Syndrome 1866

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Wang Tianjun
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Wang Tianjun » 13 janv. 2011, 22:41

Syndrôme 1866 6

Suite à son entrevue avec l'inspecteur Mekata, Miroku se retrouve à nouveau convoqué au commissariat ! Mais à sa grande surprise, ce n'est pas un interrogatoire en règle qui l'attend, mais la rencontre avec l'énigmatique Kurôdo Goï. Procureur au parquet de Tokyo, Goï déclare avoir été pris de passion pour "Le Don du Moissonneur", nouvelle réalisée par Miroku décrivant le parcours d'un tueur en série... La véritable nature de l'assassin va-t-elle bientôt voler en éclats ?

Après avoir posé l'intégralité des bases de son intrigue dans la première moitié de son œuvre, Naoyuki Ochiai oriente maintenant son récit dans un aspect beaucoup plus philosophique. Sous-titré "Confrontations" (un pluriel qui a de l'importance), ce sixième volume présente un Miroku clamant ou au contraire réfrénant ses convictions face à de nouveaux intervenants, qui joueront sans nul doute un rôle-clef dans son évolution comme dans l'intrigue. A commencer par le redoutable procureur Goï, à la troublante bonhommie, et qui semble avoir déjà démasqué notre pauvre héros. Mais plutôt que de suivre une enquête classique basée sur une succession d'indices, Goï pousse à bout Miroku dans de longs discours philosophiques, sur la nature des tueurs, sur la possible division du monde entre puissants et faibles, et sur la légitimité de tuer. Le procédé scénaristique rappelle dans une certaine mesure les passages tant décriés du Coffre aux Esprits, mais ici, l'impeccable adaptation permet de nous en faire comprendre toutes les subtilités et éveiller notre propre avis sur le sujet...

Les confrontations se poursuivent ensuite avec l'entourage proche de Miroku : ses amis, mais aussi sa famille débarquant fraichement à Tokyo. Un obstacle de plus pour le jeune homme qui ne veut ni les exposer au danger, ni exposer sa propre part d'ombre, refusant la plupart des contacts humains. Pourtant, malgré ses convictions, la force de caractère d'Ethika, malheureuse jeune femme rencontrée au volume précédent, pourrait bien changer sa vision du monde, et même susciter chez lui un certain émoi...

C'est donc un tome bien plus axée sur la réflexion plutôt que l'action qui nous est proposé ici, offrant ainsi moins de passages chocs et plus de légèreté, avec même quelques passages comiques ! On pourra même en dénoter quelques maladresse, comme l'incursion malhabile de la religion chrétienne, très présente dans le roman, et qui fait plutôt office ici de clin d'œil. Néanmoins, Miroku nous fait partager toutes ces tortures psychologiques, se révélant tantôt charismatique, tantôt misérable, et l'on ne peut s'empêcher de le suivre du regard. Si les passages présentés ici sont très respectueux de l'œuvre de Dostoïevski, ils n'en ont aucunement perdu de leur force, et relèguent toutes les séries de Brain-Fight à la mode en fond de cour. Bienvenue dans la tête d'un tueur !
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Taekuro
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Taekuro » 15 janv. 2011, 14:13

Je n'ai commencé que deux séries ces 12 derniers mois et syndrome 1884 en fait partie, une excellente lecture bien que la tentative de se rapprocher de l'oeuvre de Dostoïvski est un peu biaisée. Simple curiosité, quelqu'un connait le volume d'impression et de vente du manga ?
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Wang Tianjun
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Wang Tianjun » 15 janv. 2011, 18:21

Je crois que les ventes ont été boostées... dans la région lyonnaise seulement. La venue de l'auteur en novembre dernier a beaucoup joué ! (Aujourd'hui encore, il était difficile de se procurer le tome 6 à Momie Mangas)

Tout ce que je peux te dire de factuel, c'est que sur MN le tome 1 est présent dans 121 comptes, ce qui est "bien, mais pas top". A mon avis les ventes ne doivent pas voler bien haut (graphisme peu avenant, étiquette intello repoussant le grand public,...), et c'est bien dommage.
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Otaku62 » 15 janv. 2011, 20:50

Je penses que le graphisme doit à mon avis être un grand facteur! Moi-même, je n'avais pas été attiré par ce titre à la vue des graphismes mais dès que j'ai commencé à le lire par le biais d'un pote, j'ai trouvé le manga très accaparant! On plonge vite dans la psychologie de Miroku qui reste quand même un des êtres humains du titre le plus complexe à ce niveau...

