L'île des téméraires

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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L'île des téméraires

Message non lu par Koiwai » 23 août 2009, 22:06

L'île des téméraires
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C'est chez Kana que l'on retrouve Shuho Sato, l'auteur de Umizaru, mais surtout du célèbre Say hello to Black Jack, avec la parution de L'île des téméraires, un one-shot très prometteur puisqu'il traite d'un sujet peu abordé et peu évident: celui des missions-suicides.

En 1944, durant la Deuxième Guerre Mondiale, les Japonais sont en difficulté face aux Américains qui ont pris le contrôle de l'océan Pacifique. Pour contrer ceci, le Japon lance une nouvelle arme assez particulière: la Kaiten, une torpille-suicide pilotée par un homme. L'heure du recrutement de pilotes prêts à se sacrifier pour la patrie japonaise est alors venue, au coeur d'une base militaire sur une petite île.

Avec L'île des téméraires, Shuho Sato nous offre une oeuvre à l'ambiance assez sombre, dans laquelle on trouve une réflexion psychologique particulièrement intéressante sur cette mission-suicide. Ici, le point de vue militaire est en avant, mais également le point de vue humain: l'auteur essaie ici, avant tout, d'analyser l'état d'esprit dans lequel pouvaient bien se trouver ces soldats kamikazes durant leurs phases d'entraînement, et l'appréhension face à la mort programmée ainsi que le sacrifice pour la nation sont donc des questions centrales... On pourra donc regretter que L'île des téméraires ne soit qu'un one-shot: on sent bien qu'à l'origine, l'oeuvre était destinée à être déclinée en une série, ce qui ne fut finalement pas le cas. De ce fait, la réflexion que souhaitait instaurer l'auteur est peu profonde et le travail sur la psychologie des personnages reste superficiel, Sato ne se focalisant véritablement que sur un seul personnage qui tente de comprendre le créateur de la Kaiten. De plus, pour lire ce one-shot, il ne vaut mieux pas être allergique aux fins très ouvertes, voire aux non-fins.

D'un point de vue graphique, le travail de Sato est remarquable de réalisme.

On pouvait clairement attendre plus de L'île des téméraires, mais la déception n'est pas présente, car le titre offre malgré tout de quoi réfléchir sur un sujet grave. Dans tous les cas, il est dommage que la série n'ait pas suivi.

Au niveau de l'édition, Kana nous propose treize pages en couleurs. La traduction et l'adaptation est correcte, est en ce qui concerne l'impression, ce n'est pas parfait, mais l'encre bave moins que sur beaucoup d'autres titres de l'éditeur.
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Kakunoshin Niitsu
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Re: L'île des téméraires

Message non lu par Kakunoshin Niitsu » 18 oct. 2009, 20:16

La lecture de ce One Shot et de sa fin ou plus exactement de sa non fin comme le dit Koiwai, m'a laissé un sentiment de frustration.
Tant j'aurais voulu en savoir plus ! Que ce soit sur Watanabe le personnage mis en avant et sur les deux créateurs des torpilles humaines.
Des flashbacks sur le principal concepteur de ses engins auraient été bienvenue.

C'est d'autant plus dommage que le graphisme est vraiment excellent et qu'il arrive bien à dépeindre l'ambiance qui pouvait régner à cette époque, mais 1 tome c'est vraiment trop court...
Cette oeuvre reste cependant de qualité et agréable à lire.Et qui sait peut être auront nous droit un jour à une suite ?
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Koiwai
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Re: L'île des téméraires

Message non lu par Koiwai » 15 févr. 2013, 00:07

Grand retour de la série après trois ans et demi !


Tome 2 :

En 2006 sortait au Japon l'Île des téméraires, ouvrage sur les missions-suicides japonaises de la 2ème Guerre Mondiale, longtemps resté à l'état de one-shot malgré l'envie de son auteur Shuho Satô d'aller plus loin, comme le laissait deviner la fin ouverte. Ouvrage qui fut donc présenté comme un one-shot quand les éditions Kana le publièrent en été 2009. C'est finalement quelques années plus tard, fin 2010, que l'oeuvre reprend enfin son cours de manière régulière au Japon. A présent, après quelques années d'attente, Kana nous offre la possibilité d'enfin découvrir la suite de cette oeuvre prometteuse en langue française.

