Ethnicity 01

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Ethnicity 01

Message non lu par Koiwai » 13 mars 2012, 13:08

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La fiche sur le site


Tome 1:

Après avoir été révélé avec un 7 Milliards d'aiguilles qui commençait très fort avant de retomber un peu comme un soufflet, Nobuaki Tadano nous revient avec sa dernière oeuvre en date : Ethnicity 01, qui s'est terminée au Japon il y a peu après trois volumes.

Au vu du ton particulier de 7 Milliards d'aiguilles, qui reflétait un trip au départ parfaitement maîtrisé par son auteur, inutile de préciser que l'on attendait Ethnicity 01 avec beaucoup de curiosité, en espérant y retrouver la patte unique et agréable de l'auteur ainsi qu'une histoire assez fumée. Et c'est bien cela qui nous attend. Cela, on le devinait rien qu'au titre de l'oeuvre, assez étrange, mais c'est bien le synopsis qui finira de nous intriguer, en annonçant un univers prometteur.

Jugez plutôt : dans un futur indéterminé où la planète a été dévastée par la famine, les guerres et les bouleversements climatiques, le reste de l'humanité vit désormais dans des mégapoles coupées de l'extérieur, éparpillées dans tous les pays de la planète, mais toutes dominées par un même système de régulation des comportements. Afin de maintenir la paix à tout prix, tous les citoyens ont été conditionnés de sorte à ne jamais se rebeller, à ne jamais se poser de questions sur leur vie et leurs émotions bien réglées. Quiconque effectue le moindre petit geste déplacé, crie un peu trop fort, ou fait quoi que ce soit qui pourrait gêner les autres, perd des points de civilité sur un compteur de 100. Quand le compteur est à 0 points, c'est l'exil dans les zones blanches, des lieux désertiques non référencés sur les GPS.

C'est dans ce cadre que Niko, une jeune lycéenne modèle, suit sa vie bien rangée aux côté de son e-pet, sorte d'animal cybernétique tuteur tenant le rôle de parent et, plus généralement, de famille, et surtout chargé de veiller à ce que l'humain qu'il a en charge ne s'égare pas de la bonne voie toute tracée. Niko se voit déjà haut placée dans les strates de la mégapole de Sensoram. Un jour, pourtant, elle se prend d'intérêt pour Astha, un garçon de sa classe qu'elle n'avait jamais remarqué auparavant. Intriguée par son comportement, elle le suit, jusqu'à arriver à la frontière de Sensoram, où elle se fait attaquer par un crache-mort, un étrange robot chargé de surveiller la frontière et plastifiant tout exilé tentant de pénétrer Sensoram, et vice versa.

Vous vouliez un univers bien fumé ? Vous voilà donc servi ! Car fumé, l'univers que met en place Tadano l'est assurément. Mais dans le bon sens du terme, l'auteur mettant en place, en seulement un volume, un univers futuriste plutôt original et fourmillant de richesses.
En plus du système de régulation des comportements, des e-pets et des crache-mort, vous pourrez donc également compter sur la notion de gène, sorte de prédisposition offrant à chaque personnage un talent particulier. Si les choses ne sont pas encore vraiment explicitées autour de cette curiosité, on sait qu'il existe un nombre important de gènes différents, que celui de Niko lui permet d'être multi-tâches, et qu'il existe des gènes très particuliers, à l'image de celui du mystérieux Keô.

Keô ? Qui est-ce ? Vous ne tarderez pas à l'apprendre, il s'agit d'un exilé au comportement bourré d'ambition, puisqu'il se pose en leader d'une future révolte des Exilés. Parlons donc plus en détails des exilés, auxquels Tadano apporte également une certaine richesse, puisque, même chez eux, il existe des camps bien distincts : ceux acceptant leur sort, ceux envisageant sérieusement de se révolter contre le système dictatorial de la cité, et ceux cherchant avant toute chose à unifier les différents camps d'exilés pour former un nouvel Etat, tâche normalement rendue impossible par les Taupes, des gardes veillant sur les canaux reliant les différentes zones blanches.

