DR. Dmat

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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DR. Dmat

Message non lu par Koiwai » 12 févr. 2014, 22:51

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Les Dmat, ou Disaster Medical Assistance Team. Existant dans plusieurs pays du monde et arrivée au Japon à partir de 2004 pour faire face aux nombreux cataclysmes secouant l'archipel nippon, ces équipes spéciales de sauveteurs d'urgence sont appelées uniquement pour les cas de grands accidents ou de catastrophes, pour soigner dans des conditions extrêmes, avec les moyens du bord les victimes qui peuvent encore être sauvées.
Ce sont ces sauveteurs de l'extrême que Hiroshi Takano, scénariste engagé et très minutieux que l'on a déjà pu voir à l'oeuvre sur L'affaire Sugaya et les premiers tomes d'Ascension, a choisi de dépeindre quand il a commencé DR. Dmat début 2011 (au moment de la catastrophe du 11 mars 2011... Un signe ?). Pour cela, il s'est accompagné du dessinateur Akio Kikuchi.

L'immersion chez les Dmat se fait via un dénommé Hibiki Yakumo, jeune médecin généraliste surdoué, capable d'analyser avec précision n'importe quelle situation, si bien qu'il a été recommandé auprès de la Disaster Medical Assistance Team de Tokyo. C'est un nouveau monde qui s'ouvre pour lui, car là où il était auparavant habitué aux petites tâches à l'hôpital, il va devoir désormais agir sur le terrain, dans l'urgence, en tentant de contrôler son stress (d'autant qu'il ne supporte pas les histoires sanglants) pour mieux analyser les meilleures façons de sauver toutes les victimes, y compris celle qui semblent dans un état plus que critique.
Dans ce premier tome, tandis que se présentent ceux qui seront ses collègues, il va devoir faire face à deux premiers cas extrêmes : un carambolage impliquant six véhicules, et un incendie dans un immeuble où se trouve la personne à laquelle il tient le plus au monde. Dans le premier cas, il se confrontera aux dures réalités de la Dmat : devoir faire des choix impliquant le sacrifice de certaines victimes au profit du sauvetage des autres. Dans le deuxième cas, il s'agira pour lui de mettre de côté ses émotions personnelles, car la Dmat doit avant tout sauver le plus de vies possible.
Le stress est omniprésent, et les auteurs le rend très bien, en nous plongeant constamment dans l'esprit de Hibiki, à ses côtés, en plein dans l'enfer de ces accidents graves. Savoir contrôler son stress, prendre les décisions qui s'imposent après avoir analysé chaque situation, puis opérer avec les moyens du bord, le tout en très peu de temps et avec un matériel restreint : telles sont les tâches qui attendent Hibiki et ses compagnons. Des tâches loin d'être évidentes, et qui demandent de la pratique... Et pourtant, Hibiki prouvera dans ces deux premiers cas toutes ses qualités le poussant à pouvoir sauver tout le monde, à éblouir ses collègues, en réussissant à mettre ses craintes de côté pour aller à l'essentiel, et pour improviser de la meilleure des manières.

Les missions dépeintes jouent constamment sur un flux tendu, avec un stress palpable, et sont dépeintes avec brio par un dessin à la fois sobre, réaliste et limpide, très immersif, capable de croquer autant des visages marqués la plupart du temps que des figures claires quand il le faut, et jouant beaucoup sur les plans large et les plans rapprochés. Ce souci de réalisme n'empêche pas Akio Kikuchi d'offrir des planches très emphatiques dans les instants les plus intenses, pour un rendu réellement jubilatoire. Restent les nombreuses explications techniques, essentielles et très intéressantes, mais qui brisent un peu le rythme très tendu par moments. Des explications démontrant bien le souci de réalisme du scénariste.

