BLOOD LAD
Auteur : Yuuki Kodama (et non pas Yuki Kodama )
Genres : action, fantastique, humour
Éditeur français : Kurokawa
Éditeur japonais : Kadokawa Shoten
Magazine de prépu : Young Ace
Nombre de tomes : 1 en France et 5 au Japon (en cours)
La fiche sur le site
Staz est un vampire. De Robert Pattinson dans Twilight et de Johnny Depp dans Dark Shadows, il n’en garde que le teint cadavérique. Parce qu’en réalité, Staz n’en a rien à faire de sucer le sang des humains, il préfère rester tranquille dans sa piaule du monde des démons, collectionner des figurines, jouer à des jeux vidéo, et accessoirement, diriger le clan de démons dont il est le boss. Fan de pop culture japonaise, rencontrer un humain est son rêve. Coup de chance, ses sbires lui rapportent une humaine égarée en Enfer, Fuyumi. Coup de malchance, elle meurt, étrangement dévorée par une espèce de plante carnivore. Comme un humain mourant dans le monde des démons ne disparait pas, mais devient un esprit, tout n’est pas perdu ! Staz se donne le but de la ressusciter. Pour cela, il va explorer le monde des démons et même la Terre, à la recherche d’informations ça et là. Fuyumi n’a d’autre choix que de s’en remettre à lui.
Mettons au point une chose : l’auteur de Blood Lad, Yûki Kodama, n’est pas la même personne que Yuki Kodama, la créatrice du manga Kids on the Slope, série actuellement adaptée en anime par Shin’ichirô Watanabe. Même si les noms sont très proches, les deux auteurs jouent dans deux registres totalement différents. Car Blood Lad, c’est une série qui se veut… démoniaque.
En effet, pour la campagne de promotion de la série, Kurokawa a beaucoup misé sur le fait que Blood Lad est un manga de vampire trash, viril même, afin de contraster avec cette manie qu’ont les créateurs de fiction à nous sortir depuis quelques années des histoires de vampires fadasses, avec un héros à la beauté glaciale sensé rameuter les jeunes filles. Mais finalement… Blood Lad n’est pas vraiment un manga de vampires, mais un manga avec des démons en tout genre. Le héros est effectivement un vampire, mais il aurait presque pu être un autre type de démon, comme on en croise beaucoup dès ce premier tome. Donc, rassurez-vous, si vous en avez marre des histoires vampires, Blood Lad ne devrait pas vous gêner à ce niveau-là. Par contre, l’aspect « histoires de vampires pour vrais bonhommes » que nous vend Kurokawa n’est pas non plus renversant, dans le sens où on ne voit pas vraiment d’aspect parodique des histoires de vampires, à part dans les vingt premières pages du tome, où Staz se présente et se dit totalement différent de ses ancêtres.
La lecture de ce tome pose deux principaux problèmes à la crédibilité du récit. Premièrement, même si la série possède un côté second degré, Fuyumi n’a pas des réactions vraisemblables. Son arrivée dans le monde des démons ne la pas fait paniquer, alors qu’elle n’a aucune idée d’où elle se trouve, que des gars bizarres essaient de l’attraper, et que leur boss souhaite s’entretenir avec elle uniquement pour savoir où en est la saga des Final Fantasy. Deuxièmement, une fois que la base de l’intrigue est posée (à savoir Staz qui veut ressusciter Fuyumi… pour une raison qui nous échappe complètement d’ailleurs), la série part déjà un peu dans tous les sens, avec Staz qui se lance dans le monde des humains sans savoir par où commencer à chercher des informations, mais qui par hasard arrivera à trouver des pistes.
Alors, certes, tout cela est bizarre, voire qualitativement négatif. Mais pourtant, Kodama parvient à intriguer le lecteur, notamment pour l’univers assez barré et surtout pour son héros, Staz, un geek tantôt m’en-foutiste, tantôt extrêmement déterminé et surtout faussement anti-charismatique. La fin du tome fait d’ailleurs apparaitre son rival, qu’on espère aussi dingue que lui.
Le dessin de Kodama laisse pour l’instant penser qu’il se débrouille mieux avec de la couleur plutôt que sans. Reste que certains personnages ont un design vraiment sympathique (Staz, Wolf et Yoshida), pour les autres, c’est un peu plus simpliste. La mise en scène de l’action à travers le découpage des cases n’a pas de particularité notable : elle n’est ni trop molle, ni exceptionnelle.
Avec son univers de démons à la Soul Eater et son héros truculent, Blood Lad a de bonnes bases mais commence presque à s’embourber dans une intrigue bancale, même si ce n’est pas alarmant pour le moment. Laissons le bénéfice du doute à ce premier tome et espérons mieux pour le suivant.
Kurokawa a comme d’habitude fait du bon travail avec un papier de qualité et une traduction correcte. On appréciera les premières pages couleur.