Gisèle Alain

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Gisèle Alain

Message non lu par Koiwai » 11 oct. 2012, 19:56

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Début du vingtième siècle. Fille de bonne famille, la jeune Gisèle Alain est devenue la logeuse d'un immeuble où elle ne tarde pas à mettre en place un bureau de... femme à tout faire ! Retrouver un chat perdu, nettoyer une maison de fond en comble, promener une fillette dont le père est trop débordé... La jeune fille, du haut de sa jeunesse et de sa joie de vivre, est bien décidée à accomplit toutes les tâches qu'on lui propose !

Ainsi se présente Gisèle Alain, nouveau manga des éditions Ki-oon, que l'éditeur rapproche volontiers des oeuvres de Kaoru Mori, à juste titre : de part l'époque et le style, Gisèle Alain ne manque pas d'évoquer Emma, la première série de l'auteure de Bride Stories... à ceci près que Sui kasai surpasse graphiquement les débuts d'Emma ! Du côté des décors, la jeune auteure s'applique beaucoup, que ce soit dans les décors intérieurs ou au niveau des paysages, qui sont l'occasion de voir quelques doubles-pages vraiment superbes (les doubles-pages sur le jardin botanique ou sur les toits de la ville). Les costumes jouissent eux aussi d'un soin particulier, même si on y regrettera la présence parfois trop envahissante de trames. Quant aux personnages secondaires, leur look rappelle beaucoup celui des personnages d'Emma, ne serait-ce que dans les coupes de cheveux. Là aussi, la mangaka s'applique beaucoup, offre des protagonistes au physique abouti. Enfin, notre jeune héroïne, Gisèle Alain, ne manque pas de charme. Un charme qui s'exprime principalement par son sourire et ses grands yeux, et qui est accentué par la volonté de l'auteure de la rendre mignonne. Toutefois, des problèmes de proportion sont régulièrement visibles, à commencer par la tête de Gisèle, parfois un peu trop disproportionnée par rapport au reste de son corps menu, et dont les yeux, grands éléments d'expressivité, sont parfois vraiment trop grands. Mais dans l'ensemble, c'est extrêmement prometteur, plus que sur les débuts d'Emma. Et quand on voit la vitesse fulgurante à laquelle Kaoru Mori a progressé sur sa série, on peut avoir bon espoir de voir Sui Kasai suivre le même chemin afin de gommer ses quelques imperfections.

Du côté de l'histoire, les choses sont vite mises en place, Sui Kasai nous présentant d'emblée Gisèle dans son rôle de logeuse, puis dans sa nouvelle fonction de femme à tout faire, et il ne faut que quelques pages avant de voir arriver sa première mission : retrouver un chat. Par la suite, chaque chapitre sera l'occasion de voir arriver une nouvelle mission que Gisèle tâchera d'accomplir. Et le principal problème de ce premier volume vient de ces fameuses missions, très simplistes, pauvres en rebondissements et, surtout, ultra téléphonés. On devine rapidement le but de l'homme récupérant les chats, tout comme on devine la tristesse de la fillette du chapitre deux, et comment tout ceci va se terminer. Pire encore, le chapitre sur la strip-teaseuse, pas désagréable à suivre, mais totalement vide quant au développement de la belle blonde, est plus prétexte au fan-service qu'autre chose. Au final, le sentiment d'avoir un background très lisse est trop présent, et n'est pas aidé par une narration elle-même fort lisse. Car si Sui Kasai possède d'indéniables talents de dessinatrice, sa narration reste encore trop plan-plan, trop lisse, trop prévisible, trop portée sur des répliques toutes faites et parfois exagérément naïves (c'est surtout le cas du chapitre 2 et du dernier chapitre), et l'ensemble ne possède donc pas cette verve visible chez son illustre modèle, Kaoru Mori.

Pourtant, quelques éléments intrigants parviennent à se glisser dans tout ça. Les premiers chapitres, aussi creux soient-ils, sont l'occasion d'observer une héroïne aussi optimiste et assurée que fragile, et de cerner petit à petit son statut de jeune fille de bonne famille qui a finalement tout à apprendre de la vie et cherche toujours à progresser avec la volonté et le sourire, même si elle est maladroite et parfois capricieuse. Toutefois, à force de vouloir montrer le statut social élevé de Gisèle, Sui Kasai en arrive à quelques exagérations un peu ridicules (sérieusement, elle n'a jamais vu une araignée de sa vie ?).
Egalement, on s'amuse en voyant la manière dont elle taquine son associé, le trop gentil Eric. Et dans les deux derniers chapitres, on sent petit à petit pointer un passé loin d'être tout rose, que l'on attend de voir développé, ce qui ne devrait pas traîner au vu des dernières pages du tome.

