Made in TANIGUCHI (Seton, encyclo..., Icare, K, sommet)

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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né un11septembre
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Message non lu par né un11septembre » 19 janv. 2008, 13:56

quel bande de geeks on fait ^^°
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Daigoro
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Message non lu par Daigoro » 19 janv. 2008, 20:02

né un11septembre a écrit :quel bande de geeks on fait ^^°
si peu ... :roll:
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azimouille
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Message non lu par azimouille » 19 janv. 2008, 21:47

je pense pas que l'on soit considéré comme des geeks ... des otakus plutôt ...
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Crack
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Re: Made in TANIGUCHI (Seton, encyclo..., Icare, K, sommet)

Message non lu par Crack » 12 avr. 2008, 13:18

Dernièrement j'ai lu Le Sommet Des Dieux, que j'ai emprunté à ma bibliothèque de quartier. J'ai aussi emprunté Un Ciel Radieux, Terre de Rêves, et L'Homme de la Tourndra. Malheureusement il n'y avait pas Seton.

En tout cas j'ai été conquis par le Sommet des Dieux.
C'est un superbe manga. Quel travail de Taniguchi, quelle maturité, quelle sensibilité ! Cette oeuvre, consacrée à l'alpinisme, est une belle leçon de vie.
Les dessins sont à l'image du scénario, c'est à dire époustouflants ! Jiro Taniguchi nous offre ici des planches magnifiques, minutieusement travaillées, autant pour les personnages que pour les paysages montagneux.
Si vous n'y connaissez rien à la montagne et que cela ne vous interesse pas particulièrement, ça n'est pas une raison de ne pas s'attaquer à cette série. D'ailleurs je suis dans le même cas que vous. Et justement, j'ai énormément appris sur l'alpinisme grâce à ce manga, c'est vraiment passionant.
Le seul reproche possible, c'est que quelques fois l'histoire traîne un peu. Quelques passages sont assez longuets et inutiles. Mais cette lacune est pardonnée grâce à d'autres passages qui sont devenus cultes à mes yeux (Habu dans les grandes Jorasses, La dernière ascension dans l'Everest, etc...).
Quels que soient vos opinions sur l'alpinisme, il faut avoir lu ce manga, ne serait ce que pour découvrir le mangaka de génie qu'est Jiro Taniguchi.

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jojo81
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Re: Made in TANIGUCHI (Seton, encyclo..., Icare, K, sommet)

Message non lu par jojo81 » 20 déc. 2011, 16:47

Les années douces, tome 1
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(petit up pour un grand auteur)
A l'origine, Les années douces est un roman de Hiromi Kawakami. Le livre a été publié pour la première fois en France en 2003 chez Picquier éditions. Au Japon, c'est en 2009 que Jiro Taniguchi, grand maître de la bande dessinée contemplative, adapte Les années douces en manga.

«Je ne pourrai jamais l'appeler professeur Matsumoto. Pour moi, c'est et ce sera toujours le maître. Même si, en bonne et due forme, je devrais dire le professeur Harutsuna Matsumoto.»

Tsukiko est une femme de 37 ans employée dans un bureau. Le soir, elle a pris pour habitude de se rendre seule dans un petit bar. Elle y rencontre un homme d'une trentaine d'année plus âgé qu'elle. Elle se rend alors compte que, du temps du lycée, il était son professeur. C'est à travers des rendez-vous, le plus souvent improvisés, que Jiro Taniguchi nous narre avec beaucoup de finesse l'évolution des relations de ce couple.

Fidèle au style de Jiro Taniguchi, Les années douces est un manga qui se déroule lentement. C'est à travers le point de vu et les sentiments de Tsukiko, qui s'impose comme la narratrice de l'histoire, qu'est racontée cette histoire. L'auteur nous parle de ce couple d'amis à travers des scènes choisies du quotidien. Outre le fait de siroter du saké ensemble, on les observe se promener dans un marché ou alors cueillir des champignons en forêt. L'avancé du manga de Jiro Taniguchi est donc lente. Tsukiko prend son temps pour réfléchir et pour observer, que ce soit l'environnement qui l'entoure ou le maître qu'elle admire.

