Returners
Posté : 09 avr. 2014, 19:38
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Tome 1 :
Surtout connue au Japon pour sa comédie coquine Sekirei, Sakurako Gokurakuin, parallèlement à sa série-phare, a dessiné une oeuvre plus sombre et plus orientée action : Returners, qui s'est achevée début 2014 avec son quatrième tome. Une série pour laquelle l'auteure dit avoir voulu offrir une sorte d'héritier aux séries de Bien contre le Mal façon Power Rangers, mais où elle avoue d'elle-même avoir dévié... pour un résultat raté.
Essayons d'abord de comprendre l'histoire de base. Il y a 13 ans, des monstres se sont écrasés sur Terre en même temps que la météorite qui les abritait, et ils semèrent sur leur passage mort et chaos avant de disparaître dans des lieux que les humains ont rapidement mis sous haute sécurité, sous forme des remblais. Les années qui passèrent leur ont ensuite permis de sa préparer à de possibles futurs retours des monstres, en entraînant au combat des personnes prédisposées. Parmi celles-ci, il y a nos deux héros : Himuka Mutusumu, une jeune fille aussi belle que meurtrière au caractère pur et ignorant du monde. Et Ibuya Nozomu, jeune homme en partie amnésique (apparemment) et possédant des facultés depuis son implication dans le drame d'il y a 13 ans, plus occupé à vouloir s'enfuir ou à vomir quand il y a du danger, et visiblement désireux de se taper son innocente partenaire. Voila voila.
Retenez bien ce semblant de scénario, parce que bien que tout ceci a beau être basique (bah, en gros, des gentils tuent des méchants monstres), la mangaka parvient quand même à rendre son histoire incompréhensible, la faute à... trop de vide.
Il faut se dire que, dans ce premier tome, on se contente de regarder nos héros bousiller les quelques monstres, sans que rien ne soit correctement mis en place. A part savoir que Himuka et Ibuya doivent combattre des bébêtes pas sympas, Sakurako Gokurakoin ne nous apprend rien sur le contexte, sur le pourquoi du comment de tout ceci. Le drame d'il y a 13 ans est juste évoqué par-ci par-là, elle ne dit même pas clairement ce qu'est le Remblai n°0, n'explique pas comment les défenseurs de l'humanité se battent, fait apparaître des personnages secondaires qui ne servent à rien... Et, pire du pire, elle ne cherche jamais à éveiller la curiosité autour de ses deux héros, véritables coquilles vides. Quelles sont exactement les capacités du peu courageux Ibuya ? On ne le sait pas, et on a juste l'impression qu'il est inutile. Quant à Himuka, quelle est sa nature exacte ? Puisque derrière son côté passionné elle montre surtout des réactions bizarres (elle ne sait pas ce qu'est un rapport sexuel et n'a appris ça qu'en cours, elle n'hésiterait pas à aller sauver le monde à poil, elle se laisse peloter sans être choquée...), on est en droit de se demander d'où lui vient une telle méconnaissance totale du monde, mais apparemment c'est une question obsolète puisqu'elle n'est jamais mise en avant. Tout cela est vraiment dommage, car avec cette belle, forte et ignorante héroïne et ce héros plus proche du lamentable que de l'héroïsme, il y avait vraiment moyen d'offrir un duo de choc.
Sakurako Gokurakuin a-t-elle l'intention d'apporter des réponses sur le comportement de son héroïne, ou s'agit-il juste là d'un prétexte bidon pour faire du fan-service ? Au vu de ce premier tome, c'est clairement la deuxième hypothèse qui l'emporte, car tout comme dans Sekirei, la mangaka ne manque pas une occasion de dessiner des nichons et des culottes. Les premières pages sont du pur fan-service qui vous permettra d'apprécier le physique sculptural de Himuka, et la suite ne s'éloigne jamais beaucoup de ce leitmotiv. Sakurako Gokurakuin met des nichons partout, dès qu'elle le peut. Même les monstres en ont, c'est rigolo. Et il faut au moins reconnaître cette qualité à la série, si tant est que ça vous intéresse : les corps féminins que croque la mangaka sont franchement jolis, dessinés avec une certaine finesse et une certaine précision qui raviront les amateurs de courbes charmantes. Mais pendant ce temps-là, la narration est bordélique (mention spéciale aux morceaux de flashback qui arrivent n'importe quand pour ne rien dévoiler), et les scènes d'action vont beaucoup trop à l'essentiel, sont minimales, sont mal découpées, ne dégagent rien et n'apportent aucun plaisir. Pour une série censée faire dans l'action, c'est bête.
En fait, il y avait avant même de commencer la lecture suffisamment d'indices laissant présager la calamité à l'intérieur : le résumé au dos de couverture qui est un peu à la rue et est en plus plombé par une énorme faute d'orthographe, le mot de l'auteure sur le rabat où elle avoue que sa série a dévié de son but initial, l'autre mot sous la jaquette où elle dit elle-même qu'elle confond le prénom et le nom de son héroïne... Tout cela n'est pas sérieux, et ça se ressent directement pendant la lecture, grand vide à peine sauvé en partie par un alléchant fan-service. Maigre consolation qui peine à faire oublier les 9,35€ dépensés...