Pas déplaisant, ce premier tome de Gisèle Alain profite d'indéniables talents graphiques, pas encore parfaits mais très prometteurs (Sui Kasai n'a que quelques défauts à gommer), mais souffre toutefois d'un fond très lisse, tout juste revigoré par des éléments sur le passé de la demoiselle que l'on attend avec intérêt de découvrir. L'ensemble est encore faible sur certains points, mais est prometteur, et devrait nous en dire plus dès le deuxième tome.
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Re: Gisèle Alain

Message non lu par Koiwai » 09 janv. 2013, 21:27

Tome 2 :

Partie vivre sa vie au-delà d'une demeure familiale où elle se sentait emprisonnée, la jeune et optimiste Gisèle Alain est devenue femme à tout faire, et enchaîne à présent les petites missions qu'on lui demande avec Eric, jeune homme de sa pension contraint de la suivre pour rembourser ses dettes. Dans ce deuxième tome, de nouvelles demandes sont faites à la jeune fille : réconforter le moral d'une vieille dame qui vit dans la solitude depuis qu'elle a perdu son mari, aider un couple à déménager à la sauvette, récupérer un perroquet volé... Rien ne semble pouvoir arrêter Gisèle, qui reste authentique dans sa façon d'être : un peu trop curieuse mais dotée d'une franchise et d'une envie de bien faire rafraichissantes, comme le prouveront une nouvelle fois ses décisions lors de la mission de réconfort de la vieille dame, aussi paisible que touchante. Pourtant, Gisèle risque fort de voir son optimisme au bord de la naïveté remis en cause par certaines rencontres et certaines missions bien moins gentilles...

Après un premier volume sympathique mais un peu faiblard qui semblait surtout servir d'introduction, Sui Kasai, dès ce deuxième tome et même si le fond fait de petites missions reste le même, bouscule un peu plus son héroïne. Cela passe avant tout par l'arrivée de deux nouveaux personnages.

Dans un premier temps, vous découvrirez Christophe, majordome de la famille Alain. Inquiété par les frasques d'une Gisèle qui s'est fait passer pour une otage et a fait la une des journaux dans sa précédente mission, le vieil homme débarque à l'improviste à la pension, bien décidé à sermonner la demoiselle. Dans un premier temps, on se demande ce qu'il va découler de ce personnage, très hautain envers les autres membres de la pension, et qui semble voué à poser de premiers vrais problèmes à Gisèle. Puis on prend le temps de le découvrir un peu plus, et l'on prend un malin plaisir à s'attacher à ce vieil homme aussi flegmatique que bourré de répartie, qui se révèle plus bienfaiteur que menace en montrant une envie d'aider Gisèle à gagner en maturité dans le job délicat qu'elle s'est choisie. Pendant un petit moment, on le voit donc observer Gisèle, et ne jamais hésiter à lui donner des leçons... et il faut bien avouer que Gisèle en avait bien besoin ! Trop désordonnée, trop franche, trop immature au point de risquer de s'attirer des problèmes et de blesser les gens, la jeune fille risque fort d'évoluer un tant soit peu grâce au majordome.
On entame donc ici une évolution chez Gisèle : elle doit apprendre à mieux gérer ses affaires et ces quelques leçons ne lui font pas de mal, d'autant qu'au bout du compte elles aboutissent sur un chapitre nous laissant entrevoir une facette de son passé, juste avant qu'elle ne quitte la demeure familiale. On découvre sa grande soeur bienveillante Josette, mais aussi son père autoritaire mais un peu perdu face à une gamine qu'il n'arrive pas à contrôler. On découvre une jeune fille éprise d'une liberté entrevue notamment dans les nombreux romans qu'elle lit, une fille qui ne conçoit pas de suivre strictement les règles de la bourgeoisie. Une fille qui n'en fait qu'à sa tête, qui peut apparaître aussi irritante que rafraichissante selon les moments. Même si c'est un peu cliché, c'est agréable, mais il faut bien avouer qu'on attendait un peu plus de la première apparition du père (que l'on attendait plus "sombre", au vu de ses évocations dans le tome 1), ou même du passé de Gisèle. Peut-être l'auteure reviendra-t-elle là-dessus plus tard, mais en attendant, on reste un peu sur sa faim.

