Ki-Itchi

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.

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Koiwai
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 09 avr. 2012, 23:55

Tome 7:

Ki-itchi a changé. Désormais, il tolère la présence de Kai à ses côtés. Mieux encore, il prend petit à petit conscience qu'être seul ne lui servira à rien, et que s'allier aux autres peut être bénéfique pour changer le monde. Ki-itchi veut changer les choses, mais ne sait pas encore comment faire, à part en se mettant en colère. Kai pourrait l'aider à trouver quelle voie prendre. La fougue de Ki-itchi alliée à l'intelligence de Kai, voici ce qui pourrait enfin sauver Misato.
Face au père de Misato qui ne montre que peu de scrupules, les deux garçons, désormais accompagnés de la jeune fille qui a enfin choisi de se rebeller, décident d'agir concrètement, et mettent la main sur la liste des "clients" de la fillette, dévoilant un nombre impressionnant de noms hauts placés, qu'il sera difficile de faire tomber de leur piédestal. Mais avant même de s'attaquer à ces pontes, c'est un autre drame, plus personnel, qui attend Kai à la vue de la fameuse liste...

Bam. Pour le stratège de la petite bande, l'éclatement de la vérité est terrible, celui annoncé de sa vie de famille encore plus. La réalité est cruelle, Kai devant constater que les mensonges des adultes concernent jusqu'à sa propre famille. Face à cette terrible vérité, première réaction : les pleurs, les cris. Et ceux de Kai sont du genre à déchirer le coeur. Deuxième réaction : affronter la réalité en face. Kai reste un enfant, avec ses fragilités, mais il est infiniment plus mâture que la moyenne. Hideki Arai en tirera une confrontation père/fils tout en nuance, l'ultime instant de vie de famille entre ces deux-là étant joliment mis en exergue avant d'éclater petit à petit. Tout simplement, Hideki Arai nous sort ici l'un des instants les plus subtils, les plus poignants de son manga.

Par la suite, la lutte des enfants pour faire tomber les "grands" ne fait que commencer, et elle s'annonce rude, bien que Ki-itchi, Kai et Misato soient rejoints par le journaliste underground Ichizuka. Le parcours est long, et tandis que les horreurs, les mensonges et bientôt les menaces de mort continuent de pleuvoir comme autant de critiques, l'évolution de Ki-itchi se poursuit aux côtés de Kai, mais aussi de son grand-père, sur lequel il se repose désormais volontiers pour certaines choses, bien que celui-ci ait toujours autant de mal à le comprendre, jusqu'à une fin de tome où c'est le gamin qui ouvrira les yeux à son aïeul de la plus franche des manières.

Les inconsciences de ce monde continuent de pleuvoir autour de Ki-itchi. La mort rôde, que ce soit dans le présent ou dans le souvenir de ses parents, mais le gamin, lui, a définitivement choisi de vivre, et de changer les choses en profondeur. Le garçon d'une dizaine d'années continue de grandir, change petit à petit en faisant également changer son entourage.
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 10 avr. 2012, 23:34

Tome 8:

"Puisqu'il n'y a personne d'autre qui agit, c'est moi qui le fais ! Vous me voyez ? Je suis ici !! Je suis vivant !!"

On a tenté de les menacer, de les acheter, de les tuer. Ils sont toujours là, incorruptibles, mais poussés dans leurs derniers retranchements par une société apathique et complaisante. Leur dernier plan pour mettre à jour la vérité sur les horreurs des hauts placés, imaginé par Kai, mené par Ki-itchi, sera implacable et ira jusqu'au bout.

L'heure de la dernière ligne droite de la partie "enfance" de Ki-itchi est arrivée. Plus que jamais, dans le plan fou de ses héros, Hideki Arai va dans l'excès, au risque de se défaire d'une partie de son lectorat. Pourtant, il nous rappelle ce que c'est vraiment que d'agir.

Alors Ki-itchi, Kai, le journaliste Ishizuka et leurs autres alliés agissent, donnent tout, quitte à aller dans l'extrême. Mais ça, depuis le début, c'est le style d'Arai.

L'heure des comptes a sonné pour les hauts placés fautifs, à commencer par Shin Soné, candidat au poste de premier ministre. Au fil des pages, Hideki Arai, après quelques instants de flou, nous laisse comprendre petit à petit le superbe plan de Kai et Ki-itchi, et même si les quelques dizaines de pages sur le documentaire tendent à répéter des choses que l'on connaît déjà, on reste ébloui par la verve des enfants et par l'ironie d'Arai, qui retourne habilement les instances corrompues contre elles, nos jeunes héros faisant tourner à leur avantage les connivences entre pouvoir, justice et medias. Et tout le monde en prend pour son grade.

