Amon

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Amon

Message non lu par Koiwai » 03 nov. 2015, 17:24

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La fiche sur le site


Tome 1 :

La première fournée de la collection Go Nagai des éditions Black Box s'achève en ce mois de novembre avec Amon, une oeuvre en six tomes où Nagai ne fait guère qu'afficher son nom sur la couverture, puisque la série est entièrement à mettre à l'actif de Yu Kinutani, un auteur que l'on connaît bien en France pour Leviathan, dans une moindre mesure Shion, et plus récemment Ghost in the Shell - Stand Alone Complex.

Si le nom de Nagai est présent sur la couverture, c'est parce que Kinutani se base ici sur son cultissime Devilman pour en proposer une sorte de suite alternative. De ce fait, si vous ne connaissez toujours pas Devilman (Bouh ! Bouuuuuh !), ne pensez même pas lire Amon. N'envisagez même pas d'en lire ne serait-ce que le pitch de base, car vous vous spoileriez alors l'une des fins de manga les plus marquantes de l'Histoire... et ne comprendriez strictement rien à cette suite. En conséquence, j'invite également toute personne ne connaissant pas Devilman à ne surtout pas lire la suite de cette chronique.

Amon démarre juste après l'horrible mort de Miki, et avant l'affrontement final de Devilman contre Satan. Ce dernier événement de Devilman, il vous faudra l'oublier, car c'est précisément ce que Yu Kinutani va revisiter dans sa série.
Akira Fudo, alias Devilman, vient de perdre dans de terribles circonstances celle qui symbolisait tout son amour, tout ce en quoi il voulait croire en ce qui concerne l'Humanité : Miki, tuée sauvagement par ces hommes qu'il cherchait à protéger. La folie et la haine s'emparent de lui, et c'est avec une détermination plus forte que jamais qu'il cherche à retrouver Satan pour l'abattre... alors même que le monde entier continue de le traquer ! Alors que le monde entier sombre sous le joug des démons et que les humains et monuments fondent, la brigade anti-démons poursuit sa traque, le QG de la lutte anti-démons accélère les choses, et l'armée de devilman ne sait bientôt plus que penser d'Akira... car est-ce encore le jeune Fudo qui contrôle le corps de Devilman ?
Au fil de début de tome, Kinutani prend le temps de nous laisser deviner la prise de pouvoir de l'autre être présent dans le corps d'Akira. Le démon qui sera le personnage central de cette série : Amon. Dans un volume qui n'est qu'une longue introduction, nous découvrons mieux la personnalité de ce démon, le "tueur de dieux" ne se mettant sous le joug de personne. Ni des humains, ni de Satan, ni de l'armée de devilmen. Et jusqu'à son premier affrontement contre Satan qui a lieu en fin de tome, Kinutani s'applique à mettre en valeur ce monstre aussi puissant qu'inquiétant. Pour cela, l'auteur s'appuie notamment sur une bonne exploitation des personnages secondaires de Devilman, en tête les loubards qui s'étaient alliés à Akira : Roku, Jô et Miko, qui ont dans ce premier opus un rôle de prime importance.

Cela dit, la fidélité à Devilman ne s'arrête pas à cette réappropriation des personnages : l'ensemble de l'univers que dépeint Kinutani apparaît très cohérent par rapport à l'oeuvre de Nagai. Les différentes forces en présence sont clairement exposées, et le mangaka prend pour point de départ la mort de Miki pour dépeindre un univers encore plus apocalyptique, où les hommes semblent sombrer toujours plus (le Vatican n'hésitant même plus à utiliser le nucléaire) et où les images de la planète tombée dans le plus profond chaos s'avèrent bluffantes tant le trait se veut très dense, très sombre. Les dessins d'humains déformés (choses pour lesquelles Kinutani était déjà très fort dans Leviathan) et fondus et de monuments emblématiques comme la Tour Eiffel détruits, l'encrage persistant, la profondeur de champ... sont autant d'éléments nous immergeant totalement dans cet univers en pleine Apocalypse. On retrouve également toute la connotation religieuse du Devilman de Nagai, avec le Vatican en guise de QG des forces humaines, les nombreuses références à l'Apocalypse de Jean, la fusion de Roku avec des devilmen reprenant les animaux sacrés des évangélistes, les chapitres nommés versets, et plusieurs plans très iconiques comme à la page 37. Ajoutons à cela le même contraste fort entre un héros très noir, très sombre, et un Satan à la blancheur presque immaculée.

