La fiche sur le site
Tome 1 :
Les Dmat, ou Disaster Medical Assistance Team. Existant dans plusieurs pays du monde et arrivée au Japon à partir de 2004 pour faire face aux nombreux cataclysmes secouant l'archipel nippon, ces équipes spéciales de sauveteurs d'urgence sont appelées uniquement pour les cas de grands accidents ou de catastrophes, pour soigner dans des conditions extrêmes, avec les moyens du bord les victimes qui peuvent encore être sauvées.
Ce sont ces sauveteurs de l'extrême que Hiroshi Takano, scénariste engagé et très minutieux que l'on a déjà pu voir à l'oeuvre sur L'affaire Sugaya et les premiers tomes d'Ascension, a choisi de dépeindre quand il a commencé DR. Dmat début 2011 (au moment de la catastrophe du 11 mars 2011... Un signe ?). Pour cela, il s'est accompagné du dessinateur Akio Kikuchi.
L'immersion chez les Dmat se fait via un dénommé Hibiki Yakumo, jeune médecin généraliste surdoué, capable d'analyser avec précision n'importe quelle situation, si bien qu'il a été recommandé auprès de la Disaster Medical Assistance Team de Tokyo. C'est un nouveau monde qui s'ouvre pour lui, car là où il était auparavant habitué aux petites tâches à l'hôpital, il va devoir désormais agir sur le terrain, dans l'urgence, en tentant de contrôler son stress (d'autant qu'il ne supporte pas les histoires sanglants) pour mieux analyser les meilleures façons de sauver toutes les victimes, y compris celle qui semblent dans un état plus que critique.
Dans ce premier tome, tandis que se présentent ceux qui seront ses collègues, il va devoir faire face à deux premiers cas extrêmes : un carambolage impliquant six véhicules, et un incendie dans un immeuble où se trouve la personne à laquelle il tient le plus au monde. Dans le premier cas, il se confrontera aux dures réalités de la Dmat : devoir faire des choix impliquant le sacrifice de certaines victimes au profit du sauvetage des autres. Dans le deuxième cas, il s'agira pour lui de mettre de côté ses émotions personnelles, car la Dmat doit avant tout sauver le plus de vies possible.
Le stress est omniprésent, et les auteurs le rend très bien, en nous plongeant constamment dans l'esprit de Hibiki, à ses côtés, en plein dans l'enfer de ces accidents graves. Savoir contrôler son stress, prendre les décisions qui s'imposent après avoir analysé chaque situation, puis opérer avec les moyens du bord, le tout en très peu de temps et avec un matériel restreint : telles sont les tâches qui attendent Hibiki et ses compagnons. Des tâches loin d'être évidentes, et qui demandent de la pratique... Et pourtant, Hibiki prouvera dans ces deux premiers cas toutes ses qualités le poussant à pouvoir sauver tout le monde, à éblouir ses collègues, en réussissant à mettre ses craintes de côté pour aller à l'essentiel, et pour improviser de la meilleure des manières.
Les missions dépeintes jouent constamment sur un flux tendu, avec un stress palpable, et sont dépeintes avec brio par un dessin à la fois sobre, réaliste et limpide, très immersif, capable de croquer autant des visages marqués la plupart du temps que des figures claires quand il le faut, et jouant beaucoup sur les plans large et les plans rapprochés. Ce souci de réalisme n'empêche pas Akio Kikuchi d'offrir des planches très emphatiques dans les instants les plus intenses, pour un rendu réellement jubilatoire. Restent les nombreuses explications techniques, essentielles et très intéressantes, mais qui brisent un peu le rythme très tendu par moments. Des explications démontrant bien le souci de réalisme du scénariste.
On ne cachera pas certains défauts : une glorification trop forte de Hibiki qui parvient à sauver tout le monde pour l'instant en réalisant l'impossible (ce ne sera sans doute pas toujours le cas), des personnages caricaturaux (Hibiki en prodige introverti, le pompier viril et très brut de décoffrage, les jolies infirmières, la petite soeur toute mimi et peu pudique, Murakami le chirurgien rival, la femme à l'origine de l'incendie très ingrate physiquement...), et de grosses coïncidences (l'implication de la petite dès la deuxième histoire...). Mais le fait est que l'ensemble parvient à trouver un bon équilibre entre l'immersion engagée et très technique au coeur des Dmat, et le divertissement spectaculaire et efficace. Le premier volume de DR. Dmat se dévore comme une très bonne série médicale américaine, avec ce que ça implique de grosses ficelles peu subtiles et de grands instants de courage à la gloire de ces sauveteurs. Une affaire à suivre avec le tomes suivants, que l'on espère toutefois un peu plus subtils.
L'édition proposée par Kazé Manga est très bonne, avec première page en couleur, impression de bonne qualité, traduction de très bonne facture, et pas mal d'astérisques sur certains termes technique... mais pas tous, malheureusement. Il faut dire que les termes techniques sont nombreux... Un lexique en fin de tome aurait pu être une bonne idée.