Stratège

[Erkael]

Auteurs: SAKEMI Kenichi / MORI Hideki
Nombre de volumes au Japon: 11 (terminée)
Nombre de volumes en France: 11 (terminée)
Edité chez Tonkam

A l’origine de ce titre on trouve un roman, intitulé « Bokko » de Kenichi Sakemi ; ce manga nous compte la lutte d’une petite cité aux prises avec un envahisseur beaucoup trop puissant pour lui, mais aidé par un stratège hors pair !
Reprenant les concepts de Sun Tzu qu’il explique dans son célèbre livre « L’art de la guerre », Stratège en reprend le principe…la force est une chose, le nombre en est une autre mais au final ce qui domine c’est la stratégie !
Allant de stratégie purement militaire à l’intimidation en passant par la manipulation, Kakuri le héros du titre maîtrise toute les palettes de la stratégie, et si il ne paye pas de mine (petit, sale, mal habillé…), il prouvera par sa science qu’il est plus utile et efficace que de nombreuses troupes.

On rentre assez vite dans le vif du sujet dans ce premier tome, à tel point qu’on sait en définitive très peu de choses sur Kakuri, pour ainsi dire rien, ses motivations sont encore obscures, son passé l’est tout autant…bref, avant de développer les personnages (car ils sont nombreux déjà autour de Kakuri), les auteurs préfèrent nous plonger dans l’ambiance, comme pour mieux nous faire ressentir l’urgence de la situation…il faut aller vite pour préparer la cité et les hommes sous peines de connaître la défaite et pire encore l’esclavage. On est donc pris à la gorge très vite et on ne nous relâche pas, il y a une tension constante, chaque action est pesée, la vie de milliers de personnes en dépend !

Si on plonge de suite dans le titre, ce qui pourrait freiner l’immersion est le dessin qui est loin d’être grandiose, les personnages sont assez laids, ce qui paradoxalement rajoute du réalisme…ici, point de beau héros ténébreux, non, notre héros ne ressemble pas à grand chose, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande non plus. C’est un cap à passer, certes cela n’attire pas l’œil, mais le dessin n’est pas ce qui fait un bon titre, il faut avant tout une bonne histoire, une bonne intrigue, de bons personnages, une bonne mise en scène…et pour le moment tous ces éléments semble présents, du moins c’est que laisse présager ce premier volume…
On attend donc la suite avec impatience, curieux de voir tout ce qu’il va pouvoir se passer au cours des onze volumes qui composent la série.

[né un11septembre]

bokko, a été une des premières surprises éditoriale de tonkam.

le récit prend place à l'époque des royaumes combattants, c'est à dire dans une periode de luttes incessantes entre les divers provinces actuelles de la chine avant leur unification. cela pourrait être une préquelle à l'art de la guerre de sun tzu.
Comme tu le dis Erky le dessin ne magnifie pas un heros que l'on reconnait immédiatement. Kakuri ne se distingue que très peu parmi les paysans qu'il va former pour la protection d'une ville fortifiée. le style est réaliste mais pousse parfois à la caricature dans des moments paroxysmique.
l'ensemble au découpage bien temporisé (la taille et le nombre de case rythme bien la lecture) restitue fort bien les parties pédagogiques et les moments d'action, sans oublier de recueillir les expressions de chacun.
Hideki Mori qui a maintenant connu plus d'une adaptation (tsuru la princesse des mers, kajo la corde fleuri, tengu.) se revele comme un parent d'Hiroshi Hirata dans sa peinture des gens du commun et des personnages de basse extraction, quoi que s'éloignant d'Hirata dans une graphie plus sombre et expressioniste.
le récit va tenir le lecteur en haleine durant de nombreux tomes tout en permettant à Kakuri d'étaler sa science de la guerre de résistance.
au fil de l'histoire et a travers l'exemple de cette ville assiégiée, nous allons découvrir ce qu'est un "homme de bokk" à la fois soldat, forgeron et medecin.

un de ces titres merveilleux oubliés par la dernière génération de lecteurs de manga

