Auteur: Fumiyo Kouno
Editeur: Kana
Collection: Made In
Série terminée, un volume.
Hiroshima, 1955.
Comment vivre normalement, comme une jeune fille, en ayant été témoin de tant d’horreur ? C’est sur cette interrogation que l’on ouvre “le Pays des Cerisiers”, récit poignant et lyrique sur la nécessité de se reconstruire et de s’apercevoir que la vie vaut quand même la peine d’être vécue...
Avis:
Le pays des cerisiers est un recueil de trois histoires. Chaque récit peut être lu indépendamment des autres, mais malgré tout les trois restent liés.
Pour ne pas vous dévoiler trop d'éléments, j'ai choisi de vous parler uniquement de la première nouvelle, intitulée "La ville du Yûnagi".
Le Yûnagi est un terme japonais qui évoque un temps lourd, sans souffle, pesant et chaud.
Comme vous vous en doutez, au delà de la question climatique, il fait référence à ce jour fatidique du 06 du août 1945.
Fumiyo Kouno nous narre la vie de Minami Hirano, jeune fille d'une vingtaine d'années qui a survécu au terrible bombardement.
Par de multiples références, évidentes ou parfois plus implicites, l'auteur nous fait découvrir avec beaucoup de justesse le quotidien d'un peuple traumatisé, qui essaie de se remettre tant bien que mal de cet horrible évènement. Mais c'est parfois difficile, entre les problèmes de logement, de chômage, sans compter le désoeuvrement d'une certaine partie de la population qui n'arrive pas à se remettre....
Pourtant notre héroïne fait face. Elle travaille tout en aidant sa mère à la maison (si on peut appeler le lieu où elle vit maison). Mais Minami est assaillie par les souvenirs du bombardement, ce qui la rend incapable d'être totalement heureuse... Le sentiment de culpabilité qui la ronge semble trop lourd à porter, pour elle qui a survécu alors que tant d'autres sont morts.
C'est ainsi que nous découvrons le destin de cette jeune fille...
Les dessins, de prime abord simplistes, se révèlent particulièrement beaux et caractéristiques du style particulier de l'auteur. Ils servent et mettent en valeur la profondeur d'un récit qui s'attache à nous montrer le quotidien d'une survivante, sans jamais tomber dans une surenchère ou un excès de morale qui se relèverait particulièrement indigeste.
Une oeuvre que je conseille vivement à tous ceux qui; comme le dirait Boilet; veulent lire de la manga autrement.
C'est par ailleurs un cadeau idéal pour Noël.
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Hana - Bôro
Auteur: Hisae Iwaoka
Editeur: Kana
Collection: Made in
Série terminée, un volume.
Recueil d'histoires, qui décrit le quotidien de plusieurs personnages de l'école des cerisiers, écoliers, collégiens ou professeurs. Chacun d'eux sera l'objet d'un sujet sérieux comme la solitude, la fuite du temps, la nostalgie, ou l'intégration difficile dans la société japonaise, mais avec toujours une note d'espoir....
Avis:
Hana-Bôro est un recueil de 10 petites histoires ayant pour trame de fond l'école.
Le but de d'Hisae Iwakoa est de dépeindre la société Japonaise, tout en défendant certaines valeurs qui lui sont chères comme l'amitié, la compassion...
Pour cela elle met en scène des personnages d'âges et d'horizons différents. C'est une bonne chose, car le lecteur peut s'identifier ou se reconnaître dans certains intervenants de ce récit qui se destine à tous les types de lecteurs: jeunes ou âgés, écoliers ou salariés...
Malheureusement, le postulat sympathique de ce one shot n'empêche pas un traitement plutôt hasardeux... En effet les histoires sont assez inégales entre elles: certaines m'ont enthousiasmées, d'autres plues, et quelques unes m'ont laissées de marbre.
J'ai eu également la désagréable sensation que l'auteur se perdait quelques fois dans sa narration... Ce qui l'amenait à s'engager parfois sur des chemins délicats: notamment dans la neuvième nouvelle qui traite du passage de l'enfance à l'adolescence. Elle y fait apparaître des éléments de science fiction. Je trouve ça un peu maladroit lorsqu'on écrit un manga de type "tranche de vie".
Il n'empêche que ce titre reste globalement très sympathique. Certaines nouvelles méritent vraiment d'être lues. Il fait partie d'une catégorie assez rare de manga où il peut y avoir une lecture à deux niveaux, ce que j'apprécie beaucoup.
