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Space Brothers

Posté : 04 janv. 2014, 16:10
par Koiwai
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Tome 1 :

Véritable carton et lauréat de plusieurs prix au Japon, adapté en une série animée fleuve toujours en cours de diffusion au Japon depuis 2012 et en France sur Genzai, le manga Space Brothers, de son nom original Uchû Kyôdai, débarque enfin en France, se plaçant dans un créneau déjà occupé par quelques séries cultes comme Planètes et Moonlight Mile : l'espace et sa conquête abordée de façon réaliste.

Tout commence par deux naissances. Celles de deux frères. Mutta Nanba le 28 octobre 1993, le jour de la tragédie footballistique de Doha. Puis celle de Hibito Nanba le 17 septembre 1996, jour de l'exploit du joueur de baseball Hidéo Nomo. Pendant toute leur enfance, Mutta a à coeur de tenter de tenir son rôle de grand frère, donc de leader, de celui qui montre l'exemple. Pourtant, en cette soirée du 9 juillet 2006, au moment où la terre entière reste abasourdie devant le coup de tête de Zidane en finale de la Coupe du monde, les deux enfants apparaissent déjà à part : les yeux attirés par le ciel où ils ont l'impression de voir un ovni partir vers la Lune, ils se font une sorte de promesse, celle d'aller un jour tous les deux dans l'espace. Hibito promet d'aller un jour sur la Lune, ne laissant pas l'occasion à son grand frère de s'exprimer le premier, celui-ci affirmant alors qu'il ira encore plus loin, jusque Mars.
Les années passent, 2025 arrive, et une expédition visant à établir des habitations sur la Lune se prépare. Parmi les astronautes engagés, un est sur le point de connaître son premier vol spatial : Hibito, devenu une star dans son pays, car il est le premier japonais sélectionné pour une mission lunaire et l'un des plus jeunes astronautes de l’histoire. Il a tout pour lui. Il est sur le point de réaliser son rêve. Mais il lui manque quelque chose, ou plutôt quelqu'un : son frère.
Car Mutta, lui, a les deux pieds cloués sur terre. Tout juste viré de la boîte où il travaillait après avoir mis un coup de boule (façon Zidane, ça va de soi) à son supérieur qui se moquait de Hibito, il est un peu perdu, retourne vivre chez ses parents, stagne, ne peut que regarder avec tendresse et une petite pointe de jalousie le succès de son petit frère.
Pourtant, tout risque de basculer le jour où son frère, aidé par sa mère, le pousse à reconsidérer son vieux rêve d'enfant. Mutta décide enfin de reprendre sa vie en main, et se porte candidat aux prochains examens ouvrant les portes de la prestigieuse JAXA, la NASA japonaise.

Ainsi se présente le premier tome de la série, qui entre assez vite dans le vif du sujet en ne présentant les choses que de manière très basique. Les présentations de la relation entre les deux frères, de leur lien fort, de la promesse qu'ils se sont faits en juillet 2006, et de leur petite rivalité bon enfant, restent succinctes, pas vraiment détaillées, ce qui pourrait faire peiner certains lecteurs qui n'arriveraient alors pas vraiment, sur le coup, à s'attacher à ces deux héros. De même, plusieurs éléments, comme la présence de l'astronaute Mori dans leur enfance ou l'apparition de Mme Sharon et son identité exacte, ne sont pas contextualisés, apparaissent comme ça subitement sans qu'on en saisisse encore tout l'intérêt. Egalement, il y a à quelques reprises de brefs flashbacks jetés ça et là sans transition, qui peinent un peu à convaincre. Dans la façon de poser les bases, il y a clairement quelques petits problèmes et raccourcis un peu déroutants, qui ne facilitent pas l'immersion ou l'attachement aux personnages.

Et pourtant, au-delà de ces petits problèmes, il y a de fortes chances de se laisser prendre au jeu dès que débute le principal sujet de ce premier volume : les examens pour entrer dans la JAXA. La première étape paraît pourtant extrêmement facile tant elle est expédiée, Mutta se retrouvant facilement parmi les quelques dizaines de candidats retenus. Mais à l'issue de la deuxième étape des examens, ils ne ne seront plus que 8, et c'est à partir de cette deuxième sélection que les choses sérieuses commencent réellement. Si l'on ne ressent pas vraiment de pression tant on se doute du déroulement des examens avec un Mutta pas très sûr de lui, un peu maladroit, mais réellement talentueux pour certaines choses, on se prend petit à petit au jeu en découvrant un peu plus son caractère et son style, au fil d'épreuves nombreuses et réalistes (course sur tapis roulant, test de capacité respiratoire et de performances musculaires...) bien que malheureusement assez peu détaillées, où il ne passe pas inaperçu, comme lors d'entretiens oraux où il donne des réponses assez aléatoires ou où il est plus occupé à tenter de resserrer discrètement la vis de sa chaise qu'à répondre. Un peu débraillé avec ses maladresses et ses cheveux hirsutes, il finit par devenir peu à peu attachant et sympathique à suivre. Sans oublier qu'autour de lui viennent vite poindre d'autres candidats dont certains laissent déjà deviner leur importance, à commencer par Serika Itô, l'indispensable jeune femme belle et gentille qui excelle dans toutes les épreuves et qui ne laisse déjà pas notre héros indifférent.

On suit donc avec un certain intérêt ce premier volume, introduction qui ne fait que marquer les débuts d'une grande aventure spatiale. Introduction qui n'est d'ailleurs pas du tout bouclée à la fin du tome, d'où la bonne idée des éditions Pika d'avoir sorti le tome 2 en même temps que le premier, histoire de faciliter un peu plus l'immersion. Il y a des choses qui peuvent rebuter, comme ces éléments de départ expédiés, ce manque d'introspection dans la présentation des personnages, ou même les dessins (pour l'instant assez rigides et maladroits, bourrés de petits problèmes de proportion, mais où l'on ressent une grosse marge de progression possible, et où l'on aime toutefois déjà certains regards et les grandes bouches expressives à la Harold Sakuishi), mais globalement des bases visiblement solides sont en train de se poser, et il ne reste qu'attendre confirmation dans la suite.

On sent l'envie des éditions Pika de porter vers l'avant la série, autant via sa forte mise en avant en librairie (il faut voir l'impressionnant présentoir en forme de fusée) que via son édition, globalement satisfaisante. Le papier, sans être excellent, est dans la moyenne haute de ce que nous sert habituellement l'éditeur, l'impression est de haut niveau, et la traduction de Sylvain Chollet respire de dynamisme et de naturel.