Si Christophe est vraiment bien campé et charismatique dans son genre, et amorce quelques évolutions chez Gisèle, le deuxième nouveau personnage de ce tome est encore plus intéressant, même s'il n'échappe pas non plus à de gros clichés : Guy, séducteur invétéré, est surtout un homme à tout faire très demandé. Dans le milieu, il se fait appeler G... comme notre héroïne, ce qui va amener les deux jeunes gens à se rencontrer sur une même affaire. En quelque sorte rivaux, les voici contraints de collaborer pour une mission au bout de laquelle Gisèle voudra prendre des leçons auprès de Guy, ce dernier n'étant pas vraiment chaud pour ça, et décidant donc de l'envoyer sur une mission très délicate.
Dans un premier temps, il faut avouer qu'on adore détester un peu Guy, séducteur de pacotille et homme à tout faire assez méprisant envers notre héroïne. Puis à l'instar de Christophe, on apprend à le connaître, et on découvre ses façons d'accomplir ses missions, beaucoup moins gentilles que celles de Gisèle.
La rencontre de Gisèle avec Guy marque une nouvelle prise de conscience chez notre héroïne : si elle veut être une femme à tout faire de qualité, elle ne sera pas toujours confrontée à des missions gentilles, et risque fort de devoir parfois accomplir des choses pour des individus peu scrupuleux. Cela, elle s'en rendra compte surtout lors de la mission de vol du perroquet confiée par Guy, qui lui ouvrira un peu plus les yeux sur ses propres limites... et qui sera malgré tout l'occasion de régler à nouveau les choses à sa manière.

Après un premier tome introducteur, la machine se lance donc un peu plus, sans jamais se trahir : Grâce aux nouveaux personnages et à des missions plus délicates, Gisèle commence à évoluer, à gagner un peu de la maturité indispensable au métier qu'elle s'est choisie... Mais ça ne l'empêche pas de rester fidèle à elle-même, puisqu'au final, elle se montre toujours aussi franche et désireuse d'aider les personnes les plus gentilles, quitte à aller un peu à l'encontre de sa mission. La lecture se bonifie, même si le ton reste encore très gentil même dans les missions les plus délicates, et qu'on reste sur sa faim quant aux quelques informations sur le passé de Gisèle.

Quant aux graphismes, il ont encore encore ces petits problèmes de proportion récurrents, que l'on oublie vite face aux bouilles charmantes de l'héroïne, au souci du détail assez présent, et à l'élégance du trait.

A présent, on attend avec beaucoup de curiosité les prochaines évolutions de notre femme à tout faire, mais aussi celles de son entourage, car en fin de tome c'est plutôt Eric qui intrigue.
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Re: Gisèle Alain

Message non lu par Koiwai » 22 mai 2013, 14:54

Tome 3 :

Après avoir brillamment accompli la mission confiée par Guy, Gisèle doit faire face à une autre épreuve : Eric a reçu une mention honorable pour son livre, et doit désormais déménager s'il veut voir sa carrière d'écrivain décoller. Tandis que le jeune homme part faire ses premiers pas d'écrivain, notre héroïne poursuit alors, seule mais avec motivation, ses missions... Seule ? Pas tout à fait, car elle ne tarde pas à recevoir la visite d'une tête connue, qui pourra l'aider un peu.

Après avoir tiré quelques leçons de sa rencontre avec Guy, qui lui a fait prendre conscience de la délicatesse de certaines missions, Gisèle revient à ses petites missions habituelles, comme sauver une crêperie en inventant une nouvelle recette. Dans le fond, on ne ressent pas le moindre changement chez la jeune fille suite à ce que lui a appris Guy, et il n'y a donc finalement pas d'évolution de ce côté-là, alors que le tome 2 nous laissait espérer le contraire. C'en serait presque décevant, si Gisèle ne conservait pas ce caractère assez fonceur et impétueux qu'on lui connaît... au risque de n'en faire à nouveau qu'à sa tête. L'épisode de la crêperie, grâce à ce caractère, reste donc sympathique à suivre, plutôt rafraichissant, même si les personnages secondaires restent à peine esquissés et vite oubliés, et que cette petite histoire reste désespérément basique en enchaînant de bons gros clichés (l'accouchement, au pire moment et pile ce jour-là, en tête).