Tout dans l'excès, mais bon dieu, que ça fait du bien ! Le récit d'Arai est diabolique, et voir de simples gamins aller jusqu'au bout pour remuer le Japon a quelque chose d'à la fois inquiétant et jouissif, et nous laisse interrogateurs face à notre propre apathie. La société est-elle corrompue et laxiste au point d'en arriver là ? Nos héros pourront-ils refaire le monde sans tomber dans les travers de ce qu'ils dénoncent ?

Plus que jamais, Ki-itchi est un récit unique. Bien loin du simple divertissement (peut-on seulement le considérer un minimum comme tel ?), c'est un titre qui dérange, remue, dénonce. A un tome de la fin de la partie "enfance" de Ki-itchi, on reste conquis par ce gosse qui a eu le courage de se soulever.
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Hitsuji » 17 avr. 2012, 13:01

Bon, avec la sortie de Ki-Itchi VS et les bonnes critiques de Koiwai, je me suis motivé et je viens de commander l'intégrale. Ce fut compliqué pour le t.8 =/
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 18 avr. 2012, 13:57

Chouette, ces chroniques auront motivé au moins une personne, c'est déjà ça :mrgreen:

Ma relecture de Ki-itchi m'a semblé aussi forte que la première. J'espère que tu ne seras pas déçu, Hitsuji, mais normalement non :) Maintenant, direction Ki-itchi VS ^^ mais chronique du tome 9 de Ki-itchi avant :


Tome 9:

Pour pousser dans leurs derniers retranchements les hauts placés dont Shin Soné, candidat au poste de premier ministre, Ki-itchi et ses compagnons sont allés jusqu'à manifester, arme à la main, devant le Palais de la Diète.
La vérité a fini par éclater, la consternation domine tout le pays, qui a suivi l'affaire à la télévision. Mais l'heure de découvrir les conséquences de tout ceci est venue...

Dans le précédent volume, Hideki Arai décortiquait avec une minutie infinie les rouages du plan de Kai et Ki-itchi, parvenant habilement à retourner en leur faveur les puissances de ce monde, comme les médias. A présent, encore faut-il que les conséquences de ce qui vient d'avoir lieu soient tout aussi fortes. Ca tombe bien, Hideki Arai est de ceux qui vont jusqu'au bout.

Dans ce tome 9, l'heure est donc venue de découvrir les conséquences de la manifestation musclée de nos héros devant la Diète. Et une nouvelle fois, le mangaka va dans le fond des choses, en les décortiquant point par point, de la menace pesant au-dessus de Ki-itchi et ses compagnons (susceptibles de se retrouver en maison d'aide sociale ou en prison selon leur âge) aux réactions très diverses de la population, sur lesquels on ressent également l'influence des medias.

Ce dernier tome de la première grande partie de la série, c'est un peu la première grande concrétisation de l'opposition de Ki-itchi aux quatre grandes sources de pouvoir : force, loi, argent, medias. Ki-itchi s'oppose à certaines, en fait chuter d'autres de leur piédestal, retourne les dernières en sa faveur. Le jeune garçon reste fidèle à lui-même, permet à Arai de balayer encore un peu plus la bienséance quand il parle de devenir dictateur ou quand Misato lui propose de coucher avec lui. Le malaise est toujours là, porté par des enfants réveillant la société à grands coups de pieds même s'ils semblent ne pas toujours avoir conscience de ce qu'ils disent. Et c'est aussi ça qui fait leur puissance.

Pourtant, la fin de la série, elle, se dirige petit à petit vers des événements plus personnels. Si Arai n'oublie pas au fil de ce tome de revenir encore sur la situation familiale de Kai ou sur l'évolution d'une Misato qui gagne beaucoup ici, les dernières pages laissent apparaître un héros qui est loin d'être infaillible, le sait lui-même et n'hésite pas à le faire savoir à ceux qui veulent l'ériger sur un piédestal. Ki-itchi est franc, Ki-itchi est vrai, Ki-itchi n'a pas sa langue dans sa poche, Ki-itchi agit, Ki-itchi remue la société de fond en comble, mais Ki-itchi reste un humain, et un enfant.

