La Photographe

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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La Photographe

Message non lu par Koiwai » 25 nov. 2015, 15:48

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Tome 1 :

Ayumi est une lycéenne tokyoïte qui s'est récemment inscrite au club photo de son établissement scolaire afin d'expérimenter l'art de la photographie qui l'intéresse beaucoup. Au quotidien, elle prend alors plaisir à vagabonder dans les rues de la capitale nippone, cherchant sans cesse des sujets à photographier. Pour elle autant que pour le lecteur, c'est l'occasion de partir à la découverte des recoins et lieux méconnus de la ville.

Ainsi se présente La Photographe, titre de Kenichi Kiriki inaugurant la toute nouvelle collection des éditions Komikku : Horizon, qui proposera en grand format des oeuvres visant un public plus large que les lecteurs habituels de manga. De par sa ligne directrice, son format (grand, sans jaquette mais avec rabat), sa charte graphique pour la couverture (titre sobre et lisible, illustration avec vernis sélectif qualitatif, fond dominé par le blanc, bandeau en bas...), cette nouvelle collection s'inscrit dans la droite lignée de la collection Latitudes de Ki-oon ou la collection Ecritures de Casterman. Et le choix du premier manga de la collection s'avère judicieux, dans la mesure où il colle bien à l'une des lignes directrices de Komikku (la découverte d'un Japon parfois méconnu) et qu'il s'inscrit dans une veine assez proche de certains titres du populaire Jiro Taniguchi, exemple-même du mangaka touchant un public français plus large.

A l'intérieur aussi, la volonté d'offrir un travail très qualitatif se ressent : à un papier de bonne facture, une qualité d'impression honnête et une traduction de haut niveau, il faut ajouter la postface de Rumiko Tezuka (fille d'Osamu Tezuka), mais surtout la préface inédite des deux traducteurs de l'oeuvre, Patrick Honnoré et Yukari Maeda, qui nous offrent une belle entrée en matière en expliquant notamment la manière dont il faut lire la série et partir à la découverte de cette ville de Tokyo se visitant d'une façon bien différente de nos capitales européennes si l'on veut en découvrir tout le charme.

Après cela, nous voici bien prêts pour l'exploration des recoins de la capitale japonaise aux côtés d'Ayumi, au fil d'une lecture qui concrètement ne raconte rien, ou tout du moins ne possède aucun vrai scénario. En effet, chaque chapitre, de seulement 4 ou 5 pages la plupart du temps, propose simplement de suivre la jeune fille à la recherche de nouvelles choses à capter sur photo, avant que l'auteur, à chaque fin de chapitre, revienne un peu plus en détail sur chaque nouvelle découverte via des présentations textuelles. Il faut donc voir Ayumi comme une représentation du mangaka lui-même, et chaque pérégrination de la jeune fille comme un suivi des propres pas de l'auteur dans la vaste métropole. Cela n'empêche toutefois pas le mangaka d'offrir de temps à autre à son héroïne un peu plus de son insistance : découverte de sa jeune cousine avec laquelle elle vagabonde à un moment, de sa tante alitée, de Tamaki son camarade de classe et de club et plus proche compagnon dans sa passion pour la photo, du temps qui passe aussi pour elle avec la fin d'une année scolaire signifiant l'adieu au senpai du club... Des petits éléments contribuant à rendre Ayumi un petit peu plus proche et attachante.

Sur ces bases, ce premier opus couvre déjà un large panel d'endroits, allant de la terre ferme au Tokyo maritime, visitant différents quartiers, s'arrêtant dans des lieux quasiment secrets ou nous promenant simplement au gré des rues. Kiriki nous invite à découvrir une ville de Tokyo éloignée de son image persistante de mégalopole moderne, et à nous perdre dans une ville empreinte de différentes ambiances presque nostalgiques.

Pour porter son oeuvre, Kiriki adopte évidemment un dessin se voulant avant tout réaliste, que ce soit dans les physiques de ses personnages (ce qui n'empêche pas Ayumi d'être très expressive avec son regard empli de curiosité, de doux bonheur ou de passion), ou dans les omniprésents décors photoréalistes. Cela dit, ne vous attendez pas à des prouesses visuelles : sur le pur plan graphique, le style du mangaka garde quelque chose d'un brin impersonnel, mais cela ne gêne en rien puisque ce n'est pas le pur cadre visuel qui importe ici. En effet, dans ce manga tout comme dans une visite réelle de Tokyo, les considération purement matérielles importent assez peu, et tout est avant tout question de capter l'ambiance de cette ville qui ne révèle ses secrets qu'aux plus attentifs... Mais cela, la préface vous l'explique très bien.