La suite du tome enchaîne des petits épisodes de tous types : le départ d'Eric que l'on reverra ensuite par bribes quand celui-ci découvrira l'inattendu travail qu'on lui demande là où il pensait se lancer en tant qu'écrivain, quelques morceaux du passé de Gisèle qui permettent d'entrevoir sa rencontre avec Eric ou le quotidien peu joyeux avec son père après la mort de sa mère, puis une nouvelle mission un peu plus longue avec Lucas où les deux enfants devront se confronter à un architecte naval.
Les idées sont plutôt bonnes, découvrir la rencontre entre Gisèle et Eric part d'une bonne volonté, le retour de Lucas fait plaisir, tout comme les remarques de Colette et la façon dont Gisèle va se démener pour accueillir convenablement son jeune ami. Mais dommage que tout soit si plat : la rencontre entre Gisèle et Eric est assez vite expédiée, est très facile et ne dégage pas grand chose, on se demande un peu ce que vient faire au beau milieu de ce tome le flashback sur notre héroïne et son père (d'autant qu'il n'apporte rien de neuf), on est à nouveau un peu déçu par la facilité de la mission avec l'architecte naval, et le caractère ultra caricatural de ce dernier a de quoi irriter.

De manière générale, il règne toujours à la lecture cette impression mi-figue mi-raisin, l'impression de lire une oeuvre sympathique et plutôt jolie graphiquement, mêlée à l'impression que tout est désespérément trop plat et basique, des flashbacks peu utiles aux missions très superficielles en passant par des caractères souvent trop caricaturaux et des fils rouges qui peinent à décoller. Il faut espérer que les problèmes d'Eric dans son nouveau travail apportent rapidement plus de piquant.
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Re: Gisèle Alain

Message non lu par Koiwai » 30 mars 2014, 16:40

Tome 4 :

Gisèle poursuit avec entrain et vaillance son travail de femme à tout faire, malgré le départ d'Eric, parti vivre son rêve d'écrivain. Mais elle ne sait pas encore que le rêve de son ancien assistant a été brisé quand il a découvert la nature de son travail : au lieu de devenir écrivain, Eric se retrouve contraint de devenir le nègre de Samuel Huret, auteur reconnu se prélassant plus dans l'alcool que dans l'écriture de ses propres scénarios...

Le départ d'Eric était un rebondissement prometteur qui laissait envisager un scénario un peu plus ambitieux, et le premier chapitre de ce quatrième tome confirme cette impression... avant que l'intrigue autour d'Eric ne soit subitement mise de côté pour ne refaire son apparition qu'à la toute fin du volume, ce qui, une nouvelle fois, a le don de frustrer un peu.

Entretemps, Sui Kasai propose à Gisèle une nouvelle mission. Une mission plus longue que la moyenne puisqu'elle s'étire sur 4 chapitres soit les deux tiers du tome, et qui propulse notre jeune héroïne au coeur d'un cirque ambulant où elle doit garder les turbulents enfants de la patronne du cirque, dont Camilla, fillette qui adorerait marcher sur les traces de sa mère. En veillant sur cette gamine, Gisèle découvre la profonde envie de celle-ci d'intégrer plus tard le cirque... alors même que la patronne avoue à notre héroïne sa volonté de fermer le cirque pour que ses enfants puissent avoir une vie normale !
Au programme de ce tome, une incompréhension entre mère et fille, alors que chacune souhaite agir pour le bien de l'autre. Face à cette situation, notre Gisèle, toujours aussi impétueuse et adorant se mêler des affaires des autres, va évidemment tout faire pour venir en aide à Camilla et ouvrir les yeux de sa mère. Intrigue vue et revue n'exploitant l'univers du cirque qu'en surface, cette mission est néanmoins assez joliment développée par Sui Kasai, qui s'applique suffisamment sur la relation houleuse entre la mère et la fille, pour un résultat plein de bons sentiments, où Gisèle fait à nouveau de son mieux, bien que son manque d'expérience lui confère toujours quelques réactions un peu ubuesques, et malgré la présence sur cette même mission de Guy, celui qui est à la fois son mentor et son opposé dans la façon d'accomplir les missions. On pourra regretter le manque de présence de ce dernier qui se contente plus ou moins d'observer l'extrême gentillesse de Gisèle, dont les méthodes sont décidément bien éloignées des siennes.