Très dense et riche, le dessin profite également d'un excellent travail de mise en scène, où les angles de vue sont pleinement au service d'un récit très clair : cela se veut très cinématographique. Notons d'ailleurs que Kinutani a dessiné Amon entre 1999 et 2004, donc parallèlement à Leviathan, série sur laquelle il a pu profiter du travail de mise en scène d'EIji Otsuka, théoricien du mangaka souhaitant faire un pont entre le manga et le cinéma. Nul doute que Kinutani a pu profiter de cette expérience parallèle pour dessiner Amon.

Dans ce premier opus, Yu Kinutani prouve qu'il connaît bien Devilman et se réapproprie très habilement l'oeuvre de Go Nagai pour offrir une suite alternative qui commence très fort, portée par une ambiance apocalyptique saisissante, des personnages bien repris et un coup de crayon dense, immersif et sublimé par un gros travail de mise en scène. Une entrée en matière redoutablement efficace !

Pour cette édition française, on retrouve le papier certes légèrement transparent, mais bien blanc et souple, auquel l'éditeur nous a habitués sur la collection Go Nagai. La qualité d'impression est très bonne, l'encre ne bave pas du tout, la traduction ne comporte pas de coquilles flagrantes et n'est pas lourde... Par contre, il y a à nouveau quelques éléments (bulles, onomatopées...) légèrement coupés en bord de page. Et l'odeur du livre est très forte !
Enfin, cette fois-ci, pas de petite frise sur le dos des volumes. A la place, on trouve des dos de différentes couleurs, ce qui tranche malheureusement avec le reste de la collection. Pire, le dos du tome 4 est décalé : le logo de l'éditeur, le titre et la tranche blanche avec le numéro sont plus hauts que sur les autres tomes. Pas très esthétique une fois les volumes rangés...
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Re: Amon

Message non lu par Koiwai » 04 nov. 2015, 17:43

Tome 2 :

Dans ce tome 2, place à un retour en arrière de plusieurs dizaines de milliers d'années qui peut faire écho au tout début de Devilman. A l'époque des dinosaures, nous découvrons la cohabitation entre les reptiles géants et une catégorie d'êtres vivants qui est tout autre : les démons, évidemment, et plus spécifiquement l'un de ses clans, celui des Sirènes, que Yu Kinutani se propose d'approfondir en dévoilant leurs relations, certaines figures importantes comme la fière, forte et belle Sheena qui aura un rôle clé dans la suite du tome, et, surtout, l'arrivée au sein du clan d'un mystérieux garçon physiquement bien différent de Sheena et de ses consoeurs...

Avec ce soudain retour en arrière, Yu Kinutani nous perd d'abord un peu, non sans une certaine malice, car on se demande forcément où il veut nous mener avant de voir les choses commencer à se rejoindre. Dans une première partie de tome qui se lit très vite car elle est peu bavarde et se veut très visuelle, le mangaka parvient sans mal à nous immerger par la seule force de son découpage toujours aussi limpide et hérité de techniques cinématographiques, et par la densité de ses dessins. Ces dernières offrent à nouveau quelques passages assez violents et marquants, à l'image de ce qui arrive à la Mère, mais c'est surtout le design offert aux protagonistes qui bluffe. Les quelques planches mettant en valeur les tyrannosaures sont impressionnantes, mais on reste surtout captivé par le physique riche et profond des Sirènes, créatures féminines au corps humain mais affublées d'imposantes ailes et de serres acérées. Kinutani rend ces créatures à la fois séduisantes dans leur nudité, leur visage sexy et fort et leurs formes féminines, et inquiétantes dans leurs éléments inhumains et dans leur statut de démons.