On peut dire que le style graphique de l'auteur reste assez spécial. La manière de dessiner ses personnages est très simpliste et enfantine, limite SD (tête ronde et disproportionnée par rapport au reste du corps, yeux très petits). D'un côté elle participe à créer une ambiance "bonne enfant" tout en donnant un petit côté poétique à l'oeuvre. Mais d'un autre côté, elle rend parfois hasardeuse la différentiation entre les personnages enfants et jeunes adultes, qu'on ne peut identifier avec certitude qu'en regardant les habits qu'ils portent.
Par contre les fonds sont très détaillés et particulièrement jolis.
En définitive, je ne conseillerai Hana-Bôro qu'aux lecteurs chevronnés du style "tranche de vie / social", car bien que très sympathique dans l'ensemble, l'oeuvre finit par souffrir de quelques défauts gênants. Globalement bon, mais j'ai vu mieux dans le même style.
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Journal d'une disparition
Auteur: Hideo Kazuma
Editeur: Kana
Collection: Made in
Série terminée, un volume
Lassé par la routine du dessinateur face à ses planches et écrasé par la pression inhérente à son travail et, Hideo Azuma, un " mangaka " célèbre, décide, du jour au lendemain, de quitter son boulot et de mettre fin à ses jours.
Après l'échec de son suicide, il décide de vivre dans la rue en SDF. Son temps est dès lors consacré à trouver de quoi se nourrir afin d'améliorer son quotidien précaire...
Avis:
Avec Journal d'une disparition, Hideo Azuma nous fait découvrir le quotidien d'un homme (en l'occurrence lui même) qui; submergé par la déprime et l'angoisse; décide de "prendre le large", en abandonnant foyer et travail pour devenir SDF.
C'est ainsi que nous découvrons le nouveau quotidien de notre héros en tant que sans abri. C'est la première partie du récit intitulée "Marcher dans la nuit", dans laquelle la difficulté de trouver de la nourriture et lutter contre le froid deviennent les nouveaux défis d'Azuma.
Dans la deuxième partie, "Marcher dans la ville", notre héros toujours en cavale travaille dans une entreprise du bâtiment et découvre les difficultés physiques qu'un tel travail induit.
Enfin, la dernière partie, plus grave que les précédentes, traite de l'alcoolisme et nous montre Azuma sombrant dans une déchéance physique et morale. C'est "le pavillon des alcooliques".
Journal d'une disparition fait partie de mes coups de coeurs de l'année 2007. Il dépeint avec justesse la déchéance d'un homme qui ne trouve plus son compte dans la société dans laquelle il vit.
Sans tomber dans le misérabilisme et en évitant le discours moraliste, le récit s'attache uniquement à nous faire découvrir les tribulations d'un homme, en conservant un regard détaché. Les dilemmes et les tourments du héros sont bien évidemment abordés, mais presque toujours de manière burlesque.
Ça n'empêche pas quelques critiques implicites, notamment sur les éditeurs de manga qui "mettent constamment la pression" sur leurs auteurs, sans jamais se soucier d'eux mais plutôt des 16 planches qu'ils doivent rendre chaque semaine.
Cette histoire a aussi des côtés didactiques. Dans la troisième partie où Azuma est hospitalisé, nous apprenons pas mal de choses sur l'organisation d'un secteur hospitalier au Japon.
Le dessin, assez simpliste et drôle, semble avoir la tâche d'alléger un récit assez sérieux. Le design du héros est également intéressant, notamment au niveau des yeux qui sont complètement différents l'un de l'autre... Un double regard sur la société?
Chaque est le plus souvent saturée de petits cases. Le récit est donc dense sans jamais être lourd. Mais la lecture peut parfois s'avérer délicate.
En définitive, Journal d'une disparition fait partie de ses oeuvres à découvrir absolument. Encore plus que pour Hana - Bôro, une multitude de niveaux de lectures sont à envisager pour le plus grand bonheur du lecteur.
Ce titre est dans la sélection officielle d'Angoulême 2008. J'espère qu'il recevra un prix.
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Corduroy
Auteur: Naito Yamada
Editeur: Kana
Collection: Made in
Série terminée, un volume
Avis: bientôt
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A scene/B scene
Auteur: Taketomi Tomo
Editeur: Kana
Collection: Made in
Série terminée, 2 volumes
Avis:
-------------------------------------------------------------------------------------Kuro a écrit :Ces deux ones-shot nous racontent 11 histoires très différentes, certaines sont plus réussies que d'autres et auraient pu tenir sur quelques tomes si les personnages avaient été plus développés, et l'histoire poursuivie.
