Mokke (Mushishi x Nanja Monja)

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Mokke (Mushishi x Nanja Monja)

Message non lu par Koiwai » 08 mars 2013, 00:43

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Ces dernières années, les yôkai, on les a eus un peu à toutes les sauces dans le manga : shônen d'action, séries plus adultes et plus contemplatives, drames, comédies, tranches de vie, et même sous la forme d'un excellent Dictionnaires des Yôkai signé Shigeru Mizuki et paru en France aux éditions Pika. C'est chez ce même éditeur que l'on peut désormais découvrir Mokke, première série du mangaka Takatoshi Kumakura et nouvelle série axée sur les yôkai, et qui, dès lors, aura peut-être fort à faire pour se démarquer. Mais avant même de commencer la lecture, on sait déjà que les choses se présentent bien : démarrée en 2000 pour se finir en 2009 après 9 volumes, la série a connu en 2007 une adaptation animée de 24 épisodes issue de la collaboration entre les prestigieux studios Madhouse et Tezuka Productions, et qui a eu un petit succès.

Mokke nous invite à suivre le quotidien de deux jeunes soeurs pas tout à fait comme les autres : tandis que Mizuki, la moins âgée, possède le don d'attirer à elle les yôkai, sa grande soeur Shizuru, de son côté, à la faculté de les voir. Et, bien sûr, elles n'ont le droit d'en parler à personne ! Pour apprendre à bien gérer leur don respectif, elles sont envoyées à la campagne auprès de leur grand-père, un exorciste assez sévère mais toujours juste, qui les sortira à maintes reprises de situations délicates liées à ces créatures folkloriques, tantôt dangereuses, tantôt beaucoup moins.

Pas vraiment d'introduction dans Mokke, qui nous plonge tout de go aux côtés de nos héroïnes, via une première histoire assez courte de 18 pages, qui pourra décontenancer sur le coup mais qui donne finalement bien le ton. Par la suite, chaque chapitre, de longueur variable (on va de 18 à 40 pages), propose une nouvelle rencontre des jeunes filles avec un énigmatique yôkai.

Au fil des 6 chapitres de ce premier volume, on aurait pu craindre de voir le schéma devenir rapidement répétitif, mais il n'en est rien, l'auteur variant habilement les ambiances et les situations.

Cela passe en premier lieu, évidemment, par les yôkai, pas forcément mis en avant de façon poussée (ils restent finalement discrets dans leur représentation, l'auteur leur offrant des looks la plupart du temps assez simples, voire juste esquissés), mais suffisamment exploités pour installer des ambiances différentes, selon qu'ils sont potentiellement dangereux, mauvais, gentils, inoffensifs, voire un peu comiques ou tout simplement de passage. Dans tous les cas, chacun d'eux fait partie de notre monde à part entière, et les humains, qu'ils aient conscience ou non de leur existence, doivent cohabiter avec eux dans un juste équilibre. Car comme le signifiera le grand-père à nos deux jeunes héroïnes, voici des créatures qu'il ne faut pas brusquer, avec lesquelles il faut vivre en harmonie, quitte à laisser un peu courir un danger sur un humain pour ne pas bousculer trop soudainement cet équilibre. Dans cet aspect, cet équilibre, cette harmonie entre l'homme et une nature invisible, Mokke se rapproche beaucoup d'un Mushishi, l'excellent manga de Yuki Urushibara.

Le cadre, quant à lui, est plus différent : quand Mushishi offre des décors plus oniriques et contemplatifs, Mokke s'inscrit dans un cadre campagnard plus réaliste et terre à terre, où nos héroïnes vont à l'école jour après jour, ont des connaissances plus âgées en études supérieures ou au travail... Un monde réaliste et assez moderne, donc, mais qui se focalise ici sur un village japonais de campagne très traditionnel dans les croyances et les rites, ce qui colle bien à l'aspect yôkai et est plutôt bien rendu par la précision graphique du mangaka sur les décors, ces derniers étant assez présents, plutôt détaillés (là ou le dessin des personnages se veut plus léger et simple, limite un peu old school), et amenant en prime une petite atmosphère bucolique agréable.

