Les Oubliés

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Les Oubliés

Message non lu par Koiwai » 03 déc. 2015, 11:53

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Tome 1 :

Avec 6000, les éditions Komikku nous ont permis de découvrir Nokuto Koike, une mangaka qui, au fin fond du complexe sous-marin Cofdeece, offrait une histoire très inégale toutefois portée par une patte graphique très prometteuse dans son ambiance immersive. Nous attendions donc avec beaucoup d'intérêt de retrouver cette auteure en France, et Komikku ne s'y est pas trompé en lançant dans la foulée de la fin de 6000 sa dernière série en date, Les Oubliés, qui comptera elle aussi 4 tomes.

Alors, l'artiste a-t-elle appris de ses quelques erreurs dans 6000 ? Il est pour l'instant difficile de le dire sur ce seul premier tome des Oubliés, qui se présente surtout comme la mise en place d'une ambiance et de nombreuses interrogations.
Si Koike reste ici dans le milieu maritime, elle troque toutefois les fonds sous-marins si suffocants de 6000 contre un lieu largement plus courant dans les mangas à tendance horrifique : une île quasiment déserte, Iwazu. Inconnue sur les cartes, censée ne pas exister, elle comporte une poignée d'habitants qui semblent issus d'une autre époque dans leur façon de vivre, et révèle surtout, au fil des pages, nombre de mystères étranges... Pourquoi ce lieu est-il resté coupé du monde ? Qu'est-ce que ces corps momifiés retrouvés dans la demeure où est censée vivre la famille de la petite Mitsu ? Quel sens donner aux propos du patriarche de l'île, qui semble vieux de plusieurs centaines d'années ?
Les interrogations sur cette île en arrivent à se bousculer assez facilement, et les énigmes sur nos héros ne sont pas vraiment en reste : pourquoi le compagnon d'armes de Nagumo l'a-t-il chargé de reconduire Mitsu sur cette île en affirmant qu'elle ne pourrait pas vivre ailleurs ? Que cache cette fillette pour l'instant quasiment muette et peu expressive ? Où est sa mère, évoquée au début et finalement absente du voyage vers l'île ?

Il y a pour l'instant beaucoup de non-dits, de mystères, et aucune information concrète. Mais sous le trait de Koike, on sent déjà que des choses louches se trament. Des dialogues et situations étranges, des cases laissant deviner une certaine noirceur ou aura inquiétante chez certains habitants... Il n'en faut pas plus pour garder le lecteur plutôt accroché, jusqu'à ce que la situation dégénère enfin de façon mortelle dans la dernière partie du volume.

Toutefois, au bout du tome, on constate que certains problèmes déjà vus dans 6000 persistent. Pour l'instant, aucun personnage ne parvient à vraiment sortir du lot. Si la petite Mitsu intrigue, elle est pour l'instant peu loquace et presque secondaire. Idem pour Serizawa, le fonctionnaire d'état très rigide qui paraît presque trop à l'aise dans cette situation. Quant à Nagumo, il constitue pour l'instant un personnage principal lambda, sans grand intérêt. Espérons que tout cela changera. De même, si les dessins de Koike peuvent à nouveau faire quelques très bons moments d'ambiance malgré un contexte moins angoissant que 6000 (un complexe sous-marin en huis-clos d'un côté, une île à ciel ouvert de l'autre), on regrette que cet impact graphique ne soit pas servi par une narration mieux travaillée. Comme dans 6000, celle-ci semble parfois enchaîner les scènes sans les relier comme il se doit, et c'est aussi l'aspect mystérieux de certains personnages qui en pâtit.

Celles et ceux qui ont lu 6000 ne seront donc pas dépaysés : le premier tome des Oubliés suit exactement le même schéma que la précédente série de Nokuto Koike, l'ambiance étouffante de Cofdeece en moins. Des personnages plutôt lambdas, une accumulation d'énigmes que l'on attend désormais de voir se résoudre, une mise en place de l'univers rendue assez immersive par les dessins, une accélération de rythme et de tension dans la dernière partie... On attend désormais de voir ce que la série a réellement sous le coude. En attendant, on tient là un premier tome assez basique mais qui se lit tout seul.

Komikku nous offre une édition dans ses standards : une bonne qualité d'impression, un papier épais et souple, une traduction très claire de Thibaut Desbief... Le livre est très agréable à prendre en mains.
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Re: Les Oubliés

Message non lu par Koiwai » 19 févr. 2016, 18:47

Tome 2 :

Sur l'énigmatique île d'Iwazu qui semble receler plus d'un mystère, le soldat démobilisé Nagumo, la fillette peu bavarde Mitsu et le fonctionnaire Serizawa ne sont pas au bout de leurs surprises et de leurs inquiétudes. Imamura, employé ministériel sur l'île, vient d'être violemment abattu, et seul l'un de ses bras a été retrouvé, fraichement enfoui sous terre. Pendant que Nagumo veille sur l'étrange Mitsu, Serizawa poursuit sans faillir son enquête pour retrouver le corps et tenter de percer certains mystères. Mais ils sont loin d'imaginer les événements qui les attendent...

Le premier volume des Oubliés était très mystérieux, ce second tome l'est tout autant, voire encore plus, car loin de répondre à certaines questions, Nokuto Koike s'applique plutôt à accentuer l'aura inquiétante de mystère. Et celle-ci tient essentiellement dans la succession d'événements étranges ou difficiles à cerner. Poursuivant ses investigations, Serizawa est amené à explorer certain recoins de l'île, comme une montagne, et fait des rencontres insondables : un homme bien portant et a priori un peu benêt vivant à l'écart du village et venant en aide au fonctionnaire bien qu'il affiche des regards intimidants, un vieillard apportant des informations nébuleuse sur ce coin de terre perdu au beau milieu de l'océan... sans oublier l'enragée fillette de fin de tome. Mais du côté de Nagumo, la situation n'est guère plus rassurante : aux côtés d'une Mitsu quasiment enfermée dans son mutisme, le jeune homme, qui ne sait pas vraiment quoi faire ni comment réagir, assiste à des événements impossibles à cerner, comme son propre ligotage, une soudaine violence conjugale, ou une catastrophe naturelle imprévisible et qui va avoir certaines répercussions dramatiques... Le lecteur, à l'image du jeune soldat, navigue dans l'incompréhension en assistant à ces choses énigmatiques, où le drame semble pouvoir frapper à tout moment, et où les soudains excès de violence de certains habitants sont peut-être ce qu'il y a de plus dangereux.

En somme, l'île d'Iwazu ne fait qu'accentuer ses mystères, semblant hors du temps, paraissant défier la logique... et dans tout ça, le trait de Koike fait des merveilles d'ambiance et d'immersion avec ses nuances de gris, ses décors travaillés de nature et de village qui semblent sortis d'un autre temps, ses personnages impossibles à cerner dont le regard peut basculer du tout au tout...

Pour l'instant, Nokuto Koike nous balade sur cette île dont les mystères restent très opaques, au gré des divers événements tantôt bizarres tantôt inquiétants, mais une chose est sûre : l'ambiance instaurée nous immerge de plus en plus, et on en redemande avec intérêt !
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