"Tant qu'il y a de la vie, il y a de la souffrance..."
Over Bleed
Tome 1
Kei est un jeune lycéen, subissant la violence quotidienne d'une bande de ses camarades. Devant toutes ses humiliations, son ami Akira lui fait une offre étrange : l'accompagner dans la mort pour l'aider à en finir avec cette vie de souffrance. A deux, ils décident alors de sauter du haut d'un pont, mais Kei réchappe à la tentative. Plus étrange, la vidéo des minutes précédant le saut s'est retrouvé le soir même sur Internet ... Un an après, Kei, devenu une célébrité malheureuse de son établissement, retombe sur cette vidéo sur le site http://www.overbleed.com, site confidentiel de partage de films de suicides ou de combats de rues. Mais il découvre avec stupéfaction les exploits d'un jeune lutteur, répondant au pseudonyme de Bunen,... en qui il reconnait Akira ! Pour en avoir le cœur net, Kei lui lance un défi via le site, mettant ainsi un pied dans un monde de violence dont il n'a pas idée de ses dimensions...
Over Bleed est un seinen en trois tomes issus du Young Gangan, magazine dans lequel l'éditeur Ki-oon est déjà allé chercher quelques-uns de ses grands succès, comme Ubel Blatt ou Jusqu'à ce que la Mort nous sépare. Nous devons cette série à un collectif d'auteur répondant au nom de 28round, comprenant notamment le dessinateur coréen Park Jung-Ki, auteur du déjà très explosif sonyun manhwa Dangoo (disponible chez Samji). Au scénario, nous avons affaire à un certain "S", dont nous ne savons rien, sinon qu'il s'est initié à la boxe pour préparer cette série fracassante.
Les adeptes de l'éditeur reconnaitront peut-être en Over Bleed un successeur au très efficace Duds Hunt. Mais là où le one-shot de Tetsuya TsuTsui arrivait à développer entre les lignes une certaine satyre sociale, le présent récit n'en a absolument pas l'ambition. On ressent très rapidement la volonté des auteurs d'offrir une série dynamique, où les temps morts n'ont absolument pas leur place. On pourra ainsi y voir quelques facilités scénaristiques, comme un enchaînement très rapide des différents évènements sans véritable cohérence. L'ascension vertigineuse de Kei passant souffre-douleur en machine à tuer en seulement quelques pages, étalant des adversaires aguerris du simple fait de son talent naturel, a de quoi faire lever plus d'un sourcil. On s'étonnera aussi de voir rapidement des alliés de poids graviter autour du jeune homme, comme Kôta, son autre ami d'enfance pratiquant déjà la boxe depuis un an. Citons également l'infirmière Kohiruimaki, qui, non contente de ne pas dénoncer les agissements de ses élèves au corps enseignant (totalement absent du volume), vient à les encourager et à leur offrir de précieux conseils, du fait de sa passion pour les sports de combats !
La série souhaite donc offrir un véritable déluge d'action et de violence, sans se poser trop de questions... et le cocktail marche plutôt bien ! Les quelques incohérences sont rapidement effacés dans le rythme implacable de la narration qui désire aller droit au but. Ce premier tome suffit déjà à Kei pour s'affranchir des problèmes qui le poursuivent, pour qu'il puisse aller de l'avant sur les traces d'Akira. Pour autant, Over Bleed est loin d'être un simple manga de baston bête et méchant. Nous ressentons chez les auteurs beaucoup de compassion pour les différents personnages, se libérant de leurs pressions quotidiennes à la force de leur poings. Il est toutefois encore difficile de savoir quel sera le message apporté à la fin de la série.
Park Jung-Ki, qui nous a déjà prouvé ses talents pour la mise en scène de combats, nous revient ici avec un style bien plus propre, moins fouillis et poussiéreux que dans Dangoo. Le dessinateur a le sens du détail et décompose chaque mouvement en plusieurs cases. Si le rythme peut en souffrir, il en ressort une vrai lisibilité de l'action, d'autant que les cases ne sont pas surchargées par les lignes de vitesse. Nous ressentons également l'esprit du combat de rue au travers de la variété désordonné des techniques, passant de la boxe au karaté et par l'utilisation d'armes incongrues. Il en ressort quelque chose faisant part à l'improvisation, à l'instinct de lutteur. Le trait des visages est plutôt réaliste bien que souvent figé, les expressions passant essentiellement par le regard des protagonistes. Les décors sont également assez bien travaillés, sachant se faire discret quand il le faut.
Au final, malgré quelques défauts scénaristiques, Over Bleed remplit particulièrement bien son contrat, en offrant une série particulièrement dynamique avec un vrai effet "coup de poing". En seulement trois tomes, nous n'aurons surement pas le temps de nous ennuyer, d'autant que les évènements progressent très rapidement. Le tout, sans complaisance sur la violence ni voyeurisme sanglant. Un très bon cru pour les amateurs de baston !