C'est sur cette impression que se referme la première grande partie de l'oeuvre d'Arai, centrée sur l'enfance de Ki-itchi. Fort mais pas encore adulte, Ki-itchi nous réserve sans doute de nouveaux grands moments dans Ki-itchi VS, que l'on a hâte de découvrir.
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 24 avr. 2012, 20:03

Ki-itchi VS 1:

Il y a maintenant quatre ans, nous quittions Ki-itchi en pleine enfance, après neuf volumes où il commençait tout juste à faire parler de lui. Il faut bien avouer que l'on n'espérait que peu voir débarquer un jour sa suite, Ki-itchi VS, et pourtant, Akata nous l'amène enfin sur un plateau, pour notre plus grand plaisir. Alors, êtes-vous prêts à retrouver l'univers taillé à la serpe du plus charismatique des gamins ?

Ki-itchi VS démarre de la plus étrange des manières : quelque part dans le Japon, un homme erre seul avec sa vieille mère, rendue faible et dépendante à cause de sa sénilité. L'homme s'est vu inculquer des valeurs fortes par ses parents : l'importance de la famille, ne jamais abandonner les siens... ainsi sacrifie-t-il tout pour honorer les dernières paroles de son père, lui demandant de bien s'occuper de sa mère. Pourtant, dans un pays où l'entraide semble ne plus exister, où les gens ne se soucient guère plus de ce qui les entoure, l'homme risque de tomber de haut, et de chuter toujours plus... Le prologue de Ki-itchi VS oppose un homme rendu attachant de par ses valeurs humaines à une société qui les a perdues depuis des années. Une société que Hideki Arai va se faire un plaisir de décortiquer de manière critique via les différentes étapes de la chute de cet homme. Ici, chaque étape est décortiquée avec une précision méticuleuse, et à chaque fois, la société en prend un peu plus pour son grade sur différents points : égoïsme des personnes croisées, désintérêt des administratifs suivant à la lettre les règles... Le ton est donné.

Cet homme et sa mère semblent perdus, et pourtant, au dernier moment, le salut pourrait bien venir par l'intermédiaire d'une société grandissante : la Ki-itchi Company...

S'étalant sur 75 pages, le prologue de Ki-itchi est habile, très habile, et introduit doucement le sujet principal qu'est la naissance de la Ki-itchi Company. Depuis les événements de Ki-itchi, dix années sont passées. Ki-itchi est désormais un jeune adulte, et fait toujours parler de lui, divisant les foules. Ici, Hideki Arai prend le temps de reposer le nouveau contexte, en proposant quelques petites historiettes dénonçant divers aspects critiquables de la société japonaise, tout en réintégrant au fur et à mesure chacun des personnages ayant eu un rôle fort dans Ki-itchi : de Kai à Akipon en passant par le journaliste Ishizuka, chacun trouve sa place, son rôle, dans la Ki-itchi Company ou dans son entourage. A vrai dire, seul le personnage de Misato laisse pour l'instant assez circonspect, son caractère ne collant pas forcément aux horreurs qu'elle a vécues par le passé, du moins de prime abord. Attendons de voir ce que Hideki Arai en fera.

L'auteur prenant le temps de réintégrer l'un après l'autre chacun des protagonistes, le lecteur n'ayant pas suivi Ki-itchi peut sans trop de difficultés s'immerger dans Ki-itchi VS. Néanmoins, on ne peut que conseiller vivement de lire avant Ki-itchi, ne serait-ce que pour mieux cerner les différents personnages et pour mieux comprendre ce qui les a amenés à participer à la Ki-itchi Company. Pour le reste, les fans de la première heure risquent néanmoins d'être légèrement déçus face à un ton pour l'instant un peu moins rentre-dedans que dans Ki-itchi. A vrai dire, il ne s'agit là que d'une introduction présentant la Ki-itchi Company via quelques problèmes sociétaux, une introduction que le mangaka détaille de manière méticuleuse. De ce fait, son récit gagne en précision là où il perd légèrement en percussion. Le message de Ki-itchi, lui, reste bel et bien là, rappelé à la moindre occasion : vis spontanément, écoute ton coeur, ne te laisse pas avoir par la société corrompue.

