Je ne suis pas mort

Kenzô Okada, employé d'une soixantaine d'années, est un homme fatigué et qui a du mal à s'habituer au monde moderne, si bien que ses proches le voient comme un homme ennuyeux. Licencié alors qu'il est proche de la retraite, il a en plus la mauvaise surprise, en rentrant chez lui un soir, de trouver son domicile complètement vide: sa femme et ses (déjà grands) enfants ont décidé de rompre tout lien avec lui, en laissant derrière eux un papier de demande de divorce et un compte en banque complètement vide. N'ayant plus rien, le sexagénaire voit ses pas le ramener dans sa région natale, où il décide d'en finir avec la vie. Il se rend dans une forêt, une corde à la main. Mais au moment où il se pend à un arbre, la branche cède. Toujours en vie, le vieil homme prend la décision de commencer une nouvelle vie au coeur de cette nature qui a refusé de le laisser mourir.
One-shot intéressant que ce Je ne suis pas mort, dans lequel l'auteur nous invite à suivre l'évolution d'un homme de soixante ans au coeur d'une forêt sauvage. Si les premiers temps sont difficiles, il se crée peu à peu une place dans cet univers, se construit une cabane, apprend à cultiver et à chasser, tandis que ses rares retours dans la vie civilisée attirent les regards béats ou hostiles sur lui. On n'a pas le temps de s'ennuyer car les rebondissements sont là, le plus important étant l'incursion dans son nouveau monde d'une jeune femme enceinte ayant connu la même destinée que lui, évènement qui occupera toute la deuxième moitié du titre.
Ainsi, nous suivons la nouvelle vie de cet homme, qui évolue bien durant les 250 pages, passant du statut de misérable comptable fatigué à celui de baroudeur à forte personnalité. Malgré quelques passages qui peuvent paraître assez improbables et exagérés, le tout est bien mené et au bout de notre lecture, nous avons l'impression que ce style de vie est normal et que c'est la civilisation qui est mauvaise et a perdu certaines notions de ce qu'est l'humanité.
Visuellement, bien que le titre date de 2007, le design des personnages pourra paraître un peu vieillot à certains. Il n'en reste pas mois très bon. Le trait est très expressif, et pour s'en convaincre, il suffit de comparer l'expression misérable du Kenzô comptable au début, à l'impression de force qu'il dégage plusieurs dizaines de pages plus loin. Nous avons donc là un trait qui rend parfaitement compte de l'évolution du personnage. Les décors naturels et sauvages, quant à eux, sont impeccables.
En 250 pages, Hiroshi Motomiya a plutôt bien su gérer son sujet, malgré quelques exagérations et caricatures. Je ne suis pas mort est un one-shot intéressant, qui dresse le portrait d'un homme ayant simplement décidé de vivre comme il en a envie, en ne se souciant plus des tumultes et des machinations de la société moderne.