La main droite de Lucifer

[Erkael]

Auteur: SERIZAWA Naoki
Nombre de tomes au Japon: 6 (terminé)
Nombre de tomes en France: 3 (en cours)
Edité chez Ki-oon

Naoki Serisawa nous revient avec une série coup de poing qui s’annonce très prometteuse. Jusqu’à aujourd’hui l’auteur n’a jamais rencontré un grand succès en France, sa précédente grande série, Saru Lock, édité chez Pika est passé un peu inaperçue, et plus récemment son adaptation de Resident Evil a du mal à percer et à trouver son public, pourtant si il y a bien une chose qui caractérise l’auteur c’est son trait fin et soigné, détaillé et frappant !

De son coté Ki-oon continue de prendre des risques, notamment avec cet auteur boudé du public Français, mais également avec des séries toujours plus diversifiées, sortant du cadre classique. Ici pas de démons, pas de guerriers, ni même de mercenaires aguerris, ici nous plongeons dans un monde réaliste et donc terriblement violent !

Le titre s’ouvre sur de magnifiques pages tout en couleur mais déjà nous nous heurtons à une violence froide où les corps abattus tombent au milieu des enfants blessés, conséquence d’une guerre atroce où les principales victimes sont les civils. Un bref instant on pense alors à Front Mission…les deux titres sont très différents, mais on prend en pleine face la violence de la guerre, qui n’est jamais propre et toujours cruelle. Et le parallèle s’arrête là.
Nous sommes en Afrique, on découvre alors un héros, un médecin dominé par ses convictions, Yu Katsumi, qui refuse d’abandonner les blessés aux soldats, puis on le retrouve en plein Tokyo quelques années plus tard, totalement désœuvré, ivre et mêlé à de sales histoires avec des petites frappes. Cet ancien médecin ne s’accorde plus le droit de soigner les gens, il ne s’accorde plus sa propre confiance, il ne le mérite pas pense t-il…jusqu’à ce qu’il assiste à un accident et qu’il se sente obligé de venir en aide à l’homme allongé part terre. Puis ce sera lui qui s’effondrera, blessé par un coup de couteau. Il se réveillera alors dans une clinique clandestine qui soigne les pauvres et les criminels, une clinique qui manque cruellement de main d’œuvre… Yu va se retrouver malgré lui embarqué dans les magouilles de cette clinique, et qu’il le veuille ou non, il retrouvera peu à peu ses sensations de médecin…

On va donc suivre l’itinéraire d’une médecin talentueux qui ne s’accorde plus le droit d’exercer son métier après avoir pris des vies durant la guerre, en guise de châtiment, il s’est fait tatouer un ange déchu, Lucifer, sur la main droite. Ce tatouage renvoie tout à fait à sa situation actuelle, après avoir été un héros qui soignait des blessés de guerre, il se retrouve dans une clinique miteuse à soigner des Yakuzas, lui aussi est déchu, mais pour autant il reste ce qu’il a été, le contexte a changé, ses méthodes également, mais il demeure ce qui a été profondément ancré en lui.
Une trop grande importance semble être donné à ce tatouage. Si le parallèle reste intéressant, Yu n’arrête pas d’exhiber son tatouage prétendant ne plus être digne d’exercer, un vieux praticien lui en parle en lui disant que son être ne se résume pas à son tatouage… Même si la culture Japonaise est différente de la notre, définir un individu à un tatouage apparaît excessif.
Mais qu’importe, ce n’est pas l’important ici, ce qui frappe dans ce premier tome c’est le réalisme du titre et des évènements présentés. Ce que vit Yu, n’importe qui pourrait le vivre, il passe d’un monde à un autre, d’un rang social à un autre, d’une culture à une autre… Il découvre la misère de son pays, pas besoin d’aller à l’étranger pour voir des gens en souffrance dans la misère…c’est ainsi que ses convictions reviennent.
Au passage on note un point de vue de l’auteur sur le Japon actuel, avec un écart des richesses et un appauvrissement du pays, c’est encore léger mais il y a fort à parier qu’on retrouve cela par la suite.
A noter également une mise en abyme amusante, une courte scène où Yu lit Saru Lock, la précédente série de l’auteur.

Ce titre emballe donc d’entrée de jeu avec une plongée dans l’univers de la médecine sans être une série médicale pour autant, cela semble avant tout être une titre sur le climat social du Japon avec la médecine comme toile de fond.

Pour l’heure l’auteur plante son décor, ses personnages, sans trop les développer pour autant, se gardant le soin de le faire ultérieurement, et ce qui nous est proposé séduit déjà, on est vraiment curieux de voir comment le titre va évoluer, quelle direction il va prendre.
Bien qu’il soit peu connu, on est malgré tout en présence d’un auteur confirmé, et le graphisme est déjà superbe, le trait réaliste et détaillé, l’ancrage est subtil et la mise en scène est déjà très efficace. Entre ellipses, flashbacks, surprises, révélations, ce premier tome nous fait déjà pénétrer dans son univers.