Grâce à cette densité visuelle intacte et bien mise en valeur par une qualité d'impression qui reste très bonne, on se laisse facilement happer, à la découverte de quelques personnages que l'on apprécie de voir évoluer (en tête Sheena, qui change beaucoup durant le volume), et des règles qui animaient alors la vie sur Terre entre différents clans de démons alors désunis avant que Satan n'arrive... Dans tout ça, on en apprend encore un peu plus sur le passif et la légende autour d'Amon.

Bien évidemment, le rapport à Devilman ne se limite pas au début, et l'on apprécie de voir se dessiner ici un écho, un approfondissement de la relation de Sirène avec Devilman dans l'oeuvre d'origine.

Avec ce deuxième opus, Kinutani confirme sa bonne réappropriation de l'oeuvre de Nagai.
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Re: Amon

Message non lu par Koiwai » 02 déc. 2015, 14:40

Tome 3 :

Pour Satan, Sirène s'est laissée capturer par les Dieux qui poursuivent leur opération d'"épuration" des démons. L'objectif : étudier le pouvoir des Dieux, pour mieux les faire disparaître après. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu, quand se mêlent à la fête Satan lui-même, et surtout celui à qui Sirène a elle-même appris à se battre...

Le retour aux origines entamé dans le tome 2 se poursuit ici, et là où le second volume s'axait beaucoup sur Sheena, ce troisième opus met plus que jamais l'accent sur la belle Sirène, suivant fidèlement et passionnément les souhaits et ambitions de Satan... Mais qu'en est-il réellement ? Que souhaite exactement Satan ?
Pour avoir un début de réponse, il faut attendre la deuxième partie du tome, car dans la première partie Yu Kinutani expose plutôt l'attente d'Amon pour entrer en scène, ainsi que le rôle d'une Sirène crucifiée face à des dieux exerçant leur épuration des démons. Le mangaka rallonge un peu ce passage, mais cela profite à l'impact de ses visuels qu'il a tout le temps de mettre en avant, que ce soit dans la beauté de Sirène, dans le symbolisme de certains décors ou dans l'horreur que peuvent susciter les dieux dans leur façon d'épurer les démons. Et cela prépare bien le terrain pour une suite toujours intense dans les dessins, toujours brillante dans la mise en scène (même si Kinutani se complaît parfois trop sur la nudité de ses personnages), captivante dans les contrastes entre la noirceur du corps d'Amon et la blancheur presque pure de Sirène ou de Satan... Mais la pureté est-elle vraiment là où elle semble être dans la série ?

C'est bien cette suite qui captive le plus dans ce tome, en exposant comme il se doit la psychologie d'une Sirène tantôt passionnée tantôt désespérée selon que sont mis en avant son amour aveugle pour Satan ou la façon dont elle semble avoir changé dans ses objectifs... C'est sur ce dernier point que le rôle de Sheena précédemment présenté prend tout son sens. Mais ce sont surtout les assez nombreuses informations et suppositions sur le principal duo d'ennemis de cette série qui intrigue : les origines d'Amon, son lien très étroit avec Satan, l'objectif et l'ambivalence de chacun des deux protagonistes... Cela promet une suite particulièrement intéressante.
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Re: Amon

Message non lu par Koiwai » 08 déc. 2015, 15:17

Tome 4 :

Après s'être rebellé contre les Dieux, Satan a rejoint le camp adverse, celui des démons. Epaulé par les différents clans démoniaques qu'il a unifiés, et notamment par Sirène qui le suit fidèlement, il entreprend désormais de faire chuter les Dieux, mais c'est à cette période que revient à la vie Amon, le tut premier démon ! Et celui-ci n'est absolument pas disposé à suivre un camp ou l'autre. Il cherche à libérer le monde, et, dans cette optique, est autant opposé aux Dieux qu'à Satan. Et c'est en se battant contre ce dernier que les choses se corsent : l'Ombre et la Lumière qui ne peuvent se réunir, finissent pas provoquer la chute sur Terre du monde des Dieux, et Satan disparaît sous le regard impuissant de Sirène...

