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Tome 1 :
Seichirô Kakôin fait partie de l'élite, des riches de ce monde, de la classe dominante du Japon, et à ce titre il poursuit ses études dans la plus prestigieuse université du pays : celle de l'école Keihô, qui accueille les enfants de riches de la primaire à jusqu'aux hautes études.
C'est du moins ce qu'il fait croire à ses camarades, car en réalité, celui qui se fait nommer Seichirô n'est rien d'autre qu'Ichirô, un jeune homme sans le sou, vivant dans un taudis, et vouant un dégoût profond pour les enfants de riche dont l'avenir brillant est déjà tout tracé. Et c'est pour se faire une place parmi ceux qu'il déteste que, jour après jour, il se rend à l'université où il se fait passer pour un brillant élève, nouant des liens factices avec son entourage pour grimper les échelons. Et ça tombe bien, car une opportunité s'ouvre bientôt à lui, quand un camarade de la fac lui propose de le remplacer pour un cours particulier auprès d'une collégienne issue d'une famille extrêmement riche. Il est bien décidé à faire bonne figure pour se faire remarquer, mais il ne sait pas encore à quel point sa jeune élève, Tamami, va bouleverser ses plans...
Tel est le pitch de départ de Tamami the observer, nouvelle série en trois tomes des éditions Komikku, signée Hiroto Ida, un auteur jusque là inconnu en France. L'histoire nous plonge aux côtés d'un héros, ou plutôt d'un anti-héros rongé par l'ambition, ce qui le pousse à mentir à son entourage de riches, et, bientôt, à manipuler les autres, à commencer par Tamami, la fillette dont il se retrouve professeur particulier, et qui n'a pas fini de le faire tourner en bourrique tant elle a tout de la gamine pourrie-gâtée, donnant ses ordres et ne prenant même pas la peine de retenir le nom de celui qui est à son service. Seulement, cette fillette n'a pas fini de l'étonner, et l'auteur prend bien le temps d'intriguer autour de son statut particulier. Car alors qu'elle-même l'ignore, la jeune Tamami semble posséder une faculté pour le moins étonnante, que l'on devine peu à peu : celle de faire apparaître dans un objet clos (une boîte, un sac...) ce qu'elle pense y trouver. Le mangaka se réapproprie ici la célèbre expérience du chat de Schrödinger pour offrir un pouvoir plutôt original, qui intrigue autant le lecteur qu'Ichirô, l'ambitieux jeune homme y voyant évidemment un excellent moyen de parvenir à ses fins...
L'intrigue est alors bel et bien lancée, et Ichirô devra redoubler d'ingéniosité pour garder auprès de lui Tamami et pour, peut-être, grimper les échelons. Dans un premier temps, il s'agira pour lui de voler à son camarade la place de professeur officiel de la jeune fille, puis de consolider sa réputation auprès des autres, par exemple en aidant une étudiante à démasquer un escroc au jeu. Ce sont principalement ces deux "missions" qui occupent ce premier tome, et dans les deux cas on appréciera le grand sens de la ruse et de la manipulation d'Ichirô, un personnage principal pour l'instant encore assez énigmatique, à la fois sombre et intéressant, qui n'hésite pas à jeter sans état d'âme le discrédit sur les gens qui lui font obstacle, mais qui reste fascinant dans sa capacité à prévoir des pièges pour écarter les menaces. Dans tout ceci, le pouvoir de Tamami est encore discret, mais est utilisé à bon escient quand il le faut, Ichirô n'hésitant pas à manipuler la fillette qui, sous ses airs hautains, reste une enfant. L'évolution de la relation entre Ichirô et Tamami est également assez prometteuse, la gamine, extrêmement curieuse de tout et n'ayant globalement pas froid aux yeux, semblant s'intéresser de plus en plus à son prof, qu'elle suit un peu partout avec une certaine confiance mêlée de curiosité...
Il y a néanmoins, dans tout ceci, quelques limites liées à la facilité avec laquelle Ichirô résout ses deux premiers conflits. Le premier, contre son camarade et professeur officiel de Tamami, peine à dégager de la tension, de par le côté un peu ridicule du plan d'Ichirô à base de petite culotte, et encore plus au vu de la chute too much qui place un petit humour pas forcément bienvenue. L'affrontement contre l'escroc du jeu est déjà plus tendu mais souffre aussi de petites facilités, à commencer par la façon dont Ichirô parvient à mettre la main sur la trousse.
Il y a donc quelques imperfections plutôt propres à un début de série, mais dans les faits, Tamami the observer se lit tout seul et intrigue. Les premiers conflits sont un peu trop légers et faciles, mais le personnage principal attise beaucoup la curiosité de par ses ambitions et ses ruses, et le pouvoir de la jeune Tamami devrait beaucoup apporter à ses plans. C'est d'autant plus intrigant que la fin du tome accentue les mystères autour du pouvoir de Tamami et dévoile quelques bribes des raisons poussant Ichirô a tant détester les riches... Affaire à suivre !
C'est une habitude, Komikku nous offre une édition de bonne facture : papier épais et agréable, traduction vive, bonne qualité d'impression... Il y a juste, comme souvent, quelques fautes d'inattention discrètes.