[Erkael]

La main droite de Lucifer 2

Après un premier tome qui avait réussi à nous emballer grâce à un ton et une approche plus qu’intéressante, on était curieux de découvrir ce second tome pour voir ce que l’auteur allait nous proposer et dans quelle direction il allait nous entraîner.

Le ton semble avoir changé, sans pour autant changer l’intérêt global du titre. Le titre ressemble ici davantage à un titre médical, bien que pour le moment (et espérons que cela demeure ainsi) on ne rentre pas dans les détails des interventions, malgré quelques termes spécifiques laissant penser que l’auteur ne s’est pas lancé dans cette série au hasard sans avoir fait des recherches préalables.
L’approche social est elle par contre beaucoup plus discrète, ce qui apparaissait dans le premier tome comme une direction que l’auteur allait prendre, semble ici avoir quasiment disparu. Les histoires s’enchaînent, pour le moment réussies et touchantes, mais n’apparaissent pas réellement reliées à une critique sociale. On peut supposer cependant que celle qui commence en fin de tome s’oriente vers ça en évoquant un problème sensible.
Enfin, bien qu’il soit évoqué à quelques reprises, le tatouage perd un peu de son importance, le héros ne passe plus son temps à exhiber son bras en quête de rédemption… L’évolution du personnage, même si elle apparaît un peu rapide, est vraiment intéressante, et on devine le cheminement mental qu’il fait pour dépasser sa culpabilité et aller de l’avant. Un personnage encore un peu borderline, possédant des valeurs clairement identifiables qui traîne encore un poids. D’ailleurs le volume s’ouvre sur une belle histoire le renvoyant à son enfance et à son choix de vie…un passage touchant pour ouvrir le tome, que demander de mieux ?

Avec ce changement de ton par rapport au premier volume, on pense ici beaucoup à City Hunter avec cette succession d’histoires courtes plus ou moins touchantes, centrés directement sur des problèmes urbains, liés à la mafia, aux sans abris, aux bars de nuit, aux réveils dans le caniveau totalement ivre…ici difficile de ne pas comparer Yu à Ryo de City Hunter. Et si l’auteur commence à rajouter des gags avec la jeune infirmière où celle ci sanctionne Yu pour ses débauches, le parallèle est encore plus frappant !

L’auteur développe encore ses personnages, ils commencent peu à peu à tous avoir un passé, une histoire personnelle, ce qui les rend d’autant plus attachants.

Le ton diffère mais le plaisir de lecture demeure ! Une très bonne surprise !

[Erkael]

La main droite de Lucifer 3

Cette série pleine de surprises et de promesses se poursuit pour notre plus grand plaisir et ne déçoit nullement !

Notre héros se retrouve mêlé à une affaire de crime, de luttes entre gangs Yakuzas qui semble le dépasser. En refusant d’aider un jeune homme en lui fournissant un faux certificat de décès, il ne peut empêcher le meurtre de ce dernier. Yu va alors tout faire pour prouver qu’il s’agit bien d’un meurtre et non pas d’une mort naturelle comme l’indique le rapport du légiste…

Ce tome nous propose une plongée dans l’univers glauque des trafiquants en tout genre et plus particulièrement des trafiquants d’organes et marchands d’humains. Une virée sombre et malsaine dans laquelle se débat Yu et la jeune Mu, la sœur de Sean, le jeune homme qu’il n’a pas pu aider. Cette fois nous découvrons le coté le plus sombre de la médecine, et justement cette histoire nous éloigne clairement du titre médical. L’auteur avait déjà prouvé que son titre ne serait pas un titre médical comme pouvait laisser penser le début, mais là, mis à part une référence aux trafiques d’organes, un coup de pouce d’un vieux médecin pour une autopsie, nous avons là clairement une histoire de Yakuzas.
C’est donc en cela que ce titre s’avère surprenant et passionnant puisqu’il arrive à nous entraîner dans des chemins que nous n’avions pas vu venir.
L’histoire en elle même est très bien menée, très prenante et fait encore évoluer le personnage de Yu qui se voit contraint de se confronter à un monde qu’il ne connaissait pas.

La seconde histoire proposée, débutant dans le dernier quart du volume, tout en nous renvoyant vers une histoire beaucoup médicale introduit un nouveau personnage riche en couleurs qui risque de devenir très vite attachant !
De même cette histoire s’annonce assez dramatique et on s’attend à ce qu’elle soit touchante, domaine que maîtrise également l’auteur.

