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Blessures nocturnes

Posté : 15 oct. 2008, 01:55
par Koiwai
Blessures nocturnes:
La fiche sur manga-news

Après le très intéressant Under the same moon, les éditions Casterman nous invitent à découvrir au sein de leur collection Sakka la toute dernière oeuvre de Seiki Tsuchida, Blessures nocturnes, adaptation en manga du roman "Yomawari sensei" d'Osamu Mizutani. Il faut également savoir que ce roman est lui-même inspiré de faits réels vécus par l'auteur.

Mizutani est un professeur en cours du soir qui voit régulièrement des jeunes qui, abandonnés par tous, voire martyrisés par leur entourage, sombrent dans la violence, la drogue, le vol ou la prostitution. Mais un jour, suite à un évènement dramatique et dégoûté par son inaction face à ces dérives, il décide de venir en aide à cette jeunesse en marge.

C'est donc un thème assez sombre et dur qui est au coeur de ce manga, et, il faut bien l'avouer, Seiki Tsuchida le traite avec un réel talent. Sans jamais tomber dans de grosses ficelles visant à émouvoir le lecteur avant tout, l'auteur nous dresse le portrait d'une certaine jeunesse en difficulté au coeur du Japon actuel, mais aussi celui d'un homme admirable de par sa volonté de sortir ces jeunes de leurs malheurs. D'autant que le but qu'il s'est donné n'est pas de plus aisés, ni des plus joyeux: en effet, si certaines histoires finissent bien, ce n'est pas le cas pour d'autres. Mais quelle que soit la chute, chaque histoire est véritablement porteuse d'espoir pour ces jeunes en marge.
On constate que le style visuel de Tsuchida, depuis Under the same moon, a légèrement évolué. Même s'il reste un problème lié à l'aspect figé des personnages, ceux-ci ont des physiques moins caricaturaux et l'ensemble paraît moins froid. Le découpage reste classique mais terriblement efficace, et l'auteur nous offre quelques double-pages incroyablement percutantes, qui, à elles seules, arrivent à refléter toute la détresse des personnages.

Il paraît difficile de rester insensible face à ce premier tome de Blessures nocturnes, puisque Seiki Tsuchida nous offre ici une oeuvre terriblement réaliste et humaine.

Pas de gros problème à signaler du côté de l'édition, si ce n'est une traduction parfois un peu lourde. A part ça, le papier et l'impression sont de très bonne qualité, et l'adaptation se maintient.

Re: Blessures nocturnes

Posté : 27 oct. 2008, 02:06
par EdenA
Un manga très intéressant, et qui prend une toute autre envergure une fois la note de fin parcourue. Car, oui, ces histoires sont toutes inspirées de faits rééls, et de personnages que l'auteur a rééllement cotoyé.
Le graphisme de l'auteur du très bon Under The Same Moon se marie d'ailleurs fort bien aux intrigues, par son réalisme et sa simplicité. Très bien adapté, donc, ce qui permet au pathos de fonctionner, sans tomber dans l'excès, d'ailleurs.
Certes, le récit est encore perfectible, les protagonistes, même si loubards ou délinquants, restants de bons garçons faciles d'approches, mais on sent plutôt bien le potentiel des prochains volumes, et de ce que cette rencontre d'auteurs peut amener.
Un manga à parcourir, une petite curiosité touchante, bref, une oeuvre que je recommande, et qui confirme tout le bien que je pense de la majeure partie de la politique éditoriale de mon chouchou, Sakka :).

Re: Blessures nocturnes

Posté : 19 févr. 2009, 19:23
par Koiwai
Tome 2:

Trois histoires se partagent les pages de ce volume, mais la deuxième, "Ai", développée durant une grosse moitié du tome, est clairement celle qui se démarque le plus. Nous y découvrons, en compagnie de Mizutani, une jeune fille à la vie gâchée par un père qui l'a violée. Soignée dans un établissement spécialisé, elle peut compter sur Mizutani, mais aussi sur son ami Kêtatsu, mais cela ne l'empêche pas de souffrir intérieurement et d'être prise de crises dès qu'un petit évènement lui rappelle les fantômes de son passé... Le professeur Mizutani sera-t-il capable de sauver cette enfant ?
Les deux autres histoires, même si elles sont malheureusement moins développées, restent particulièrement intéressante. Tandis que dans "Le fantôme de la balançoire" Mizutani tente de venir en aide comme il le peut à une fillette devant subir au quotidien une vie familiale chaotique, "La lumière du soleil" nous invite simplement à suivre les péripéties d'un jeune garçon handicapé durant un voyage scolaire... dirigé par Mizutani.