La relation entre le maître et Tsukiko progresse elle aussi tout en douceur. Il est bien compliqué de mettre un terme sur ce rapport complice. Bien plus que de simples amis, on ne peut pas non plus parler de romance. Pour Tsukiko, le maître est un personnage, un peu vieux jeu, plein de sagesse et de savoir. Inversement, il est difficile de se mettre à la place du maître pour savoir comment il voit Tsukiko. C'est juste suffisant pour se rendre compte qu'il apprécie sa présence, et qu'il aime autant lui faire découvrir de nouvelles choses que la taquiner.

Autour de cette relation, la vie continue. Le passé refait surface et l'avenir se dessine. Jiro Taniguchi nous montre que le maître est encore aujourd'hui attaché à sa femme qui l'a quitté il y a une quinzaine d'années. De son côté Tsukiko se remémore des faits avec son ancien amant qu'elle a perdu de vue. Aujourd'hui, il est marié avec une autre, mais Tsukiko ne peut s'empêcher d'avoir des regrets. On espère pour elle que ce genre de situation ne se produira pas avec le maître. Pour autant, la séduisante jeune femme se fait courtiser. C'est dans ces moments là qu'elle pourra se rendre compte de ce qu'elle ressent pour son ancien professeur.

Graphiquement, les habitués à Jiro Taniguchi reconnaîtront avec aisance son trait. Il faut bien avouer que le mangaka possède un style bien à lui et qui ne change pas réellement entre ses œuvres. Les personnages ne sont pas idéalisés. Jiro Taniguchi est un auteur réaliste et il nous le prouve en mettant en avant quelques petits défauts physiques. Cela n'entrave en rien la sensation agréable que dégage la lecture. On pourra cependant reprocher à l'auteur que ses personnages secondaires se ressemblent un peu trop. Rien de vraiment important donc. Les années douces est bien fourni au niveau des décors. Des thèmes variés et détaillés sont présentés. On s'en rend d'autant plus compte, que Jiro Taniguchi s'attarde dessus. L'aspect calme du manga provient en bonne partie de cela.

Concernant l'édition, c'est du classique dans le label Écritures de Casterman. On retrouve donc un grand format très agréable pour se délecter des planches de l'auteur, et un sens de lecture français. L'adaptation étant réussie, il est difficile de se plaindre de ce dernier choix.

Entre moments complices, petites disputes, éclats de rires, larmes solitaires, souvenirs du passé, vision de l'avenir et j'en passe, les relations humaines peintes par Jiro Taniguchi n'ont pas cessé de nous passionner. En définitive, le mangaka narre avec justesse et douceur les sentiments qui découlent de cette relation. Une histoire à déguster au calme, tout simplement.
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chachaaaa
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Re: Made in TANIGUCHI (Seton, encyclo..., Icare, K, sommet)

Message non lu par chachaaaa » 25 déc. 2011, 18:15

J'ai enfin lu Quartier Lointain, qui manquait véritablement à ma bibliothèque, mais mon frère a eu la bonne idée de me l'offrir pour noel :D
Pour tout dire, j'étais un peu réticente, j'avais peur que le coté "tranche de vie" m'ennuie. Certes, je me disais que si ce manga avait reçu toutes ces récompenses, il devait y avoir une raison, mais bon... Et puis le prix ne m'encourageait pas non plus, je dois avouer.