Comme vous pouvez le voir, Nobuaki Tadano apporte, dans le monde qu'il a créé, de nombreuses facettes où il semble ne rien oublier. L'univers mis en place est riche, très riche, et pourtant introduit au fil des pages avec une fluidité exemplaire. Les choses ne sont pas balancées par-ci par-là, chaque élément arrive quand il le faut, on n'est jamais perdu pendant la lecture.

Mettre en place tout un univers, c'est bien beau, mais s'il n'y a que ça, quel intérêt ? Rassurez-vous donc, Tadano n'oublie pas son histoire en cours de route, et propose déjà de nettes évolutions dans tous les camps. Du côté des exilés, une révolte menée par Keô est en marche, tandis qu'au sein de Sensoram, la curiosité de Niko a provoqué le début de sa chute, son compteur baissant de plus en plus tandis que sa curiosité et son envie d'aider Astha prennent le dessus. Suivre la lente chute de son compteur est l'occasion d'entrevoir toutes les aberrations d'un monde reflétant à l'extrême la dictature. En filigranes, on ressent grandement la critique d'un monde soumis à des règles trop souvent extrêmes et ne laissant plus aucune liberté, et les envies de révolution nous prennent en même temps que certains personnages.

Dans le fond, on se doute bien que l'histoire principale se résumera à cette idée, somme toute très classique, de révolution dans un monde oppressant, et au vu des richesses proposées par l'auteur, on se demande un peu comment celui-ci pourra boucler tout cela en seulement trois tomes sans laisser des points de côté. De ce fait, il faut bien avouer que l'on a un peu peur de retomber sur une fin à la 7 Milliards d'aiguilles. Mais en attendant de voir ça, on se retrouve avec un premier volume fluide et immersif, qui regorge d'arguments positifs et a tout pour plaire, à condition, tout comme c'était le cas avec 7 Milliards d'aiguilles, de se laisser transporter par le ton et le coup de crayon clair et un brin nonchalant de l'auteur.

Du côté de l'édition, Doki Doki nous sert, comme souvent, un travail d'excellente facture.
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hdix
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Re: Ethnicity 01

Message non lu par hdix » 02 avr. 2012, 08:00

Koiwai a écrit :
Comme vous pouvez le voir, Nobuaki Tadano apporte, dans le monde qu'il a créé, de nombreuses facettes où il semble ne rien oublier. L'univers mis en place est riche, très riche, et pourtant introduit au fil des pages avec une fluidité exemplaire. Les choses ne sont pas balancées par-ci par-là, chaque élément arrive quand il le faut, on n'est jamais perdu pendant la lecture.
entièrement d'accord avec toi.
et c'est ce que j'apprécie beaucoup dans mes lectures, une narration fluide et claire qui ne s'amuse pas à nous perdre toutes les 2 pages.
Koiwai a écrit : Mettre en place tout un univers, c'est bien beau, mais s'il n'y a que ça, quel intérêt ? Rassurez-vous donc, Tadano n'oublie pas son histoire en cours de route, et propose déjà de nettes évolutions dans tous les camps...

...Dans le fond, on se doute bien que l'histoire principale se résumera à cette idée, somme toute très classique, de révolution dans un monde oppressant, et au vu des richesses proposées par l'auteur, on se demande un peu comment celui-ci pourra boucler tout cela en seulement trois tomes sans laisser des points de côté.
évolution que j'ai trouvé un brin rapide, car présentation très brève des personnages et de l'environnement (juste assez pour tout comprendre en fait). tout va très vite, trop vite à mon gout, l'immersion est rapide et forcée et sabote un peu le plaisir.
Mais en sachant qu'il n'y a que 3 tomes, je comprends mieux. mais c'est dommage, étant donné le background déjà présenté, je pense que ca méritait un peu plus de tome. En tout cas moi j'aurais bien aimé car je suis très emballé par ce premier tome.
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Re: Ethnicity 01

