

Tome 1 (chronique de Shinob):
Il y a des jours où tout peut arriver, même les évènements les plus improbables. Et ce n'est pas Tokichi Inaba, salaryman de son état, qui vous dira le contraire! En effet du jour au lendemain, notre homme se voit dans l'obligation d'endosser le costume de tueur à gages, à cause d'une malheureuse rencontre avec "Double flingue", un as de la gâchette moribond qui le force à prendre sa place dans une mission qui consiste à accomplir un assassinat, tout en sauvant sa compagne.
Autant considérer tout ceci comme une mission suicide... et bien non, car notre killer improvisé se révèle plutôt doué (et particulièrement chanceux) dans cet exercice imposé! Et quand "Double flingue" passe définitivement l'arme à gauche, Tokichi se voit obligé de reprendre pour de bon le flambeau et d'exercer cette activité à haut risque... c'est le début de nouvelles aventures!
Avec ce premier tome de Hitman, Hiroshi Mutô va s'intéresser à l'immersion de son héros dans le milieu de la pègre, mais aussi aux nouvelles relations qu'il s'y fait. En parallèle, on suit également Tokichi dans son travail d'employé de bureau, notre auteur jouant alors sur les antagonismes et contrastes de ces deux situations, ce qui amuse.
Par contre, on sourit moins en découvrant l'impact, où plutôt l'absence d'impact, qu'a cette nouvelle activité sur le moral de Tokichi. Comment un homme lambda peut-il en tuer un autre sans avoir le moindre remord ? Il aurait été somme toute logique d'introduire des séquences où l'on voit notre héros douter de la nouvelle direction qu'il prend, de ses choix et de lui-même... mais il n'en est (presque) rien!
Et à la fin de l'opus, la palme du surréalisme est atteinte lorsque "Double gâchette bis" n'hésite pas à dégommer à bout portant et de sang froid un homme désarmé qui lui servait d'otage... Si Tokichi est aussi inhumain à ce stade du récit, qu'en sera-t-il au volume 20 ?
Les graphismes, froids et un peu figés, ne sont pas le point fort du récit. Ils remplissent néanmoins leur rôle et savent nous faire sourire lors des situations cocasses. Notons que l'auteur a un certain talent pour attribuer à son héros des mimiques faciales amusantes! L'adaptation d'Ankama est correcte, mais certaines onomatopées qui auraient dû être traduites ne le sont pas. Ainsi l'onomatopée "Pan", utilisée pour le dernier coup de feu de ce volume, n'est pas traduite alors même que le meurtre qu'elle illustre n'est pas directement visible mais suggéré!
En définitive, même si l'on apprécie le postulat original de la série, certains risquent de rester circonspects face à l'évolution psychologique de Tokichi, complètement improbable face aux situations qu'il endure...
Tome 2:
Du jour au lendemain, Tôkichi, salaryman sans histoires et marié à une femme très belle mais un brin tyrannique, a été contraint de prendre la place de "double flingue", un tueur à gages renommé. A présent, celui qui est un employé un peu empoté le jour devient un exécuteur de contrats le soir...
Avec ce deuxième volume, Hitman continue de décoller peu à peu, après un premier tome pas déplaisant à suivre mais beaucoup trop basique. Ici, on commence à trouver des histoires légèrement plus longues, c'est à dire s'étalant sur deux chapitres au lieu d'un seul, ce qui permet au mangaka d'offrir des récits parfois un petit poil plus développés, mais restant encore beaucoup trop classiques. Dans tous les cas, on ne peut qu'apprécier la diversité des histoires, alternant contrats purs et simples, duels entre notre héros et d'autres tueurs souhaitant se faire un nom en le liquidant, et imprévus et embuscades mettant en danger, par exemple, la jolie Chinatsu, partenaire de "double flingue".
Mais surtout, entre la sexy Chinatsu à laquelle il semble de plus en plus difficile pour Tôkichi de résister, une épouse plus qu'autoritaire qui met bien souvent, sans le vouloir, son grain de sel dans les histoires de notre héros, et la "double personnalité" de Tôkichi, tantôt employé blaireau, tantôt redoutable tueur, on note régulièrement des notes d'humour qui parviennent fort bien à rythmer l'ensemble, à l'image de quelques quiproquos, et de crises de jalousie de notre héros ou de sa partenaire, grâce auxquelles on devine qu'ils se plaisent mutuellement, et qui sont bien souvent le moteur de situations cocasses en plein coeur des missions, et de coups de feu qui partent tout seul.
Côté dessins, si le trait épais de Hiroshi Mutô est parfois un peu trop figé, il fait ressortir à merveille la brutalité des scènes de gunfights, même si celles-ci restent encore un peu trop basiques. Les instants d'humour sont efficaces, et la note de charme apportée par la délicieuse Chinatsu est on ne peut plus agréable dans un titre de ce genre.
Mieux vaut ne pas chercher le moindre souci de réalisme dans Hitman. La rapidité à laquelle Tôkichi s'habitue à son nouveau job de tueur n'a rien très crédible, malgré quelques petites tentatives de la part l'auteur de montrer son héros peu expérimenté et faiblard par instants, tentatives qui restent trop limitées. Par contre, en le prenant pour ce qu'il est, c'est à dire un divertissement sans prise de tête, le titre parvient à proposer un cocktail efficace, qui rappelle parfois City Hunter, et qui ne demande qu'à s'approfondir sur des histoires plus longues. Désormais, espérons que ces dernières arrivent rapidement, mais aussi que les personnages ne restent pas trop longtemps campés sur leur position (il faut bien l'avouer, on espère par la suite avoir droit à une évolution du triangle Tôkichi-sa femme-Chinatsu), et que le tout parvienne sans cesse à se renouveler correctement.