Bon, beh c'est une bonne claque dans la gueule :) Le manga se lie à une vitesse affolante tellement on est pris dedans. Ca faisait vraiment longtemps que j'avais pas été prise dans un manga comme ça. Bref, Taniguchi a un vrai don pour la narration, et je suis ravie d'avoir lu son oeuvre...
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shun
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Re: Made in TANIGUCHI (Seton, encyclo..., Icare, K, sommet)

Message non lu par shun » 25 déc. 2011, 19:57

chachaaaa a écrit :J'ai enfin lu Quartier Lointain, qui manquait véritablement à ma bibliothèque, mais mon frère a eu la bonne idée de me l'offrir pour noel :D
Pour tout dire, j'étais un peu réticente, j'avais peur que le coté "tranche de vie" m'ennuie. Certes, je me disais que si ce manga avait reçu toutes ces récompenses, il devait y avoir une raison, mais bon... Et puis le prix ne m'encourageait pas non plus, je dois avouer.

Bon, beh c'est une bonne claque dans la gueule :) Le manga se lie à une vitesse affolante tellement on est pris dedans. Ca faisait vraiment longtemps que j'avais pas été prise dans un manga comme ça. Bref, Taniguchi a un vrai don pour la narration, et je suis ravie d'avoir lu son oeuvre...
c'est pour ma part le seul que j'ai apprécié jusque maintenant de l'auteur! celui que j'ai le moins apprécié c'est "l'homme qui marche"
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Luciole21
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Re: Made in TANIGUCHI (Seton, encyclo..., Icare, K, sommet)

Message non lu par Luciole21 » 31 mars 2012, 22:22

Voici donc le dernier Taniguchi sortit en France que j'ai fini par lire.
Graphiquement, l'auteur n'est pas au mieux de sa forme mais bon, c'est une œuvre « vieille » donc on pardonne.
Il ne tire pas les rennes du scénario donc c'est à un certain Yumemakura que l'on va allez se plaindre au sujet des nombreux problèmes de scénario. Le thème de la réalisation de soi dans le combat est assez mal traité (le héros ne vie que pour vaincre un mec qui l'a battu dans le passé), la plupart des personnages secondaires qui auraient dû avoir leur heure de gloire ne servent finalement à rien et la fin et tout ce qu'il y a de plus bâclée. Pour ne rien arranger, les scènes de combat sont ennuyeuses la plupart du temps et la narration manque de fluidité (à voir si ça vient de la traduction).
L'édition est de bonne qualité même si on aurait apprécié une couverture colorisée.
Loin d'être le meilleurs des Taniguchi, lisez le si vous n'avez rien d'autre sous la main.
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Dernier coup de cœur manga : Chiisakobe (Minetaro Mochizuki)
Dernier coup de cœur franco-belge : Septs Nains (Lupano)
Dernier coup de cœur comics : Bone (Jeff Smith)
Dernier coup de cœur roman : La horde du contrevent (Alain Damasio)
Dernier coup de cœur film : Perfect Sense
Dernier coup de cœur jeux vidéo : Portal 2

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Luciole21
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Re: Made in TANIGUCHI (Seton, encyclo..., Icare, K, sommet)

Message non lu par Luciole21 » 05 avr. 2012, 16:45

Le promeneur :
Ayant bien l'intention de lire tous les Taniguchi, c'est au tour du Promeneur d'y passer.
Comme souvent, l'auteur nous livre un héros nostalgique mais cette fois-ci, il ne se livre pas à son travail habituel d'analyse des relations entre les individus, du moins pas directement. En effet il décide de mettre au premier plan des vieux quartiers qui se modernisent plus ou moins vite, tout en faisant l'éloge de la promenade et de ses vertus apaisante.
L’œuvre dégage une impression de sérénité, de calme absolu, le problème c'est qu'au final, on s’ennuie un peu de cette lecture, le tout est très poétique mais assez plat car redondant dans son schéma.
Au niveau des dessins, c'est très beau, la patte unique de Taniguchi colle parfaitement avec l'aspect tranquille, le tout encore renforcé par un très grand format et du papier glacé (exactement comme une bande dessiné). Rien à redire donc du côté de l'édition qui bénéficie également d'une interview très intéressante de l'auteur.
Si l’œuvre est apaisante et assez agréable à lire, on s'ennuie un peu à sa lecture. Seulement pour les plus grands fan de l'auteur.
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Raimaru
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Re: Made in TANIGUCHI (Seton, encyclo..., Icare, K, sommet)

