Kajô, la corde fleurie

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Blacksheep
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Kajô, la corde fleurie

Message non lu par Blacksheep » 04 sept. 2008, 15:08

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Une série en 6 volumes de Kazuo Koïké (scénario) et Hideki Mori (dessin), disponible chez Akata.
Résumé : Hanatarô vit dans une maison commune des bas quartiers de Edo et plus rien ne le retient dans ce monde. Quand sa jeune voisine tue son beau-père qui tente de la violer, Hanatarô se présente aux autorités comme étant l'assassin. Mais Heizô Hasegawa, le chef de la brigade, reconnaît en lui un ancien lutteur de sumo. Quelques années plus tôt, Hanatarô était sur le point de remporter le titre suprême de Yokozuna. De peur que la gloire ne l'amène à la rejeter, sa maîtresse le drogua le jour de la rencontre de sa carrière afin qu'il ne puisse pas combattre. Depuis ce jour, Hanatarô a perdu l'envie de vivre. Hasegawa, au courant de l'histoire, préfère tenter de la lui faire retrouver plutôt que de faire exécuter un innocent. Il faut dire que Hasegawa est un adepte de "la corde de fleurie", ce lien invisible qui enchaîne les hommes à l'existence en leur faisant accepter la vérité quelle qu'elle soit. C'est elle qui sauve Hanatarô mais c'est aussi elle qui conduit un propriétaire d'une gargote ayant tué un voyou à se dénoncer en public. Après un retour quasi miraculeux à la vie, Hanatarô devient l'homme de main d'Hasegawa, le secondant dans son quotidien et allant jusqu'à le porter quand la maladie vient à le priver de l'usage de ses jambes.

Dernière série en date de Kazuo Koiké, “Kajô” retrace les derniers jours d'un “policier des temps passés” Heizô Hasegawa, personnage historique éminent célèbre que l'on a pu croiser dans de nombreux mangas, sous forme parodique ou non.
Pour cette série, le célèbre scénariste se retrouve associé à Hideki Mori qui a déjà démontré son talent graphique sur des séries comme “Stratège”, “Tsuru” ou “Tengu”. Son style réaliste s'avère plus qu'adéquat pour représenter le Japon du XVIIIème siècle : il dessine avec crédibilité costumes et décors, et accorde un soin tout particulier aux expressions faciales de ses personnages.

L'histoire débute à la fin de la vie d'un Hasegawa malade, presque incapable de se déplacer, mais dont les neurones fonctionnent encore. On sera très amusé de le voir inspecter et étudier en détail la scène de crime et reconstituer les faits d'après ses observations. Un “expert” avant l'heure. Koiké lui donne comme partenaire un ancien sumotori, hanté par son passé et prêt à tout pour mourir. Les deux hommes se retrouvent vite liés avec d'un côté celui qui refuse la mort et de l'autre celui qui la désire ardemment. Mais ce n'est pas leur seule opposition. Nous avons également là un duo du type “la tête et les jambes”, Hanatorô le sumo jouant les gros bras et portant le plus souvent sur son dos son mentor, le “cerveau” Heizô.
Les chapitres alternent entre le quotidien de notre sumo suicidaire et les enquêtes du vieux policier. Ainsi en plus du personnage historique, on apprend également à mieux connaître ce sport méconnu qu'est le sumo, avec un athlète loin des canons de notre époque, presque gracile comparé à ses adversaires.

Ici encore Koiké mélange habilement réalité historique et fiction, et nous montre qu'il sait s'entourer en choisissant un dessinateur de talent. L'édition Delcourt est particulièrement soignée avec un très bon travail sur les onomatopées et des notes de fin de volume très complètes, plus que nécessaire. Un premier volume particulièrement intéressant, qui se lit d'une seule traite.
"Dès qu’on tombe amoureux, on devient des menteurs" Harlan Ellison
"Tout homme normal est tenté à un moment de sa vie de cracher dans ses mains, de hisser le drapeau noir et se mettre à trancher des gorges." H. L. Mencken
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