Ki-Itchi

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.

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kynoo
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par kynoo » 24 mai 2008, 10:15

J'en dirais que Ki-itchi a sacrément mal tourné si c'est le cas.

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EdenA
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par EdenA » 24 mai 2008, 14:12

Je pense qu'il y a à peu près aucune chance, Mon Chan a quand même un profil sacrément différent de Ki Itchi. Il ne cherche pas à faire évoluer les choses, n'a pas une réflexion poussée sur le monde qui l'entoure, il agit de manière bestiale ou primaire. Ki Itchi est quand même 'achement plus cérébral (même si c'est pas Kai, hein), et suis une démarche réflexive tout au long de l'œuvre en l'élevant contre ce qu'il considère comme des injustices avec ses propres moyens.
La fin de Ki Itchi 9 ("fin de l'enfance de Ki Itchi"), le début du VS, et les quelques flash backs de The World Is Mine sur Mon Chan enfant (devant la mer, me semble t'il, avec un ponton, et je ne sais plus trop quoi...) laissent à penser que les oeuvres ne sont aucunement liées. A mon sens :mrgreen: .

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Drazorback
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Drazorback » 25 mai 2008, 10:52

J'en dirais que Ki-itchi a sacrément mal tourné si c'est le cas.
Effectivement. Au moins si tu parles du "personnage" Ki-Itchi, et non pas de l'oeuvre...
Je pense qu'il y a à peu près aucune chance, Mon Chan a quand même un profil sacrément différent de Ki Itchi. Il ne cherche pas à faire évoluer les choses, n'a pas une réflexion poussée sur le monde qui l'entoure, il agit de manière bestiale ou primaire. Ki Itchi est quand même 'achement plus cérébral (même si c'est pas Kai, hein), et suis une démarche réflexive tout au long de l'œuvre en l'élevant contre ce qu'il considère comme des injustices avec ses propres moyens.
La fin de Ki Itchi 9 ("fin de l'enfance de Ki Itchi"), le début du VS, et les quelques flash backs de The World Is Mine sur Mon Chan enfant (devant la mer, me semble t'il, avec un ponton, et je ne sais plus trop quoi...) laissent à penser que les oeuvres ne sont aucunement liées. A mon sens :mrgreen: .
Pour ce qui est du côté bestial je trouve malgré tout que Ki-Itchi et Mon-Chan ont beaucoup en commun. Les deux ont au moins le point commun d'avoir une approche instinctive des choses. Certes, dans le cas de Mon-Chan, c'est plus radical mais on pourrait presque y voir un Ki-Itchi qui aaurait perdu tout espoir et aurait décidé de passer à la manière forte. Sinon, pour ce qui est de la "réflexion" de Ki-Itchi, j'aurais plutôt tendance à penser qu'il ressent les choses, le juste et l'injuste en fonction de ses propres critères et que ce sont les autres qui donne un sens à son action. Je pense aux remarques de Kai mais aussi au remarque du grand-père de Ki-Itchi, quand celui-ci se rend compte qu'il oeuvre pour une certaine forme de justice.
Pour le début de VS, je veux bien te croire, ne l'ayant pas lu. Par contre je ne me souviens honteusement plus des flash back de The World Is Mine auxquels tu fais allusion... Si tu te souviens du tome, ça serait sympa que tu me dises lequel pour que j'y jette un oeil. En tout cas, je ne pense pas non plus que les deux oeuvres soient directement liées mais je trouvais l'idée assez plaisante...
"Je m'affirme moi même", Toshi-Mon The World Is Mine

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EdenA
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par EdenA » 25 mai 2008, 15:04

Par contre je ne me souviens honteusement plus des flash back de The World Is Mine auxquels tu fais allusion... Si tu te souviens du tome, ça serait sympa que tu me dises lequel pour que j'y jette un oeil. En tout cas, je ne pense pas non plus que les deux oeuvres soient directement liées mais je trouvais l'idée assez plaisante...
Volume 10 ch. 109 mais il me semble qu'il y en a un autre...Si tu le retrouve je suis preneur ;).

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Koiwai
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 20 févr. 2012, 18:43

Tome 1:

Alors qu'Akata nous proposera au printemps prochain sa suite, Ki-itchi !! Vs, il est plus que temps de revenir un peu sur Ki-Itchi !!, l'oeuvre-phare de Hideki Arai, auteur tout sauf tendre avec son époque. Une série qui fut l'un des premiers témoins de la volonté d'Akata d'apporter du manga social et engagé.

