Le Cheminot

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
Rider on the Storm
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Le Cheminot

Message non lu par Koiwai » 13 janv. 2009, 00:04

Le Cheminot
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La fiche sur Manga-news

Le Cheminot est un one-shot scénarisé par Jiro Asada. Aux dessins, on retrouve Takumi Nagayasu, dont nous avons déjà pu apprécier le travail sur Mother Sarah. Sorti fin 2001 chez Panini, ce one-shot a été l'objet d'une réédition deluxe en octobre 2007. Cette oeuvre est en réalité composée de deux histoires.

La première histoire, qui donne son nom au manga, prend place dans un petit village d'Hokkaido, et nous propose de suivre la vie d'un vieux chef de gare, qui apprend qu'il va être forcé de prendre sa retraite suite à la fermeture prochaine de la ligne ferroviaire où il a toujours travaillé. Cet évènement est pour lui l'occasion de se remémorer les 45 années qu'il a passées, à rester sur le quai, jour après jour, qu'il pleuve, vente ou neige, pour lever son drapeau à l'approche des rares trains passant par là.
Malheureusement, cette passion et cette rigueur dans le travail lui ont fait négliger sa femme et sa jeune fille... Et, au fur et à mesure que les pages défilent, nous découvrons en ce vieil homme une personne qui, sous son aspect inébranlable, est complètement miné par le passé.
Le Cheminot est un récit simple, celui de la vie d'un homme qui a sacrifié son bonheur familial pour son travail et qui a vu s'installer en lui une profonde mélancolie. Le lecteur découvre peu à peu, touché, les souvenirs revenant à la mémoire de cet homme, avant d'arriver à une fin bouleversante et qui ne manquera pas de faire couler une petite larme aux plus sensibles.
L'histoire se passant à l'époque des fêtes de fin d'année, nous avons droit à de superbes dessins de paysages enneigés, où tout paraît calme, ce qui ne manque pas de renforcer l'impression de solitude de notre cheminot. Et aucun mot n'est assez fort pour décrire mon ressenti devant les pages où l'on voit le vieil homme sous la neige, seul sur son quai, attendant que le train passe...

Le Cheminot est un manga profondément humain de par sa simplicité et le travail apporté à son personnage principal, le tout étant servi par un aspect visuel réaliste absolument magnifique. Une histoire qui ne manque pas de rappeler les titres les plus humains de Jiro Taniguchi... et qui, à mon goût, les dépasse.

La deuxième histoire, baptisée "La lettre d'amour", nous présente Goro, un petit mafieux égoïste, qui va changer peu à peu suite à une lettre que lui a laissée une femme décédée qui avait décidé de se confier à lui. Là encore, c'est une histoire humaine et toute en subtilité qui nous attend, même si, il faut bien l'avouer, elle reste moins poignante que la première.

Au final, voici un manga terriblement humain et touchant, qui s'impose comme un indispensable pour tous les amateurs du genre. D'autant que, globalement, l'édition de Panini est correcte. A ce titre, on les remerciera pour les superbes pages en couleurs.
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Kakunoshin Niitsu
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Re: Le Cheminot

Message non lu par Kakunoshin Niitsu » 20 nov. 2010, 22:47

A la fin de la lecture du cheminot il est difficile de rester insensible aux pages qui viennent d'être tournées.Les auteurs de cette histoire, avec talent retranscrivent la destiné d'un homme : Otomatsu, chef de gare dans un village isolé du Japon.Relique d'un passé glorieux ce vieil homme charismatique et digne a construit sa vie en privilégiant l'amour de son métier et l'honneur qu'il eut à l'exercer le long d'une existence qui pour lui fut l'occasion de voir le monde inéluctablement changer au fil des générations.Cette gare autrefois animée, aujourd'hui se meurt de son manque d'activité et va devoir fermer ses portes mettant ainsi fin à la carrière professionnelle de son bienveillant veilleur.

Une carrière pour laquelle il délaissa son foyer.Un mal nécessaire pour Otomatsu persuadé que son métier véritable sacerdoce à ses yeux se doit de passer au premier plan.Un choix qu'il assume fidèle à sa pensée et en s'interdisant de pleurer sur un passé douloureux.
Cela sera pour nous le moyen de découvrir par fragments les souvenirs de ce monsieur qu'il va se remémorer soit à l'occasion de la visite de collègues admiratif de sa constante dévotion, soit aux hasards des rencontres du vieil homme avec une petite fille avec qui il va se laisser aller et se surprendre à raconter sa vie.

L'émotion que j'ai ressenti dans ce premier récit du cheminot est très forte.Peut être d'autant plus forte que les auteurs s'attachent à nous la faire vivre par l'intermédiaire d'un homme de convictions, solide et en apparence peu sensible.De plus la subtilité du scénario de Asada Jiro fait merveille nous permettant de comprendre que ce qui a détruit sa vie personnelle et aussi ce qui lui a permis de ne pas sombrer au fil des années.Une belle façon de montrer que réussir dans la vie n'est pas réussir sa vie.

La seconde histoire : Love Letter va nous faire connaître Goro, malfrat sans grande envergure vivant de combines en tous genres.En sortant de prison il va se découvrir un femme décédée.Cette femme qu'il avait épousé pour lui permettre de résider sur le territoire Japonais contre une belle somme d'argent va se rappeler à lui... Son chef mafieux lui demande de s'occuper des funérailles de cette fille qu'il ne connaît pas et va la découvrir par l'intermédiaire de lettres qu'elle lui a écrite avant de disparaître.Touché dans son être Goro va subitement changer et réaliser la vie qu'il à sans le vouloir fait vivre à cette jeune femme...

Une histoire une fois encore émouvante mais moins que la précédente.L'émotion du premier récit venait en grande partie de sa finesse, ici Goro est bien plus caricatural que Otomatsu.C'est larmoyant et peut être un peu trop, surtout venant d'un homme qui ont l'imagine n'est pas né de la dernière pluie.Pourtant Love Letter est loin d'être une mauvaise histoire ! Et ce grâce à cette jeune femme d'origine chinoise, personnage extrêmement attachant dont la seule aspiration était d'être heureuse.Un espoir qu'elle garda le long de sa courte vie et qu'elle espérer voir se concrétiser en venant vivre au Japon.Seulement l'espoir des uns fait le business des autres : celui de Goro en acceptant ce mariage blanc et celui de son chef Yakuza qui va directement l'employer au quartier des plaisirs.

Au final deux récits poignants dont un exceptionnel ! Adaptés de romans de Jiro Asada plusieurs fois récompensés, laisse opérer ici le talent de Takumi Nagayasa dessinateur que je découvre seulement, avec un trait de toute beauté proche parfois de celui de Tsukasa Hojo (surtout dans les visages féminins) et qui fait merveille dans ce livre.Puis les deux monsieur sont à nouveaux associés sur un nouveau manga sur les shinsengumis, alors autant dire qui je vais suivre cela de très près !

Et un merci à Koiwai et à sa critique sur le site qui m'a permis de découvrir un petit trésor de manga !
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