu plus longtemps les volumes puisque la parution japonaise est déjà rattrapée.

L'édition reste agréable à prendre en main, avec son papier souple, sa page couleur et sa traduction rythmée. Concernant celle-ci, on appréciera la note au début de tome, au sujet d'une petite erreur de traduction qui s'est lissée dans le tome 3 sur le sexe d'un personnage. Ce sont des choses qui peuvent arriver, et mieux vaut le signaler que de faire comme si de rien n'était.
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