Dans un monde plus chaotique que jamais, le destin de Sirène se poursuit et s'achève dans ce volume qui se concentre plus que jamais sur elle. Face à elle apparaît un être étrange, nommé Earra, dont les ambitions deviennent peu à peu inquiétantes et vont provoquer de nouveaux drames dans la lutte des Dieux et des Démons... Que recherche Earra ? Qui est-il ? Nous le découvrirons au bout de ce long passage qui, en parallèle, laisse entrevoir nombre d'autres choses. La fidélité à toute épreuve de Cayn envers Sirène, bien sûr, mais aussi et surtout les réelles ambitions de Satan qui explosent dans une fin de tome d'une intensité exemplaire. Le choc sur Sirène est évidemment fort, et se répercute avec force sur ses derniers choix, lourds de sens.
Et Amon dans tout ça ? Hé bien, il continue en arrière-plan de s'activer, et les nombreux événements viennent expliquer comme il se doit l'ambivalence de son lien avec Sirène.

Même si Kinutani a à nouveau tendance à insister un peu trop sur la nudité de ses personnages (tout aussi fascinante soit cette nudité), le travail visuel du mangaka reste remarquable dans son intensité et son travail de composition, et au bout du compte on cerne beaucoup mieux Sirène, personnage qui aura été, au fil de ce retour loin en arrière, de plus en plus captivant à suivre. Le retour sur elle semble trouver une conclusion avec la fin de ce volume. Affaire à suivre...
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Re: Amon

Message non lu par Koiwai » 15 déc. 2015, 10:01

Tome 5 :

Après un long retour en arrière, avant l'apparition des hommes, qui approfondissait notamment les origines du lien entre Amon et Satan ou le personnage de Sirene, le cinquième et avant-dernier volume d'Amon nous replonge de nombreux millénaires plus tard, juste après le retour sur Terre des démons emmenées par leur roi Zénon, et donc peu de temps après la fusion d'Akira avec le démon Amon. Partout dans le monde, les démons ont déjà entamé leur office pour reprendre le contrôle d'une planète mise à mal par l'humanité. Ils ont réduit à néant des villes voire des pays, mais face à eux la lutte anti-démons s'est mise en place, et les créatures sont traquées partout par des brigades armées prêtes à éradiquer la moindre menace.

Tel est le contexte dans lequel Yu Kinutani nous replonge efficacement en quelques pages exposant comme il se doit toute l'horreur et la folie de la situation, où démons et humains se mènent une lutte pour le moins... ambiguë. En effet, difficile de dire lequel des deux camps est le plus mauvais, car à travers certains exemples comme le sort terrible réservé aux amies de Miko, et à d'autres personnes possédées par un démon mais ayant encore leur coeur humain, c'est une vision de la part sombre de l'humain que Kinutani, comme Nagai dans Devilman, dépeint. Il n'y a qu'un pas pour y voir la détestable réalité d'un autoritarisme jouant sur la peur des humains face aux démons pour exterminer tout menace potentielle sans le moindre discernement. Aujourd'hui encore, on en ressent parfaitement l'écho en observant notre monde contemporain...

C'est dans ce monde en proie au chaos que l'on retrouve un Akira possédé par Amon et poursuivant sa lutte de son côté face aux ennemis se dressant sur sa route, aux côtés des soutiens qui se sont ralliés à lui : Ryô bien sûr, qui poursuit son oeuvre pour "sauver" Akira jusqu'à une find e tome intéressante, mais aussi les "loubards" Roku, Jô, Tetstu, Manjirô, et l'armée de devilmen... Seulement, chacun de ses affrontements ne fait que conforter la sensation qu'il ressent de plus en plus : celle de ne plus être maître de son corps... Amon prendrait-il le dessus ? Heureusement, quand il a besoin de renouer avec son humanité, il y a toujours la pureté et l'innocence de Miki, qui lui voue une inaltérable confiance.