Ki-itchi !!, c'est l'histoire d'un gamin comme les autres... Comme les autres ? Non, pas vraiment, et vous aurez tout le loisir de le découvrir dans un premier tome qui donne déjà le ton. A peine débarqué dans son école maternelle du haut de ses trois ans que le petit Ki-itchi se démarque, pas amical, pas solitaire, tout simplement déjà doté d'un tempérament fort, qui ne cessera de grandir.

Parfois violent, parfois à la limite de l'autisme, le jeune garçon semble au premier abord assez incompréhensible, et risque fort, au départ, de dérouter les lecteurs. Pourtant, une chose est sûre : au fil des pages, Ki-itchi en arrive à fasciner. La raison est simple : du haut de ses trois ans, ce gamin ne fait pas semblant. Quand il a quelque chose à exprimer, il l'exprime, de quelque manière que ce soit, dans les regards, dans les gestes ou dans la violence. Et la signification de son comportement est souvent peu flatteuse pour le genre humain : adultes ou enfants se laissant faire, ne se rebellant jamais, s'exprimant à peine ou n'hésitant pas à sacrifier leur honneur... Face aux faiblesses et tares des mouto... hum, des hommes, Ki-itchi, lui, agit, de manière presque impulsive, ce que le trait d'Arai, écorché et tout en spontanéité, fait bien ressortir. Le gamin écoute sa personnalité avant tout, et pourrait bien donner quelques leçons de caractère aux plus grands.

Mais n'allez pas croire pour autant que ce gosse est méchant. Face à l'observation d'une société déviante et d'adultes agglutinés et sans personnalité, Ki-itchi frappe, mais Ki-itchi pleure aussi parfois. Dans tous les cas, il reste humain et ne fait qu'exprimer toujours ce qu'il pense avec sincérité, et que vous y accrochez ou pas, il ne vous laissera définitivement pas de marbre.

Très éloigné des stéréotypes, et pouvant, de ce fait, dérouter au premier abord, Ki-itchi !! installe son univers, encore un peu difficile à cerner, mais le meilleur reste à venir, ce gamin n'ayant pas fini de bousculer les adultes que nous sommes.
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Koiwai
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 28 mars 2012, 15:12

Tome 2:

11 septembre 2001. Quelque part au dessus du ciel américain, deux avions sont sur le point de se planter dans les tours jumelles du World Trade Center. Le drame touchera des millions de personnes à travers le monde.
Quand tout le monde s'émeut sur cet événement, Ki-itchi, lui, est touché par un drame bien plus personnel, comme il y en a un peu partout chaque jour. Alors qu'il se promène avec ses parents, ces derniers sont mortellement poignardés par un déséquilibré qui passe ensuite sous les roues d'un camion.

Ki-itchi est d'abord recueilli par l'école, puis par ses grands-parents. Ki-itchi est le fruit de toutes les attentions de ses proches, n'est pas abandonné. Pourtant, au plus profond de lui-même, Ki-itchi est seul, et c'est seul, soutenu par son caractère unique, qu'il affrontera ses insomnies, puis ses journées complètes de sommeil... et ses pleurs. Ses grands-parents ne savent pas comment prendre son caractère déroutant, les médias les assaillent... Et au milieu, le petit garçon surpasse la douleur sans vraiment s'en remettre. Son caractère épate autant qu'il déroute, mais il reste un enfant, comme le prouveront ses crises de larmes. Dans tous les cas, face à des proches qui ne savent pas comment le prendre, la fugue semble pour lui la meilleure solution, et il trouve refuge auprès d'un duo de vieux SDF que nous apprendrons à connaître, et qui seront de nouvelles occasions pour Hideki Arai de dresser un portrait sans concession d'un monde peu reluisant.

Petit à petit, même si tout le monde n'accrochera pas à son trait volontairement "laid" et à sa narration éclatée, Hideki Arai impose sa patte en même temps qu'il impose en Ki-itchi un petit héros fragile mais fort de caractère, un gamin à la fois déroutant et admirable, qui commence déjà à traverser nombre d'épreuves dans un monde en proie à la folie, que ce soit à une échelle petite (la mort de ses parents), moyenne (la vie des SDf japonais) ou grande (les attentats du 11 septembre). La vie mouvementée de Ki-itchi débute réellement ici, elle ne fait que commencer, et elle n'a pas fini de nous marquer en profondeur.
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 29 mars 2012, 13:29

Tome 3:

Le petit Ki-itchi a vu ses parents se faire poignarder sous ses yeux. Plutôt de que rester avec ses grands-parents, il préfère fuguer, et trouve refuge auprès d'un couple de SDF, Momo et Tetsuya. L'image d'une famille semble se reformer devant lui.
Il peut voir en l'émotive Momo une mère, la SDF remplissant du mieux qu'elle peut ce rôle, d'autant qu'il lui permet, à elle aussi, d'oublier les drames de son passé. A ce titre, les scènes où Ki-itchi cherche à téter Momo sont lourdes de sens quant au manque de l'enfant.
Tetsuya, quant à lui, profite des dons du gamin pour parier sur des paris hippiques, dans un début de volume qui laisse un peu dubitatif, tant on peut avoir du mal à y discerner où Hideki Arai veut en venir. Mise en avant d'incroyables dons chez l'enfant ? Satire de l'argent facile ?