Malgré le temps passé, on replonge rapidement dans le contexte, car il faut dire que Shuho Satô fait tout pour ça, grâce à un énorme travail historique et visuel. On a donc droit à des planches denses, millimétrées, où les expressions réalistes des personnages n'ont pas besoin de tomber dans l'exagération pour que les émotions, sentiments et ressentiments passent, où la peinture détaillée des machines de guerre reste plutôt bluffante, et où les décors intérieurs et les paysages finissent de faciliter l'immersion. Quant au gros travail de documentation historique, il est bien appuyé par une narration claire, qui coule de source.

Avec un tel emballage, l'auteur a toutes les clés en main pour mener à bien l'évolution de son récit, qui voit se dérouler ici deux missions-suicides successives, dont la deuxième devrait prendre fin dans le troisième volume. Si la peinture de guerre revêt une réelle importance et s'avère travaillée, l'auteur prend surtout le temps de nous plonger aux côtés de ses différents personnages. Ainsi le lieutenant Nishina a-t-il pour mission de mener la toute première escouade de kaiten, ces torpilles pilotées par des kamikaze. S'il a un certain sens du patriotisme, l'homme révèle surtout quelques faiblesses tout humaines, à commencer par la responsabilité qui pèse sur lui, puisque c'est à lui de choisir les hommes qui se sacrifieront pour la nation...
Mais c'est la suite du volume, avec l'arrivée de la deuxième mission quelques mois plus tard, qui attire le plus l'attention, en commençant à soulever de nombreux problèmes, surtout les exagérations mensongères quant au succès de la première mission afin de ne pas démotiver les hommes, ce qui provoque une petite rixe entre hommes qui doutent et ordres de l'armée à l'autorité toute puissante, mais aussi opposition de valeurs par violente entre ceux qui doutent et les hommes les plus fervents. L'auteur n'hésite donc pas à soulever de vrais problèmes allant au-delà des clichés et des leçons d'histoires toutes faites, mais n'oublie pas en parallèle les errances plus humaines, à commencer ici par la difficulté de devoir dire adieu à sa famille sans qu'elle ne se doute de rien. Sur ce point-là aussi, l'ambiance assez neutre mais très dense instaurée par l'auteur fait des merveilles.

Trois ans et demi après le premier tome, L'Île des téméraires effectue donc un retour gagnant. Immersive, dense, bien huilée et habilement partagée entre différentes problématiques humaines et militaires, la série de Shuho Satô a toutes les cartes en main pour se placer en tant qu'oeuvre de premier choix. On saluera également en fin de tome la présence d'un article concis éclaircissant quelques points de la guerre du Pacifique.
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Re: L'île des téméraires

Message non lu par Koiwai » 22 mai 2013, 19:44

Tome 3 :

Le lieutenant Nishina, l'un des concepteurs des kaiten, est tombé au combat lors de la première offensive. Une nouvelle vague de kaiten arrive, une nouvelle mission est lancée, laissant le doute dans l'esprit de certains soldats, parmi lesquels Watanabe. Les craintes de ce dernier sont vite confirmées, lorsque le sous-marin dans lequel lui et ses compagnons préparent leur mission-suicide est repéré par les forces américaines...