[Erkael]

Vol 2: Ce tome s’ouvre sur une bataille au milieu des flammes…le ton est donné, la guerre est bel et bien commencée, et il faudra que les personnages soient prêts à tous les sacrifices !
Ca commence avec beaucoup d’action et pourtant l’action n’est pas le maître mot de ce volume, une nouvelle fois prédomine la réflexion, ce qui compte ici c’est l’anticipation, comme aux échecs, pour remporter la partie il faut prévoir les coups de l’adversaire afin de se préparer et de lui tendre un piège…C’est que va s’efforcer de faire Ke-Ri tout le long du tome, mais les choses ne sont pas aisées !
Entre blessures au corps et à l’âme, le protecteur de la cité ne sera pas épargné ; il va devoir lutter contre des assassins envoyés spécialement pour lui, repousser les perfides avances d’un autre homme de son clan, réagir plus tôt que prévu à une manœuvre de l’adversaire…il doit être sous tous les fronts !

Le tome (la série ?) repose entièrement sur le personnage de Ke-Ri les autres n’étant là que pour lui servir de faire valoir. Au détour d’une scène passionnante on apprend qu’il a « trahi » son clan afin de venir protéger la cité contre l’avis de son maître…cela pourrait bien lui jouer des tours, il pourrait très bien se retrouver avec des ennemis imprévus.

Le trait de l’auteur ne s’arrange malheureusement pas, cela se confirme avec le personnage du tunnelier, assez atroce, certes il est voulu comme ça par l’auteur lui même, mais là il n’a presque pas l’air humain…

Le graphisme est bien la seule chose qui pèche dans ce titre tant l’évolution de la bataille est absolument captivante

[Erkael]

Vol 3: Les stratégies s’enchaînent et ne se ressemblent pas, les deux camps redoublent d’efforts et de ruses pour l’emporter…autant dire qu’on ne s’ennuie pas tout le long de ce volume, on découvre des choses encore inédites, on a beau avoir vu un grand nombre de films sur l’art de la guerre, les auteurs arrivent à nous surprendre et surtout à se renouveler ! Et c’est bien là l’essentiel, car si on pouvait craindre en entamant la série que la défense de la cité finisse par tourner en rond, pour l’heure chaque page est captivante, suffisamment de péripéties et d’évènements viennent nous surprendre, jusqu’au twist final absolument bluffant. Tout est relancé, plus rien n’est acquis !
Et au passage les auteurs n’oublient pas de montrer à quel point la guerre peut être atroce, des soldats valeureux et fiers, deviennent des meurtriers sans scrupules, l’horreur est présente partout. Et paradoxalement on vit aussi de très beaux moments, simples mais efficaces, comme un général qui voit qu’une partie de ses troupes ne l’a pas abandonnée et que des hommes sont prêts à mourir pour lui.
Plus on avance dans la lecture de ce titre et plus il nous passionne, forcément on en redemande !

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Vol 4: Ce quatrième tome de Stratège tout en restant dans la continuité des précédents vient encore nous proposer de nouvelles choses qui vont nous tenir en haleine de la première à la dernière page !
Ke-ri n’est plus dans la cité pour la protéger…cette émancipation de Liang ne vas pas se faire sans sacrifice, on ne s’improvise pas grand stratège du jour au lendemain, pas plus que l’on passe de paysan à guerrier en quelques jours. Le sang va de nouveau couler et malgré l’absence de leur protecteur (absence relative), la stratégie reste le maître mot de la défense de la cité. Encore une fois, nous allons vivre de nombreux retournements de situations, rien n’est acquis, et plus que jamais maintenant que Ke-ri n’est plus là, à aucun moment on ne affirmer que la victoire sera du coté de Liang….le suspens est donc entier et chaque péripétie est d’une importance capitale, car elle peut entraîner la victoire d’un coté comme de l’autre.
Ke-ri sera donc le grand absent de ce volume, il suit la situation de loin, se refusant à abandonner totalement la cité, mais de là où il est, il est bien impuissant…du fait qu’il se fasse rare dans ce tome, chacune de ses interventions est d’autant plus marquante et prend encore plus de poids.
Le final, grandiose et remarquablement mis en scène est également particulièrement surprenant : on ne s’attendait pas à ce que le conflit se conclut au bout de quatre tomes, on pensait que la défense de la cité de Liang allait nous occuper pendant les onze tomes que compte la série. Excellente surprise qui promet un renouvellement et de nouvelles aventures de notre stratège.
C’est donc avec une grande curiosité, ne sachant à quoi nous devons nous attendre que l’on se rue sur le tome suivant !
Même le dessin ne nous choque plus tant on est absorbé par le déroulement!

