Enfer et Paradis
Posté : 04 nov. 2007, 17:05
Auteur : Oh ! Great (Ogure Ihto)
Nombre de volumes Japon / France : 16 (série en cours) chez Shueisha / 16 (en cours) chez Panini Manga
Résumé
A l'institut Todo d'initiation aux arts martiaux, Maya Natsume, sa sœur Aya et Masataka Takayanagi mènent une existence sans problème jusqu'au jour où deux étudiants décident de perfectionner leur technique de combat en agressant les élèves des classes supérieures. La vie devient alors un enfer...
L'auteur
Enfer et Paradis (ou Tenjo Tenge ou bien encore TenTen au Japon) est un des fleurons de l'Ultra Jump depuis 1997. Il s'agit de la première longue série de l'auteur, déjà responsable auparavant de séries courtes, notamment dans le domaine du hentaï. L'auteur fait donc partie d'une catégorie assez réduite d'auteurs de hentaï étant passé dans le manga plus "mainstream", même s'il ne renie pas pour autant son passé en dessinant plus souvent qu'à son tour des nymphettes très dévêtues ...
Le dessin
Parlons tout d'abord de ce qui paraît être le plus important pour un auteur de hentaï, le dessin. Hé bien, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on est très loin du tâcheron Aki Katsu (Step Up, Psychic Academy et autres merdes), ancien dessinateur de hentaï : Oh Great connaît son métier et livre un très bon dessin, même si les 5 premiers tomes s'illustrent par un dessin fluctuant et des visages pas très réussis. Mais après ces 5 tomes, le dessin ne va qu'en s'améliorant, pour devenir réellement sublime depuis les 3-4 derniers tomes parus à l'heure actuelle. On peut d'ailleurs se demander comment l'auteur fait pour mener de front 2 séries (TenTen et Air Gear, un shônen qui paraît chez Kodansha dans le Shônen Magazine) sans que son dessin s'en ressente (et les assistants n'expliquent pas tout).
Le trait de l'auteur est très agréable, notamment en ce qui concerne les jeunes femmes au physique toujours très avantageux, mais pas seulement : le manga regorge de personnages aux physiques très différents (beaux gosses, "extraterrestre", baraques) mais toujours très réussis. De plus, l'auteur maîtrise parfaitement tous les registres graphiques, du réaliste au SD, voire le graffiti (même si dans ce cas précis, Air Gear est bien meilleur).
L'histoire
Mais un manga, ce n'est pas que du dessin, c'est aussi un scénario. Et là, la surprise est de taille : là où on aurait pu s'attendre à un manga bas-de-front mêlant scènes plus ou moins érotiques et baston violente (comme dans les clones proposés par le même éditeur français ...), on se retrouve face à un titre au scénario complexe avec moults personnages, et recourant beaucoup au flashback : sur fond de tournoi à l'intérieur de l'école, se greffe une intrigue prenant source à la fin du XVIIème siècle, période abondamment évoquée dans les mangas, en y incorporant des éléments mythologiques japonais. Pour (vraiment) simplifier, on pourrait dire que les personnages de la série ne sont que des pions sur un échiquier prenant racine dans des considérations immémoriales. La structure du manga se présente comme telle pour l'instant :
- Tomes 1 à 4 : Arrivée de Soichiro et de Bob, rencontre avec les membres du club Juken, combat contre le club des Exécuteurs.
- Tomes 4 à 8 : Premier long flashback : rencontre entre Mitsuomi et Aya ; évocation du frère des soeurs Natsume, Shin ; Mort tragique de ce dernier.
