MPD Psycho

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.

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C'est toi le MPD, Psycho!
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Drazorback
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MPD Psycho

Message non lu par Drazorback » 11 juin 2008, 17:23

MPD Psycho
Scénario : Eiji Otsuka
Dessin : Sho-U Tajima
Editeur: Pika Edition (senpaï)
Volumes: 11 (en cours)
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Résumé

Au premier abord, MPD Psycho tire sa spécificité de la schizophrénie de son "héros": Kobayashi, Amamiya, Nishizono Shinji, Murata… nombreux sont les patronymes qui sont dévolus à cette seule entité. Tout commence lorsque Kobayashi, employé à la préfecture de police, voit sa copine tuée par un criminel psychopathe. Pris de folie et prétendant désormais s'appeler Nishizono Shinji, il décide de la venger par la manière forte : en rendant la pareille à son tueur. Après plusieurs années passées en prison à purger pour son crime, Kobayashi –devenu entre temps Amamiya- est engagée pour son talent de profiler par la jeune enquêtrice indépendante Isono Machi.

De fil en aiguille, et suite à la résolution de divers meurtres pour le moins psychotiques, Amamiya découvre qu’au-delà des apparences –les crimes isolés de quelques psychopathes- se cache une trame plus complexe. En effet, la plupart des criminels sont inscrits à la banque des yeux -leur œil gauche est marqué par un code-barre… De même, une figure culte de la contre-culture américaine des années 1960 revient souvent à la bouche des criminels : Lucy Monostone…

Pour aller plus loin (spoils)

Au fil des enquêtes, plusieurs grandes lignes se dégagent. Qu'il s'agisse de suicides collectifs, de meurtres vicieusement orchestrés ou encore de prises d'otages, tout semble être l'œuvre d'êtres ayant sur l'œil un code-barre qui remet en cause de facto leur appartenance naturelle au genre humain. Génétiquement programmés pour accomplir le chaos, ces individus se révèlent être le fruit d'une organisation secrète internationale, Gakuso.

Cette organisation, au but à première vue opaque, semble avoir pour finalité de reproduire à travers la fusion de plusieurs personnalités, l'individu christique qu'est Lucy Monostone. Sans que l'on sache réellement leur motivation à ce sujet (aspiration scientifique ou intérêt pragmatique?). On s'aperçoit d'ailleurs rapidement que les personnalités d'Amamiya Kazuhiko et de Nishizono Shinji constituent des éléments nécessaires afin de reconstituer Monostone, ce qui plonge notre héros schizophrène au cœur de toutes les convoitises.

Finalement, on se rend compte de l'ampleur qu'a pris l'organisation, notamment le domaine politique autour de la figure émergente qu'est Ohnigata, ministre de la Justice calculateur. La mise en place de nombreux clones, malléables, permettant de contrôler la société à tous les échelons semble ainsi faire partie des objectifs de Gakuso. Seulement, tout ne se passe comme prévu, et Nishizono Tetora -nouveau prototype de Gakuso- échappe à tout contrôle et entame une mise à mort de tous les clones...

Montrer la violence pour en dégouter le lecteur

Si il est une chose de choquante dans MPD Psycho, c'est bien sa faculté à représenter des cadavres tous plus morbides et mutilés les uns que les autres, et ce sans l'ombre d'une pause. Gore, violence, sang à flot et boyaux à profusion: tels semble être les mots-clés donnés par Otsuka à l'illustrateur Sho-U Tajima. Son trait photo réaliste et ultra net sert le scénario avec une certaine élégance mais n'épargne rien dans le moralement choquant pour ce qui est de la représentation de la violence. Ce festival de macchabées étant justifié par le scénariste Otsuka comme une volonté de ne pas rende la mort abstraite, vidée de tout caractère choquant. Tout montrer, préférer la démonstration sans ambigüité à l'allusion: tel est le parti pris de l'œuvre.

Cependant, on peut difficilement considérer ce choix comme une simple excuse. L'histoire est propice à ce déchainement et l'œuvre d'Otsuka (Leviathan, Madara) semble marquée, comme celle de Cronenberg au cinéma, par la représentation du corps, souvent malmené. Peut être pour l'esthétisme dégagé par la violence elle-même. Du Nu omniprésent aux carcasses, tout y passe. MPD Psycho constitue une série à ne pas mettre entre toutes les mains.