Un destroyer américain, puis deux et enfin trois arrivent alors pour encercler le sous-marin, prêts à lâcher les mines dès que celui-ci se dévoilera un peu trop. Pour le sous-marin, plus question de bouger, le risque de se faire précisément repérer par les sonars américains étant trop fort. Commence alors pour les embarqués japonais une épreuve tendue, une lutte de nerfs ayant comme enjeu leur survie. Lutte rendue immersive par le talent d'un auteur qui nous plonge aux côtés de ses personnages pour mieux en faire ressortir les doutes, les craintes face à la situation, et le sens extrême du sacrifice de certains.
Syuho Sato gère bien les choses, les rebondissements arrivant au compte-goutte, comme pour renforcer petit à petit le malaise et la tension de l'équipage tandis que le sous-marin dans lequel il se trouve semble de plus en plus mal en point. Pendant une bonne partie du tome, il n'y a que cette tension, palpable, immersive, qui nous fait nous accrocher au récit, car concrètement les choses avancent à un rythme d'escargot, et on commence alors sérieusement à se demander où est passé le portrait psychologique des kamikaze, quand celui-ci finit enfin par ressurgir en mettant en exergue le sens du sacrifice de certains, que cela soit pour mourir pour le pays, ou plus simplement pour tenter de sauver amis et compagnons. Toutefois, dommage que cet aspect psychologique, bien que fort, manque si peu de nuances dans le propos.

Si au niveau de l'ambiance Syuho Sato fait des merveilles, on reste un peu plus circonspect face au portrait psychologique des personnages, ici un peu trop simpliste. Mais ne boudons pas notre plaisir : l'auteur offre ici un tome sous forme de huis-clos tendu grâce à une situation désespérée, immersif et facilement prenant, ce qui n'est déjà pas si mal.
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Re: L'île des téméraires

Message non lu par Koiwai » 09 juin 2015, 14:46

Tome 4 :

Après plus de deux ans d'attente, L'Île des Téméraires revient enfin avec son quatrième volume, et c'est avec une facilité étonnante que l'on replonge dans cette vision humaine des missions kamikaze de la 2nde Guerre Mondiale.

Nous laissions les pilotes de kaiten du sous-marin l-53 dans une situation tragique, au bout de laquelle Sekiguchi, l'ami de Watanabe, s'est sacrifié pour sauve l'équipage. Et c'est désormais avec un fort sentiment de tristesse que l'équipage poursuit doucement sa route vers Palau afin d'y effectuer sa mission-suicide. Dans chaque esprit, la mort Sekiguchi est présente. Cette mort, elle était certaine, puisqu'il était, comme les autres pilotes de kaiten, destiné à aller se faire exploser à Palau. Mais la vie l'a quitté plus tôt que prévu, et c'est avec des sentiments mêlés que Watanabe et les autres poursuivent leur route. La tristesse et l'amertume, bien sûr, mais surtout la volonté de faire en sorte que cette mort n'ait pas été inutile, en réussissant la mission-suicide à Palau.

Alors que l'humain se cachant derrière Watanabe et les autres transparaît, c'est encore plus l'absurdité de la mission qui nous est contée. Sekiguchi est mort pour permettre à ses camarades d'aller mourir un peu plus tard... Mais la mission se déroulera-t-elle comme prévu ? la réponse ne tarde pas à tomber, et dévoile encore plus l'absurdité de la situation tant rien ne se passe comme prévu. Des hommes meurent dans la plus totale inutilité, et pendant ce temps, Watanabe, qui aimerait tant retrouver son ami dans la mort après avoir accompli sa mission, ne peut rien faire... On ressent tout cela au gré du ton assez neutre et pas plus bavard que de raison de Syuho Sato.

Portée par les planches assez riches et sensibles de l'auteur, l'immersion est bien là. On regrette un peu que le tome se lise si vite, mais on reste plutôt séduit par la façon dont la psychologie, la détresse et l'humanité de Watanabe répond à l'absurdité totale de la situation.
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Re: L'île des téméraires

Message non lu par Koiwai » 30 sept. 2015, 08:50

Tome 5 :

Même s'il a pu arriver jusqu'au port d'ancrage de l'ennemi, le sous-marin I-53 n'a pu accomplir totalement sa mission : suite à un dysfonctionnement, le kaiten de Watanabe n'a pu partir en kamikaze, et le pilote est désormais inconscient dans un cockpit inondé... Faut-il sauver cet homme qui partait mourir pour son pays ? Faut-il remonter à la surface pour l'empêcher de mourir noyé, au risque de se faire attaquer par la flotte ennemie ?