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Wang Tianjun
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Re: Syndrôme 1866

Message non lu par Wang Tianjun » 21 mars 2011, 19:20

Syndrome 1866 7

Alors que Miroku était sur le point de se faire démasquer par le procureur Goï, les médias annoncent soudainement qu'un jeune peintre est passé aux aveux concernant le double meurtre des deux lycéennes d'Aoto. Miroku se retrouve donc totalement blanchi pour l'instant, mais fait-il vraiment y voir la fin de ses tourments ? Maintenant libéré de cette pression, le jeune homme risque surtout de se retrouver face à sa propre conscience... à moins qu'une âme charitable vienne partager son lourd fardeau.

C'est donc un retournement de situation particulièrement inattendu qui fait rebondir l'affaire, alors que nous sentions notre héros de plus en plus acculé par les accusations de Goï. Mais là où le roman de Dostoïevski présentait le personnage du jeune peintre comme rongé par sa foi chrétienne, il fallait, pour Naoyuki Ochiai, trouver une alternative crédible, dans une société japonaise où la dimension religieuse n'est pas si prédominante. La pression viendra donc d'une autre force supérieure et impalpable : celle des yakuzas et des personnages hauts placés prêts à tout pour faire régner la loi du silence. Si le subterfuge peut présenter quelques failles, il n'en est pas moins très pertinent et relance l'intérêt de la série dans des sphères à plus grande échelle.

Paradoxalement, la seconde partie de ce septième volume se veut beaucoup plus intimiste, tant dans sa dimension spatiale, temporelle, et psychologique. En effet, le rapprochement entre Ethika et Miroku se poursuit; elle, sentant la tristesse et la détresse du jeune homme; lui, percevant une oreille potentiellement attentive à ses tourments. Mais notre héros pitoyable ne pourra être réconforté que s'il parvient à libérer une partie de ses péchés. Toute la tension du volume gravite donc autour de l'attirance entre ses deux personnages, et une implacable vérité qui ne demande qu'à sortir, au risque de tout faire imploser. Qu'en sera-t-il au prochain lever de soleil ?

Enfin, alors qu'une éclaircie pourrait apparaître, voilà Miroku rattrapé par ses vieux démons, pour des nouvelles pistes de récits des plus passionnantes. Mais pour cela, il faudra maintenant attendre d'avantage, la série suivant maintenant un rythme trimestriel ! Espérons que cette nouvelle mesure n'entache pas tout le potentiel de cette fabuleuse série, qui sait tant gérer son temps. Quoiqu'il en soit, l'attente pourrait bien être insoutenable...
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Re: Syndrome 1866

Message non lu par Wang Tianjun » 14 oct. 2011, 15:38

Syndrome 1866 8

Miroku a franchi le premier pas vers l'expiation de ses fautes, en confessant son crime à Ethika. Plutôt que de le fuir, la jeune femme accepte ses fautes et le supplie d'aller se dénoncer à la police. Hélas, alors que Miroku vient de trouver une alliée de poids, le voilà hanté par son passé au pire des moments ! Kaï Sudô, l'homme qui l'a entrainé vers le vice dans sa jeunesse, a tout entendu de leur conversation, et surgit pour lui proposer de l'accompagner dans son monde de décadence ! Vers laquelle des deux voies notre pauvre héros se dirigera-t-il ?