Quant aux personnages, ils participent pleinement à l'ambiance, du moins en ce qui concerne les deux jeunes filles et leur grand-père. Assez amusante et un peu garçon manqué, la jeune Mizuki est le personnage le plus mis en avant pour l'instant. Plutôt vive, elle devient vite assez attachante, d'autant que l'auteur lui offre régulièrement des bouilles très sympathiques, des expressions variées faisant ressortir son caractère assez frans. De son côté, la grande soeur Shizuru, au look simple qui n'est pas sans charme, est pour l'instant un peu plus effacée, presque terne (le mot est exagéré), mais pleine de promesses aussi. Quant au grand-père, il apportera souvent son expérience d'exorciste pour soutenir les petites leçons de vie que ses prendront ses deux petites-filles au gré de leur rencontre avec les yôkai. Car quelles que soient leur nature, leur mentalité ou leur dangerosité, ces créatures auront souvent sur les deux jeunes filles un impact qui leur permettra petit à petit d'évoluer, de changer de comportement, de mieux considérer leurs semblables, de créer des liens plus forts avec eux, de se forger une personnalité, et bien sûr de mieux appréhender leur pouvoir... bref, d'en apprendre plus sur la vie jour après jour. S'il reste assez discret, cet aspect est vraiment bienvenu.
Restent les personnages secondaires, qui, s'ils sont bien là, manquent encore de présence et de fond. Une petite palette de protagonistes s'installe, certains devront même être sauvés de l'emprise de yôkai quand les créatures ne tomberont pas sur Mizuki, et il ne reste plus qu'à bien consolider tout ce petit monde encore assez en retrait.

Pouvant paraître un peu déroutant sur le coup, Mokke finit petit à petit par séduire grâce à l'exploitation tout à fait agréable et habile de son univers.

Du côté de l'édition, revenons sur la traduction, qui était l'une des principales craintes avant de commencer la lecture. Signée Ken Kuriki, elle est on ne peut plus honnête, claire, régulièrement ponctuée de petites explications sur les yôkai et leur nom via des astérisques ou dans les bulles-mêmes. Les onomatopées sont traduites, les polices d'écriture sont correctes... bref, dans la traduction/adaptation française, rien ne vient vraiment entacher le plaisir de lecture. Même s'il aurait pu être très agréable d'avoir des explications plus détaillées sur les yôkai, par exemple au fil de quelques pages bonus en fin de tome. Par contre, la bât blesse réellement au niveau de la qualité du bouquin : couverture un peu terne, papier assez fin et un peu jaune... On sent malheureusement d'ores et déjà que la série ne bénéficiera pas du soin offert aux plus gros blockbusters de l'éditeur.
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Re: Mokke (Mushishi x Nanja Monja)

Message non lu par jojo81 » 08 mars 2013, 00:48

Rooh ce titre racoleur !! :twisted:

Je ne lis pas ta chronique de suite, car j'ai envie de découvrir le manga à lecture, mais ça parait déjà alléchant.
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Re: Mokke (Mushishi x Nanja Monja)

Message non lu par Koiwai » 08 mars 2013, 02:08

jojo81 a écrit :Rooh ce titre racoleur !! :twisted:
Je savais que ça marcherait ! :mrgreen: Le mieux étant que c'est bien ce que j'ai ressenti pendant toute la lecture, cette sorte de mix entre Mushishi et Nanja Monja :)


Et moi qui avais vraiment peur de la traduction, j'ai été rassuré en la trouvant très honorable :) Contrairement au papier un peu jaune et fin...
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Re: Mokke (Mushishi x Nanja Monja)

Message non lu par Koiwai » 25 juin 2013, 20:29

Tome 2 :