C'est une décision très difficile que devra prendre le commandant, au fil d'une première partie de tome qui peine à convaincre totalement, la faute à la manière dont Syuho Sato étire beaucoup les choses.
Les focus sur le choix du commandant, sur la réaction de l'équipage, et sur les tourments intérieurs d'un Watanabe évanoui sont forcément intéressants dans le portrait mental qu'ils offrent des personnages. En cela, l'oeuvre reste plutôt juste et déstabilisante. Malheureusement, cela prend largement plus de la moitié du volume alors que ce n'était clairement pas nécessaire. Le mangaka tourne quelque peu en rond pendant un moment au sujet du commandant et de l'équipage, tandis que le focus sur Watanabe reste trop peu explicite sur certains aspects. Pendant ce temps, la lecture défile très vite au fil de scènes quasiment muettes où l'on se contente d'observer des choses qui prennent trop de pages. En tête, les passages où l'on suit le sous-marin en mer sont parmi celles qui rallongent le plus la sauce. Et alors que le dessin nerveux et précis de l'auteur aurait pu au moins rendre cela immersif, ce n'est pas totalement le cas, la faute à une qualité d'impression discutable : les cases les plus sombres, généralement celles où l'on voit l'océan, souffrent de gros problèmes de moirage.

C'est finalement la dernière partie du tome qui s'annonce comme la plus intéressante, car loin de la mort, c'est une autre épreuve qui attend désormais Watanabe : le déshonneur. Déshonneur d'avoir été incapable d'aller mourir sur l'ennemi malgré toute sa détermination, ce qui lui vaut le dédain de quasiment tous ses collègues... L'absurdité de cette situation nous explose à la figure, on retrouve là le Syuho Sato qui sait nous remuer, et on se demande bien comment vont évoluer les chose sur Watanabe par la suite, autant dans son for intérieur que dans son rapport avec ses collègues.
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Re: L'île des téméraires

Message non lu par Koiwai » 10 déc. 2015, 19:17

Tome 6 :

Bien malgré lui, Watanabe est revenu parmi les vivants. A cause d'une avarie, il n'a pu aller se faire exploser avec son kaiten contre l'ennemi américain, et son commandant a préféré le sauver plutôt que de le laisser mourir inutilement dans les profondeurs sous-marines. Revenu sur la terre ferme, il souhaite repartir immédiatement accomplir sa mission, mais un kamikaze n'est censé partir mourir qu'une fois, et Sakakura refuse. Pire, Watanabe se sent désormais bafoué, et c'est de plein fouet qu'il doit subir son déshonneur, les remontrances des officiers de l'état-major étant particulièrement dures...

A la fin du tome 5, nous laissions un Watanabe en perte de repères, n'ayant pu accomplir sa mission-suicide qui était devenue sa principale raison de "vivre". Face au déshonneur, il accuse le coup... Pourquoi ses compagnons sont-ils morts alors que lui est toujours en vie ? Pourquoi est-il toujours ? A quoi sert-il désormais ? Et il est sur le point de se laisser mourir dans l'océan quand son commandant le retrouve et lui fait ouvrir les yeux sur certaines choses.

Après un tome qui s'étirait un peu inutilement, L'île des téméraires se relance dans ce sixième volume où Syuho Sato expose de façon intéressante l'humanité de deux personnages : Watanabe bien sûr, mais aussi son commandant qui va se révéler sous un nouveau jour et avoir un impact important sur notre héros. Après tout, est-il si facile que ça de laisser ses hommes aller mourir ?

On commence alors à voir réapparaître un autre Watanabe, celui qui retrouve peu à peu une raison de vivre, ou, plutôt, de ne pas mourir... Mais la folie de la guerre et de ses bombardements aveugles peut vite replonger les hommes dans leurs tourments profonds et balayer brutalement les dernières choses, les dernières personnes auxquelles ils pouvaient se raccrocher...