Syndrome 1866 entre désormais dans sa phase finale avec ce huitième volume, où la complexité psychologique de Miroku sera rudement mise à l'épreuve ! La dualité entre le Bien et le Mal se retrouve incarnée par deux figures particulièrement réussies. Le charisme de Sudô, que nous avions déjà pu apprécié au tome 4, réapparait ici encore renforcé, et son esprit de tentateur fait mouche chez notre héros désemparé, acceptant de le suivre sans rechigner. Miroku se retrouve alors dans un monde de prostitution, de trafics divers,... un monde auquel il serait destiné en devenant un criminel. De l'autre, la volonté d'Ethika est plus resplendissante que jamais, la jeune femme étant prête à tout pour sauver cette âme perdue qui est apparue sur sa route... Partagé, déchiré entre ces deux forces, Miroku devra alors faire la part des choses entre ses pulsions monstrueuses et son esprit encore capable de ressentir des émotions pures et sincères.

Afin d'y voir plus clair et mettre de l'ordre dans les pensées du héros, le procureur Goï reviendra dans une nouvelle apparition très philosophique, marquant un nouveau tournant psychologique. Maintenant détaché de l'affaire, l'enquêteur propose un sermon plus détaché de son envie de vérité, rejoignant également la vision d'Ethika sur de nombreux points. Mais attention, il est bien difficile de connaitre l'issue finale de cette indécision, d'autant que chaque camp est bien résolu à faire plier le pauvre héros. Après les yakuzas et la police, Sudô et ses alliés peuvent constituer une toute nouvelle menace, redistribuant les cartes pour une intrigue encore plus palpitante !

Ainsi, Syndrome 1866 parvient à détailler encore les tourments psychologiques de Miroku et dépeint les différents avenirs qui s'offrent à lui, sans jamais tourner à la leçon de morale pure et simple. La tension qui était retombée au cours des derniers évènements remonte de plus belle, nous promettant une conclusion particulièrement haletante ! Y survivrez-vous ?




Syndrome 1866 9

Kaï Sudo veut en savoir plus sur Ethika qui apporte sa lumière à Miroku. Il se rend alors en tant que client dans le salon où la jeune femme vend ses charmes. Malgré ses tentatives pour briser sa confiance, Sudo constate l’implacable détermination de la jeune femme. Pour emporter Miroku dans ses ténèbres, il se résout alors à enlever la demoiselle ! Découvrant la disparition de sa promise, Miroku part à sa recherche et rencontre un homme qui lui confie une arme… mais dans quel objectif ?

Après un léger report pour augmenter notre impatience, nous voici entrés dans la dernière ligne droite de Syndrome 1866 ! Plus que jamais partagé entre la voie de la raison que lui prodigue Ethika, et le monde de l’ombre dans lequel Sudo l’invite, Miroku est à présent poussé à avancer en suivant son instinct, sans se poser de questions, devant cet effroyable ultimatum. Gardera-t-il les pieds sur terre en restant dans la voie de la raison ? Se laissera-t-il submerger par sa colère, voyant Ethika molestée, au risque de commettre un nouvel assassinat ? L’implacable machination de Sudo nous offrira les plus grands moments d’intensité narrative et d’angoisse de la série, mettant en ébullition tous les ressentiments psychologiques dépeints dans les derniers volumes !

Naoyuki Ochiai passe de la théorie aux actes, en présentant certaines séquences à la limite du soutenable, tout en apportant suffisamment de justesse dans sa narration pour ne jamais tomber dans un spectacle scabreux. Certains mangakas devraient en prendre de la graine… Avant d’être physique, la violence est surtout psychologique. Le trio de protagonistes sera poussé dans ses derniers retranchements, mettant en exergue leurs relations brutales. Miroku découvre avec effroi une facette d’Ethika qu’il cherchait à occulter jusqu’ici. Quant à la demoiselle, sa confiance envers son pauvre protégé est mise à mal par les révélations de Sudo. Enfin, ce dernier fascine toujours autant par sa folie et son charisme malsain.