Dans cette forme se partageant entre le manga et le texte pur, La Photographe s'apparente alors à une sorte de guide touristique du Tokyo méconnu du grand public, et c'est avec plaisir que l'on irait bien à la découverte des différentes et nombreuses facettes et ambiances de la ville auprès de cette attachante lycéenne.
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Re: La Photographe

Message non lu par Koiwai » 31 mars 2016, 14:35

Tome 2 :

Lycéenne de deuxième année passionnée de photographie, Ayumi a intégré le club photo de son lycée et, depuis, arpente les rues de Tôkyô, à la recherche de lieux et d'instants à immortaliser avec son appareil. De l'école primaire de Fuchu au zoo d'Ueno, en passant par le jardin public de Shiba, le sanctuaire Tensô Jinja dans le quartier de la récente Skytree, ou tout simplement les cerisiers de Shinjuku, le lecteur est ainsi plongé à nouveau dans les quartiers plus ou moins célèbres de la capitale japonaise, afin d'y découvrir des recoins généralement méconnus.
Mais cette fois-ci, Tokyo n'est plus la seule ville mise en valeur : dans le cadre des qualifications au concours koshien de photos se déroulant à Hokkaidô, le club organise une virée "découverte" jusqu'à Takarazuka, et en profite aussi pour brièvement passer par Osaka sur la route du retour. Cité riche à plus d'un égard, Takarazuka, pendant une bonne partie du tome, se voit donc elle aussi décortiquée sous l'objectif d'Ayumi et de ses camarades, pour un résultat ne se limitant pas aux extérieurs de la ville. En effet, si nous nous immisçons à leurs côtés auprès du grand théâtre et des jardins de la ville, nous découvrons également différents aspects du célèbre musée Osamu Tezuka.

Après un premier volume réussi, Kenichi Kiriki délivre ainsi un deuxième tome qui tire une grande force non seulement de la diversité des lieux visités et des instants parfois fugaces immortalisés par les photos, mais aussi de l'apparition d'un fil rouge avec les qualifications pour le koshien de photos, ce qui permet de mieux présenter certaines autres figures du club qui viennent dynamiser un petit plus le récit. Ainsi découvre-t-on plus le prof Hosomura qui est responsable du club et rêve d'emmener ses élèves à Hokkaidô, la calme Minato qui fait figure de doyenne du club puisqu'elle est en 3ème année, ou encore Madoka, jeune fille qui apparaît d'abord un peu plus "bling bling" et solitaire (elle est souvent absente du club) mais qui présente un don passionné dans les clichés instantanés, ce qui laisse deviner en elle un caractère assez spontané. A ces personnages, il faut ajouter la figure d'Ômura, ancienne membre du club photo du lycée devenue professionnelle, qui pourra apporter quelques précisions et conseils avisés à notre jeune héroïne.

La prise d'importance des autres personnages gravitant autour d'Ayumi permet d'enrichir l'abord de la photographie, que ce soit en opposant argentique et numérique, en présentant quelques appareils et leurs composantes, en abordant des façons différentes de photographier (comme les instantanés chers à Madoka), en laissant entrevoir les préparatifs d'une exposition en galerie... A travers tout cela, on ressent bien toute la passion de l'auteur pour la photographie.

La qualité première de Kenichi Kiriki reste toutefois cette faculté à nous faire ressentir en seulement quelques pages l'atmosphère unique, l'ambiance parfois chargée d'histoire d'un lieu, d'un objet. Tandis qu'Ayumi et les autres prennent leurs photos en s'imprégnant de l'atmosphère environnante, l'auteur parvient à capter l'instant et l'endroit et à en sublimer l'essence.

En résulte un récit qui, entre guide d'un Japon regorgeant de recoins méconnus et simple carnet de voyage dépaysant, reste un plaisir à parcourir, de préférence à petites doses pour bien prendre le temps de s'imprégner de chaque endroit. D'autant que les blablas de l'auteur à la fin de chaque chapitre restent pertinents pour prolonger la découverte, et que d'autres personnalités viennent s'inviter pour encore enrichir l'expérience. Ici, la photographes Yuriko Ômura délivre quelques techniques pour faire de belles photos, tandis que Rumiko Tezuka, fille d'Osamu, apporte quelques précisions sur son père ou sur le musée.
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