Message non lu par Koiwai » 24 juin 2012, 16:54

Tome 2 :

Niko est bannie de Sensoram. Incrédule, elle est emmenée jusqu'aux frontières de la ville et erre désormais dans les paysages dévastés des zones blanches, où elle ne tarde pas à faire la rencontre d'une étrange troupe d'enfants nommés les Souris.
Pendant que Niko erre et qu'Astha la recherche, les choses bougent autour de Keô, qui amène un parfum de révolution contre Nostrega et les autres personnes placées à la tête de Sensoram. Mais le détenteur du gène révolutionnaire doit avant tout convaincre les plus réticents de se joindre à sa cause...

Après un premier tome qui introduisait à merveille un univers riche et cohérent, Ethnicity 01 voit son histoire évoluer de manière logique dans ce second volume, qui prend le temps d'introduire encore de nouvelles choses avec le clan des souris, d'expliquer certaines choses, notamment en ce qui concerne le gène révolutionnaire de Keô, et de créer un certain mystère autour des agissements de certains personnages, par exemple ceux de ce même Keô dont la nature est encore énigmatique et inquiétante, et ceux de Yuri. Au final, le récit n'oublie aucune des forces en présence, même si certaines sont moins abordées que d'autres, à commencer par Niko dont le rôle devrait prendre de l'ampleur dans le dernier volume.

On a donc, indéniablement, un contenu qui évolue bien, qui tire bien profit de certaines choses mises en place. Pourtant, arrivé à la fin du volume, c'est bien l'inquiétude qui gagne le lecteur, tant on se demande comment Nobuaki Tadano va pouvoir conclure son histoire en un seul petit tome.
Ce sentiment mitigé, on le doit à plusieurs éléments, à commencer par l'apparition du clan des souris, dont on attend de voir le rôle. Egalement, on peut rester dubitatif face à la facilité de certains retournements de situation, à l'image du ralliement des plus réticents à la cause de Keô, en seulement quelques pages, quelques petites phrases. Enfin, difficile de ne pas être déçu par la rapidité de certains événements comme ce fameux ralliement, quand on voit qu'à côté, l'auteur se perd pendant une trentaine de pages dans une bataille longuette, ne dégageant absolument aucune intensité, la faute à un manque de décors et de détails, à un chara design trop relâché, à une absence de dynamisme dans le trait, à de grosses inégalités dans les dimensions des personnages... Dommage.

Dans de telles conditions, attendons de voir ce que donnera la conclusion du récit, où Niko devrait enfin avoir le premier rôle, elle qui est quasiment transparente dans ce second tome. Il est encore difficile de se prononcer après ce volume qui avance bien mais reste trop déséquilibré sur certains points. La série peut encore nous offrir une conclusion digne de ce nom tout comme elle pourrait proposer un pétard mouillé façon 7 milliards d'aiguilles.
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Koiwai
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Re: Ethnicity 01

Message non lu par Koiwai » 11 sept. 2012, 07:56

Tome 3 :

A la fin du deuxième volume, le doute nous imprégnait : après avoir continué d'enrichir l'univers de sa série, comment Nobuaki Tadano allait-il bien pouvoir conclure le tout en un seul petit tome ? Alors, la fin d'Ethnicity 01, réussite ou semi-raté à la 7 Milliards d'aiguilles ?

Reprenons l'histoire là où nous l'avions laissée : tandis que Keô a rallié tout le monde à lui et est sur le point de marcher sur Sensoram, Yori, infiltrée en ville, se retrouve face à Nortrega... Pendant ce temps, Niko et Astha rencontrent un homme étrange qui déclare être l'Ethnicity 01, le tout premier exilé, contraint de quitter la ville 200 ans auparavant. Celui-ci a beaucoup de choses à leur apprendre, sur Nortrega, sur Keô, sur le fonctionnement de Sensoram...