Le rythme s’intensifie, le souffle s’accélère tout au long du tome… et alors que l’on croit l’orage passé, voilà que la dernière page arrive comme un couperet pour tout remettre en cause ! Syndrome 1866 retrouve la noirceur des dernières péripéties du roman, en les remettant au goût du jour avec une narration très efficace, où tout ce qui était posé jusque là prend un sens. Il reste maintenant à espérer un ultime volume digne de ces derniers rebondissements.
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Koiwai
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Re: Syndrome 1866

Message non lu par Koiwai » 22 mars 2012, 21:45

Tome 10:
Une conclusion satisfaisante, qui pourra éventuellement décevoir ceux qui attendaient quelque chose de plus tendu, de plus osé ou que sais-je encore, mais une conclusion pleine de bon sens, tout en nuance. Une fin qui peut toutefois paraître un peu longuette de par certains dialogues ou pensées des personnages répétant des idées déjà données, mais qui prend le temps de refermer toutes les portes entrouvertes autour de Miroku, de sa mère, de sa soeur, d'Ethika, de Sudo...
Tout n'est pas tout rose, tout n'est pas tout noir, on retrouve un Miroku qui ressort grandi de ses terribles erreurs, c'est bien fichu. Je regrette juste l'aspect un peu brouillon de l'ultime focus sur Sudo, et les dernières pages peu claires, mais sur ce point, je crois que c'est voulu.
La postface de Naoyuki Ochiai est très fournie, très intéressante, et constitue un excellent complément.
L'édition reste bonne, mais dommage que quelques fautes d'orthographe grossières viennent s'y mêler. Il y a même une phrase à la quelle je n'ai rien compris, à un moment.
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Re: Syndrome 1866

Message non lu par Wang Tianjun » 16 avr. 2012, 20:29

Elle aura mis le temps, cette chronique. Mais bon, c'était ça ou le dossier :mrgreen:

Syndrome 1866 10

Entre les ténèbres incarnées par Sudo et la lumière que représente Hikari, Miroku a fait son choix en allant vers le repentir de ses actes. Mais la culpabilité ronge encore l'assassin, et le chemin est encore long jusqu'à arriver aux aveux libérateurs. Quant à Sudo, verra-t-il ses convictions s'ébranler devant son échec, et la droiture de son ancien "disciple" ? Le dernier acte a sonné, et vient bientôt l'heure de payer le châtiment de ses crimes...

Après de nombreux reports aux causes plus ou moins explicites, le dixième et dernier tome de Syndrome 1866 est enfin entre nos mains, pour une conclusion fort attendue ! Cependant, malgré la tentative relativement efficace d'instaurer un cliffhanger à l'opus précédent, cet ultime volume ne joue pas la carte de la surenchère de rebondissements, préférant détailler une nouvelle fois la psychologie des personnages. Au prix de quelques ralentissements et redondances, Naoyuki Ochiai revient une bonne fois pour toutes sur les actes de chacun, sur leur évolution possible, et sur le message humaniste qu'il souhaite laisser à la fermeture de la série.

Nous sommes donc plus dans la réflexion que dans l'action, mais malgré les problèmes de rythme, le tout se suit du début à la fin sans trop de décrochages. Miroku avance sur son chemin vers l'expiaition lentement, mais surement, le temps de revenir sur les différents personnages croisés dans la série et de leur offrir un aboutissement personnel. On regrettera néanmoins le traitement de celui de Kai Sudo, plutôt étendu mais qui aurait nécessité un peu plus de clarté pour mieux appréhender ses ressentiments profonds. Mais dans l'ensemble, ce dernier tome offre un dénouement agréable, sans grandes surprises mais respectant l'esprit du manga depuis ses débuts.

Au final, cette conclusion pourra gêner par ses lenteurs narratives et par son orientation plus psychologique que palpitante. Néanmoins, on savoure les derniers instants passés avec ces personnages avec qui nous avons tant vibré. Tout n'es pas rose, tout ne se résoud pas comme par enchantement, mais l'auteur a réussi son pari : instaurer la même notion d'espérance qui surgissant à la fin de l'œuvre originale. Cerise sur le gâteau, notons également la retranscription d'un entretien avec Naoyuki Ochiai en fin de volume, pour aller au plus profond des choses. De quoi se donner envie de replonger encore et encore dans cette fantastique adaptation !
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