Hop, remontons ce topic, il le vaut bien
Les one-shot de l'anthologie Junji Ito se suivent avec plus ou moins de réussite. Je continue de rattraper mon retard de lectures sur ces derniers, avec la lecture il y a peu du huitième volet,
Hallucinations.
Huitième volet de l'anthologie horrifique de Junji Ito, Hallucinations, à l'instar du Journal de Soichi, voit ses 6 histoires posséder un même personnage principal, Toru Oshikiri, un adolescent taciturne vivant seul dans une grande maison de type occidental depuis que ses parents sont partis en voyage. Complexé par sa petite taille, se complaisant dans la solitude, le jeune garçon est l'acteur ou le témoin d'évènements étranges se déroulant dans sa maison ou à l'extérieur.
Ainsi, dans le premier chapitre, Hallucinations, il devient le meurtrier de son ami d'enfance, dont il ne supporte plus la grande taille, et l'enterre dans son jardin. Mais ne sachant vite plus si ce qui s'est passé est la réalité ou non, il décide de déterrer son ami, pour constater qu'il est là, mais que son cou a pris des proportions inimaginables... En proie à la folie, l'adolescent voit peu à peu tout son entourage subir ces mêmes allongements du cou... Oshikiri est-il la proie d'hallucinations, ou tout ceci est-il la réalité ? Comme souvent avec Junji Ito, n'espérez pas avoir ici une réponse toute faite. Comme souvent, l'auteur nous invite ici à suivre la lente chute de son héros, avant un final qui n'apportera aucun élément de réponse précis, mais laissera le soin au lecteur de se faire sa propre opinion.
Avec ce héros qui pourrait très bien être en proie à des hallucinations à cause de sa solitude et de son complexe, on a l'impression ici d'assister à de l'horreur plus psychologique que d'habitude chez l'auteur, ce qui a tendance à se confirmer avec la suite du tome, dans un deuxième chapitre où il sera question de jeunes filles obsédées par la beauté du meilleur ami d'Oshikiri, Kojima, au point de pousser leurs camarades de classe vers une mort certaine en les forçant à aller retrouver le corps de Kojima disparu dans une mare réputée hantée. Dans le troisième chapitre, notre héros se rapprochera d'une camarade de classe ayant noué des liens avec de bien étranges correspondantes qui révèleront toute la folie qui a pu naître en elle... à cause de sa solitude ?
De l'horreur psychologique plus poussée que d'habitude, c'est du moins ce que l'on se dit pendant cette première moitié de volume, rendue délicieuse par le trait toujours aussi clair de l'auteur, par les corps et visages torturés physiquement ou/et psychologiquement qu'il représente, et par l'absence de réponses claires à certains mystères horrifiques.
C'est pourtant une deuxième moitié de tome moins inspirée qui nous attend, une deuxième moitié dans laquelle les évènements énigmatiques, sombres et déroutants s'enchaînent de plus belle, de même que les corps torturés, mais qui revêt un fil rouge qui peine à convaincre, avec l'idée d'une maison-ouverture vers une autre dimension, idée assez mal agencée, qui estompe en partie l'épouvante liée au manque de réponses, fait disparaître globalement la torture psychologique du héros (l'interrogation hallucinations/réalité se fait moins percutante), et met en avant tous les petits défauts de début de tome, où l'absence de fil rouge pouvait justifier les quelques incohérences, notamment autour du meilleur ami de notre héros, le dénommé Nakajima/Kojima, qui change de nom puis de tête d'un chapitre à l'autre.
Hallucinations est à prendre pour ce qu'il est: un one-shot aux histoires assez mal agencées, où tortures psychologiques et physiques s'enchaînent pour le plus grand bonheur du lecteur fan de Junji Ito, un titre qui commence très bien, mais à la fin duquel il est dommage que l'auteur ait cherché à apporter des réponses (bancales) à des histoires qui se suffisaient sans problème à elles-mêmes.
Prochain Ito à lire, la Maison de Poupées, et mon retard sera rattrapé