One-Punch Man

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
Rider on the Storm
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One-Punch Man

Message non lu par Koiwai » 13 janv. 2016, 17:46

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Dire de One-Punch Man qu'il s'agissait de la licence la plus attendue depuis de nombreux mois est un euphémisme. Au Japon, l'oeuvre originale du très mystérieux auteur original One, publiée sur son blog, a rapidement et étonnamment conquis un public de plus en plus grand, à tel point que Shûeisha a fini par s'emparer du phénomène pour en faire une adaptation manga mieux dessinée (le trait de One étant ultra minimaliste) et sérialisée. Prépubliée au Japon depuis 2012 au sein du Tonari Young Jump, le phénomène OPM nous permet également de retrouver au dessin le mangaka Yusuke Murata, qui nous avait profondément marqués grâce à sa verve et à sa puissance visuelles sur l'excellent Eyeshield 21. Autant dire que pour porter le phénomène, Shûeisha a su confier son adaptation manga au bon dessinateur !

En France, il aura fallu attendre quelques années avant d'enfin voir arriver l'oeuvre ! Au bout de nombreuses offres concurrentielles (vous imaginez bien que nombreux étaient les éditeurs voulant obtenir ce nouveau Graal), c'est finalement Kurokawa qui a empoché le gros morceau, l'éditeur japonais ayant visiblement été séduit par le plan marketing de l'éditeur... et il y a de quoi ! En effet, il sera sans doute très difficile de passer à côté de OPM dans les prochaines semaines (voire encore après), tant Kurokawa s'est appliqué côté pubs : posters créatifs où le héros Saitama brise le mur, petits présentoirs attirant l'oeil et PLV bluffants (reprenant l'immeuble où habite Saitama) en librairies, grandes affiches dans les transports en commun, publicités TV... l'éditeur ne s'y est pas trompé et prouve une nouvelle fois qu'il sait pousser ses séries avec une campagne promotionnelle plus grande que jamais.

Et c'est finalement en ce tout début d'année 2015 que nous pouvons enfin profiter du premier opus du manga, dont l'arrivée fut également fort bien préparée par la diffusion de la première saisons de la série animée qui vient tout juste de s'achever (si vous ne l'avez pas vue, allez donc faire un tour sur Anime Digital Network où elle est entièrement gratuite et vaut amplement le coup d'oeil).

Voila pour la présentation, si vous ne connaissiez toujours rien de OPM. Et si vous êtes dans ce cas, une question commence peut-être à vous assaillir : mais pourquoi donc l'oeuvre était-elle autant attendue ? Qu'a-t-elle donc de si particulier pour attirer un si grand public, dépassant même le cadre des simples lecteurs de manga ?

Hé bien, en premier lieu, il y a Saitama, le personnage principal. Petit bonhomme chauve de 25 ans au chômage, il n'a pas l'air d'avoir grand chose pour lui, là comme ça, surtout avec son tête souvent blasée et la façon dont il vivote dans son appartement. Mais il y a un tout petit détail qui change un petit peu la donne. Juste un tout petit peu. En fait, il est surpuissant. Tellement puissant qu'un seul coup de poing lui suffit pour terrasser tous les monstres et les super-méchants qui déboulent de nulle part pour ravager des villes entières. Cette force incroyable, il l'a acquise après trois années d'un entraînement tellement intensif qu'il en a perdu ses cheveux. Et du coup, Saitama, bah il joue les super-héros pour tuer le temps. Comme ça. Tu peux pas test.

"- Qui es-tu ?
- Un type qui joue les superhéros pour passer le temps."