Une histoire aux multiples niveaux de lecture

A mi chemin entre l'épisodique -on peut presque diviser l'histoire en enquêtes distinctes- et le scénario de longue haleine -au fur et à mesure, toutes les pistes se recoupent et font avancer l'histoire-; MPD Psycho est une série difficile d'approche. Rapidement, sont posés les bases d'un mystère, une sorte de cosmologie propre à la série. Je m'explique: les symboles qui seront autant d'éléments rattachés à l'intrigue sont rapidement annoncés. Lucy Monostone, la banque des yeux, le groupe Gakuso... Tout est fait pour conférer une aura mystérieuse à la série. Ainsi, chaque tome contient son lot de révélations, de retournements de situations généralement liés à ces quelques éléments symboliques récurrents.

Or, à chaque nouvelle piste, on se retrouve confronté à plusieurs nouvelles interrogations. A un tel point que plus l'on avance dans la lecture, plus le déroulement de l'histoire peut se faire confus pour le lecteur qui ne serait pas pleinement attentif aux moindres détails. Chaque nouvelle réponse suscite une nouvelle question. La multiplicité des pistes, qui rend la trame assez riche, rend ici l'enquête assez dure à suivre. De par sa surabondance de retournements de situation, MPD Psycho se révèle quasiment être un abime sans fin. On en vient même à se demander si Otsuka parviendra à conclure correctement son intrigue...

Le flou quant au passé de la plupart des personnages et quant aux intentions des différents camps (Gakuso, Ohnigata) rend aussi la lecture assez ardue. Certes, de nombreuses réponses sont apportées, mais plus le manga avance, plus il prend le risque de devenir excessivement abracadabrantesque. Gakuso semble être une organisation omnipotente, capable de tout contrôler dans le moindre détail et ce à l'insu de tous. La couleuvre devient un peu grosse pour être gobée aussi facilement. MPD Psycho possède un scénario riche en surprises mais prend, pour cause de surabondance de pistes, le risque de se perdre lui même...

Autre point de détail significatif: MPD Psycho semble être une oeuvre à plusieurs voix. Passé un certain stade, il est difficile d'établir un héros fixe. La mise en scène insiste en effet sur le point de vue de tous les acteurs. Kobayashi, Isono, Sasayama ou même Shinji Tetora constituent autant de héros potentiels en fonction de la période. Aux difficultés déjà évoquées, on peut ajouter donc la suivante: il est ardu de suivre l'avancée de l'enquête d'un point de vue externe, sans jamais réellement s'identifier à un véritable personnage central.

Des thèmes variés

Au delà de la simple enquête, MPD Psycho est une oeuvre qui peut soulever des questions dans des domaines variés. D'un point de vue conceptuel, la définition des "personnalités" pose ainsi plusieurs problèmes. Notamment de par sa réification, c'est-à-dire son caractère transposable d'un individu à l'autre comme si la personnalité formait un tout uniforme. Ce qui revient déjà à admettre la distinction entre le corps et l'esprit et surtout considérer que l'ensemble des caractéristiques d'un individu sont corrélées sans être liées au corps. La personnalité d'un individu est-elle sa mémoire? ses gènes? repose t-elle sur la conception théologique d'une âme immatérielle? Dans MPD Psycho, les comportements sont considérés comme résultant simplement des gènes, dans la mesure où les membres de l'organisation Gakuso sont "conditionnés" à vie par une simple manipulation génétique. Ce qui revient à affirmer la prééminence absolue de l'inné sur l'acquis -rejet de toute forme de conditionnement psychologique ou social- et entre donc en conflit avec l'idée d'expérience de l'individu. Pour résumer, on peut dire qu'Otsuka se rapproche d'une conception proche du socio-génétisme, que ce soit pour la critiquer ou parce qu'il y a adhère. Ce qui a au moins le mérite de soulever des questions cruciales quant à la conception que l'on peut se faire d'un individu.