- Tomes 8 à 14 : Préparatifs du prochain tournoi ; Révélations sur Soichiro et sur la lutte entre les 12 familles du Phénix ; Combats contre les héritiers ralliés à Mitsuomi
- Tomes 14 à 16 : Flashback remontant à la fin du XVIIème siècle
- Tome 16 à ? : Début du tournoi
L'un des principaux intérêts de ce manga, outre le dessin, c'est le fait qu'il n'y ait pas véritablement de héros : Soichiro et Bob sont présentés comme les héros du manga au tout début du titre, mais on se rend compte qu'ils sont dépassés autant par la force que par les évènements, et il faut presque attendre 10 tomes avant que Soichiro se révèle véritablement, sans forcément écraser les autres personnages d'ailleurs.
Les héroïnes seraient-elles les soeurs Natsume ? Aya a effectivement un rôle très important (peut être même le plus important puisqu'elle figure en bonne place dans le flashback et qu'elle a pris la tête du Juken) mais sa soeur a un rôle un peu plus effacé et son potentiel reste assez mystérieux, mais elle n'a en tout cas rien à voir avec la ravissante idiote telle qu'elle apparaît dans les premiers chapitres.
Et si le vrai héros était Mitsuomi ? La question mérite d'être posée, car c'est lui qui semble autant tirer les ficelles que subir les évènements de l'histoire. Il est de loin le personnage le plus fort et le plus tourmenté du manga, mais c'est aussi le plus ambigu : c'est à la fois l'ennemi et l'ami intime d'Aya, lié à elle par un évènement tragique du passé. Il semble tenir toutes les clés de l'intrigue en main, mais on se rend compte qu'il a autant d'amis fidèles que d'alliés de circonstance aux motivations personnelles.
En conclusion
Loin du vulgaire titre "Q et baston" attendu, on est en face d'un titre complexe, pas toujours facile à suivre, déstabilisant dans les sautes d'humeur de l'auteur entre humour et sérieux (mais trop de sérieux aurait tué le titre, je pense), avec quelques scènes assez complaisantes (un viol dans le premier volume qui laisse peu de traces chez sa victime) mais qui reste cependant un bon titre, (très) bien dessiné, et qui vaut mieux que toutes les daubes clonées que Panini a tenté de refourguer au lectorat, en vain vu les bides enregistrés (Real Bout Highschool, Ikkitousen, Péridot).
Nombre de volumes Japon / France : 16 (série en cours) chez Shueisha / 16 (en cours) chez Panini Manga
Résumé
A l'institut Todo d'initiation aux arts martiaux, Maya Natsume, sa sœur Aya et Masataka Takayanagi mènent une existence sans problème jusqu'au jour où deux étudiants décident de perfectionner leur technique de combat en agressant les élèves des classes supérieures. La vie devient alors un enfer...
L'auteur
Enfer et Paradis (ou Tenjo Tenge ou bien encore TenTen au Japon) est un des fleurons de l'Ultra Jump depuis 1997. Il s'agit de la première longue série de l'auteur, déjà responsable auparavant de séries courtes, notamment dans le domaine du hentaï. L'auteur fait donc partie d'une catégorie assez réduite d'auteurs de hentaï étant passé dans le manga plus "mainstream", même s'il ne renie pas pour autant son passé en dessinant plus souvent qu'à son tour des nymphettes très dévêtues ...
Le dessin
Parlons tout d'abord de ce qui paraît être le plus important pour un auteur de hentaï, le dessin. Hé bien, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on est très loin du tâcheron Aki Katsu (Step Up, Psychic Academy et autres merdes), ancien dessinateur de hentaï : Oh Great connaît son métier et livre un très bon dessin, même si les 5 premiers tomes s'illustrent par un dessin fluctuant et des visages pas très réussis. Mais après ces 5 tomes, le dessin ne va qu'en s'améliorant, pour devenir réellement sublime depuis les 3-4 derniers tomes parus à l'heure actuelle. On peut d'ailleurs se demander comment l'auteur fait pour mener de front 2 séries (TenTen et Air Gear, un shônen qui paraît chez Kodansha dans le Shônen Magazine) sans que son dessin s'en ressente (et les assistants n'expliquent pas tout).