Dans ce dernier tome, pas question pour Nobuaki Tadano de bousculer son récit... et c'est bien là le problème. Les choses avancent tranquillement, l'auteur apportant les uns après les autres les événements importants sans chercher à créer l'impact. Ainsi, chaque révélation, chaque bouleversement se voient posés à un moment ou à un autre dans le récit, comme ça, sans que ça ne marque vraiment, alors même que certains éléments, notamment autour de Keô, de son identité exacte et du sort qui l'attend, avaient de quoi apporter beaucoup... Et au final, que c'est monotone !
Un gros défaut du précédent tome est de nouveau là : les différents bouleversements arrivent avec une facilité déconcertante, le summum étant atteint avec la manière dont Niko va faire face à Nostrega et l'aisance avec laquelle elle va convaincre Ethnicity 01 (personnage manquant profondément de charisme et de présence alors qu'il donne son nom au manga...) de l'aider. Sérieusement, tout ça pour ça ? C'était aussi simple que ça ? Même tout seul, Ethnicity 01 pouvait le faire, alors pourquoi ne pas avoir fait ça dès le départ ?

Bref, après deux mangas, il semble que cet auteur aux idées si intéressantes soit bien incapable de développer convenablement un background de base pourtant inventif et très riche. Ici, tout arrive avec une facilité déconcertante, de façon monotone, et de nombreux points restent sous-exploités, comme le système de gènes, plusieurs personnages comme les Souris, Astha ou Noh... A l'arrivée, on a bel et bien une conclusion, certes ouverte et très expéditive, mais le chemin pour y arriver est ennuyeux et cousu de fil blanc... Quel dommage !
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Luciole21
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Re: Ethnicity 01

Message non lu par Luciole21 » 11 oct. 2012, 12:04

Il y a déjà des chroniques bien complète et comme mon avis est le même, je vais résumer tout ça vite fait : Des débuts prometteur, tant au niveau des personnages que de l'univers et des nombreux possibles qu'il offrait (j'ai vu que le début d'Ergo Proxy mais ça m'y a fait penser). Pourtant, si certains passages sont très bons, tout se casse vite la figure et nous offre un dénouement...ultra prévisible et totalement dénué d'originalité. Les personnages s'avèrent finalement très peu développés. En bref, une série qui aurait pu être très bonne si elle s'était étendue sur plus de volumes.
PS : Et puis c'est quoi le délire de l'auteur ?! Tout ses personnages sont atteints de lilliputie, on dirait des nains ^^'
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hdix
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Re: Ethnicity 01

Message non lu par hdix » 16 oct. 2012, 07:26

Je vous rejoins !!
Je ne vais pas en mettre une tartine, mais oui la série avait du potentiel, dommage que cela se termine en 3 tomes, ca gâche tout. ca va trop vite.

bref tout comme vous dites.
bien dommage
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Alcoholizer
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Re: Ethnicity 01

Message non lu par Alcoholizer » 24 oct. 2012, 16:27

Je pense que tout a été dit, mais à la différence de hdix, je dirais que trois tomes, c'est bien, sans ça je n'aurais pas eu le courage de finir la série, voir même de commencer.

A la sortie du tome 1 le dessin m'a pas mal rebuté et c'est bien le fait qu'il ai été en trois tomes qui m'a poussé à tenter l'aventure. Le spitch en lui même était intéressant mais ne m'avait pas non plus emballé des masses. Et au vu du chemin pris lors de ces trois tomes, je me dis qu'une série plus longue aurait aussi pu être une série ennuyeuse et interminable à lire. En effet je n'ai absolument pas ressentie d'élément apportant énormément de suspens ou d'intérêt réel au manga passé la mise en place de l'univers, qui était à la base prometteur. Je ne sais vraiment pas si le mangaka aurait été capable d'aller plus loin sur le long terme.

Je ne suis pas spécialement déçu, car déjà le premier tome m'a paru moyen, et qu'il n'a pas été long à se finir.
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