Ce qui est génial avec Saitama, c'est... ben... tout. Son physique, tout d'abord. Avec sa tête de crâne d'oeuf à la mine blasée, il ne paie généralement pas de mine, et Murata joue d'ailleurs énormément là-dessus pour nous faire rire : capable d'être ultra sérieux et presque réellement charismatique (comme sur la couverture), le petit père peut soudainement anéantir toute trace de ce charisme en tirant des têtes simplistes très variées et délirantes, à laquelle il n'est pas rare qu'il ajoute une réplique désabusée, décalée (dégommer un monstre en lui reprochant d'avoir abîmé son plafond, c'est cool), ou teintée d'une délicieuse petite pointe de cynisme. Pourquoi est-il comme ça ? Ne ressent-il pas la peur face à ces hordes d'ennemis parfois colossaux, comme ce titan de la taille d'une ville ? Ben non, vu qu'il est le plus fort, que rien ne le blesse et qu'il lui suffit d'un coup de poing pour terrasser complètement l'ennemi. C'est bien pour ça qu'il apparaît si blasé, le Saitama : quand il affronte les ennemis, il n'y a aucun challenge. Et à force, il commence rudement à s'ennuyer, les victoire n'ont pas vraiment de saveur, et il n'est d'ailleurs pas rare de le voir se lamenter à ce sujet... En devenant le plus puissant, difficile pour lui de ressentir joie, peine, colère face aux ennemis... n'aurait-il alors pas perdu quelque chose de plus important que la force ? Une piste qui pourrait se développer par la suite et rendre le récit plus étonnant.

En face de Saitama, il y a une foultitude de personnages qui déboulent eux aussi.
Il y a tout d'abord Genos, qui, dans ce premier tome, est la seule autre figure importante que l'on peut pour l'instant classer dans le rang des alliés, des gentils. Apparaissant en milieu de tome, ce cyborg au passé douloureux et suivant son propre objectif se prend d'admiration pour Saitama au point de vouloir devenir son disciple. Moins comique que Saitama pour l'instant, on reste très curieux de voir ce qu'il a à nous offrir par la suite !
Mais il y a surtout la ribambelle de méchants, de super-vilains, qui sont sans aucun doute un bonheur pour un Yusuke Murata qui peut se lâcher dans leurs dégaines ! Car la force des nombreux super-vilains de OPM, c'est sûrement leur diversité, qui est telle qu'elle peut amener absolument toutes les possibilités allant de choses assez classes visuellement comme la femme-moustique ou le titan, à totalement ridicules et donc hilarantes. Dites par exemple bonjour à Vaccineman, né de la pollution causée par les humains, à Crabotaure, qui a bouffé tellement de crabes qu'il en est devenu un, ou à Dragotaupe, une... grosse taupe.
En somme, tous les délires semblent possibles, du plus ridicule au plus impressionnant. Mais que ce soit dans un cas ou dans l'autre, Murata n'a pas son pareil pour impressionner, que ce soit visuellement, ou dans son humour décalé ou surprenant. En effet, il n'est pas rare que les méchants soient un peu... lâches ou idiots, pour rester polis, à l'image de ce que le titan fait à son frère (tellement ballot et hilarant !) ou de l'homme-gorille qui flippe sévère. Et quand les méchants restent méchants comme des méchants jusqu'au bout, à l'image de la femme-moustique, toute la tension se voit généralement brisée soudainement avec un bon coup de poing. Ou comment nous prendre à contrepied.

Et prendre le lecteur à contrepied, justement, est sans doute l'un des éléments ayant le plus contribué à faire parler de OPM.
Dans la majorité des mangas les plus populaires (One Piece, Naruto, Bleach...) et de manière générale dans énormément de titres d'action ou estampillés "nekketsu" (dont Eyeshield 21, le précédent manga de Murata), les choses commencent avec un héros assez faible, devant devenir plus fort à force d'entraînements, et avec la volonté de protéger ses proches, ses amis. Ici, Saitama est déjà le plus fort. Il s'est entraîné pour devenir le plus fort des superhéros, et quand le récit commence, il l'est. Quant à des proches à protéger, notre brave célibataire au chômage n'a pas l'air d'en avoir. Il se bat pour passer le temps, quoi. Pas de grandes morales, ni de grandes valeurs sur l'amitié, etc, dont on nous abreuve souvent. D'ailleurs, bien au contraire, il n'est pas rare qu'un combat de Saitama contre un méchant amène quelques dommages collatéraux "minimes", comme un immeuble qui s'effondre ou une ville détruite, tout ceci dans l'indifférence, juste pour servir un petit gag un peu cruel et débile du plus bel effet. Quant aux habituelles phases d'entrainements, et de flashback qui y sont liées, ici elles ne sont point ! Mieux, les auteurs se font un plaisir de s'en moquer, à l'image de la manière dont Genos raconte son passé en un gros bloc de texte qui saoule Saitama !
Avec tout ça, on a presque envie de dire que One et Murata se moquent un peu de toutes ces séries d'action basées sur ces recettes habituelles et les étirant parfois à outrance.