Dans le village où habite leur grand père, Shizuru et Mizuki poursuivent paisiblement leur apprentissage. Paisiblement ? pas si sûr, car les êtes invisibles à l'oeil nu continuent d'affluer autour d'elles, au fil de six nouveaux chapitres indépendants.
Dans l'un, Shizuru est abordée par une étrange créature qui lui demande de l'aide pour retrouver sa lame... Mais est-ce là une créature hostile ou pacifique ? Dans l'autre, Mizuki se retrouve poursuivie par une espèce de serviette qui semble se mouvoir toute seule. Dans d'autres encore, nos héroïnes viennent en aide à une connaissance possédée, Mizuki elle-même se voit possédée par une créature qui modifie sa façon de considérer ce qui l'entoure, Shizuru s'interroge sur un être qu'elle a cru entrevoir dans une image...

Takatoshi Kumakura reste sur ses acquis, et se contente d'offrir de nouveaux chapitres plus ou moins longs (on va d'une grosse vingtaine de pages à une grosse quarantaine selon les chapitres) basés sur les caractéristiques des pouvoirs des deux fillettes : l'une peut voir les créatures, l'autre les attire à elle. On reste donc sur des récits courts où l'on continue de voir apparaître de nouveaux yôkai, parfois de façon assez poussée (comme dans le dernier chapitre), parfois de manière juste esquissée, parfois pas du tout ou juste vaguement le temps d'une case. Et au final, avec cette alternance, il résulte un certain équilibre qui enveloppe ce cadre champêtre d'un petit voile de mystère, tant la présence des yôkai se fait ressentir sans forcément être clairement visible.

Mais l'aspect indépendant de ces divers chapitres et le ton général pourraient avoir raison de certains lecteurs si la suite reste dans la même veine. En effet, la brièveté des récits tend à installer une sorte de faux-rythme qui pourrait en ennuyer certains, d'autant que l'auteur conserve un ton plutôt neutre, qui s'emballe très rarement. De même, cette brièveté empêche la plupart du temps le moindre focus réellement abouti sur les différents yôkai, l'avant-dernier chapitre de ce tome étant celui qui s'en tire le mieux (à côté de ça, c'est aussi le chapitre où concrètement il se passe le moins de choses). Egalement, difficile d'être satisfait par des personnages secondaires qui ne décollent pas du tout. Certains, comme le vieillard du dernier chapitre ou Fumi la passionnée d'occulte, ont un potentiel, mais ne sont là que pour servir une situation et ne comportent finalement aucun caractère. Enfin, on espère voir aussi un peu plus de backgorund autour de nos deux jeunes héroïnes, car tout aussi sympathiques nous apparaissent-elles, elles restent un peu trop creuses. Il y a bien quelques bribes de passé dans ce tome, mais elles sont trop anecdotiques.

Tout est donc question d'ambiance. Pour apprécier Mokke, il faudra être dans de certaines conditions, être prêt à faire fi de l'absence de rythme et du manque de fond (que ce soit autour des yôkais ou des personnages humains), pour profiter au mieux de cette tranche de vie campagnarde où viennent plutôt discrètement s'immiscer les créatures fantastiques. Il faudra aussi passer outre une traduction un peu plus poussive, notamment à cause de quelques tournures de phrases maladroites de quelques légères coquilles, et de notes sur le folklore de la série qui sont bien présentes mais hélas insuffisantes.
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Re: Mokke (Mushishi x Nanja Monja)

Message non lu par Koiwai » 18 sept. 2013, 22:01

Tome 3 :

D'étranges créatures en forme de têtes d'oeuf qui empêchent Mizuki de traverser un pont, le chat Mike-san qui disparaît mystérieusement sous l'impulsion d'un autre matou qui pourrait bien être un esprit emmenant les êtres vivants chez les morts, Mizuki embêtée par un esprit lors d'une balade avec Keiko... Au fil de six chapitres à nouveau indépendants, les rencontres de Shizuru et Mizuki avec des créatures surnaturelles se poursuivent, sans vraiment venir bousculer la routine qui s'est déjà installée dans la série, les deux enfants étant à nouveau confrontées, à tour de rôle, à des yokai qui ne sont là que le temps de quelques dizaines de pages.