Donc on peut rester sur sa faim lorsqu'on passe d'une histoire a une autre, mais d'un coté cela apporte du renouvellement au manga, c'est par ces différents récits que je ne me suis pas ennuyé, d'autant plus que Taketomi a une vision assez humaniste, ses personnages peuvent inspirer la pitié parfois, si l'on se laisse porter par l'ambiance on compatit avec eux, une ambiance qui se veut parfois pessimiste, parfois optimiste, les situations dramatiques sont très présentes, mais le dénouement est toujours plus optimiste que la situation ou se trouvaient les personnages au départ.
D'autres histoires sont plus dispensables, mais néanmoins sympathiques. Taketomi explore pas mal de personnages différents, dommage que certains ne soient pas assez fouillés justement parce qu'il doit faire court. Mais dans l'ensemble ils sont terriblement attachants.
B scene m'a paru plus réussi que le premier, plus mature aussi, on regretterai un peu qu'il y ait pas de C scene...
Graphiquement c'est pas exceptionnel mais les traits collent bien a l'ambiance, la mise en page est plutôt classique mais efficace, un manga pas indispensable mais très accrocheur. Personnellement certaines histoires m'ont bouleversé, mais ca en valait la peine.
Je trouve que ce mangaka est assez prometteur, il travaille actuellement sur une autre série, Kono Koi wa minora nai, qui traite d'une histoire d'amour, en espérant qu'elle sera publiée ici un jour.
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Auteur: Erica Sakurasawa
Editeur: Kana
Collection: Made in
Séries terminées, 2 one-shot
Résumé d'angel nest: Après 5 ans de vie commune, Natsu et Ken se séparent car Ken est amoureux d’une autre femme. Dans l’appartement qu’elle partageait avec son ex-ami, alors qu’elle ne trouve pas le sommeil, Natsu voit apparaître devant elle Angel, jeune femme silencieuse dont le dos s’orne de deux ailes ! Angel s’installe avec la jeune femme et partage son quotidien. Mais Natsu n’est pas au bout de ses surprises, la maîtresse de Ken qui ne souhaite pas s’engager avec le jeune homme décide également de s’installer chez Natsu !
Avis: bientôt
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Tomonen
Auteur: Kenya Ohba
Editeur: Kana
Collection: Made in
Séries terminées, un volume
Avis:
Avec Tomonen, les éditions Kana nous proposent de découvrir dans leur collection Made In le talent atypique du mangaka et illustrateur Kenya Ohba, qui nous propose ici un recueil de fables de longueurs diverses, à l'origine conçues pour des fanzines.
Chacune des histoires met en scène des personnages, souvent des enfants, à qui il arrive divers évènements. L'incursion de l'élément fantastique n'est pas rare, à l'image de l'apparition d'une sorcière ou encore de peluches qui parlent. Ainsi, le ton est pourvu d'une douce féérie plaisante, ce qui n'empêche pas l'auteur d'aborder avec une certaine subtilité des sujets plutôt classiques comme l'acceptation de soi ou l'amour familial, tout en nous offrant des moralités légères, jamais catégoriques.
Tout ceci est bien servi par le style de l'auteur: le coup de crayon enfantin dégage une forte impression de douceur, de légèreté et d'insouciance, le tout étant encore renforcé, notamment, par le découpage original et des contours de cases volontairement irréguliers pour la plupart des histoires, ou encore par une bonne utilisation des différentes nuances de gris, qui donnent un effet pastel saisissant alors qu'il n'y a pourtant aucune couleur. Par ailleurs, on peut sentir, à travers certaines différences, l'évolution du très du mangaka. Egalement, l'ensemble est expressif, les décors variés et eux aussi propices à l'apparition d'une ambiance douce, enfantine et féérique.
Malheureusement, ce qui fait le charme de l'ouvrage est également ce qui peut le rendre moins appréciable. Le découpage, aussi intéressant soit-il, manque de clarté et peut rendre l'ensemble assez confus et poussif à suivre, nuisant au rythme du récit. Quant aux personnages, il n'est pas rare qu'ils manquent de profondeur selon les histoires.
Doté de défauts ayant tendance à prouver le manque d'expérience de l'auteur (on sent bien que le tout a été conçu pour le fanzinat), Tomonen est malgré tout doté de ce brin d'originalité et d'une ambiance réussie qui rendent le tout plutôt attachant.