On ne cachera pas certains défauts : une glorification trop forte de Hibiki qui parvient à sauver tout le monde pour l'instant en réalisant l'impossible (ce ne sera sans doute pas toujours le cas), des personnages caricaturaux (Hibiki en prodige introverti, le pompier viril et très brut de décoffrage, les jolies infirmières, la petite soeur toute mimi et peu pudique, Murakami le chirurgien rival, la femme à l'origine de l'incendie très ingrate physiquement...), et de grosses coïncidences (l'implication de la petite dès la deuxième histoire...). Mais le fait est que l'ensemble parvient à trouver un bon équilibre entre l'immersion engagée et très technique au coeur des Dmat, et le divertissement spectaculaire et efficace. Le premier volume de DR. Dmat se dévore comme une très bonne série médicale américaine, avec ce que ça implique de grosses ficelles peu subtiles et de grands instants de courage à la gloire de ces sauveteurs. Une affaire à suivre avec le tomes suivants, que l'on espère toutefois un peu plus subtils.

L'édition proposée par Kazé Manga est très bonne, avec première page en couleur, impression de bonne qualité, traduction de très bonne facture, et pas mal d'astérisques sur certains termes technique... mais pas tous, malheureusement. Il faut dire que les termes techniques sont nombreux... Un lexique en fin de tome aurait pu être une bonne idée.
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Re: DR. Dmat

Message non lu par Koiwai » 18 févr. 2014, 20:56

Tome 2 :

Médecin généraliste de formation, Hibiki s'est retrouve propulsé par son supérieur Isezaki au sein de la Dmat, équipe de médecins devant agir sur le terrain dans l'urgent, quand les choses semblent désespérées. Même s'il a été remarqué lors de ses deux premières missions pour ses extraordinaires facultés de raisonnement, de connaissance, de gestion du stress et de pratique, il reste peu confiant dans son utilité, mais gagne peu à peu cette confiance qui lui manque. Pourtant, sa troisième mission pourrait bien l'anéantir : il y retrouve Kashiwagi, célèbre pâtissier qu'il affectionne beaucoup et qu'il a autrefois sauvé d'un cancer. Les deux jambes coincées sous un ascenseur qui risque à tout moment de les sectionner, il semble perdre peu à peu ses esprits...

Après deux missions totalement victorieuses, l'heure est venue pour Hibiki de se confronter à une tout autre situation : alors qu'il fait tout son possible pour que son affection pour Kashiwagi ne brouille pas son self control, la situation semble désespérée, car c'est sur ses décisions que repose la vie de son patient... Seulement, y a-t-il le moindre espoir de sauver Kashiwagi ? La situation se corse encore quand la zone doit être évacuer et que Hibiki doit temporairement laisser Kashiwagi...
Soyons clair : si les auteurs jouent pendant longtemps la carte du suspense, on se doute bien de l'issue de la mission. La situation est de plus en plus critique, le temps joue en défaveur de la survie de Kashiwagi, et l'envie d'y croire repose alors principalement sur le ressenti de Hibiki,toujours aussi bien retranscrit : la volonté de sauver Kashiwagi est là jusqu'au bout, de même que le désespoir face à une situation où il ne peut finalement rien faire. Le drame s'abat alors de façon assez percutante, et soulève une autre facette de la dureté du travail dans la Dmat : pour Hibiki, il y a un sentiment de culpabilité, entremêlé d'interrogations. Pourquoi l'a-t-on amené là, s'il ne pouvait rien faire ? Sa confiance s'ébranle de nouveau, il se demande ce qu'il fait dans la Dmat, et il faudra au moins des paroles fortes d'Isezaki pour le réveiller de sa torpeur.

Par la suite, une nouvelle mission se profile, et est marquée par l'arrivée d'une nouvelle personne : Kumi Isezaki, la fille du supérieur, qui, non contente d'entretenir une relation un peu houleuse avec son père, marque surtout par son extrême beauté et son caractère de feu. La mission qui s'en suit comporte toujours ce qu'il faut d'explications technique et matérielles, mais n'offre à nouveau aucune surprise, les auteurs s'en servant surtout pour mettre en place Kumi dans l'équipe, et pour lui offrir une première approche auprès de Hibiki, qui n'a normalement rien pour la séduire. A moins que...