Dans la suite du volume, c'est la deuxième hypothèse qui tend à se confirmer, via une trahison pour l'argent, qui amènera un nouveau drame sous les yeux du petit Ki-itchi. Avant d'en arriver là, le petit garçon, tandis qu'il semble pouvoir retoucher un peu le bonheur auquel aspire tout enfant, fait de nouvelles rencontres qui vont changer sa vie, à commencer par celle de l'énigmatique et malsain Maeda, qui l'éveillera au véritable sens du mot "mort". Le bonheur de l'enfant finit par être à nouveau terni, une nouvelle fusillade qui a lieu sous ses yeux lui rappelle avec émotion le drame de la mort de ses parents, et le voici obligé de regarder la vérité en face.

Face aux cruautés de la vie, à la folie et à la violence du monde qui l'entoure, Ki-itchi est obligé de s'éveiller. Pour lui, l'heure n'est bientôt plus à la crédulité enfantine qu'il montre pourtant encore à plusieurs reprises dans ce tome, en gobant les paroles des grands sur ses parents qui viendront un jour le chercher. Au sens propre comme au figuré, Ki-itchi ouvre les yeux. A quatre ans, il est déjà quasiment un adulte.

Continuant avec plus ou moins de réussite, selon qu'on parvienne ou non à la suivre, sa critique acerbe du monde, Hideki Arai dresse surtout en Ki-itchi une évolution aussi rude que touchante, le gamin étant peu à peu obligé d'abandonner ses illusions face à la folie ambiante. Ce petit héros touche définitivement, de par son parler enfantin, de par les malheurs qui lui tombent dessus les uns après les autres, mais aussi de par un caractère toujours aussi prononcé, les instants d'effroi succédant aux piques de colère ou aux moments de faiblesse.
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 02 avr. 2012, 12:39

Tome 4:

Recherchée par les forces de l'ordre, Momo, qui a emmené Ki-itchi avec elle, s'est réfugiée chez une amie, Akipon, se prostituant auprès d'un certain Kenji dont elle utilise l'argent pour payer le loyer de son appartement.

Cette rencontre avec Akipon sera un nouveau choc pour Ki-itchi : pour la première fois depuis longtemps, quelqu'un est franc avec lui, ne lui ment pas, ne tente pas de le duper sur les dures réalités de la vie. Petit à petit, le gamin s'attache à ce nouveau personnage, plus qu'à une Momo de plus en plus pathétique au point d'en devenir détestable, une Momo dont les blessures et faiblesses, loin de la rendre plus attachante, sont autant d'éléments faisant ressortir le dégoût que l'on peut avoir pour elle. Car il s'agit bien là, un comble, d'une adulte se reposant sur un enfant la ramenant à de douces illusions, mais qu'elle n'hésitera pas à abandonner quand elle aura trouvé "mieux".

Les portraits de Hideki Arai sont sans concession : beaucoup possèdent un certain background, mais rares sont ceux allant à leur avantage. Quand beaucoup d'auteurs se servent du backgound de leurs protagonistes pour nuancer ceux-ci et les rendre plus attachants, Arai, lui, s'en sert pour les enfoncer encore plus dans leurs faiblesses détestables. Toutes humaines, mais détestables. A l'image d'Akipon envers Ki-itchi, le mangaka ne nous berce pas d'illusions, nous jette à la figure des réalités parfois difficiles à accepter.

La satire sociale sans concession se poursuit, et dans ce volume, Ki-itchi se prend dans ses yeux de plus en plus éveillés la dure réalité du quotidien d'Akipon, comme lui victime d'une société peu reluisante. Ce coup-ci, via le personnage de Kenji, le sexe, la prostitution et les déviances sexuelles sautent aux yeux comme autant de poings dans la figure, pour le lecteur, mais aussi et surtout pour Ki-itchi.

Le résultat est sans appel : face à la mort, aux mensonges d'adultes qui se corrompent, l'utilisent et finissent par l'abandonner, Ki-itchi décide d'aller vivre seul, loin de la société. Une expérience sur laquelle Arai passe très vite, mais qui est une nouvelle preuve du caractère que s'est forgé le jeune garçon, dont on comprend parfaitement l'acheminement des pensées grâce à un système de courts flashbacks revenant sur ses nombreuses expériences, sans cesse, comme autant de coups de marteau.