Pas grand chose à reprocher à l'édition de Kana, si ce n'est une traduction parfois lourde, avec des tournures de phrases manquant de subtilité.
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Dien bien phu
Auteur: Daisuké Nishijima
Editeur: Kana
Collection: Made in
Séries terminées, un volume
Avis:
Gemini no Saga a écrit : "On connaît la bataille de Dien Bien Phu, pour la déroute française notamment. Bien que le titre n'ait (quasiment) rien à voir avec son contenu, une fois n'est pas coutume, un manga fait dérouler son récit au Vietnam mais ne déroge pas à la règle en utilisant la guerre du Vietnam comme cadre.
Cependant oubliez Fullmetal Jacket, et même le sergent Hartman, tout ici est déjanté, décalé. Vous l'aurez sans doute remarqué à la lecture du synopsis, l'absurde et le non-sens sont rois. L'humour ne fait pas mouche, le second degré ne prend pas. Le mangaka veut faire de l'original en veux-tu en-voilà, mais ça ne fonctionne pas pour la simple bonne raison qu'à tous les plans son manga est trop décalé.
Le scénario n'a ni queue ni tête, les personnages sont des clins d'oeil au cinéma : chinois pour ses combats style kung-fu etc... Les graphismes ne sont pas mauvais en soi, mais force est de constater que la symbiose avec le scénario est parfaite.
Dien Bien Phu ou comment perdre de l'énergie à comprendre en vain. Mauvaise expérience."
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Yumenosoko
Auteur: Hisae Iwaoka
Editeur: Kana
Collection: Made in
Séries terminées, un volume
Avis: Du même auteur que Hana-boro (voir plus haut dans l'article), le style est largement apte a decourager la plupart des lecteurs mais le fond, si il est moins gnangnan que dans Hana-boro, pourrait se reveler interessant. Je vous laisse juger pour l'achat de ce manga et j'espère vos avis ^^
Gemini no Saga a écrit : "Yumenosoko s'incrit parfaitement dans la politique éditoriale de Made in, à savoir des mangas dit d'auteur. C'est un one-shot d'une mangaka qui débute, et son style est très personnel.
Le dessin est enfantin, épuré, et ne souffre pas d'une quelconque recherche du détail, bref de réalisme. En revanche l'histoire quant à elle, même si on plonge dans les limbes, renvoie par petites piqûres à des réalités notamment le chagrin que peut causer la perte d'un être proche. Et c'est là le thème principal, assez bien traité avec une petite touche d'humour mais qui n'est pas très efficace.
Malheureusement le rythme est trop lent, les cases foisonnent alors qu'il ne se passe rien. A quoi bon parcelliser l'action alors qu'on pourrait la comparer à la vitesse d'une tortue ? De plus, les dialogues sont nombreux mais s'offrent le luxe de se répéter, et finalement ils sont pour la plupart vides de sens, inutiles.
Le tout forme quelque chose de très mélancolique, et extrêmement lent à lire. Difficile de considérer cette lecture comme agréable."
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in the clothes named fat
Auteur: Moyocco Anno
Editeur: Kana
Collection: Made in
Séries terminées, un volume
Son peu d'estime d'elle-même s'aggrave quand elle apprend que Saito la trompe avec la croqueuse d'hommes de son bureau, Mayumi, une ravissante et svelte femme qui a deja figure d'autorité sur leur lieu de travail.
Noko entreprend de maigrir pour enfin devenir belle et trouver le bonheur...
Avis: le titre "in the clothes named fat", litteralement "dans ces vetements appelés graisse", emprunte à l'image psychologique d'un manteau de misère protecteur et rassurant face à la froideur du monde qui nous entoure.
Nous retrouvons ici Moyocco Anno, également auteur des series happymania et chocola & vanilla, mais dans un genre dramatiquement plus serieux. Son style mignon/adorable laisse place a un dessin plus instinctif et depouillé definissant en quelques traits et sans complaisance des corps allant de l'obesité jusqu'aux ravages de l'anorexie.
Le ton est egalement beaucoup plus lourd. Traçant une vision bouleversante du dictat de la beauté et des normes imposées par une socièté de (toujours plus) de consommation qui ne laisse pas la moindre chance à la difference et au bien-être individuel.
Moyocco decrit, presque comme une experience personnelle (et en tout cas avec beaucoup de justesse), le parcours psychologique de Noko pavée de depressions, de phases de boulimie et de la honte qui s'en suit pour en arriver à des solutions radicales et un constat douloureux.