Une Gisèle courageuse et volontaire et des dessins qui conservent leur charme pour une mission très classique : la recette de Gisèle Alain ne change pas, elle reste agréable pour qui a adhéré aux précédents volumes, mais il y a toujours ce petit manque d'ambition qui empêche la série de vraiment décoller, alors même que le départ d'Eric aurait déjà pu élever un peu plus le niveau de la série. Heureusement, le dernier chapitre est là pour enfin laisser entrevoir une évolution entre Gisèle et Eric, en espérant que cette fois l'auteure aille au bout des choses ! Il faudra longuement attendre le tome 5 pour le savoir...
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Re: Gisèle Alain

Message non lu par Koiwai » 01 mars 2016, 15:08

Tome 5 :

Elle a beau être femme à tout faire, la jeune Gisèle Alain n'est guère pressée pour nous présenter a suite de ses aventures ! En effet, la série de Sui Kasai connaît une parution lente au Japon, si bien que nous attendions le retour de l'attachante demoiselle depuis près de deux ans ! Mais malgré l'attente, on replonge facilement dans cette oeuvre essentiellement constituée d'historiettes, d'autant que la mangaka délivre ici des récits plaisants à plus d'un égard.

C'est pourtant un début de volume un brin délicat qui attend notre chère Gisèle, puisque l'heure des retrouvailles avec son ami et ancien acolyte Eric est venue ! Gisèle a en effet profité de sa précédente mission au sein d'un cirque itinérant pour rejoindre la ville où habite désormais le jeune homme. Mais une fois sur place, les choses ne se passent pas exactement comme prévu : Eric semble l'éviter, et la jeune fille ne tarde pas à comprendre que ses rêves de devenir écrivain sont mis à mal...
On attendait ces retrouvailles avec intérêt, elles sont plutôt rapides, mais elles ne déçoivent pas car elles cristallisent avec retenue la relation d'amitié des deux jeunes gens, tout en mettant en avant la façon dont tous deux trouvent dans leurs retrouvailles une certaine stimulation pour persévérer dans la voie qu'ils ont respectivement choisie. On ne peut ainsi pas dire que les choses avancent réellement du côté d'Eric, mais Sui Kasai laisse clairement entrevoir que le récit commun de ce dernier et de Gisèle sera un tranquille fil rouge qui devrait se dessiner en toile de fond.

Pour la suite, ce sont donc les missions indépendantes qui reprennent le dessus, et Gisèle aura de nouveau fort à faire !
Ici, il lui faudra enquêter sur une affaire d'infidélité de cette chère Colette, pour un résultat dont le petit parfum libertin ne manque pas de charme et où l'on apprécie de voir la jeune Gisèle s'interroger sur le sentiment amoureux qu'elle ne connaît pas encore.
Là, elle devra aider un homme trop sérieux à se débarrasser dans une brocante des antiquités laissées par son défunt grand-père, dont une étrange boîte impossible à ouvrir et qui réveillera bien des souvenirs. Tandis que l'on adore voir Gisèle s'agiter de façon malicieuse pour réussir à faire partir les babioles, Sui Kasai aborde en parallèle la thématique du souvenir via ce que le client se remémore de son ancêtre en voyant les divers objets s'en aller. Le résultat est aussi simple qu'attachant et réussi dans son ambiance.
Enfin, en déguisant Gisèle en garçon dans une mission où elle doit se faire passer pour le petit ami d'une jeune fille de son âge, Sui Kasai offre un dernier récit là aussi un brin libertin, d'autant que tout ceci a pour toile de fond l'amour de la cliente pour son grand frère, mais l'autrice choisit une voie et un ton qui se veulent avant tout frais et bienveillants, dont on attend avec intérêt de découvrir la suite dans le prochain opus... Espérons que celui-ci ne mettra pas autant de temps à sortir !

Vous l'aurez compris, une nouvelle fois les différents récits de Gisèle Alain ne vont pas chercher loin, et le plaisir de lecture vient avant tout de l'ambiance d'époque, des dessins qui restent assez riches et emplis de charme, et du caractère assez fort de cet attachant bout de fille. A tout cela, on peut ajouter les lentes évolution de cette héroïne qui, à son rythme, grandit, gagne doucement mais sûrement en maturité au gré de son quatorzième anniversaire, de son cadeau pour son père ou de sa très lente découverte du sentiment amoureux et de ce qu'il signifie. Après deux ans d'attente, replonger dans cette lecture est un petit plaisir qui en serait presque étonnant.

Soulignons également la très sympathique petite histoire bonus, dévoilant la façon dont Gisèle a trouvé sa voie de femme à tout faire !
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