Si, par rapport à l'oeuvre originale de Nagai, le fond ne change pas, la série de Kinutani reste à nouveau intéressante essentiellement dans son impact graphique et surtout dans l'approfondissement de nombreux rôles. Ici, le rôle de Roku, de Tetsu et autres loubards est rendu plus important, et il paraît difficile de ne pas tomber sous le charme de la belle et forte Miki, sublimée par un dessinateur qui semble complètement amoureux du personnage. Enfin, l'occasion nous est donnée de mieux entrevoir le laboratoire de recherche du ministère de la défense et le QG de la lutte anti-démons où s'active le Professeur Rainuma, mais le rôle qui intrigue le plus de ce côté-là est bien celui du dénommé Kadone, secrétaire de Rainuma et bien plus encore... Entre ce dernier et Ryô, Akira est bien obligé de s'interroger, de se tourmenter, au sujet de son rôle, au sujet de la possible chimère que sont les devilmen...

La série reste vraiment prenante pour quiconque souhaite approfondir l'univers de Devilman.
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Re: Amon

Message non lu par Koiwai » 11 janv. 2016, 16:13

Tome 6 :

Les Démons sèment le chaos pour récupérer la Terre, et dans cette ambiance apocalyptique les humains ont organisé leur contre-attaque autour de ce qui s'apparente à une "chasse aux sorcières", éliminant la moindre menace potentielle au risque de laisser parler leurs pires tares... et de ne pas contrôler leur "démon intérieur". C'est dans ce climat que Qu'Akira poursuit sa tentative de réunir les devilmen pour former un nouveau groupe à même de mettre fin à ce chaos. Mais dans le même temps, Ryô adresse en direct à la télévision des paroles scellant définitivement le sort des événements...

Suite et fin d'Amon dans un volume où Yû Kinutani reste fidèle à une grande majorité des événements de Devilman, de la libération de Miko à ce qui se déroule du côté de Miki à la fin, en passant par les agissements de Ryô, la révélation de Satan, le sort des parents Makimura... L'auteur s'appliquant néanmoins, une nouvelle fois, à approfondir certains éléments et à expliciter certaines choses que Gô Nagai préférait sous-entendre dans sa série originale : la relation de Roku avec Miko et avec certains de ses compagnons comme le sacrifié Manjirô, l'amour de Ryô/Satan pour Akira. A contrario, l Kinutani s'attarde moins sur les visions de chaos engendrées par l'humanité, y compris concernant le sort de Miki qui, tout aussi violent et horrible soit-il, bénéficie d'une mise en scène s'attardant beaucoup moins sur la montée de tension autour de la traque de la pauvre jeune fille.

En somme, l'auteur apporte une vision des événements sous un angle un brin différent, plus axé sur l'impact d'Amon en Akira et sur les agissements de Ryô/Satan. C'est d'ailleurs sur ce dernier que la série se referme, à travers un passage revisitant sous son angle la scène par laquelle tout a commencé dans la série-mère.

Dans le déroulement des choses, Kinutani amène toutefois une nouvelle donne intéressante, introduite dans le volume 5 et prenant encore plus de consistance dans ce final : le personnage inédit qu'est Kadone, le secrétaire de Rainuma qui finit par se dévoiler entièrement. Evolution ultime du genre humain ? Simple part d'Amon ? Quel est son rôle et son impact sur Devilman ? On vous laisse découvrir cela, signalons simplement que son apparition dans l'oeuvre apporte quelques approfondissements et variations qui ne manquent pas d'intérêt.

L'impact visuel est toujours aussi fort, Kinutani délivre des planches dense et profondes, régulièrement ponctuées de très bonnes trouvailles côté mise en scène, à l'image des effets de zoom et de dézoom quand Akira découvre avec effroi les parents Makimura. La principale faiblesse reste finalement, à nouveau, la tendance de l'auteur à n'offrir aucune transition entre les différents aspects qu'il approfondit, si bien que les choses semblent parfois précipitées.

Redisons-le : Amon n'a que peu d'intérêt si vous n'avez pas lu Devilman avant, et vous risquez même de ne pas y comprendre grand chose. Mais pour les autres, c'est une mission bien accomplie pour Yû Kinutani, qui a su offrir au fil de sa série nombre d'approfondissements, ainsi que des angles différents sur les événements de la série d'origine, jusqu'à offrir des nouveautés comme le personnage de Kadone. L'auteur a habilement su se réapproprier l'oeuvre de Gô Nagai et l'enrichir sans la trahir.
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