Black Bullet

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
Rider on the Storm
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Black Bullet

Message non lu par Koiwai » 23 févr. 2016, 20:49

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Tome 1 :

A l'origine de Black Bullet, on trouve une série de romans de type light novel débutée en 2011 par Shiden Kanzaki, illustrée par Saki Ukai et comptant à ce jour 7 tomes. Obtenant rapidement un certain succès, ces romans se voient adaptés dès 2012 en un manga dessiné par Morinohon, jeune dessinateur signant là son premier manga professionnel après avoir dessiné quelques doujinshi. Ce manga tire sa révérence en 2014, tandis qu'une adaptation animée est diffusée entre avril et juillet 2014, collant ainsi à la fin du manga.

En France, la saga s'est faite connaître par son adaptation animée dès 2014 avec sa diffusion en simulcast sur Wakanim, avant de sortir sur support physique chez Black Box en 2015. Malgré une certaine popularité sur le coup de sa diffusion, on ne peut pas dire que cet anime, souvent critiqué pour sa médiocrité et ses incohérences, a réellement marqué. Cela n'empêche toutefois pas les éditions Doki-Doki de nous amener en ce début d'année 2016 la version manga... que l'on aurait sans doute tort d'enterrer trop vite !

Mais reprenons depuis le début, avec le pitch de base. En 2021, un virus dévastateur, le gastrea, a semé le chaos sur la planète Terre, les humains touchés par celui-ci devenant sujet à d'étranges et dangereuses mutations les rendant agressifs. Dix ans plus tard, ce qui reste de l'humanité s'est regroupé dans des villes protégées par les Monolithes, gigantesque sculptures faites d'un métal repoussant les monstres, et ainsi la planète a été laissée aux mains du virus. En parallèle ont été mises en place des agences privées de sécurité civile anti-gastrea, préservant la paix en ville en combattant les cas de gastrea qui se déclarent. Les agents se battent en binômes bien définis : l'initiator possède une importante puissance car il est porteur de cellules de gastrea, tandis que le promoter et là pour gérer la situation et épauler l'initiator. Jeune lycéen a priori comme les autres, un peu flemmard, souvent en retard en cours et assez passe-partout de prime abord, Rentarô Satomi est pourtant l'un de ces promoter, et, pour le compte de l'agence Tendô gérée par son amie Kisara, a pour charge depuis un an de faire équipe avec l'initiator Enju Aihara, une fillette de dix ans.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le récit nous plonge très vite dans le vif du sujet, puisqu'en premier lieu seule une page vient apporter les explications de base histoire de contextualiser un minimum les choses, avant qu'une grosse moitié du tome ne nous invite à suivre l'une des missions de Rentarô contre un redoutable monstre prenant la forme d'une araignée sauteuse. C'est l'occasion de nous familiariser à l'ambiance générale, qui se voudra frénétique et très rythmée, et au style graphique de Morinohon qui s'avère amplement efficace ! Sans être d'une originalité folle, le coup de crayon peut compter sur une expressivité sans failles et une certaine densité qui servent très bien un découpage très vif, virevoltant et offrant plus d'une fois des vues variées, immersives et impactantes. On le devine dès ces premières dizaines de pages, on aura là un divertissement privilégiant le rythme et l'action, pour un résultat qui se suit avec plaisir, et où l'on attend également une certaine diversité dans la dégaine des monstres.

Cette entrée en matière assez musclée, en plus de nous acclimater d'emblée au rythme que proposera l'oeuvre, permet également de poser les tout premiers éléments concernant l'univers et les principaux personnages. Cela dit, c'est surtout la deuxième partie du volume qui permet d'appréhender un peu mieux ces éléments en les approfondissant.
Ainsi, après leur entrée en scène mouvementée, Rentarô et Enju laissent un peu mieux entrevoir leur relation et leurs objectifs respectifs : leur vie commune depuis un an qui a considérablement changé leur personnalité autrefois plus sombre ou solitaire, les amusantes façons dont la très vivante fillette montre son affection pour l'adolescent qui a su ouvrir son coeur, le désir de tous deux de retrouver la trace de parents disparus... mais aussi les blessures ancrées en Enju à cause de son statut d'"enfant maudit", ce qui permet en filigranes de présenter le sort dramatique et incertain de ces gosses ayant inoculé le virus avant même de naître. Un drame salvateur pour l'humanité puisque ces initiator ont dès lors acquis la puissance et la capacité à affronter le gastrea, mais également un drame cruel sur le plan personnel, avec des parents devenant parfois fous en voyant ce que sont leurs enfants, d'autres tentant carrément de les tuer, sans oublier toutes les brimades que peuvent subir ces êtres différents des humains normaux. L'occasion d'évoquer brièvement, en toile de fond, des thématiques comme le racisme, la peur et la haine de ce qui est différent, via le sort cruel de ces enfants.
A cela, il faut ajouter la lente mise en place d'un fil conducteur avec une menace d'un genre nouveau et une mission où il faudra sans doute empêcher la destruction de Tokyo, et quelques personnages secondaires que l'on attend encore de voir décoller. Parmi eux l'extravagante et un peu foldingue Dr Sumire Muroto amuse un peu, d'autres ne font qu'apparaître brièvement, mais on retient surtout Kisara Tendô, directrice de l'agence Tendô et amie (voire plus ?) de Rentarô, qui semble elle-même être rongée par bien des tourments...