Message non lu par Raimaru » 26 avr. 2013, 23:08

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Le Journal de mon Père - édition cartonnée
Yoichi est employé à Tôkyô depuis de nombreuses années. Un jour, il apprend le décès de son père et se rend à Tottori, sa ville natale. Cela faisait plus de dix ans qu’il ne l’avait pas vu. À la veillée funèbre, les discussions avec sa sœur, son oncle et les autres membres de sa famille sont autant d’occasions de mieux se souvenir de ce père de qui il s’est détourné, et de sa rupture avec sa mère, qu’il n’a pas revue depuis encore plus longtemps…

Le Journal de mon Père fait partie des œuvres emblématiques de Taniguchi, celles qu’on nous conseille en premier lorsqu’on souhaite s’attaquer à la bibliographie de l’auteur.

Avant même de commencer la lecture, Taniguchi glisse un mot sur le rabat de la jaquette, où il nous dit que se replonger dans l’ambiance de sa ville natale l’a rendu heureux. Et avec ce simple petit mot, il nous résume tout son travail : Le Journal de mon Père est un récit intimiste, où l’auteur nous transmet ses valeurs les plus chères, à savoir l’importance des liens familiaux et l’amour pour sa ville natale.

Tout le long du récit, Yoichi se remémore son enfance et les souffrances qu’il a endurées lorsque ses parents se sont séparés alors qu’il ne les a pas vus se déchirer au préalable. En dehors des flashbacks qui constituent le cœur du récit, on voit un Yoichi adulte, pris de remords de ne pas avoir conservé ses attaches.

Cette thématique de la famille est à même de toucher le plus grand nombre. Elle est d’ailleurs traitée d’une manière contemplative : le lecteur voyage dans le temps, à travers le XXème siècle à Tottori, pour voir une parcelle de la vie de cette famille, et pourquoi pas, se reconnaitre en elle. Car ici, Taniguchi évoque le concept de famille recomposée d’une bien belle manière, et arrive à le décrire d’une façon pertinente par rapport au contexte et aux mœurs de l’époque.

Le gros point fort du titre est sa narration qui sonne juste. L’histoire est pleine d’émotion. Pour autant, l’auteur n’en fait pas trop. Il se contente de raconter de la manière la plus simple possible l’histoire de Yoichi et de son père, et c’est ce qui rend la lecture si fluide et agréable, en ne l’alourdissant pas avec un pathos inutile. À ce sujet, on vante souvent les qualités du découpage de Taniguchi, force est de constater qu’il n’a pas usurpé sa réputation, puisque c’est ce découpage, inspiré de la bande dessinée franco-belge, et ce sens de la narration qui offrent cette fluidité.

L’édition cartonnée de Casterman est d’une grande qualité : présence de quelques pages couleur, excellent papier et couverture cartonnée solide, esthétique et qui n’empêche pas de tourner les pages. Le seul point sujet à débat est, bien évidemment, le sens de lecture de l’ouvrage, en l’occurrence le sens occidental. Casterman a l’habitude de traiter Taniguchi comme un auteur de bande dessinée classique en incluant nombre de ses travaux dans la collection Ecritures. Soucieux du respect de l’œuvre de Taniguchi, l’éditeur a tout de même désiré ne pas retourner toutes les pages façon miroir, comme les premiers éditeurs de manga le faisaient, mais plutôt a essayé de réarranger les cases. Le problème est que certaines cases ont forcément dues être retournées, car on perdait en cohérence. Résultat : pour certaines scènes dans un même lieu, on se retrouve avec une disposition réelle dans une case, et une disposition inversée du décor et des personnages dans la suivante, ce qui est assez troublant dans un même ouvrage. Cela n’entache toutefois pas vraiment le plaisir de lecture.

