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Tome 1 :
En ce mois de mars, les éditions Glénat Manga inaugurent leur collection érotique en nous faisant découvrir Minimum, la première oeuvre à être publiée en France de Maya Miyazaki, une auteure qui, en quelques années, s'est construite une bibliographie à la réputation flatteuse d'artiste érotico-porno talentueuse, allant des illustrations coquines pour Playboy Japon aux mangas purement pornographiques, en passant par des oeuvres légèrement érotiques comme celle dont il est question ici.
Minimum nous présente Ito, un lycéen qui n'a rien pour lui : puceau, il préfère éviter les filles qui le prennent pour un pervers, la faute à sa passion pour la photographie. Même face à son ami Saitô qui passe son temps à le taquiner avec des vidéos porno, il préfère nier tout intérêt pour la gente féminine, et n'a d'ailleurs jamais vu la moindre vidéo X ou la moindre "chatte", pour reprendre le terme du délicat Saitô.
Mais Ito reste un garçon malgré tout, et bien qu'il le nie, les filles l'intéressent. Aussi décide-t-il un soir, une fois la salle informatique de son lycée désertée, d'aller surfer sur le net à la recherche de sexe. Mais les choses ne se passent pas du tout comme il l'espérait : après être tombé sur un site bizarre, il a la surprise de voir l'ordinateur surchauffer... et de voir sortir du lecteur CD une fille, nue. Elle s'appelle Haru, elle ne sait pas ce qu'elle fait là ni ce qui lui arrive... et elle est minuscule.
Si Maya Miyazaki cite Video Girl Ai comme la principale série qui lui a donné envie de devenir mangaka, ce n'est pas pour rien, et cela se ressent dès le début de Minimum, qui reprend le concept de la jolie fille sortie tout droit d'un monde visiblement virtuel, prête à entamer une relation délicate avec un jeune garçon puceau. Mais la comparaison à l'oeuvre de Masakazu Katsura ne s'arrête pas là, puisque même le coup de crayon de l'auteure l'évoque. On a donc, clairement, une oeuvre belle à regarder, portée par une héroïne qui ne manque pas de charme, possède des formes sensuelles sans être exagérées, et un visage très féminin. Il manque juste à l'ensemble un peu plus de régularité au niveau des visages, parfois pas assez expressifs et un peu trop grossiers, surtout en ce qui concerne Ito. Ajoutons à cela des plans assez larges et des scènes vaguement coquines qui préfèrent plus titiller que montrer (dans ce tome 1, ne cherchez pas plus qu'un peu de nudité... la suite devrait par contre être plus osée), et on obtient un résultat qui, graphiquement, est encore un peu perfectible mais est charmant. Mais malheureusement, pour l'instant, c'est la seule vraie qualité d'une série qui, côté histoire, connaît une mise en place qui n'a pas grand chose de convaincant.
Tout commence donc par l'arrivée d'une Haru minuscule devant Ito, et les premières pages témoignent déjà de ce qui sera le principal problème de tout le volume : l'idiotie des personnages. D'un côté, on a Haru, minuscule, qui se retrouve à sortir d'un ordinateur sans savoir ce qui lui arrive. Elle est en position de faiblesse face à Ito, elle est vulnérable, nue, ne peut aller nulle part toute seule, mais se montre d'emblée très capricieuse envers le lycéen, qui, s'il n'était pas aussi gentil, aurait vite fait de la laisser en plan. Quant à Itô, la première surprise passée, il ne s'étonne plus vraiment, hormis en se posant des questions idiotes. "Qu'est-ce que c'est que ce petit animal ?"... Ca ne se voit pas ? Il y a peut-être d'autres questions à se poser, non ? Par exemple, comment cette fille est-elle sortie d'un ordinateur ? D'où vient-elle, étant donné que l'adresse où elle pensait habiter est celle d'un love hotel ? Pourquoi est-elle toute petite ? D'où lui vient cette faculté de parfois se transformer en fille de taille normale ? Ce sont les premières questions qui devraient lui venir en tête, et il ne se les posera à aucun moment. Haru non plus, d'ailleurs. Il faudra attendre la toute dernière page pour que Maya Miyazaki daigne apporter une très vague piste de scénario, avec l'apparition d'un nouveau personnage énigmatique.
