Le Chef de Nobunaga

Rubrique consacrée aux seinen, c'est à dire des séries se destinant à un lectorat adulte.
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Koiwai
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Le Chef de Nobunaga

Message non lu par Koiwai » 30 mars 2014, 18:20

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Parallèlement au récit fantastique et humoristique de Hell's Kitchen, le cuisinier et scénariste Mitsuru Nishimura offre également ses connaissances culinaires à une oeuvre s'inscrivant dans un tout autre genre : le récit historique. Suffisamment populaire au Japon pour avoir connu une adaptation en série télévisée (une deuxième saison étant même prévue pour l'été 2014), Nobunaga no Chef arrive en France aux éditions Komikku sous le nom Le Chef de Nobunaga, prêt à nous plonger au coeur du parcours de l'une des plus célèbres figures historiques du Japon...

Une journée de l'an 1568, un homme nommé Ken et son compagnon d'infortune sont poursuivis par d'énigmatique individus. L'acolyte de Ken est sauvagement abattu, tandis que le grand gaillard, lui, s'en sort in extremis, sauvé par la jolie Natsu, forgeron de son état. Ken ne sait absolument pas qui il est, et ne sait pas d'où il vient. Tout se dont il se rappelle, ce sont son nom, les dernières paroles de son compagnon abattu qui lui a demandé de retourner à son époque... et des connaissances historiques et culinaires qu'il met en pratique presque inconsciemment pour concocter des mets incroyables pour l'époque, si bien que cela lui vaut bientôt d'être repéré par un gouverneur féodal ambitieux, un certain Nobunaga Oda...

Nobunaga Oda. L'un des trois grands unificateurs du Japon selon nos cours d'histoire, resté dans l'histoire comme un tyran sans pitié et doté d'une ambition dévorante. C'est aux côtés de cette grande figure que se retrouve Ken, bien contraint de laisser derrière lui la belle Natsu pour devenir le cuisinier personnel du gouverneur qui a élu domicile à Kyoto. Et tandis qu'il met en pratique ses connaissances culinaires pour s'imposer sans vraiment le chercher comme cuisinier de Nobunaga, notre très flegmatique héros découvre peu à peu, plus en détails, celui qui se cache sous une réputation de tyran. Du statut de Nobunaga en 1568/69 jusqu'aux premières batailles avec le siège du fort d'Asaka, le récit profite de la proximité de Ken avec Nobunaga pour nous immerger dans l'histoire de l'époque, et le rendu est limpide, passionnant, Mitsuru Nishimura ne se limitant pas aux faits de guerre de Nobunaga, puisqu'il prend le temps de dépeindre tous les à-côtés. La présence d'alliés historiques de poids comme Yoshinari Mori, son fils Ranmaru Mori (encore enfant pour l'instant, mais qui deviendra l'un des meilleurs gardes du corps de Nobunaga dans ses dernières années), et bien sûr Hideyoshi Toyotomi ("le Singe" de son surnom officiel, ici rendu à un rôle un peu humoristique, mais n'oublions pas qu'il sera plus tard le deuxième grand unificateur historique du pays). Son rapport houleux avec la religion. Ou encore le système de méritocratie et l'intransigeance effrayante qui ont fait sa réputation. On a droit à un portrait complet, que ce soit dans la psychologie de Nobunaga ou dans les grands actes qui joncheront son ambitieux parcours. La série ne fait que commencer, mais sur le plan historique, elle est déjà captivante.

Dans ce cadre très porté sur l'Histoire, la cuisine est finalement un élément certes bien présent, constamment mis en avant, mais pas de la manière dont on l'attendait. Loin de plomber le dynamisme du récit avec des recettes, Mitsuru Nishimura prend un parti assez inédit en s'intéressant plutôt, par bribes et via les plats que prépare Ken, à l'histoire des différents ingrédients qu'utilise Ken. De la découverte de la truffe japonaise à l'importance à partir de 1600 des patates, en passant par les vertus pratiques ou nutritives de certains plats sur le champ de bataille, vous découvrirez avec beaucoup de curiosité diverses anecdotes sur la cuisine du Japon féodal, et sur le contraste que Ken y apporte avec ses recettes plus modernes qui apparaissent totalement novatrices pour les gens de l'époque. Cela promet évidemment d'être tout aussi passionnant par la suite.