Si ce premier volume n'est qu'une introduction, retrouver Ki-itchi, l'enfant terrible, est un plaisir, surtout à l'heure où les élections présidentielles de notre cher pays ne laissent transparaître qu'hypocrisie et n'inspirent que dégoût... Quand l'heure est à la recherche du profit et à la favorisation des riches, Ki-itchi Vs brise ce tabou en sautant dedans à pieds joints, véhiculant dans ce premier volume des idées pourtant logiques : pour créer une société plus harmonieuse, plus égalitaire, les riches se doivent de payer pour les personnes qui ont besoin d'argent, et se doivent de faire attention à leur prochain. Qu'on se le dise, Ki-itchi et Ki-itchi VS sont des oeuvres vraies et universelles, et nul doute que Ki-itchi VS continuera de nous le prouver par la suite.

Encore un peu mou par rapport à ce que Hideki Arai nous a offert par le passé, ce premier tome n'en reste pas moins une petite claque, annonçant une suite encore plus forte, encore plus ambitieuse.
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Hitsuji » 25 avr. 2012, 21:45

Je viens de recevoir le t.8 du Canada, je vais pouvoir me lire l'intégrale dès mon retour chez moi. :3
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 23 juil. 2012, 07:50

Ki-Itchi VS 2 :

A force de se soulever et de faire parler de lui, Ki-Itchi est devenu une sorte de star, faisant partie des 100 personnalités les plus influentes du mode selon le Times. Et quand on connaît le jeune garçon, on sait qu'il n'a pas fini de changer le monde de l'intérieur. Pour autant, quasiment pas de Ki-Itchi dans ce deuxième volume, qui se consacre à Kurita, patron d'une petite PME, mariant tout juste sa fille à un homme de 40 ans déjà papa, et qui a osé dénoncer une fraude sur la viande orchestrée par Verts Pâturages, l'un de ses principaux alliés de travail, où travaille son ami d'enfance Kase. Malgré quelques doutes quant aux éventuelles retombées sur ses employés et sur lui-même, n'écoutant que sa droiture exemplaire, il pensait bien faire en dévoilant la vérité. Ce sera pour lui le début d'une descente aux enfers l'amenant petit à petit au bord du gouffre.

En s'inspirant de faits qui se sont déjà produits dans notre réalité, Hideki Arai, l'éveilleur de consciences du manga, présente chaque étape de la chute du pauvre Kurita avec une logique implacable, qui fait froid dans le dos tant tous les acteurs en prennent pour leur grade. L'employé de Kurita qui a participé à la fraude n'avait guère le choix face aux pressions du travail et de Verts Pâturages, société au sein de laquelle l'ami Kase a vite fait de retourner plus ou moins sa veste pour sauver son propre travail. La presse en quête de sensationnalisme érige d'abord Kurita en héros avant de le laisser tomber dès qu'il ne surfe plus sur la vague de la popularité. Et quand l'ancien héros sera au bord du gouffre, pas question pour les pseudo-journalistes profiteurs de revenir vers lui. Quant à l'Etat, il constitue la plus importante épreuve, dont les agissements et choix parfois aberrants pour aller dans le sens qui l'arrange enfonceront toujours plus le petit patron.

Hideki Arai décrit ici les choses avec une minutie, une précision et une clarté inouïes, et il paraît difficile de rester insensible face à ce qui se joue ici, à ce qui pourrait se jouer n'importe où. On reste notamment bluffé par le réalisme avec lequel l'auteur met en scène les pressions sociales et celles du travail, étouffantes, étouffant jusqu'à la plus petite envie de révolte de personnes cherchant avant tout à protéger leur propre confort. Réaction peu courageuse mais humaine, dans une société pourrie de l'intérieur. Kurita, lui, a eu le courage nécessaire, s'est révolté, en paie aujourd'hui le prix fort. Plus personne ne semble pouvoir l'aider... Plus personne ? C'est là que Ki-Itchi interviendra.

En attendant de voir ce que ce dernier fera, ce deuxième volume réussit son pari, en décrivant à merveille, avec un réalisme, une cohérence et une minutie impressionnants, son sujet. On n'en ressort pas indemne.
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 11 sept. 2012, 22:30

Ki-Itchi VS 3 :

En cherchant à lever le voile sur une affaire de fraude sur la viande impliquant sa propre société bien malgré lui, l'honnête Kurita est tombé dans la spirale infernale des magouilles des hautes sphères. Au bord de la ruine, n'ayant plus rien pour lui, son dernier espoir semble être Ki-itchi... Mais le petit patron trouvera-t-il les mots susceptibles de faire réagir le jeune homme ? Et quel choix sera fait lorsque Kai lèvera totalement le voile sur les implications qu'entraîneraient une telle dénonciation ?

