Tome 1:
Elle, c'est Bambi, et elle n'a aucun rapport avec le faon de Disney, sauf si ce dernier a les cheveux et les ongles roses, des piercings plein les oreilles, et la gâchette facile. Vraiment facile. Parce que Bambi, faut pas la chercher, elle s'énerve très vite et n'hésite pas à se servir à tout va de son flingue (rose aussi, cela va de soi), surtout si on essaie de lui refiler de l'eau de mauvaise qualité, à elle qui ne boit que de l'Evian. Et cherchez encore moins à lui faire manger de la junk food, parce que Bambi, elle ne se nourrit que de nourriture cent pour cent biologique, c'est meilleur pour son corps de rêve.
La junk food, c'est justement la nourriture préférée de Pampi. Pampi, c'est un gamin qui ne pense qu'à bouffer et qui conserve sa mine renfrognée en toute circonstance, même quand Bambi dézingue tout le monde autour d'elle. Et Pampi, il a été kidnappé par Bambi sans qu'on sache encore vraiment pourquoi, en comprenant juste que la demoiselle doit le ramener aux "vieux", ceux qui l'ont engagée pour cette mission, et qu'elle semble bien connaître.
L'un des problèmes de Bambi, c'est qu'elle est poursuivie. Poursuivie de partout par des gens bien décidés à empocher la prime élevée, très élevée, qui a été placée sur sa tête suite à l'enlèvement du dénommé (par les soins de la belle) Pampi. Du coup, en plus des innocents qui lui prennent ne serait-ce qu'un peu la tête (c'est à dire quasiment tout le monde), Bambi doit aussi défoncer le crâne des chasseurs de primes qui passent devant elle. Et des chasseurs de prime, il y en a beaucoup, du maître d'école devant assouvir ses pulsions psychopathes pour pouvoir rester tendre et attentif envers ses élèves, à la vieille dame en apparence si gentille, en passant par nombre d'énergumènes tous plus atteints les uns que les autres.
Mais le plus gros problème de Bambi, ce sera probablement Gabba King. Gabba King, c'est un gros type, un chanteur à scandales, une sorte de clone d'Elvis en plus débraillé et en plus immoral, qui prend plaisir à maltraiter ses jeunes fans qui n'attendent que ça et à semer drogue et autres vices autour de lui malgré les protestations et les manifestations qui ne peuvent rien contre lui. Et Gabba King, c'est aussi (et surtout) celui qui a lancé la prime sur la tête de Bambi, parce qu'il est bien décidé à récupérer l'étrange gosse qui lui a été dérobé, là aussi sans qu'on sache encore vraiment pourquoi.
C'est au beau milieu de cet univers "pop" à la fois pétaradant et malsain, où la folie règne tant et si bien que le monde lui-même semble avoir perdu toute notion de moralité et de loi, où le mangaka Atsushi Kaneko semble prendre un malin plaisir à pousser à l'extrême les vices de l'homme pour les parodier ou pour les rendre encore plus effrayants qu'ils ne le sont déjà en temps normal, que se déroule un véritable road-movie déjanté et sanglant, pendant lequel notre charmante et très caractérielle kidnappeuse va rencontrer une multitude de personnages, innocents ou non, qui n'en ressortiront généralement pas indemnes.
Et puis, les aventures de Bambi, elles sont admirablement servies par un coup de crayon unique, expressif et sans concessions, à mi-chemin entre manga et comics, et dont l'encrage rose et noir ne fait que renforcer l'aspect "culture pop" qui a influencé l'auteur, tout comme ces icônes underground qui peuplent les décors du titre. Les dialogues sont crus, la mise en scène inspirée, le découpage franc et dynamique.
On ne comprend pas encore beaucoup les tenants et aboutissants de l'histoire, mais une chose est sûre: l'immersion dans cet univers particulier est total, et il semble impossible de s'ennuyer une seule seconde pendant la lecture, tant cette héroïne perce les pages.
Elle, c'est Bambi. Elle est jolie, sans-gêne, égoïste, extrêmement caractérielle, prend très facilement la mouche, flingue tout et n'importe quoi sans remords, n'a aucune considération pour la vie d'autrui... et vous allez l'adorer.