En outre, passé un certain stade, l'œuvre prend une coloration nettement plus politique. En filigrane, on assiste à une description au vitriol de la politique japonaise. Ohnigata, magouilleur en chef, et ministre de la Justice du camp des conservateurs s'arrange ainsi pour faire accéder les siens au pouvoir. Certaines scènes montrent ainsi l'opposition entre socialistes et conservateurs, le rapport des japonais au nationalisme et aux Etats-Unis avant d'aborder des sujets plus polémiques encore tels que l'eugénisme ou la mise en place d'un système de surveillance total des citoyens. En montrant les dérives que peuvent engendrer la mise en place de tels systèmes, Otsuka cherche t-il à en montrer les dangers? Cela est discutable, dans la mesure où ce système de surveillance servant à coder et contrôler les citoyens fait partie des objectifs de Gakuso mais sert également à Sasayama lorsque celui-ci se décide à enquêter sur les méfaits du dit groupe...

Un autre point qui marquera sans doute le lecteur de MPD Psycho: le parallèle fait entre Lucy Monostone -figure fictive- et Jésus-Christ. A plusieurs reprises, voit-on Monostone cloué sur une croix, ou gourou de diverses sectes. De même certains crimes revêtent sans l'ombre d'un doute une dimension théologique, ne serait-ce que la partie sur les Anges où Otsuka va même jusqu'à citer la Bible (et plus particulièrement sa vision de la création de la femme à partir de la côte que peut avoir toute Eglise (cherchant par exemple un prophète pour mieux manipuler la foule). Voire une critique de la foi en tant que déni de la réalité terrestre... Je pense aux quelques mots lancés par Tetora a l'une de ses victimes avant de la tuer, lui expliquant l'inutilité selon lui de la prière.

Conclusion

MPD Psycho constitue une oeuvre multiforme, difficilement palpable. De par sa violence crue et son scénario retors, elle ne peut être conseillé qu'aux lecteurs les plus acharnés. Chacun y trouvera sans doute son compte, qu'il s'agisse de suivre une enquête haletante -quoique parfois surjouée- ou pour voir mis en scène la cruauté et la sournoiserie humaine.
Le tout étant qui plus est servi par le trait net et précis de Tajima. Sans aucune bavure, son art de la mise en scène est assez remarquable dans le soin apporté aux perspectives et aux décors (sans doute travaillé à partir de photos). En outre, son encrage si particulier est ici aisément reconnaissable avec très peu de dégradés et une netteté dans la colorisation.
Cerise sur le gâteau, la série est truffées de petites références au monde du manga (Gundam, Evangelion, et même un détournement de la citation culte de Ken le survivant), ce qui résulte sans doute le la passion d'Otsuka pour le monde du manga, celui-ci étant d'ailleurs un critique reconnu au Japon.
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Koiwai
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Re: MPD Psycho

Message non lu par Koiwai » 11 juin 2008, 17:47

Wow, superbe présentation :D

J'ai lu tout ça avec beaucoup d'intérêt, et ça m'a permis de comprendre un peu mieux l'oeuvre (qu'il faudrait que je relise, car je ne m'en souviens plus trop) :)
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Floo D Ace
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Re: MPD Psycho

Message non lu par Floo D Ace » 11 juin 2008, 19:11

J'ai voté j'adhére, car c'est le cas. :arrow:

Non sérieusement c'est une très bonne série, d'une j'adore les dessins de Sho-U Tajima. De deux le scénario de Otsuka est complexe à souhait, et parfaitement orchestré. Par contre il est vrai que ton article m'a beaucoup, éclairé car si dans l'ensemble j'ai plutôt bien suivis je dois avouer que les sorties espacés ne facilite vraiment pas la compréhension de ce manga plus que complexe (en passant c'est pareil pour l'autre manga d'Otsuka "Kurosagi, livraison de cadavres" qui est aussi galére a suivre de part sa parution lente).

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Iemitsu
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Re: MPD Psycho

Message non lu par Iemitsu » 12 juin 2008, 12:04

Excellente présentation en effet ! :)

Je me suis mis à jour dans les MPD Psycho il y a peu, généralement moi qui ne suis pas très fan des mangas ou on nage complètement j'ai plus que accroché à celui-ci.
Il faut dire que le déroulement est assez spécial, l'auteur s'amuse à intensifier le mystère au fil des tomes tout en nous donnant quelques éléments de réponses. Sauf que la trame est tellement complexe qu'il est malgré tout difficile pour le lecteur de fournir des hypothèses qui se tiennent. Situation qui peut s'avérer frustrante pour beaucoup et je le comprendrais parfaitement mais sur le coup j'adhère totalement.