Ce troisième tome, bien loin de décevoir nous propose de nouvelles choses et une nouvelle approche du titre. On savoure tant qu’on peut car malheureusement nous avons passé la moitié de la série…

[Erkael]

Vol 4: Avec ce quatrième tome, nous entamons la seconde moitié du titre qui ne comptera au final que six tomes.
On était resté sur une histoire tragique d’une mère voulant protéger sa fille alors qu’elle même possède une tumeur lui faisant perdre la vue…rien de bien gaie. A la limite un peu trop larmoyant pour être honnête, un peu comme si l’auteur, poussait un peu trop dans le pathos… Et bien cette histoire va connaître quelques évolutions avec l’intervention du père de la petite fille ce qui va nous entraîner jusqu’au delà de la moitié du tome.
Une histoire sympathique mais bien loin d’être passionnante qui s’étend bien trop car n’apportant pas grand chose au titre. Ici on replonge un peu plus dans l’aspect médical avec des termes bien techniques, explications des personnages à l’appui, et on délaisse un peu le coté yakuzas / triades qu’on avait jusque là, même si l’auteur y fait un rapprochement un peu maladroit pour conserver cet aspect du titre.

Ce qui est sur c’est qu’on conserve le coté humain et touchant jusqu’à un joli final. Mais ce n’est clairement pas cette histoire qu’on retiendra de la série.

La suivante fait intervenir un nouveau personnage à qui notre héros demande de l’aide, un anesthésiste de génie pour venir l’épauler dans son travail. Là encore bien évidemment, les choses ne sont pas simples, ce dernier à vécu un terrible accident lui ayant fait perdre une jambe et il souhaite désormais se venger sur un gros bonnet mafieux. Si au départ cette approche était intéressante, maintenant tout semble bien trop tiré par les cheveux pour être crédible : le conducteur ayant provoqué l’accident étant mort, le jeune homme veut se venger sur son père ! Et la justification apportée n’est pas franchement convaincante.
Malgré tout le personnage semble intéressant, il possède au moins une certaine classe.

On peut pourtant se demander pourquoi faire intervenir des personnages appelés à rester dans une série qui s’apprête à bientôt tirer sa révérence, pourquoi ne pas développer davantage les personnages déjà en place.

Quoi qu’il en soit la lecture demeure intéressante et plus que jamais on a l’impression d’avoir à faire à un clone de City Hunter plutôt que de Black Jack malgré un aspect médical plus poussé dans ce tome !

[Erkael]

Vol 5: Nous voilà déjà à l’avant dernier tome de cette série qui aura su surprendre à plusieurs reprises. Et si le volume précédent décevait un peu par rapport à ce qu’on connu, ce nouveau tome redresse la barre et nous laisse présager une fin de qualité.
D’ailleurs on ne peut s’empêcher d’être déçu en en se disant que la fin va si vite arriver alors qu’on a l’impression que le titre n’a pas été assez exploité.

Quoi qu’il en soit, que trouve t-on dans ce tome ?
On retrouve notre sombre héros avec un ancien compagnon a qui il avait demandé de l’aider, dans une drôle de situation : alors que son ami voulait tuer quelqu’un, il se fait devancer par un autre homme qui attaque sa proie, le laissant dans devant un dilemme imprévu…va t-il le sauver ou le laisser mourir ? Un cas de conscience vite balayé. La conclusion était prévisible et c’est sans surprise qu’on assiste à la fin de cette histoire qui dés le départ n’était pas passionnante.
Heureusement nous n’en restons pas là et découvrons de suite une nouvelle histoire beaucoup plus intéressante : une journaliste enquête sur cette fameuse clinique liée aux yakuzas, et alors que la discrétion devrait être de mise, un ami du passé de Yu, médecin lui aussi, se fait enlever par des terroristes avec la journaliste, Yu doit intervenir pour aider son ami en pleine crise d’appendicite.
Dit comme ça cela n’a pas l’air exceptionnel, mais c’est vraiment prenant, d’autant plus que c’est l’occasion d’en apprendre plus sur le passé de Yu.

Plus que jamais l’ambiance de ce tome rappelle celle de City Hunter, avec ses personnages féminins charmantes et aux caractères forts, avec cette intrusion dans le milieu mafieux mais également avec l’intervention de mercenaires de pays étrangers, ces beuveries après chaque affaire…un City Hunter dans le milieu médicale.

Dans ce tome la symbolique du tatouage revient alors qu’on l’avait un peu oublié depuis un moment, Yu est clairement associé aux Yakuzas à cause de son ange déchu sur l’avant bras, ce qui vient enrichir le regard sur le personnage, même si ce n’est pas nouveau.

Un volume intéressant, bien plus prenant que le précédent, qui amorce une conclusion de qualité !

[cicipouce]

J'ai vraiment apprécié ce manga, il faut que je l'achète avant la fin de l'année !!