Les dites créatures, une nouvelle fois, ne sont présentes qu'en surface, donc pas spécialement développées. Mais s'il est toujours dommage de ne pas en apprendre réellement plus sur ces différentes créatures du folklore nippon (une nouvelle fois, dommage qu'il n'y ait pas des pages bonus ou des notes revenant plus en profondeurs sur elles), il est toutefoi appréciable de les voir plus présentes physiquement, et toujours aussi variées. Certaines, comme le Kasha, sont potentiellement dangereuses, d'autres juste encombrantes, d'autres encore plutôt amicales, voire très bavardes...

De même, si le schéma reste toujours le même et que les courts chapitres ne se prêtent pas vraiment à un quelconque approfondissement, on apprécie de voir un chapitre placer en rôle principal Arita, un jeune garçon amoureux de Shizuru qui se retrouve possédé par une bestiole assez moqueuse et très rentre-dedans. Cela permet enfin d'avoir un rôle secondaire un peu plus présent, même si ce brave garçon repasse à la trappe dès le chapitre suivant. Espérons qu'on le reverra. De manière générale, d'autres personnages secondaires, comme Keiko ou les copines de Mizuki, sont là, mais toujours aussi peu développées.
Dans les bons points, il y a aussi le chapitre du Kesaran-Pasaran, qui permet d'entrevoir, via un petit flasback, les parents des deux fillettes et leur ressenti pas forcément positif vis-à-vis de ce que leur enseigne leur grand-père. Enfin, le dernier chapitre voit arriver l'hiver, et celui-ci apporte un petit changement d'ambiance tout à fait appréciable dans les décors, en plus de laisser apparaître quelques légers détails sur certaines fêtes anciennes.

En bref, Shizuru et Mizuki poursuivent donc leur apprentissage, se décident même parfois à se prendre en main pour affronter elles-mêmes les créatures, mais le chemin est encore long pour qu'elles soient tout à fait aptes à maîtriser leurs pouvoirs. Et si la routine n'est absolument pas brisée et risque de lasser toujours plus certains lecteurs, il est quand même appréciable de constater la variété des yokai, les apparitions un peu plus poussées (bien que toujours très limitées) de certains personnages secondaires, et les petites infos somme toute encore trop brèves sur les parents des fillettes ou sur certaines fêtes.
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Re: Mokke (Mushishi x Nanja Monja)

Message non lu par Koiwai » 05 déc. 2013, 03:27

Tome 4 :

La vie à la campagne se poursuit pour nos deux jeunes filles : Shizuru liant amitié avec Saho une fille intéressée par les choses de l'au-delà, Mizuki poursuivie par d'étranges crapauds qu'elle a en horreur, le mystère entourant un animal ravageant les champs alors mêmes que d'inquiétants orages sévissent, l'énigme liée à des traces de "serpent" apparues dans le cou de Mizuki...

Dans le fond, la recette ne change donc pas dans Mokke, où les deux jeunes héroïnes continuent d'apprendre à vivre avec les yokai au fil de chapitres encore et toujours indépendants, rendue plutôt immersives par l'ambiance de légendes ancestrales que se racontent par moment les personnages. SI la lassitude face à ce schéma peut parfois se montrer, l'ensemble est à nouveau sauvé par quelques petits éléments. Tout d'abord, la présence un peu plus forte de quelques personnages secondaires, comme Saho, la jeune Tomoe ou le fils Nakahara, bien qu'une nouvelle fois ces rôles secondaires disparaissent dès leur chapitre fini. Mais aussi et surtout deux chapitres permettant d'entrevoir encore un peu plus les liens familiaux et le passé de deux jeunes filles. Dans l'un, on suit une tranche de leur enfance à l'époque où leur mamie aimante était encore là. Dans l'autre, on découvre légèrement la famille du père des fillettes, où l'on a bien du mal à croire aux récits de yokai. Ce qui, par le passé, a valu à Shizuru et Mizuki quelques désagréables réflexions... A noter également que l'auteur nous confirme en fin de tome ce qu'on avait clairement deviné : l'absence de chronologie entre les chapitres.