Les situations des victimes sont donc variées, et les thèmes aussi: le handicap, le viol, les parents irresponsables sont quelques-uns des sujets abordés ici, souvent avec dureté, mais sans jamais tomber dans la surenchère.
Une nouvelle fois, c'est un volume très dur, cruel et perturbant qui nous attend. Malgré sa volonté d'aider ces jeunes, Mizutani reste un homme et ne peut influer sur le cours des choses qu'en tant que tel: l'impossibilité d'agir, la détresse et la mort sont bel et bien présents, mais à côté de cela, le message d'espoir est toujours là, avec plus ou moins de force selon les histoires.

Ce deuxième volume confirme tout le potentiel de Blessures nocturnes, manga terriblement humain, qui se veut le portrait d'une certaine jeunesse en détresse. L'oeuvre prend encore plus de sens quand on sait que le scénariste s'inspire de sans cesse de choses qu'il a lui-même vécues. Et quand on sait cela, on ne peut que saluer son combat. Un titre à essayer d'urgence.

Comme pour le volume 1, l'édition de Casterman reste satisfaisante, et l'on appréciera à leur juste valeur les petits essais qui séparent chaque chapitre, et où Mizutani raconte ce qu'il a vécu depuis des années en tentant de protéger ces enfants. Le titre n'en est que plus sincère.

Re: Blessures nocturnes

Posté : 17 juin 2009, 13:36
par Koiwai
Tome 3:

Trois nouvelles histoires sont au programme de ce volume.
Dans la première, qui occupe plus de la moitié du tome, le "guetteur" Mizutani tente de venir en aide à Kôya, l'un de ses élèves qui a tendance à sécher les cours certains mois en particulier. Un jour, celui-ci lève la main sur l'un de ses professeurs qui lui a simplement demandé de se déshabiller pour une séance de natation. Alors que la majorité souhaite l'expulser, Mizutani va tenter de trouver les raisons du comportement de Kôya, et va découvrir en lui de terribles séquelles physiques et psychologiques liées au traitement que lui inflige son père au chômage et alcoolique. Grâce au "guetteur", le jeune garçon semble sur la voie de la guérison, mais son appartenance à une bande de motards pourrait bien venir tout briser...
Les deux autres histoires, moins développées et tenant chacune sur une trentaine de pages, n'en restent pas moins intéressantes et poignantes. Dans la deuxième, Mizutani vient en aide à un garçon de 19 ans vivant dans la rue, rejeté par sa belle-famille et ses employeurs à cause de son asthme et de ses crises d'épilepsie. Accueilli dans la classe du "guetteur", il reprend sérieusement ses études, se trouve une petite amie... Mais alors qu'il commence à être heureux, sa chute n'en sera que plus brutale et marquante pour Mizutani et les lecteurs. La troisième et dernière histoire, quant à elle, voit notre héros aider par téléphone une jeune fille recluse à cause de son physique ingrat, et qui finira par reprendre confiance en elle.

Une nouvelle fois, ce sont des situations très variées qui se dévoilent devant Mizutani. Qu'il s'agisse de ses élèves ou d'enfants étrangers qu'il croise en sortant la nuit, que les choses s'arrangent ou virent au tragique pour eux, le "guetteur" continue de venir en aide comme il le peut aux enfants marginalisés par une société qui les rejette ou les maltraite. Mais malgré toute sa bonne volonté, Mizutani fait régulièrement des erreurs ou est obligé de reconnaître sa propre impuissance face à certaines situations dramatiques. Le récit n'est jamais enjolivé, ce qui le rend on ne peut plus vrai et humain, d'autant qu'il est à nouveau ponctué des essais d'Osamu Mizutani, toujours aussi poignants.

Le travail de Seiki Tsuchida est toujours aussi remarquable. Le dessinateur ne s'embarrasse jamais de grosses ficelles narratives, se contente de retranscrire les choses avec la plus grande simplicité, ce qui les rend on ne peut plus vraies et percutantes. Son coup de crayon colle toujours aussi bien, et sait faire ressortir quand il le faut toute la bonté et/ou la détresse de Mizutani et des autres personnages.