Plusieurs mois s'écoulent dans ce nouveau tome qui nous fait arriver jusqu'en juillet 1945, à l'aube de la fin de la guerre, et Sato expose ce qui se passe pendant ces quelques mois principalement via les conflits aériens décisifs, principalement les raids aériens américains ayant commencé avec les bombardement de Tôkyô. De ce fait, les choses vont vraiment à l'essentiel, n'exposent que ce qui est utile au récit, et cela se fait surtout sur le plan visuel avec quelques visions de villes ravagées par les bombes. A la violence de certaines images, Sato ajoute une narration plutôt neutre, qui confère à l'ensemble une atmosphère implacable. L'auteur expose ainsi avec une certaine force les événements provoquant la naissance en Sato d'un nouveau sentiment destructeur alors qu'il commençait à peine à se relever : la haine profonde envers l'ennemi.

Retour à la case départ pour notre héros, et ce que dépeint alors le mangaka, c'est l'absurdité de ce torrent de violence finissant toujours par emporter les gens dans son sillage comme une spirale infernale.
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Re: L'île des téméraires

Message non lu par Koiwai » 12 avr. 2016, 09:11

Tome 7 :

Juillet 1945. A environ un mois de la fin de la guerre, le cuirassé Yamato a déjà été coulé par l'armée américaine, qui a pris un certain ascendant psychologique. Mais l'armée japonaise ne lâche rien, et prépare une nouvelle offensive, plus précisément une attaque au kaiten visant une cible particulièrement délicate : un convoi de navires américains en mouvement. Parmi ceux qui auront pour mission d'aller se faire exploser sur les navires, on retrouve Watanabe, nourri d'une nouvelle détermination à réussir sa mission après avoir perdu dans le tome précédent les dernières personnes auxquelles il pouvait se raccrocher...

Ce tome se consacre aux longs préparatifs pour l'attaque en abordant la présentation d'une stratégie qui a peu de chances de réussir, mais aussi, à nouveau, l'aspect humain se cachant derrière les hommes qui s'apprêtent à aller sacrifier leur vie.

Bien qu'elle expose avec clarté et un peu de tension la mise en place du plan, tout la première partie du volume pourra paraître un peu trop longue, comme diluée, mais on y retient facilement les grandes lignes de la stratégie qui est mise en place et qui, entre les mines flottants sur la mer, l'importance de la réactivité américaine et l'utilité du navire japonais en tant qu'appât, s'annonce aussi aléatoire que... suicidaire. C'est toutefois bel et bien la deuxième moitié du volume qui happe le plus, de par le lien humain que la commandant montre avec ses hommes qu'il s'apprête à envoyer vers une mort certaine, et les ultimes interrogations et pensées de ces pilotes kamikazes que nous suivons brièvement, intimement et avec émotion. Ont-ils pu dire tout ce qu'ils voulaient avant d'aller se sacrifier ? Pour qui ou quoi seront leurs dernières pensées ? La réponse est très très simple mais est aussi la plus humaine qui soit. Et dans tout ça, le comportement de Watanabe, nourri par l'absurdité et la violence des drames qu'il a vécus, s'avère assez marquant. Chose plaisante, l'auteur conserve toujours son ton neutre et ne s'éternise pas trop sur les facteurs humains, ce qui les rend dépourvus de pathos et plus justes dans ce cadre terriblement réaliste. Quant à la tournure des événements, forcément nourrie de quelques imprévus tant le plan était aléatoire, elle s'annonce passionnante pour la suite.

Les visuels de Sato s'avèrent toujours efficaces concernant les personnages et le réalisme des navires. Par contre, on peut regretter régulièrement l'aspect très lisse et peu immersif que l'auteur offre aux fonds marins.

Au-delà de quelques longueurs, L'île des téméraires conserve ses qualités, et ce septième opus annonce surtout un huitième tome mouvementé.
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