[Erkael]

Vol 6: Encore un volume passionnant pour une série qui ne cesse de nous surprendre. Ce volume perd un peu la dimension à grande échelle du volume précédent, dans le sens où bien que la guerre soit toujours en jeu, on retrouve un peu l’esprit des premiers tomes avec des évènements centrés sur un seul petit village…mais où il se passe nombre d’évènements importants.
Ke-ri apparaît ici moins calculateur, plus impulsif…il n’a plus rien de neutre, il est totalement concerné, il n’agit plus seulement pour protéger autrui mais aussi pour se venger…cela devient encore plus évident quand apparaît devant lui sans qu’il s’y attende son ennemi Pei Ping.
Mais la grande nouveauté de ce volume c’est que Ke-ri ne fait plus route seul désormais, il est accompagné par un homme fort et courageux, on pourrait presque s’attendre à ce que ce dernier devienne son disciple ; mais cette série nous a appris à nous méfier des évidences, il est difficile de s’avancer tant elle regorge de surprises (et tant l’espérance de vie des personnages hormis Ke-ri s’avère courte).
Il retrouve également un ancien compagnon de Mo dont on ignore encore l’identité qui semble tenir à lui…au vu des gros plans sur ses yeux dissimulés on pourrait émettre des hypothèses mais là aussi il serait dangereux de s’avancer.
Un autre personnage important se taille la part du lion dans ce volume, et là aussi on est surpris par le contre pied que nous réserve l’auteur…il nous présente un personnage plutôt affreux, ce qui nous change grandement des habitudes voulant que les personnages importants aient de la classe…on ne peut nier que c’est original.

Encore un tome excellent, cela devient une habitude.

[Erkael]

Vol 7: Ce septième tome a des accents bien pessimistes, les larmes coulent à de nombreuses reprises, Ke-ri et ses compagnons sont bien malmenés, ils sont traqués, enfermés, torturés…rien de bien gai pour notre stratège qui en toute circonstance tente malgré tout d’avoir un ou deux coups d’avance !
L’échec de la tentative d’assassinat de l’empereur entraîne une scène forte et tragique où Cabosse doit dire adieux aux enfants qu’il avait recueillis, sous les regards silencieux et accablés de Ke-ri et Yun-Jing. Mais la suite n’est pas plus joyeuse, toute action à un prix et celle de défier l’empereur en personne est particulièrement coûteuse, et la fuite n’y changera rien. Contre toute attente le roi lui laisse une chance de mourir en homme d’honneur et l’envoie protéger la prochaine cité qu’il compte assiéger ! Quel curieuse demande que de protéger une cité quand la demande vient de l’agresseur ! Mais Ke-ri va devoir se présenter devant ses anciens ennemis, ceux qui ont assiégé la cité Liang.

L’auteur n’épargne décidément pas ses personnages, il leur inflige mille souffrances, tant physiques que morales, il les humilie, déforme leurs visages, leur laisse des traces de ces souffrances, mais, et c’est là leur force, ils en sortent à chaque fois grandit.

Encore un tome plein de surprises pour cette série qui marque un nouveau tournant, peut être assistons nous là au début de la dernière partie de l’histoire !