Difficile, également, de ne pas revenir sur le travail de dessinateur de Murata. On a déjà parler de son talent pour dessiner les deux facettes de Saitama, de son inventivité dans les vilains, et de son talent pour amener un humour désopilant. Mais il est loin de se limiter à cela, les lecteur d'Eyeshield 21 en savent quelque chose. Sur sa précédente série, le dessinateur bluffait déjà dans la densité de son coup de crayon, dans les notions de profondeur et de perspective, et dans le dynamisme incroyable des planches. On retrouve tout ça ici. Car si Saitama affiche souvent des têtes simplistes délirantes, tout le reste est toujours très fourni.
Les décors sont omniprésents, notamment les décors urbains, et il n'est pas rare qu'il s'y passe quelques petites choses, ce qui contribue grandement à rendre l'oeuvre encore plus animée. Le trait est d'une densité exemplaire, l'auteur se fait plaisir avec de superbes variations d'angles de vue (ce qui renouvelle sans cesse la vision du lecteur), et on peut également saluer l'impressionnant travail effectué sur les plus importantes onomatopées qui font partie intégrante du dessin (et là aussi, Murata s'amuse beaucoup avec les angles de vue). Ce n'est sans doute pas pour rien que l'adaptation animée a suivi de très près l'enchainement des cases du manga, tant le rendu est sublime.

Et disons donc quelques mots rapides sur le rapport entre le manga et l'anime. Ce dernier suivant fidèlement le manga, la version papier garde-t-elle un intérêt pour celles et ceux ayant vu la série TV ? La réponse est clairement oui. Tout d'abord parce que l'anime n'adapte que les premiers tomes, mais aussi parce qu'il effectue quand même quelques modifications et omet certains passages brillamment mis en scène par Murata dans le manga. Et puis, la version manga laisse plus de temps pour apprécier la verve visuel du dessinateur et les nombreux gags qui vont avec. On peut s'attarder sur les dessins avec grand bonheur.

Enfin, côté édition, c'est du tout bon, du travail étudié à chaque instant pour offrir le meilleur plaisir de lecture possible.
La traduction est signée Frédéric Malet, un habitué des titres mêlant action et humour (on lui doit Blood Lad, Hayate, Assassination Classroom, Gintama...), qui offre ici un travail vivant et ne passant à côté d'aucun gag, pas même sur les noms des personnages. Sur ce dernier point, OPM a pour particularité d'offrir des jeux mots, et un travail d'adaptation était nécessaire pour pouvoir amuser le lecteur français. Ce travail est redoutablement efficace (aaaah, le Professeur Kidob...), d'autant qu'il est en parfaite adéquation avec les noms de la série animée !
Les onomatopées constituaient l'une des principales craintes, tant certaines font partie intégrante du dessins de Murata. Là aussi, Kurokawa a fait un travail très appréciable. Les plus petites onomatopées, celles faisant juste un petit bruit de fond, ont été traduites, avec des choix de polices toujours bien choisis. Et les plus grandes onomatopées ont heureusement été conservées sous leur forme originale pour ne pas dénaturer le travail du dessinateur. Un dosage très juste.
Pour le reste la qualité d'impression est très bonne, le papier à la fois souple et suffisamment épais pour ne souffrir d'aucun problème de transparence... Le livre est vraiment agréable à tenir en main.

OPM est-il dont la claque attendue ? Evidemment que oui ! Servi dans une excellente édition, l'oeuvre de One et de Murata nous comble sur tous les points. Et il ne s'agit pourtant que du premier volume d'une série qui n'a pas fini de nous étonner.
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Miles1977
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Re: One-Punch Man

Message non lu par Miles1977 » 22 janv. 2016, 17:38

Très déçu par ce tome, qui m'a semblé sans queue ni tête... Je m'attendais à nettement mieux suite au tapage fait autour de cette série :cry:
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Koiwai
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Re: One-Punch Man

Message non lu par Koiwai » 10 mars 2016, 10:28

Tome 2 :