Ces implications, elles sont parfaitement expliquées dans un début de volume où Hideki Arai ne perd rien de sa minutie descriptive. Sans que cela ne soit barbant (et de toute façon, vus les enjeux, il serait honteux de trouver ça barbant), l'auteur amène avec clarté tout ce qu'il faut savoir quant à l'effet boule de neige qu'aurait la dénonciation des relations scandaleuses des hautes sphères du pays. Ce qui permet de voir jusqu'à quelle profondeur la société est pourrie.

Mais avec Ki-itchi, on n'est jamais au bout de nos surprises, et le jeune homme sait que pour faire bouger les choses, pour les faire réellement bouger, il ne faut pas hésiter à agir avec force et colère. Pendant que tout le monde s'enfonce dans sa bonne conscience d'avoir supporté l'action soi-disant caritative d'un vieillard coureur, Ki-itchi prend une voie radicalement différente, et nous jette en pleine figure notre propre passivité. Quand nombre de mangas dits engagés se contentent de dénoncer gentiment sans trop nous brusquer, le manga de Hideki Arai, lui, nous accuse directement, et nous met mal à l'aise en nous poussant presque dans nos derniers retranchements. Difficile de rester de marbre. Un vrai manga engagé, c'est sans doute ça.

Ainsi ce troisième tome prend-il aux tripes, Ki-itchi ne perdant rien de sa rage et de sa franchise dans un retour fort, après un deuxième volume où il était quasiment absent. Pour appuyer le propos, on peut toujours compter sur le goût de l'auteur pour les petits détails piquants parsemés ça et là (voir à la télé le vieillard-coureur effondré pendant que passe sur l'écran une pub du sponsor pour une assurance-vie a de quoi créer le malaise, mais sonne tellement vrai quant à une certaine mentalité...), et sur des textes savamment tournés pour marquer en profondeur. Sur ce dernier point, le discours dénonciateur de Ki-itchi à la télévision possède une force terrible (profitons-en donc pour souligner l'excellence de la traduction française, qui retranscrit à merveille cette force).

Ki-itchi avance, suit sa route sans se soucier des éventualités, porté par ses convictions fortes, n'hésitant pas même à se confronter à ses plus fidèles alliés depuis dix ans. La lecture passionne dans son entièreté, et ne laisse pas de marbre.
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 15 févr. 2013, 01:30

Ki-itchi VS 4 :

Quelque part, chaque couverture de Ki-itchi VS met directement dans l'ambiance. Avec la jaquette-choc et sans concession de ce quatrième volume, on sait plus que jamais ce qui nous attend : une nouvelle claque dans la figure.

Ki-itchi estime avoir perdu la bataille dans l'affaire de fraude alimentaire, mais cela n'empêche pas tout son entourage de s'agiter. La Ki-itchi Company et Kai offrent une vision des choses qui correspondent de moins en moins à la colère permanente qui émane de lui, un politicien peu scrupuleux tente de surfer sur la vague Ki-itchi pour gagner en notoriété, chacun regarde avant tout son nombril...

Dans ce contexte, Ki-itchi s'éloigne, préfère se laisser emmener par "le tueur" auprès d'une organisation peu fréquentable qui n'aura d'autre ambition que de démarrer sa révolution en pendant haut et court la fameux Ki-itchi !

Cette arrivée de Ki-itchi au sein de ce petit groupe révolutionnaire mené par une certaine Aya Tanaka, c'est un peu tout l'enjeu du tome. La rencontre se fait avec fracas : séquestré, Ki-itchi est destiné à être pendu s'il ne coopère pas. Mais là où n'importe qui coopèrerait bêtement pour sauver sa peau, ou paniquerait, ou tenterait par tous les moyens de s'enfuir, voire chercherait à se débarrasser des adversaires, Ki-itchi opère autrement et nous offre à nouveau une belle leçon en balançant à la figure de ses kidnappeurs sa façon de penser et toute sa colère. Sans prendre parti. Sans juger personne. En restant lui-même.