Toujours rien de très profond dans Mokke : les focus sur le passé et la famille des deux jeunes filles restent assez succincts, les yokai ne sont pas spécialement mis en avant (ils font partie d'un tout où ils viennent se mêler), les personnages secondaires restent trop secondaires, amis la présence de tous ces éléments, même mis en avant légèrement, suffit à éviter trop de répétitivité. Et puis, la série reste un plaisir à suivre si l'on a accroché aux trois premiers tomes, à son folklore et à ses petites légendes.

Côté édition, dommage que les anecdotes présentes en fin de volume soient écrites en tout petit et sur fond gris. Du coup, les lire est une torture pour les yeux...
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Re: Mokke (Mushishi x Nanja Monja)

Message non lu par Koiwai » 27 févr. 2014, 15:39

Tome 5 :

Le quotidien ponctué de fantastique continue pour Mizuki et Shizuru, qui croisent la route de nouveaux yôkai aux intentions variables. Certains sont simplement encombrants, d'autres sont plus sournois et dangereux, d'autres encore se montrent plus sympathiques... La recette de Mokke ne change pas, dans le fond, et est toujours faite de chapitres indépendants à l'ambiance lente, folklorique et bucolique tout à fait plaisante pour qui aime le genre. Et pourtant, on peut voir s'immiscer,doucement, quelques nouvelles choses dans l'oeuvre de Takatoshi Kumakura.

En tête, l'idée que les deux jeunes filles évoluent, tout doucement, sous plusieurs aspects étroitement liés. Il y a d'abord cette impression que toutes deux se rapprochent encore plus qu'avant de leurs camarades du collège, camarades qu'elles sont de plus en plus souvent amenés à aider, ou avec lesquels elles doivent se confronter. Par exemple, Shizuru devra veiller sur une amie longtemps alitée et possédée ou sauver la face d'une autre élève qui prédit la météo, tandis que Mizuki devra apprendre à pardonner une camarade qui l'a déçue. Et puis, il y a la question de l'orientation de Shizuru qui commence à se poser. Le lycée se rapproche, et si elle veut atténuer les inquiétudes de sa mère, elle devra quitter le village... Mais en a-t-elle envie ? Et sans elle, Mizuki pourrait-elle s'en sortir ?

Toutes ces questions se posent très discrètement, et que ce soit pour aider leurs connaissances, se sauver elles-mêmes ou se préparer à une éventuelle séparation, Mizuki et Shizuru tentent toutes les deux, plus que jamais, de se débrouiller par elles-mêmes, toutes seules. Elles grandissent un peu, évoluent à leur rythme... mais sont-elles vraiment prêtes à être autonomes face à leur pouvoir ? Chaque aventure de ce nouveau tome leur prouvera que non, et qu'elles ont encore du chemin à parcourir.

Ainsi, si la recette ne change pas du tout, l'auteur y amène juste ce qu'il faut d'interrogations discrètes autour de l'évolution des deux jeunes filles. Il n'en faut pas plus pour entretenir le charme de la série.
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Re: Mokke (Mushishi x Nanja Monja)

Message non lu par Koiwai » 12 juin 2014, 18:19

Tome 6 :

Bien que sa mère le souhaite, Shizuru hésite toujours à aller poursuivre ses études dans un lycée de la ville. Même si cela semble mieux pour elle, elle a peur de laisser Mizuki toute seule... Sa petite soeur pourrait-elle faire face seule aux yôkai qui tentent de la posséder ? Le début de tome est animé par cette question assez délicate pour les deux jeunes filles, tellement complémentaires qu'elles se demandent ce que prouverait en elle une séparation. Pourtant, chacune des deux doit apprend à être plus forte, et cela passe par une capacité à savoir se débrouiller toute seule, car elles grandissent et ne pourront pas éternellement rester ensemble.