Au niveau de la violence, j'ai été tout particulièrement choqué par certains tomes par exemple :

[spoiler]Dans le tome 5, la scène ou Michel Partner tire une balle dans la tête d'un des Lucy-7... Peut-être déjà vu sauf que quand la victime est un enfant, ça fait tout de suite un peu plus froid dans le dos... Surtout qu'on nous cache vraiment aucun détail ![/spoiler]

Le tout renforcé par le trait assez froid et réaliste du dessinateur, à ce sujet d'ailleurs il me semble si mes souvenirs sont bons que l'auteur s'en explique à la fin du premier ou deuxième tome. (possibilité que je confonde avec un autre titre, je n'ai pas mes volumes sous la main pour vérifier)

Le vrai soucis c'est que le déroulement étant parfois très flou et étant donné que le tome 12 n'est pas encore là de sortir par chez nous, j'ai l'impression que plus d'un sera forcé de relire les tomes précédents pour se replonger convenablement dans l'histoire ! :)

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Re: MPD Psycho

Message non lu par samizo kouhei » 12 juin 2008, 16:24

Le titre devient un gros foutoir au tome 6 et le scénariste ne semble plus savoir où aller avec profusion de clones et de transferts de personnalité. Et la publication erratique m'ont complètement fait décrocher, dommage car le dessin reste toujours aussi sublime.

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Re: MPD Psycho

Message non lu par Drazorback » 12 juin 2008, 18:11

Visiblement tout le monde est plutôt d'accord pour dire que le scénario est pas ce qu'il y a de plus limpide, c'est vrai... Notamment, lors de la deuxième partie où Gakuso prend plus d'ampleur avec multiplications des clones, transferts de personnalités et aux effets de manches plus ou moins grossiers.

Cependant, le tome 11 -le volume entier est un flashback qui résume la situation antérieure au tome 1- recadrait quand même les choses et laissait espérer un dénouement assez proche, ou tout au moins une histoire mieux cadrée, avec des limites plus claires. Pour confirmer, il ne reste plus qu'à attendre la sortie du tome 12.
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Re: MPD Psycho

Message non lu par ElfHelm » 30 sept. 2008, 16:53

MPD, c'est de la bombe...
Par contre les auteurs ils pourraient se grouiller pour sortir la suite, là.
bon le 12 est sorti au Japon, et nous alors !!! :?
Je suis l'andouille, qui fait l'imbécile...avoir l'air con peut etre utile, l'etre vraiment serait plus facile !!

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Re: MPD Psycho

Message non lu par Floo D Ace » 30 sept. 2008, 17:06

ElfHelm a écrit :MPD, c'est de la bombe...
Effectivement je confirme mes dire de l'autre post, ce n'est pas avec des post de ce genre que tu vas rester longtemps. :roll:

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Gladior
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Re: MPD Psycho

Message non lu par Gladior » 30 nov. 2008, 00:11

Je parcourais un peu le site quand je suis tombé par hasard sur ce manga, le résumé ma beaucoup plus et je suis allez me procurer le premier volume.

D'abord j'ai étais frapper par les dessins magnifique ! Le scénario complexe qui vient s'ajouter à ça ma donner l'envie de prendre la suite, cependant j'espère ne pas être déçu comme samizo ... c'est vrai qu'il doit être difficile de gérer toutes ces multiples personnalités, je suis revenu quelque fois en arrière pour bien comprendre ^^
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shun
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Re: MPD Psycho

Message non lu par shun » 30 nov. 2008, 10:12

pour ma part j'ai arrêté cette série vers les tomes 4-5 je pense, l'auteur fait surgir trop de personnalité et rend encore plus confus le scénario, comme souvent avec ce scénariste l'histoire se perd au fil des tomes, dommage car le début était très prometeur.
j'avais adoré la fleur dans le cerveau :D
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