Le trait de l'auteur est très agréable, notamment en ce qui concerne les jeunes femmes au physique toujours très avantageux, mais pas seulement : le manga regorge de personnages aux physiques très différents (beaux gosses, "extraterrestre", baraques) mais toujours très réussis. De plus, l'auteur maîtrise parfaitement tous les registres graphiques, du réaliste au SD, voire le graffiti (même si dans ce cas précis, Air Gear est bien meilleur).
L'histoire
Mais un manga, ce n'est pas que du dessin, c'est aussi un scénario. Et là, la surprise est de taille : là où on aurait pu s'attendre à un manga bas-de-front mêlant scènes plus ou moins érotiques et baston violente (comme dans les clones proposés par le même éditeur français ...), on se retrouve face à un titre au scénario complexe avec moults personnages, et recourant beaucoup au flashback : sur fond de tournoi à l'intérieur de l'école, se greffe une intrigue prenant source à la fin du XVIIème siècle, période abondamment évoquée dans les mangas, en y incorporant des éléments mythologiques japonais. Pour (vraiment) simplifier, on pourrait dire que les personnages de la série ne sont que des pions sur un échiquier prenant racine dans des considérations immémoriales. La structure du manga se présente comme telle pour l'instant :
- Tomes 1 à 4 : Arrivée de Soichiro et de Bob, rencontre avec les membres du club Juken, combat contre le club des Exécuteurs.
- Tomes 4 à 8 : Premier long flashback : rencontre entre Mitsuomi et Aya ; évocation du frère des soeurs Natsume, Shin ; Mort tragique de ce dernier.
- Tomes 8 à 14 : Préparatifs du prochain tournoi ; Révélations sur Soichiro et sur la lutte entre les 12 familles du Phénix ; Combats contre les héritiers ralliés à Mitsuomi
- Tomes 14 à 16 : Flashback remontant à la fin du XVIIème siècle
- Tome 16 à ? : Début du tournoi
L'un des principaux intérêts de ce manga, outre le dessin, c'est le fait qu'il n'y ait pas véritablement de héros : Soichiro et Bob sont présentés comme les héros du manga au tout début du titre, mais on se rend compte qu'ils sont dépassés autant par la force que par les évènements, et il faut presque attendre 10 tomes avant que Soichiro se révèle véritablement, sans forcément écraser les autres personnages d'ailleurs.
Les héroïnes seraient-elles les soeurs Natsume ? Aya a effectivement un rôle très important (peut être même le plus important puisqu'elle figure en bonne place dans le flashback et qu'elle a pris la tête du Juken) mais sa soeur a un rôle un peu plus effacé et son potentiel reste assez mystérieux, mais elle n'a en tout cas rien à voir avec la ravissante idiote telle qu'elle apparaît dans les premiers chapitres.
Et si le vrai héros était Mitsuomi ? La question mérite d'être posée, car c'est lui qui semble autant tirer les ficelles que subir les évènements de l'histoire. Il est de loin le personnage le plus fort et le plus tourmenté du manga, mais c'est aussi le plus ambigu : c'est à la fois l'ennemi et l'ami intime d'Aya, lié à elle par un évènement tragique du passé. Il semble tenir toutes les clés de l'intrigue en main, mais on se rend compte qu'il a autant d'amis fidèles que d'alliés de circonstance aux motivations personnelles.
En conclusion
Loin du vulgaire titre "Q et baston" attendu, on est en face d'un titre complexe, pas toujours facile à suivre, déstabilisant dans les sautes d'humeur de l'auteur entre humour et sérieux (mais trop de sérieux aurait tué le titre, je pense), avec quelques scènes assez complaisantes (un viol dans le premier volume qui laisse peu de traces chez sa victime) mais qui reste cependant un bon titre, (très) bien dessiné, et qui vaut mieux que toutes les daubes clonées que Panini a tenté de refourguer au lectorat, en vain vu les bides enregistrés (Real Bout Highschool, Ikkitousen, Péridot).