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Auteur : Tetsuya Toyoda
Éditeur : Kana, collection Made-in
Traducteur : Thibaud Desbief
Nbr. de volumes : 1 (One-shot)
À travers un récit sans artifice, sans paillettes, Tetsuya Toyoda nous emmène dans un univers triste et mélancolique. En s'attachant simplement à décrire le quotidien d'une jeune femme, abandonnée brutalement par son mari sans un mot d'explication, il parvient à faire ressortir dans son oeuvre toute la détresse de son héroïne, sa fragilité et sa force. Et tout du long du manga, une question taraude le lecteur et Kanae : qu'est ce qui a motivé cette décision, ce silence soudain ? Ils étaient mariés, ils devraient bien se connaître... En fait non, pas suffisamment, voire pas du tout.
Kanae se remet lentement de ce choc, notamment grâce à la présence d'Horii, homme mystérieux, un peu taciturne et à l'air blasé, mais très fiable et sur qui on peut compter. Support indispensable pour Kanae, pour éviter de sombrer. Tout comme le détective privé qu'elle a engagé pour retrouver Satoru. Homme très ouvert et direct, à chacun de ses rapports il ouvre un peu plus les yeux à Kanae sur ce que signifie une véritable relation. Connaître quelqu'un dans le fond, qu'est ce que ça veut dire ? Connaît-on quelqu'un parce qu'on sait ce que la personne aime, son passé, ses envies et ses habitudes ? Et si tout cela se révèlait être seulement un mensonge ? Pire encore, veut-on même seulement connaître la vérité ?
Ce sont ces questionnements qui porte Undercurrent, qui lui confère cette portée bien plus large et humaine que le simple récit d'une femme abandonnée par son mari. "Connaître quelqu'un, qu'est ce que cela signifie ?" est une question que nous sommes tous un jour ou l'autre amené à méditer. Toute personne garde en elle un ou des secrets qu'elle ne peut avouer à personne, même à ceux qu'elle aime. Satoru a fui pour échapper à quelque chose en lui qui lui pesait énormément; Kanae a tenté de refouler en elle un profond regret du passé; Quand à Horii... Chacun de ces personnages a affronté ses peurs d'une façon différente, à sa manière. Mais aucun ne l'a fait en se confiant à un de ses proches. Tous ont gardé le silence, de peur de ne pas être compris ou trop honteux pour en parler. Pas de la meilleure façon possible donc, mais ils ont géré leurs problèmes du mieux qu'ils l'ont pu à ce moment de leur vie, d'une façon humaine. Mais en fin de compte, c'est ce silence qui les a dévoré lentement et rendus tristes.
Mais malgré tout ces thèmes lourds de sens, ce manga se lit avec un sourire tranquille aux lèvres, ou un air mélancolique, au choix. Les petits détails du quotidien de Kanae et de Horii donnent le sourire et rend le tout plus concret et réaliste, nous plongeant davantage dans l'ambiance.
Mais Undercurrent ne serait pas ce qu'il est sans le dessin et la mise en page de Toyoda. Si l'ensemble peut sembler un peu froid, notamment à cause du sujet traité, c'est la vie qui prédomine tout du long du récit. Le travail sur les regards, les décors, les personnages, la portée des histoires intermédiaires... Un peu contemplatif parfois, tout ces éléments nous plongent encore plus dans l'ambiance, font avant tout ressortir la vie, et pas le désespoir, le regret ou la confusion, même si ceux sont toujours présents, prêt à ressurgir à tout moment. On prend vraiment son temps à la lecture, on réfléchit, on a le même air songeur ou peu un triste que les personnages face au évènements auxquels on assiste, et on regrette un peu en refermant le livre de ne pas pouvoir suivre davantage les personnages dans leurs vies et leurs évolutions.
Au final, malgré une fin un peu précipité mais très satisfaisante et ouverte, ce manga ne possède quasiment pas de défauts. Tous les chapitres apportent quelque chose à l'ensemble, les thèmes sont très bien traités, matures et profonds, et on achève sa lecture conscient d'avoir lu une histoire qui nous a fait réfléchir sur nous même et sur notre propre façon de vivre avec les autres.
Un manga comme il y en a trop peu et comme on aimerait en lire plus souvent.
(article initié par Shinob et Néun11septembre, avis complementaires de Kuro, Gemini no saga, Sorrow,...)