Et avant tout, on constate surtout le parallèle entre deux partis qui se ressemblent dans leur envie de révolution et leur volonté de faire changer une société pourrie, mais qui s'opposent dans la voie à choisir pour cela. Le groupe veut aller jusqu'à l'extrême quitte à en mourir, tandis que Ki-itchi en profite pour accuser une nouvelle fois autant ceux qui collaborent avec le système que ceux qui se laissent faire par celui-ci, ou que ceux qui ont l'impression de soutenir les bonnes causes alors qu'ils ne font que bien agir en surface (tout en satisfaisant leur ego) sans jamais réellement se bouger pour changer les choses en profondeur.

La confrontation de Ki-itchi avec le groupe est donc d'une force et d'une richesse certaine, et bouscule à nouveau le lecteur, tandis que la fin du tome voit arriver un petit flashback sur Aya Tanaka, extrêmement bien mené puisqu'il parvient en quelques pages à choquer et à révolter sans en faire trop, et à balancer des piques acérées sur nombres de tares sociétales, y compris en ce qui concerne les accords entre Japon et Etats-Unis.

Vous en avez tous déjà vus. Dans la rue, ils vous paraissent marginaux, peu fréquentables, voire vous font flipper avec leurs envies de révolte criées haut et fort et leur côté extrême. Et vous les évitez soigneusement sans chercher plus loin. Ki-itchi, lui, va à leur rencontre sans jugement, au risque d'y laisser des plumes, mais avec encore et toujours cette même volonté de faire bouger la société en profondeur. Et une fois de plus, il nous accuse, il nous met mal à l'aise, il nous prend aux tripes comme aucun autre manga dit engagé ne peut le faire.
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Re: Ki-Itchi

Message non lu par Koiwai » 12 juin 2013, 13:31

Ki-itchi VS 5 :

Séquestré par les terroristes du théâtre Haramita, Ki-itchi impose petit à petit sa vision des choses à ses tortionnaires, à grands coups de répliques fortes et de geste montrant qu'il est prêt à aller très loin pour ses idéaux : faire bouger les choses, réellement. Une nouvelle fois, là où il passe, il ne laisse personne indifférent et parvient à s'imposer. Mais face à Aya Tanaka, l'égérie du groupe, Ki-itchi pourrait lui-même découvrir en lui des émotions insoupçonnées...

Loin de la Ki-itchi's Company et de Kai qui lui correspondent de moins en moins, Ki-itchi se trouve un nouveau moyen de poursuivre ses idéaux, en se basant sur une bande qui pourrait bien regrouper ses nouveaux alliés, à condition qu'il parvienne à faire changer la mentalité de ceux-ci, sans pour autant briser leur soif de changer le monde.
Et ce monde, justement, comment le changer ? Comment transformer cette société ? En assassinant les puissant, comme le souhaitent les membre du théâtre ? Pour Ki-itchi certainement pas, car il sait bien que de tels gestes feraient passer les révolutionnaires pour les méchants, et les nantis profiteurs pour les victimes, ceux-ci pouvant compter sur la puissance de médias qu'ils contrôlent.

Dans ce tome, Ki-itchi devra alors s'appliquer à démontrer, toujours avec son franc-parler et la rage qui l'habite, qu'une autre solution existe : mieux canaliser sa colère pour terroriser les puissants à grands coups d'actions fortes, mais pas meurtrières. Ce cinquième volume s'applique à imposer Ki-itchi au sein de la bande, ce qui est aussi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur chacun des marginaux et laissés pour compte qui la composent, puis à mettre en avant sa vision de la révolution, moins extrême, plus habile, et qui a largement plus de chance d'aboutir sur quelque chose que les simples assassinats. On suit ensuite la préparation du premier grand coup préparé par Ki-itchi et ses nouveaux compagnons : l'enlèvement de trois personnalités fortes des hautes sphères. Une préparation assez longue, car Hideki Arai, dans son souci de réalisme poussé, nous la laisse entrevoir sous tous les angles, des découvertes des secrets des politiques aux dangers que représente ce grand coup, en passant également par l'incertitude persistante quant à l'impact qu'auront ces enlèvements.

En somme, on a en quelque sorte affaire à un tome qui prépare le terrain, mais qui sait rester passionnant, car Hideki Arai va encore et toujours au bout des choses.

Peut-on changer le monde ? La question, au coeur de la série, sera à partir de ce tome approfondie dans une série d'entretiens bonus confrontant Hideki Arai à différentes personnalités. Le premier entretien, avec le critique de cinéma japonais Tomohiro Machiyama, s'avère long et intéressant, allant une nouvelle fois au bout des choses. Un excellent complément.
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