Voici donc Shizuru partie au lycée en ville dans un internat, tandis que Mizuki entre au collège. A travers quelques histoires, Takatoshi Kumakura nous invite à suivre ce qu est, pour chacune des deux héroïnes, une nouvelle vie.
Shizuru aborde son année de seconde façon studieuse, et ou n'est pas facile. Elle doit gérer les études, se lier aux autres, et continuer de vivre au quotidien en voyant constamment les esprits. Une rencontre pourrait toutefois bousculer un peu les choses. Cette rencontre, c'est celle de Tôko, une autre lycéenne qui a elle aussi la capacité de voir les yôkai, et a une manière d'aborder la chose très différente, puisque, apparemment plus profondément meurtrie par ce pouvoir, elle préfère faire comme si de rien n'était, rester passive, et ne jamais se mêler de la vie des autres. Un cas différent de celui de Shizuru, qui bouscule forcément un peu la vision que cette dernière a de son pouvoir.
Quant à Mizuki, son entrée au collège s'accompagne forcément de l'envie de découvrir de nouvelles choses, et c'est dans ce but qu'elle écume tous les clubs sportifs, avant de se rabattre sur le judo pour suivre une amie. Elle se retrouve alors non seulement confrontée aux brimades des filles de cinquième, mais aussi à la menace des yôkai, accentuée par son activité. Face à ces deux éléments, la fillette doit apprendre à devenir plus forte, montrer plus de caractère, pour montrer à sa grande soeur qu'elle peut se débrouiller seule et la rassurer.

On ressent donc très bien la lente prise de maturité des deux jeunes filles qui, chacune de leur côté, évoluent en se confrontant à leur pouvoir et aux autres, et en s'adaptant peu à peu à leur nouveau cadre. Peut alors arriver en fin de volume le moment des retrouvailles, le temps d'une grosse semaine pendant les vacances d'été. Retrouvailles riches, où Mizuki s'applique à montrer ses avancées à Shizuru même si elle a encore des progrès à faire et que Shizuru est toujours un peu inquiète pour elle. Mais, surtout, retrouvailles marquées par un drame auquel on s'était préparé, et qui trouve un écho intéressant chez les deux jeunes filles, qui expérimentent alors une autre facette de leur pouvoir.

Même si les différentes rencontres de yôkai continuent d'être assez indépendantes les unes de autres, Takatoshi Kumakura offre enfin un peu plus de consistance à l'évolution de ses deux jeunes héroïnes, en les confrontant à la fois à de nouvelles étapes de leur vie et à la maîtrise et l'appréciation de leur pouvoir.
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Re: Mokke (Mushishi x Nanja Monja)

Message non lu par Koiwai » 17 sept. 2014, 21:18

Tome 7 :

Le quotidien teinté de fantastique continue pour Shizuru et Mizuki, séparées l'une de l'autre par les études, mais faisant de leur mieux pour évoluer.

Que ce soit en se confrontant à des créatures laissant échapper une envoûtante mélodie ou en s'opposant à un dangereux yôkai colportant des rumeurs pour s'emparer de la vie des gens, Shizuku fait de nouvelles rencontres et en conforte d'autres. Elle se lie avec les dénommées Koseki et Momose avec un résultat plus ou moins efficace, et cherche surtout à se rapprocher de la distante Tôko, dont nous comprenons un peu mieux le caractère en en découvrant un peu plus sur son sombre passé. Le chemin est encore long pour l'aînée des deux soeurs, mais elle est clairement sur la bonne route : les confrontations d'idées avec Tôko amènent de lentes évolutions autant chez l'une que chez l'autre des deux adolescentes, et Shizuku prend quelques risque qui lui font gagner un peu en assurance.