Entre l'Histoire et les informations culinaires, Nishimura emballe son récit autour des énigmes liées à Ken, personnage principal doté d'un flegme qui lui permet de ne pas paniquer face à son amnésie. Entre deux informations historiques ou culinaires, il est néanmoins amené à s'interroger sur qui il est, et sur ses nombreuses connaissances, pour une sorte de quête identitaire où il doit s'habituer à sa nouvelle vie. Cela passe par des éléments comme l'amour, qui s'immisce discrètement dans l'intrigue via la jolie Natsu.

Le récit est emballé de très belle manière par le dessinateur Takuro Kajikawa. Si les visages peuvent parfois paraître un peu trop rigides, Kajikawa offre un rendu d'une clarté exemplaire, à même de plaire à tous les publics. Les pages sont fluides, les personnages expressifs, les décors d'époque présents quand il le faut pour renforcer l'immersion... C'est de l'excellent travail.

Dans ce premier volume, le début de l'immersion aux côtés de Nobunaga est parfaite ! Les auteurs offrent un récit historique pointu, abordant le personnage sous toutes les coutures, tout en ponctuant l'ensemble de détails culinaires intéressants et d'une intrigue identitaire prometteuse autour de Ken, cuisinier propulsé à une autre époque. Riche, immersif et original, Le Chef de Nobunaga a déjà tout de l'excellente surprise.

L'édition proposée par Komikku est de très bonne qualité. Quelques fautes de frappe discrètes n'entachent pas la vivacité de la traduction, les assez nombreuses astérisques apportent des précisions bienvenues, et la page bonus revenant sur la cuisine de l'époque Sengoku permet de prolonger le plaisir.
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Coco Felken
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Re: Le Chef de Nobunaga

Message non lu par Coco Felken » 31 mars 2014, 13:08

C'est de la très très bonne came ça ! Et comme, en plus, je venais de sortir d'une conférence sur le Japon et le rapport aux étrangers entre le 15ème et le 17ème siècle, j'étais en plein dans cette période de conflits et j'avais donc bien en tête les différents personnages de cette époque et leurs agissements. Voir Toyotomi ainsi notamment est assez drôle, tout comme la représentation de Tokugawa. Et que l'auteur parvienne à relier des événements historiques avec son personnage de cuisinier, c'est plutôt malin. Bref, si Reversible Man ne m'a pas du tout convaincu, c'est tout l'inverse avec Le chef de Nobunaga ! L'un de mes gros coups de coeur de ce premier trimestre 2014.

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Luciole21
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Re: Le Chef de Nobunaga

Message non lu par Luciole21 » 31 mars 2014, 13:31

Pour ma part, j'ai trouvé le titre sympathique, mais pas franchement plus. On passe un bon moment, le traitements des personnages historique est bien foutu, mais on a au final un schéma répétitif et une histoire aux ambitions pour le moment trop réduites pour réellement passionner.
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Coco Felken
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Re: Le Chef de Nobunaga

Message non lu par Coco Felken » 31 mars 2014, 14:14

Le titre parle juste de l'une des périodes les plus passionnantes de l'histoire nippone, avec tous les acteurs de la réunification d'un pays en perpétuelle guerre conjuguée à l'arrivée des premiers étrangers. C'est l'époque où le Japon commence à se rendre compte que le monde est vaste et qu'il n'en est qu'un infime partie. C'est tout ce contexte sous-jacent qui transparaît dans ce début de série et c'est tout ce qui fait son grand intérêt.