Ballotté par les événements, par une société qu'Arai dépeint d'une manière presque haineuse, le petit Ki-itchi, du haut de ses quatre ans, ne se laisse pas faire, et expérimente. Pour dépeindre cela, le style du mangaka est parfait, même si celui-ci passe parfois un peu vite sur certains points (la vie solitaire de l'enfant dans sa montagne) ou, au contraire, en fait trop sur d'autres (à force d'insister sur le passage malsain du "beurre de cacahuète", celui-ci s'essouffle). Petit à petit, l'auteur nous dirige vers la fin de la première partie de son manga, sans perdre de vue sa peinture acerbe de la société et l'évolution de son petit héros pas comme les autres.
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 04 avr. 2012, 13:32

Tome 5:

Impossible à cerner par les uns, écarté par les autres, le petit Ki-itchi retrouve sans émotion ses grands-parents, qui, après quelques petites disputes sur qui aura la garde de l'enfant, trouvent plus ou moins un terrain d'entente. Enrichi des nombreux traumatismes qu'il a pu croiser, notre petit héros va pouvoir commencer réellement sa scolarité.

La couverture de ce cinquième volume arbore un Ki-itchi nouveau, plus grand, avec une coupe de cheveux différente, un visage plus fin. Mais le regard, li, reste le même, et le t-shirt "No !!" qu'il arbore ne ment pas. Ce "No !!", c'est la négation du monde. Si quelques années passent, il n'est toujours pas question pour Ki-Itchi de se laisser apprivoiser par ce monde dont il a déjà pu expérimenter tant d'horreurs.

Après un premier chapitre bouclant la prime jeunesse de Ki-itchi, on retrouve donc un enfant de dix ans toujours mû par la même personnalité, mais qui nous apparaît toutefois moins percutant qu'avant, ne serait-ce que parce que désormais, il parle, mais uniquement quand il a quelque chose à dire. Son aura disparaît un peu, mais finalement, pas pour longtemps. Car, dans le fond, rien n'a changé. Ki-itchi a développé une personnalité forte, rejetant en bloc les relations humaines, et sa présentation face à ses nouveaux camarades de classe ne laissera personne indifférent : qu'on ne lui adresse pas la parole, puisque lui-même ne l'adressera à personne.

Pourtant, dans sa nouvelle classe, Ki-itchi va attirer la curiosité d'un autre enfant : Kai, brillant élève et leader de la classe. Une personnalité forte, dotée d'une perspicacité à toute épreuve, d'une rare intelligence, qui surclasse aisément tout le monde, à l'image de Ki-itchi. Mais contrairement à Ki-itchi, le petit Kai se sert volontiers de ses capacités pour se rapprocher des autres ou, plutôt, pour les utiliser.
Dans un volume au départ beaucoup plus calme que les précédents, si bien que l'on pourrait y trouver quelques longueurs, Hideki Arai prend le temps d'installer la relation entre Ki-itchi et Kai. Ki-itchi s'en fiche, mais Kai, lui, est plus qu'intrigué par cette personnalité forte, que tout le monde craint et admire à la fois, tout simplement parce qu'elle est franche et spontanée. Et le déclic arrivera justement quand cette spontanéité refera parler d'elle en fin de tome : en voyant Misato, une jeune fille de sa classe, martyrisée par d'autres camarades à cause de sa personnalité différente, Ki-itchi pètera un câble et cognera tout le monde, élèves et professeur.
Ki-itchi n'aime pas Misato, car il n'aime pas les faibles. Mais, plus encore il déteste ceux qui profitent de cette faiblesse, et ceux qui font semblant de ne rien voir. Tous dans le même panier. Fidèle à sa personnalité et à son caractère, Ki-itchi se fait justicier naturel, sans chercher un quelconque mérite, puisque ce serait plutôt le contraire qui, aux yeux de tous, s'appliquerait. Aux yeux de tous, sauf de Kai, qui nourrit déjà de grands projets aux côtés de notre héros.