On serait tenté de reprocher à Casterman le rythme de parution lent (un tome tous les quatre mois), mais finalement, cela nous permet de mieux prendre conscience que chaque volume est un véritable bijou dans son genre. Blessures Nocturnes est un témoignage poignant d'un homme remarquable dans sa volonté d'aider les jeunes marginalisés comme il le peut, bien qu'il reste avant tout un homme. Voici sans doute l'un des manga les plus vrais sur le plan humain.

Re: Blessures nocturnes

Posté : 04 nov. 2009, 00:37
par Koiwai
Ce topic est un flop :cry:


Tome 4:

Comme les volumes précédents, ce quatrième tome est doté d'une couverture dominée par le noir, ce qui en dit déjà long sur le contenu du titre... Et pourtant, pour une fois, toutes les histoires de ce tome ont une conclusion globalement optimiste. Pour le reste, c'est du pareil au même, et c'est toujours aussi poignant: dans chacune des quatre nouvelles histoires qui nous y sont proposées, le "guetteur" Mizutani vient à nouveau en aide à des jeunes marginalisés ou en détresse, qu'il s'agisse d'un de ses élèves ou d'inconnus croisés au détour de l'une de ses tournées nocturnes.

Dans la première histoire, il est question d'une élève d'une grande pauvreté, obligée de voler le porte-monnaie de l'une de ses camarades de classe pour pouvoir subvenir aux besoins de sa mère hospitalisée. Prise en flagrant délit par un autre élève, elle sera couverte par Mizutani, qui a compris qu'elle n'a pas commis cet acte sans raison, et ce malgré la désapprobation et l'étonnement de ses collègues. La confiance sans faille du "guetteur" pour son élève sera récompensée de la plus belle des manières deux ans plus tard.
La deuxième histoire voit Mizutani venir en aide à un jeune garçon rencontré dans la nuit, sur le point de se suicider, après avoir fugué pour échapper à une mère qu'il a déçu à cause de ses notes insuffisantes pour entrer à la prestigieuse université Tôdai, et qui ne semble pas très inquiète de la fugue de son fils...
Dans la troisième histoire, Mizutani s'oppose à ses collègues dans le but d'accepter dans l'enceinte de l'établissement un élève réputé comme étant "à problèmes". Ne pouvant pas s'occuper lui-même de lui, notre héros voit son nouveau protégé atterrir dans la classe d'un professeur qui le prend très rapidement en grippe...
Enfin, la dernière histoire se centre sur l'aide qu'apporte le "guetteur" par téléphone à une jeune fille qui manque de confiance en elle et a du mal à s'ouvrir sur le monde extérieur.

En accordant la plus grande confiance à ceux qu'il appelle tendrement ses "enfants" et en ayant véritablement la volonté de leur offrir un avenir heureux, et ce quel que soit leur passé, "le guetteur" nous offre une nouvelle fois des leçons de vie bourrées d'une humanité exemplaire, leçons qui se poursuivent une nouvelle fois dans les essais séparant chaque chapitre, tout aussi poignants et vrais. Le personnage est étonnant et exemplaire dans les décisions à contre-courant qu'il prend par moments, et l'on appréciera également beaucoup que ce volume insiste un peu plus sur la vision que Mizutani donne de lui à ses collègues. Collègues dont il arrive également, parfois, à changer la mentalité.

Toujours aussi magnifique car vrai, Blessures Nocturnes est le genre de titre que l'on aimerait voir dans toute mangathèque. Assurément l'un des manga les plus humains qu'il nous ait été donné de lire en France, si ce n'est le plus humain.

Re: Blessures nocturnes

Posté : 11 févr. 2010, 01:06
par Koiwai
Tome 5:

Pour la première fois depuis le début de la série, la couverture d'un volume de Blessures Nocturnes affiche un Mizutani esquissant un sourire: qu'on se le dise, tout comme le tome 4, ce cinquième opus nous propose des histoires (4 au total) ayant toutes une conclusion portée vers l'optimisme.