Deux missions, pour deux objectifs bien clairs. Dr Dmat ne surprend toujours pas le moins de monde tant tout est prévisible, mais Hiroshi Takano et Akio Kikuchi parviennent malgré tout à nous tenir en haleine grâce au visuel percutant et au bon travail effectué sur les tourments de Hibiki. Pourtant, un point bien précis gène : la tendance des auteurs à faire beaucoup trop dans les grosses ficelles. Après la soeur dans le premier tome, on a droit ici dès la troisième mission à un cas impliquant une connaissance personnelle de Hibiki : Kashiwagi, dont ils parlaient justement, comme par hasard, quelques pages avant. Même topo pour l'arrivée de Kumi Isezaki : comme par hasard, Hibiki a pu la croiser avant de faire sa connaissance, au fil d'un passage mêlant tranche de vie et humour pour un résultat peu convaincant, les auteurs jouant beaucoup trop sur la grande beauté et le caractère sûr d'elle de Kumi, au point que ça en devient indigeste, encore plus quand plus tard Kumi se retrouve à rougir bêtement quand Hibiki enlève ses lunettes. Pitié...
Néanmoins, certaines de ces grosses ficelles sont contrebalancées par l'intérêt grandissant autour des supérieurs de Hibiki Isezaki portant presque aveuglément le projet Dmat, au risque de se frotter à des problèmes d'ordre financier et à quelques problèmes face à certains collègues... L'enjeu est soulevé, et intrigue beaucoup pour la suite.

En somme, il faudra, encore plus que dans le tome 1, passer outre le manque de surprise et l'accumulation d'énormes coïncidences irritantes pour apprécier ce deuxième volume, qui dès lors se dévore avec presque autant d'entrain que le premier tome, l'incursion dans la Dmat et dans la psychologie de Hibiki étant suffisamment riche et intense pour nous garder happés.
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Re: DR. Dmat

Message non lu par Koiwai » 22 avr. 2015, 14:22

Tome 7 :

Suite au terrible séisme qui a frappé Tôkyô, Hibiki poursuit inlassablement ses efforts pour sauver un maximum de vies. Mais un appel de Shûsaku, en convalescence à l'hôpital, chamboule tout : depuis la réplique du tremblement de terre, il est sans nouvelles de Haruko, qui se trouvait alors à la crèche. Hibiki par alors pour la crèche dans l'espoir de retrouver sa petite soeur. Sur place, il découvre un lieu en ruines où fleure une odeur de mort. Et quand il retrouvera Haruko, ses convictions de médecin risquent fort d'être ébranlées par un drame le concernant personnellement...

Dans une ville dévastée par une catastrophe qui n'est pas sans évoquer la crainte du fameux "Big One", Hiroshi Takano et Akio Kikuchi referment le premier arc de leur série en confrontant Hibiki à la pire des situations. Face à une tragédie personnelle concernant sa propre soeur, saura-t-il rester fidèle à ses convictions de médecin de la Dmat ? La réponse se dessine dans une déferlante d'émotion jouant beaucoup sur les flashbacks, sur les pleurs et sur l'aspect inévitable du drame, et soulignant avant tout, une fois de plus, la force de personnes qui, comme notre héros, s'appliquent à sauver le plus de personnes possible avec abnégation. Et même si les personnes sauvées sont moindres par rapport au nombre de disparus, elles comptent et sont autant de signes d'espoir, comme nous le montreront les différents cas sauvés dans les volumes précédents et revenant ici pour apporter à l'arc une conclusion pleine d'espoir.

Au bout d'un tome chaotique, triste, émotionnellement puissant et porté par une mise en scène intense et limpide, c'est donc bel et bien un message teinté d'optimisme qui se dessine dans les dernières pages. Et les auteurs ont beau jouer sur le pathos et sur certaines grosses coïncidences, ça marche à merveille tant le message véhiculé se veut fort et humain. On ne ressort pas indemne de cette lecture qui conclut brillamment le premier arc de la série.
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Re: DR. Dmat

Message non lu par Koiwai » 30 janv. 2016, 18:53

Tome 8 :

Quelques mois ce sont écoulés depuis la sortie de l'excellent tome 7 de Dr Dmat, qui marquait de façon forte et émouvante la fin de la première partie de la série. L'heure est venue d'enfin découvrir en langue française la suite de l'oeuvre, dans laquelle, là aussi, quelques mois sont passés.