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Re: Le Chef de Nobunaga

Message non lu par Luciole21 » 31 mars 2014, 18:54

Je suis d'accord, mais un contexte historique, aussi bien retranscrit soit-il, ne suffit pas à faire une bonne intrigue. Si je voulais me renseigner sur cette période, j'aurais acheter une livre sur le sujet, ou j'aurais chercher sur internet. Instruire c'est bien, mais il ne faut pas se reposer sur sur ce seul acquis, à moins que cet aspect soit parfaitement maîtrisé. Ici, je trouve ça un peu faiblard :|
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Koiwai
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Re: Le Chef de Nobunaga

Message non lu par Koiwai » 25 juil. 2014, 10:14

Avec le tome 3, la série est à mes yeux toujours aussi excellente. L'aspect culinaire est toujours aussi intelligemment utilisé, et le parcours de Nobunaga est retranscrit avec clarté et passion.

Le récit arrive sur la confrontation de Nobunaga avec Nagamasa Azai et Ôichi, un passage du parcours de Nobunaga que j'aime beaucoup.
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Re: Le Chef de Nobunaga

Message non lu par Koiwai » 05 oct. 2014, 13:23

Tome 4 :

La célèbre bataille d'Anegawa arrive ! Les auteurs nous y offrent quelque chose d'assez intense, meurtrier et violent, où l'on apprécie de voir apparaître quelques figures célèbres (comme Tadakatsu Honda) et de voir s'illustrer certains personnages (comme Endô). Et bien sûr, les grandes lignes historiques du déroulement de la bataille sont respectées.

Avant la bataille, les auteurs exposent bien la psychologie d'Oichi ou de Nagamasa Azai, mais aussi celle de Kaede, tout en rendant l'aspect culinaire toujours aussi passionnant, notamment quand Ken doit cuisiner pour la petite Chacha, ce qui est l'occasion de voir comment rendre appétissant aux yeux d'un enfant un aliment qu'il n'aime pas.

L'après-bataille est tout aussi excellent, avec les débuts du potager de Ken et les petits cours culinaires sur le compost ou sur l'histoire de certains aliments (la pomme de terre, par exemple).

Cette série est toujours aussi passionnante. Clairement l'une des très bonnes nouveautés de 2014 !
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Re: Le Chef de Nobunaga

Message non lu par Koiwai » 23 mai 2015, 12:28

Tome 6 :

La chute logique de Motonari, bien que prévisible à partir du moment où l'on connaît quelques bribes du parcours de Nobunaga, est dépeinte avec beaucoup de force et une émotion palpable sans en faire trop. Nobunaga en est alors d'autant plus décidé à en finir avec son conflit contre l'alliance Azai/Asakura, mais la suite du volume réserve à nouveau son lot de rebondissements, via un duel culinaire qui, en plus de mettre l'eau à la bouche, intrigue plus que jamais sur la dénommée Yôko... Que représentait Ken pour elle ?

La grande Histoire et les visions de Nobunaga que nous offrent les auteurs se mêlent toujours parfaitement à l'aspect culinaire et aux énigmes autour de Ken. Du grand art !
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Re: Le Chef de Nobunaga

Message non lu par Koiwai » 01 sept. 2015, 15:45

Tome 7 :

Après l'exceptionnel tome 6, la série ne baisse aucunement en qualité en nous offrant de nombreuses intrigues prometteuses autour de certaines grandes figures, à commencer par le chef de guerre Shingen Takeda et le très sournois Matsunaga, mais aussi Kennyo. J'ai aussi beaucoup apprécié le petite mise en avant de Kaede qui se voit confier une nouvelle tâche dangereuse, et de Nôhime pour ses paroles envers Ken. Enfin, Yôko reste un personnage que l'on a hâte de voir mieux mis en avant, d'autant que la fin du volume annonce des choses sérieuses à son sujet.

Pour le reste, les auteurs associent toujours aussi habilement la cuisine à une reprise fidèle des grands événements historiques. A cela, ils ajoutent un portrait de Nobunaga toujours prenant de par le talent stratégique et les ambiguités du personnage, et ils offrent quelques interprétations intéressantes (notamment sur l'incendie du Mont Hiei).
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