[Erkael]

Vol 8: C’est un fait rare mais durant une grande partie de ce volume, Ke-ri n’est pas acteur, mais spectateur. Il juge, il scrute, il évalue, et même une fois pris au piège il attend le moment opportun pour s’échapper de la ville qui le retient prisonnier…c’est donc un Ke-ri attentiste que l’on suit, un Ke-ri patient mais conscient de l’imminence de la situation. Et alors qu’il conseil à ses amis de le quitter pour qu’il cesse de risquer leurs vies, il va se faire une nouvelle alliée en la personne d’une belle jeune femme, elle aussi traquée par les guerriers de T’sin…ils sont désormais trois à le suivre et à lui faire confiance !
Malgré cet aspect attentiste, ce tome n’en demeure pas moins passionnant, on découvre un nouvel aspect de la guerre, mais on découvre également de nouvelles horreurs…on assiste à des écartèlements assez gores, comme pour mieux insister sur l’horreur de la guerre. Malheureusement avec cela, le peuple de T’sin passe pour des sauvages sanguinaires ce qui réduit le point de vue de façon binaire, imposant un certain manichéisme.

On termine le tome avec une belle histoire racontée par un vieil homme, ou quand le conte rejoint l’histoire …on apprend les secrets de la naissance de roi de T’sin et la raison qui le pousse à envahir Tchao. Tout ça est très Freudien mais pour le coup cela reste universel !

[Erkael]

Vol 9: Ke-ri montre une nouvelle fois qu’il est l’homme de toutes les situations, quelque soit la menace, il trouve une parade, et pourtant cette fois la menace est importante !
La nouveauté étant que cette fois, bien qu’il commence à être habitué à avoir des compagnons, la dernière à avoir rejoint les rangs de ses fidèles lui voue un véritable culte…peut être même de l’amour. Sans s’en rendre compte Ke-ri de part son charisme à séduit une jeune fille fragile animé par une soif de vengeance qui la dévore.
Cette jeune fille, Niang sera mise à rude épreuve, mais ses motivations la pousseront à ne jamais baisser les bras et elle s’avèrera une alliée de poids pour notre stratège.
Celui ci va de nouveau être confronté à ses anciens camarades de Mo, et pourtant il apprend que certain doutent de la nouvelle direction du clan…

Une nouvelle fois un volume plein de surprises, chaque scène étant prenante et intelligemment mise en scène, l’auteur arrivant même à nous faire ressentir le danger que peuvent représenter de simples insectes, et à l’instar des personnages, on se met à douter des chances de réussite de Ke-ri…mais c’est bien mal le connaître, il n’est jamais à court de ressources, ce qui fait de lui un personnage tellement fascinant !

Un excellent volume marquant un nouveau tournant…la fin s’annonce épique !

[Erkael]

Vol 10: Suite à tous les évènements qui ont précédés, nous voilà enfin dans la dernière ligne droite, à savoir la défense de la cité elle même, ce qui ne sera pas chose aisé, bien au contraire. Ke-ri se voit confié la tache de défendre la flanc le plus exposé, avec des paysans affaiblis et sans armes, mais il devra surtout mettre fin à un complot qui va mettre toute la cité en péril.

Une fois encore, notre héros taciturne sera épaulé par ses fidèles compagnons qui lui vous une confiance aveugle, mais jamais on n’aura vu Ke-ri aussi sombre. Il semble désormais défendre la cité plus par dépit qu’autre chose, il semble déçu par la nature humaine, on ne retrouve pas le Ke-ri optimiste des premiers tomes. Et son cœur va encore s’assombrir avec le malheur qu’il va vivre dans ce tome, un de ses compagnons va laisser sa grandeur d’âme lui couter la vie …la guerre à un prix et les justes n’en sont pas moins mortels ! Ke-ri va alors être submergé par la rage puis par la colère…il est si rare de le voir se laisser déborder par ses émotions que cela en est d’autant plus fort.

Le tome va se conclure sur l’introduction d’un personnage assez particulier où l’auteur nous sort du cadre de son réalisme habituel, mais qui suscite une grande curiosité ! que nous réserve donc le dernier tome de cette excellente série ?