À travers le Journal de mon Père, Jirô Taniguchi nous rappelle à quel point l’amour de nos proches est important. On est difficilement insensible à une histoire de ce type. C’est avec une certaine envie de profiter de la présence de nos parents et no amis qu’on referme l’ouvrage.
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Trouble is my Business tome 1
Jôtarô Fukamachi est un privé. Le genre de personne qui voit la crasse du monde au quotidien. Il a des relations louches d’ailleurs : un yakuza, des flics véreux, un loueur d’arme vénal, une dentiste un brin désagréable qui lui loue un bureau pour son activité… Et entre deux affaires, sa fille lui suggère de raccrocher le métier pour reconquérir son ex-femme, qui ne supportait pas d’avoir un mari ayant une activité aussi glauque et dangereuse.
Dès les premières pages de Trouble is my Business, on voit qu’on n’a pas affaire à du Taniguchi habituel. Pour rappel, Taniguchi est principalement connu en France pour ses récits tranche-de-vie intimistes, souvent axés sur la famille. Ici, le dessin est brut, dur, bien que reconnaissable, et le découpage fait exactement penser aux films noirs d’il y a quarante ans.

On ne peut pas nier une chose : cette série joue énormément sur les clichés des films noirs, avec ses personnages poseurs et les thématiques qui s’y rapportent. Est-ce qu’en 2013, ce manga des années 1980 est totalement dépassé ? Non ! Pour deux raisons principalement.

La première, c’est que malgré le classicisme des histoires pour chaque chapitre, il y a quelque chose d’assez saisissant dans la façon de les raconter. Cet effet est probablement dû au style graphique du jeune Taniguchi, très détaillé et très obscur. Par exemple, l’une des premières choses qu’on voit dans le premier chapitre est Fukamachi en train de se regarder dans un miroir brisé pour voir s’il présente bien. Ce petit détail d’une case, typique de ces vieux films noirs, montre l’univers sale dans lequel le héros vit.

La deuxième, c’est que, oui, les histoires sont classiques, mais les auteurs ajoutent régulièrement des notes d’humour qui transforme l’allusion aux films noirs en parodie. Fukamachi est presque plus drôle que dur, tant il sait faire preuve d’humour en toutes circonstances. Pour autant, cela n’entrave en rien la force de certaines scènes sérieuses, comme cela a été le cas souvent dans City Hunter. Le deuxième chapitre évoque une femme, bonne épouse, sœur d’un yakuza, qui s’est enfuie pour tourner des films pornographiques. Tout est brutal dans ce chapitre : les scènes de sexe, grâce au graphisme puissant de Taniguchi, ainsi que la conclusion, presque choquante.

L’édition de Kana est de bonne qualité en terme matériel : le grand format et le papier sont de qualité. 18€ est un prix élevé, surtout pour un Taniguchi, titre qui fait vendre, mais l’objet est à la hauteur des espérances. En revanche, le traducteur use énormément de mots raccourcis (« p’têt », « p’tit »), et donne l’impression que tous les personnages sont des paysans (avec tout le respect que le rédacteur accorde à cette profession). Peut-être que les dialogues originaux allaient dans ce sens, mais la retranscription en Français, de cette manière, est assez étrange, et pas forcément des plus agréables à lire. À ce sujet, l’édition de Kana n’est pas avare en textes bonus, notamment les riches préfaces et postface de Jean-Pierre Dionnet et Karyn Poupée, ainsi qu’un extrait de la biographie du scénariste du manga, Natsuo Sekigawa. Cet auteur est connu pour avoir effectivement élaboré des scénarios pour Taniguchi à cette époque. En plus de Trouble is my Business, on lui doit Au Temps de Botchan. Cet extrait de biographie évoque le milieu des mangakas détourné en milieu de gangster. Malheureusement, cet extrait, qui raconte vaguement comme la série a été créée, est assez lourde à lire, et pas spécialement des plus enrichissantes.

Avec Trouble is my Business, Kana ose nous montrer Taniguchi comme on l’a rarement vu. On est bien loin des récits tranche-de-vie, et malgré les clichés, cette série est une lecture surprenante, intrigante, passionnante, pour peu qu’on soit amateur de ces ambiances.
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