Après avoir dégommé les uns après les autres les ennemis venu lui chercher des noises, Saitama, aidé de Genos, apprend de la bouche de Cyborgorilla que le commanditaire de cette attaque est l'inquiétant professeur à la tête de la Maison de l'Evolution, un génie sans pareil au passé incroyable, ayant accompli des choses folles comme un rajeunissement de sa personne et des clones, et souhaitant amener l'être humain à un nouveau degré d'évolution... mais tout ça, en fait, on s'en fout. Maintenant que Saitama connaît l'identité de l'ennemi, il va juste aller lui ravaler la façade, quitte à devoir d'abord en découdre avec Scaravageur, l'ultime forme de vie humaine artificielle mise au point par le professeur aussi imposant qu'il est moche.
Et une fois cette affaire réglée, c'est à un autre problème que se confronte notre One-Punch Man : le gang des chauves-sourires, dont la force démultipliée par leurs armures volées n'a d'égale que l'idiotie de leurs motivations. Saitama pense d'abord ne pas se mêler de cette affaire, jusqu'à l'instant où il y est contraint, nourri par une rancune toute personnelle... et débile, ça va de soi.

Deux nouveaux affrontements, pour un schéma qui, dans ce deuxième volume, n'évolue pas spécialement par rapport au premier tome. Que ce soit avec ou sans Genos, Saitama part se confronter à de nouveaux adversaires, et dans l'immédiat il ne faut pas en attendre plus, One et Yusuke Murata se contentant clairement des bases posées posées précédemment. Y a-t-il de quoi être déçu ? Hé bien, si l'on a aimé le premier volume, non, car la recette reste diablement efficace dans le fun qu'elle propose !
En effet, l'humour reste omniprésent, et parvient facilement à se renouveler grâce à des gags diversifiés et capables de débarquer à tout moment, à l'image du tout premier gag du volume porté par le je m'en foutisme total de Saitama concernant le parcours pourtant impressionnant de son ennemi. Par la suite, c'est la déferlante, entre les jeux de mots sur les noms (Mante le joli, chapeau), d'autres noms simplement crétins et qui n'en imposent pas du tout (Roulette Rider !), quelques petites piques bien trouvées (envers l'art moderne, par exemple), nombre de répliques de Saitama délicieusement cyniques ou décalées (en tête, celle qu'il sort au moment crucial face à Scaravageur), les dégaines aussi imposantes que ridicules des ennemis Scaravageur et Tête d'enclume, les petits éléments de décor prêtant à sourire (l'ours dégommé au milieu de sentier, la superbe décoration de l'immeuble de Grisbi)... Et même quand arrivent l'heure des révélations sur le secret de la puissance de Saitama, les choses finissent vite par prendre une tournure comique tant tout le monde est incrédule. Par ailleurs, pour tout ça, soulignons une nouvelle fois la qualité de la traduction française, qui s'applique vraiment à servir au mieux chaque gag de façon inspirée.
Et puis, la patte visuelle de Murata reste à nouveau un bonheur, pour toutes les raisons déjà évoquées sur le tome 1. Que ce soit pour les moments intenses ou au contraire pour les passages complètement idiots et drôles, le dessinateur sait alterner très facilement les styles, tout en offrant de grands moments de mise en scène, entre variété des angles de vue, effets de flou, utilisation très savante des onomatopées...

Dans tout ça, le principal reproche peut concerner le rôle pour l'instant assez moindre d'un Genos peu utile dans la première partie et quasiment absent dans la deuxième. Le premier allié de Saitama a ici un peu de mal à percer, mais nous ne sommes encore qu'au début de l'oeuvre. A contrario, même si pour l'instant le schéma reste linéaire, quelques nouveaux éléments viennent doucement faire leur apparition pour éventuellement enrichir la suite, à commencer par la découverte de l'almanach des superhéros, et l'apparition d'une sorte de rival en la personne de Sonic le Foudroyant, que les auteurs s'appliquent beaucoup à introduire dans la deuxième partie du tome.

Une fois l'effet de surprise du premier volume passé, One-Punch Man se maintient très bien grâce à sa déferlante d'humour et à ses visuels très souvent aux petits oignons. Il n'y a aucune raison de bouder son plaisir si l'on a aimé le premier volume, mais il est clair que l'on attend désormais de voir l'univers s'enrichir de manière plus conséquente.
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