Il y a, en somme, tout ce qu'il faut pour entretenir tout au long des 4 tomes un univers apte à offrir un honnête divertissement de science-fiction : un monde un brin apocalyptique suffisamment présenté où la lutte de l'humanité se mêle aux tourments et buts personnels des héros, des héros plutôt bien campés, quelques thématiques assez porteuses... Il ne faut toutefois pas se leurrer : on reste dans du pur classique de SF et la plupart des éléments sont présentés de façon rapide, même si efficace, de façon à rendre le récit plus crédible. Ce sont bien le rythme et l'action qui semblent devoir primer si l'on se fie à ce seul premier tome, et pour tout ça on a une copie claire et prenante qui se suit d'une traite sans le moindre déplaisir. Il ne reste plus qu'à confirmer ces débuts plutôt prenants !

Doki-Doki nous a habitués à des éditions soignées, ici c'est à nouveau le cas : premières pages en couleur, papier souple et suffisamment épais, bonne qualité d'impression, traduction enlevée et vivante de l'expérimenté Thibaud Desbief... Le seul reproche à faire concerne le synopsis de la quatrième de couverture, où "gastrea" devient "gastrae", et où "Enju Aihara" devient "Enju Haira".
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Re: Black Bullet

Message non lu par Koiwai » 17 mars 2016, 10:33

Tome 2 :

Rentarô et Enju ont été conviés au Ministère de la Défense aux côtés d'autres Promoters et Initiators, l'occasion de mieux faire connaissance avec certains visages, comme le hardi Shogen Ikuma et sa Promoter de niveau 1000 Kayo qui forment un redoutable duo, ou bien sûr Kikunojô Tendô et Mlle Seitenshi, dont on cerne un peu mieux certains rapports, notamment avec Kisara.

Mais si tout ce beau monde a été réuni, ce n'est pas pour rien : mission leur est confiée de dénicher le foyer de contamination du montre araignée, mission de prime importance car celle-ci a avalé une mallette qui contient l'héritage de sept étoiles, élément énigmatique qui, s'il tombait entre de mauvaises mains, pourrait provoquer la prie des catastrophes : la disparitions de monolithes protégeant la cité... Hélas pour nos héros, un individu aussi excentrique que dangereux fait son apparition en déclarant haut et fort son intention d'acquérir la mallette, pour des raisons qui ne sont aucunement louables !

Dans un début de tome mouvementé, on note surtout le réel décollage de l'intrigue principale de cette courte série, avec l'arrivée de l'intrigue sur l'héritage des sept étoiles et, surtout, l'entrée en scène d'un antagoniste assez marquant en la personne de Kagetane Hiruko, à qui la dégaine assez extravagante et l'art de l'entrée en scène et de l'élocution offrent un certain charisme, et dont le danger est parfaitement présente via son Initiator, la petite Kohino, sa propre fille un brin psychopathe.

Pour revoir l'intrigue autour de la mallette décoller, il faudra toutefois attendre la fin du volume, car une bonne partie du tome s'intéresse ensuite à un élément brièvement évoqué dans le premier volume et qui fait tout le sel de l'oeuvre : le racisme dont sont victimes les enfants maudits. Ainsi l'occasion nous est-elle donnée de mieux cerner toute la tragédie de la situation de ces pauvres gosses qui n'ont rien demandé, via quelques exemples assez marquants, et où le plus terrible reste toutefois celui réservé à Enju, qui voit soudainement tous ses amis s'éloigner d'elle quand ils apprennent sa véritable nature... Comment s'en sortira-t-elle ? Tiendra-t-elle le coup ?
La métaphore de cette société dystopique, dénonciatrice du racisme, est évidemment déjà vue, mais Morinohon parvient à la mettre en avant de façon très marquante, tant le sort d'Enju parvient à être touchant. On retrouve cette jeune fille, si enjouée et caractérielle dans le premier tome, dans une position de faiblesse, de fragilité et d'incertitude assez terrible, qui capte très facilement notre émotion et qui amène un background plus étoffé à l'oeuvre. Au bout du compte, c'est aussi sa relation avec Rentarô qui en ressort plus poignante, ce dernier quittant ses airs nonchalants pour montrer une réelle inquiétude et bienveillance envers sa jeune partenaire.

Le résultat est vraiment prenant, d'autant que le trait incisif et expressif du dessinateur participe pleinement à l'atmosphère, et qu'on y déniche quelques merveilles côté angles de vue et encrage.

Mieux que de confirmer simplement les promesses du tome 1, le second volume bonifie réellement une série qui, pour l'instant, en a sous le coude. Sans se prétendre très originale, cette courte adaptation manga s'avère suffisamment bien menée, immersive, poignante et prenante. Une affaire à suivre de très près sur la deuxième moitié !
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