Dans la première histoire, la seule du tome s'étendant sur deux chapitres, le "guetteur" vient en aide à Cheng, un jeune japonais d'origine chinoise faisant ses premiers pas sur la dangereuse voie des Yakuza. Pour sauver son élève, il n'hésitera pas à donner de sa propre personne, à souffrir à sa place. Preuve, une nouvelle fois, que la détermination de cet homme n'a d'égale que son humanité.
La seconde histoire a pour victime un enfant racketté par ses camarades et négligé par son père veuf. Ne supportant plus sa situation, il laisse un mail à Mizutani où il avoue qu'il s'apprête à sauter du haut du quatorzième étage d'un immeuble dans une ville lointaine. Avec laide de ses collègues, le "guetteur" retiendra pendant une heure et demi au téléphone l'enfant pour laisser le temps à la police de la ville de le retrouver et de l'empêcher de commettre l'irréparable. Ici, l'émotion passe surtout par le fait que la victime soit un très jeune enfant, preuve que le mal-être passe par tous les âges.
Ce qui se confirme avec la quatrième histoire du tome, pour le moins originale puisque cette fois-ci, c'est à un enseignant que Mizutani vient en aide. Maniwa, professeur débutant souhaitant prendre modèle sur Mizutani, est pourtant incapable d'obtenir le respect de ses élèves. Le "guetteur" lui avouera ce qui lui manque: la sincérité envers ses élèves. Une belle leçon de vie que devraient sans doute mettre en pratique certains enseignants.
Enfin, avant cette histoire vient s'en loger une autre, celle d'une jeune fille qui, martyrisée par ses camarades de classe, ne parvient plus à se rendre jusqu'à son lycée. Aidée par Mizutani, mais aussi par sa mère, pourvue d'une grande compréhension, la jeune fille parviendra à son but, à force d'efforts qui ne manqueront pas de faire changer ses anciens tortionnaires.

Ce cinquième volume peut paraître un peu moins percutant que les précédents, mais dépeint pourtant quatre nouvelles histoires différentes les unes des autres, montrant bien à quel point les situations des personnes qu'aide le "guetteur" peuvent être différentes. Toujours ponctué par les brefs mais ô combien essais autobiographiques de Mizutani, Blessures Nocturnes, de par sa dimension réaliste et ô combien humaine, continue d'émouvoir et de porter un message d'espoir pour les jeunes en difficulté.

Re: Blessures nocturnes

Posté : 11 févr. 2010, 06:26
par feryoni
Koiwai a écrit :Ce topic est un flop :cry:
Mais non , mais non :wink:
pour la peine je vais m'offrir les 4 premiers tomes parce que j'aime bien ce style de mangas terre à terre , car la vie n'est pas un long fleuve tranquille de nekketsu , de super pouvoir et de romances à l'eau de rose :mrgreen:

Re: Blessures nocturnes

Posté : 11 févr. 2010, 18:17
par Raimaru
Pour ma part, je recharchais un manga à caractère social quelque peu dramatique. Une petite recherche sur MN et hop ! Me voilà diriger sur Blessures Nocturnes ! Une fois que j'en ai eu l'occasion, je me suis procuré les quatre tomes sortis, et le manga correspondait tout à fait à mes attentes.

Tout d'abord, le protagoniste principal est très intéressant, puisqu'il existe vraiment. Ses témoignages entre chaque chapitre renforce l'aspect réaliste de l'oeuvre. C'est d'ailleurs bien la force de ce titre, le réalisme, qui renforce les sentiments tels que la joie ou la tristesse. Chaque histoire part de faits réels, mais on voit bien que l'auteur remanie parfois les évenements, mais bon, le message reste le même.

Quant au dessin, il est tout simplement approprié au manga, visages réalistes, gros plans perçants allant jusqu'à la double page (pour plus marquer le lecteur je suppose...) et beaucoup de contrastes noir/blanc.

En définitive, ce manga est destiné à ceux qui recherchent quelque chose de fort.

Re: Blessures nocturnes

Posté : 03 mars 2010, 18:40
par feryoni
je suis agréablement surpris par ce mangas. au premier abord en survolant le mangas on se dis, bonjour le dessin ( glauque / noir ) trait incisif sans chichis ni tralala. les arrières plans sont en options mais tout ceci marque la noirceur du titre qui est d'un impacte réaliste et qui ne laisse pas indifférent.
d'habitudes on idéalise la société japonaise dans les mangas mais Blessures nocturnes nous montre la face cachée, l'envers du décor avec authenticité, ce qui nous pousse à réflexion.
Les paroles de l'auteur à la fin de chaque volume appuie de plus belle notre empathie nous mettant la larme à l'œil :|
vraiment excellent. vivement la suite :wink:

Re: Blessures nocturnes

Posté : 05 mars 2010, 08:08
par Heiji-sama
A noter que la série est bien terminée. Elle fait 9 Tomes + 1 Tome "Spin Off". Donc 10 Tomes au total.