Le grand tremblement de terre qui a frappé Tokyo et a emporté de nombreuses vies dont celle de la soeur de Hibiki est désormais derrière, et la vie a repris son cours. Toutefois, marqué par les événements, Hibiki a choisi de partir travailler à Taiwan où il forme du personnel hospitalier, et pour le remplacer à la tête de la Dmat tokyoïte, c'est la neurochirurgienne Kumiko Isezaki qui a été choisie, bien malgré elle, par son père.

C'est à contre-coeur qu'elle a pris cette fonction, aux côtés de la volontaire infirmière Rin Yoshioka et, bientôt, d'un nouvel infirmier : Sangetsu Nakajima, un homme qu'elle connaît bien pour avoir suivi une partie de son cursus scolaire dans le même établissement.
Cette nouvelle partie consacrée à Kumi démarre avec l'arrivée de Sangetsu, qui s'avère extrêmement facile dans ses premiers rebondissements liés à l'accident de voiture, mais qui a au moins le mérite de bien planter le personnage : un peu benêt, mais franc, motivé et plein de bonne volonté.

Nakajima n'est toutefois, du moins pour l'instant, qu'un moyen de replonger le lecteur au coeur d'une Dmat désormais dirigée par Kumi, et c'est bien cette dernière qui est au coeur du volume. Chargée malgré elle de diriger l'équipe de Tokyo, elle doit tenter de composer avec cette fonction bénévole avec son travail de neurochirurgienne et son désir de poursuivre sa thèse. une tâche loin d'être facile, tant la Dmat accapare tout son temps...

Mais alors qu'elle tente de s'habituer à ce rythme de vie fou, une terrible affaire se présente face à elle et à son équipe : la Dmat est appelée sur le lieu d'un accident impliquant deux personnes dans un état critique : une jeune femme venant d'être violée, et son agresseur. Qui tenter de sauver en premier ? Une situation d'autant plus délicate pour Kumi qu'elle réveille en elle de terribles et douloureux souvenirs, ceux d'un passé dramatique lié à ses études aux Etats-Unis...
Autant le dire tout de suite : les révélations sur le passé de Kumi ne vont pas chercher en profondeur, restent classiques, mais leur impact sur Kumi est clair et explique suffisamment l'impact que cela a pu avoir sur la mentalité de la jeune femme, ainsi que l'émotion qu'elle peut ressentir face à l'accident dans le présent. Tout est alors en place pour confronter la jeune femme à un dilemme délicat : choisir entre la logique professionnelle de la Dmat pour savoir qui tenter de sauver, ou ce que risque de lui dicter son émotion à cause de son passé...
En quelque sorte, la voici confrontée à un choix un peu similaire à celui de Hibiki dans le volume précédent... Sera-t-elle capable de montrer la même abnégation que lui ? Même si elle y parvient, le doute restera en elle...

Les auteurs parviennent ainsi à approfondir assez efficacement cette femme de caractère qu'est Kumiko. On la découvre sous un jour un brin différent, on voit qu'elle aussi reste une humaine avec ses tourments et ses doutes. Dès lors, le récit parvient à nouveau à faire ressortir toute la difficulté du travail de la Dmat, entre tourments intérieurs inévitables, épuisement, impression d'un certain déséquilibre dans la reconnaissance... Seuls problèmes : le sentiment que l'on a djéà vu tout ça auparavant dans la série, et que le cas de Kumi n'apporte donc pas grand chose de nouveau dans l'oeuvre, d'autant que tout le final du volume est assez rapide et facile pour débloquer la situation. Et puis certains bref passages de la vie luxueuse de la demoiselle (coucherie avec un millionnaire, achat de vin très cher...) sont loin d'être utiles et s'écartent de ce que l'on attend de la série.

Au final, on ne tient certainement pas l'un des meilleurs tomes de la série, surtout après le formidable volume 7. Le travail sur Kumiko reste un peu trop artificiel et l'intrigue proposée ici a un goût de déjà-vu dans l'abord du travail dans la Dmat, mais la lecture n'en reste pas moins immersive et plutôt bien menée malgré quelques écarts, et elle repose efficacement les nouvelles bases de l'oeuvre, que l'on espère voir vite redécoller par la suite.
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