En lieux et place des interrogations qu'auraient dû se poser les personnages, tout le volume est donc dédié à des... inepties. Il y a, en premier lieu, l'amas de situations gênantes entre nos deux héros, situations qui peuvent amuser dans un premier temps, mais qui finissent rapidement par agacer en tournant en rond et en jouant trop sur quelques traits de caractère stéréotypés. En bon puceau, Ito passe donc son temps à avoir les yeux écarquillés devant le corps de Haru. Le voici à s'extasier devant des nichons au point de se passer la tête sous l'eau, à avoir envie de toucher cette belle jeune fille quand elle est endormie ou a le dos tourné... Ca aurait pu être amusant, si Ito assumait un minimum ses envies, mais ce n'est jamais le cas, et ça en devient vite horripilant. Surtout quand, en face, Haru affiche des réactions assez incohérentes : un coup elle va mettre une gifle à Ito, quelques pages plus loin elle va lui demander des services ou lui demander de lui donner la main, et rebelote... Il s'agit évidemment d'un moyen de faire ressortir la détresse de la jeune fille, qui ne sait pas comment réagir face à une situation dont elle ne comprend rien (en même temps, elle ne cherche pas à la comprendre), mais cette façon de faire, très cliché, lasse rapidement.
Quoi qu'il en soit, et c'est le seul bon point de la mise en place de l'histoire dans ce tome, la gentillesse et la patience qu'Ito cache derrière son statut de puceau totalement cliché démontrent l'envie de plus en plus forte du lycéen de protéger cette petite chose qui a débarqué dans sa vie. Haru a beau être régulièrement une casse-pieds de première catégorie, Ito ne s'énerve pas, s'exécute, et la demoiselle risque donc fort d'accorder une confiance de plus en plus nette au jeune garçon, ce qui aboutit même déjà sur quelques courtes scènes un peu tendres. On a donc quand même hâte de voir évoluer la relation entre ces deux-là.
Ito se fixe donc pour objectif de s'occuper de Haru, et malheureusement cela passe par plusieurs étapes qui sont autant de témoins du manque de jugeote du lycéen.
Haru doit faire pipi ? Laissons-la donc en plan toute seule dans l'herbe, là où il y a des insectes aussi gros qu'elle.
Il lui faut de tout petits vêtements pour pouvoir habiller la miss ? Des vêtements de poupée seraient donc parfaits, mais il n'y pense à aucun moment. D'ailleurs, sa petite soeur Jun non plus, puisqu'elle se contente de lui dire de chercher sur internet... alors que notre héros n'a pas d'ordinateur.
Et donc, besoin d'un ordinateur ? C'est tellement plus simple et logique de revendre son appareil-photo pour tenter d'assembler sans succès un ordinateur pourri, plutôt que de demander à Jun de lui prêter le sien, ou d'aller chercher ça sur les ordis de la salle informatique de son lycée.
Besoin de conseils avisés ? Ah bah oui, téléphonons donc à Saitô, le faux ami vulgos qui ne parle que de cul et passe sa vie à se moquer d'Ito, ce qui n'empêche pas ce dernier de continuer à le suivre. Mouais mouais mouais.
Ainsi se déroule tout le premier volume de Minimum, qui pose les bases de façon peu convaincante, tant les personnages apparaissent idiots et clichés, tandis que l'histoire "intelligente" promise par l'éditeur ne se montre à aucun moment pour l'instant. Dans ce tome 1, on se contente donc de profiter du trait plutôt joli de Maya Miyazaki, en attendant de voir dans le deuxième volume si la série décollera, comme le laisse penser la dernière page.