Quant à Mizuki, elle doit apprendre à mieux se contrôler et à faire attention. Passant ses premiers examens de judo, elle voit s'ouvrir en elle une blessure psychologique où un yôkai a vite fait de s'infiltrer, et il lui faudra prendre sur elle et avoir du recul pour s'en débarrasser. Au bout du compte, la fillette gagne un peu plus en maturité, et le confirme lors d'une affaire de vols de statuettes de bonzes où elle fait des rencontres intéressantes, que celles-ci soient de l'ordre du fantastique, ou plus terre à terre avec une Fumi que l'on prend plaisir à revoir.

L'ambiance posée de ce Japon reculé est toujours aussi sympathique, et c'est avec plaisir que l'on voit les jeunes filles évoluer doucement, au gré de leurs rencontres et confrontations avec yôkais et humains.
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Re: Mokke (Mushishi x Nanja Monja)

Message non lu par Koiwai » 02 févr. 2015, 14:48

Tome 8 :

Chacune de leur côté, Mizuki et Shizuru continuent à apprendre la maîtrise de leur pouvoir et à découvrir ce qu'il implique, parfois de façon douloureuse.

Alternant tour à tour d'héroïne, les chapitres de ce volume laissent d'abord entrevoir une Mizuki en plein changement. Bien que sa faculté à attirer les esprits lui joue encore et toujours des tours, elle est désormais déterminée à faire face, et cela passe en premier lieu par une volonté d'affronter ses plus profondes peurs. Ici, sa phobie de l'eau est face à elle, réveille ses peurs du passé, et attire immanquablement les esprits marins, qu'elle décide d'affronter de face, malgré les mies en garde de son grand-père. Il s'agit d'un témoin de son évolution, de son gain de maturité, mais plus encore, c'est la suite qui confirme cela : l'arrivée d'Atsumi, un garçon plus jeune qu'elle et attirant lui aussi les yôkai, pour lequel elle décide de jouer le rôle de grande soeur. Elle se montre pleine de bonne volonté dans ce rôle qu'elle s'est fixé, mais elle a encore beaucoup à apprendre, comme le confirmera le danger planant au-dessus du gamin plus tard. Dans tous les cas, on se rend bien compte que la fillette est sur la bonne voie, que son apprentissage porte ses fruits de façon globalement positive.

La situation est plus délicate du côté de sa grande soeur Shizuru, qui subit le contrecoup du tome précédent, où elle était venue en aide à son amie Momose. Depuis, cette dernière est persuadée que Shizuru peut voir les esprits, mais notre héroïne ne peut le lui avouer, ce qui provoque une situation délicate et un cruel éloignement... Tôko avait-elle raison en conseillant à Shizuru de ne pas se mêler aux autres ? En tout cas, voici la jeune fille dans une situation difficile, où son pouvoir l'empêche de nouer une amitié sincère... Heureusement, le dernier chapitre, non sans quelques notes d'humour bienvenues après ces épisodes peu joyeux, vient redonner un peu de réconfort à Shizuru, et c'est avec plaisir que l'on y voit le rôle des deux soeurs s'inverser un peu, puisque c'est cette fois-ci la plus jeune qui vient veiller sur la plus âgée.

Face aux difficultés, les deux soeurs font face de jolie manière, on ressent très bien leur évolution plus ou moins dure, et l'ambiance générale est toujours très bien portée par les créatures surnaturelles et par le cadre général assez calme et ancré dans le Japon folklorique. Takatoshi Kumakura nous offre un très bon avant-dernier tome, même si l'on se demande comment les choses se concluront dans le prochain volume.

Dommage, toutefois, que la traduction souffre de plusieurs erreurs d'inattention, comme des oublis de mots de liaison...
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