Ouvrant une deuxième grande partie dans la série, ce deuxième tome commence donc doucement, avant d'aller crescendo et de nous proposer quelques scènes d'anthologie (le pétage de câble de Ki-itchi en tête) dégageant à nouveau leur lot de critiques acerbes de la société. Et si celles de l'ijime et du rejet de la différence sont évidentes, c'est, en filigranes, celle de la notion de groupe tel que beaucoup l'entendent qui attire toute l'attention. Au sein de celui-ci, toute personnalité forte tend à se fondre, comme le montrera Kai, leader de la classe mais ignorant le sort de la martyre Misato. Et toute personnalité réellement trop marginale se voit écartée ou prise à parti, Misato en fera les frais. Et si être à plusieurs nous rendait plus lâches ?
Face à cela, Ki-itchi constitue l'exemple à suivre selon l'auteur. Si sa façon d'agir peut être critiquée, elle est pourtant la plus percutante, la plus vraie, peut-être même la seule à pouvoir avoir un réel effet, si bien que l'on pourrait se remettre aisément en question en voyant ça. Et quoi qu'il en soit, le fond, lui, est bel et bien là : plutôt que de se fondre dans la masse, Ki-itchi assume sa personnalité sans montrer les faiblesses d'une Misato ou d'un Kai. Ce héros, plus grand qu'avant mais qui n'est encore âgé que de dix ans, continue de nous en mettre plein la figure, nous renvoyant dans la face quelques-uns de nos pires défauts, y compris ceux dont on n'a pas forcément conscience.
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 08 avr. 2012, 17:58

Tome 6:

Avant même d'ouvrir le volume, c'est la couverture de ce sixième tome qui frappe : pour la première fois, Ki-itchi rit. Il rit de bon coeur, à gorge déployée, et pourtant ne vous y trompez pas : rien d'heureux dans ce tome, le rire de Ki-itchi étant son seul exutoire face aux horreurs de ce volume, des horreurs plus forte que jamais, et qui semblent ne posséder aucune alternative.

Dans sa nouvelle classe, Ki-itchi, soutenu par Kai, a fini par imposer son caractère dans le but d'effacer les injustices se présentant face à lui, à commencer par les brimades sur la personne de Misato. Pourtant, alors qu'il pensait que le plus dur était passé, une vérité bien plus terrible va lui exploser à la figure en même temps qu'à celle du lecteur, lorsque la jeune fille, qui lui accorde maintenant toute sa confiance, lui confesse le plus horrible des secrets...

Avec ce volume, Hideki Arai centre la totalité de son récit sur un sujet aussi choquant que révoltant. Et si la narration devient ici moins éclatée, plus linéaire, peut-être un peu moins surprenante, elle permet à l'auteur d'aborder de parfaite manière l'horreur de la prostitution d'enfants, via des répliques bien huilées sur fond de dessins sans concession, choquants, mais évitant tout mauvais goût (à ce titre, la fin du chapitre 49, celui qui ouvre ce tome, est sans doute l'un des passages les plus terribles et puissants que l'on ait pu croiser, tous mangas confondus). Arai nous envoie à la figure une nouvelle facette des horreurs de la société, que Ki-itchi va à nouveau tenter de contrer, en compagnie de Kai et de ses conseils.

Une chose frappe : Ki-Itchi a évolué. Pas du côté de son sens inné de la justice, toujours présent envers et contre tout, mais plutôt dans sa façon d'appréhender les autres. Ainsi, celui qui ne voulait pas se mêler aux autres laisse désormais Kai l'approcher. Quant aux malheurs de Misato, il essaie volontiers de les éliminer, mais sans s'enfoncer dans son habituel caractère extrême : tentatives de dialogue avec le père, discussion avec la police pour tenter de régler les choses sans que Misato n'ait à en souffrir encore plus... la façon qu'a Ki-itchi d'aborder les problèmes est plus nuancée qu'avant. Même si son caractère, lui, reste intact. Ki-itchi n'aime pas les faiblesses de Misato, s'énerve toujours en les voyant - ce qui ne manquera pas de créer quelques scènes émotionnellement fortes, qui ont également le mérite d'afficher chez le lecteurs un profond malaise face à l'amour que la fille porte malgré tout à son paternel - mais ne perd jamais de vue son sens inné de la justice.

Dans ce monde de tarés, Ki-itchi suit sa route, évolue, et tente désormais de faire évoluer les autres. Le gamin qui a vu s'abattre devant lui tant de malheurs est devenu quelqu'un de juste, toujours caractériel mais juste, et sur lequel les victimes peuvent désormais s'appuyer. Du haut de ses dix ans, le gamin paraît fiable, capable de faire bouger les choses, mais rien n'est gagné, les mensonges du monde des adultes - aussi bien les bourreaux que ceux n'ayant pas la force de se dresser contre les injustices - continuant de pleuvoir comme autant d'images nauséabondes de notre société.

Difficile de ressortir indemne de ce volume, où Hideki Arai nous envoie plus que jamais à la figure les horreurs de ce monde, et nos faiblesses qui en découlent.
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