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Tamami - The observer

Posté : 09 avr. 2014, 19:40
par Koiwai
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La fiche sur le site


Tome 1 :

Seichirô Kakôin fait partie de l'élite, des riches de ce monde, de la classe dominante du Japon, et à ce titre il poursuit ses études dans la plus prestigieuse université du pays : celle de l'école Keihô, qui accueille les enfants de riches de la primaire à jusqu'aux hautes études.
C'est du moins ce qu'il fait croire à ses camarades, car en réalité, celui qui se fait nommer Seichirô n'est rien d'autre qu'Ichirô, un jeune homme sans le sou, vivant dans un taudis, et vouant un dégoût profond pour les enfants de riche dont l'avenir brillant est déjà tout tracé. Et c'est pour se faire une place parmi ceux qu'il déteste que, jour après jour, il se rend à l'université où il se fait passer pour un brillant élève, nouant des liens factices avec son entourage pour grimper les échelons. Et ça tombe bien, car une opportunité s'ouvre bientôt à lui, quand un camarade de la fac lui propose de le remplacer pour un cours particulier auprès d'une collégienne issue d'une famille extrêmement riche. Il est bien décidé à faire bonne figure pour se faire remarquer, mais il ne sait pas encore à quel point sa jeune élève, Tamami, va bouleverser ses plans...

Tel est le pitch de départ de Tamami the observer, nouvelle série en trois tomes des éditions Komikku, signée Hiroto Ida, un auteur jusque là inconnu en France. L'histoire nous plonge aux côtés d'un héros, ou plutôt d'un anti-héros rongé par l'ambition, ce qui le pousse à mentir à son entourage de riches, et, bientôt, à manipuler les autres, à commencer par Tamami, la fillette dont il se retrouve professeur particulier, et qui n'a pas fini de le faire tourner en bourrique tant elle a tout de la gamine pourrie-gâtée, donnant ses ordres et ne prenant même pas la peine de retenir le nom de celui qui est à son service. Seulement, cette fillette n'a pas fini de l'étonner, et l'auteur prend bien le temps d'intriguer autour de son statut particulier. Car alors qu'elle-même l'ignore, la jeune Tamami semble posséder une faculté pour le moins étonnante, que l'on devine peu à peu : celle de faire apparaître dans un objet clos (une boîte, un sac...) ce qu'elle pense y trouver. Le mangaka se réapproprie ici la célèbre expérience du chat de Schrödinger pour offrir un pouvoir plutôt original, qui intrigue autant le lecteur qu'Ichirô, l'ambitieux jeune homme y voyant évidemment un excellent moyen de parvenir à ses fins...

L'intrigue est alors bel et bien lancée, et Ichirô devra redoubler d'ingéniosité pour garder auprès de lui Tamami et pour, peut-être, grimper les échelons. Dans un premier temps, il s'agira pour lui de voler à son camarade la place de professeur officiel de la jeune fille, puis de consolider sa réputation auprès des autres, par exemple en aidant une étudiante à démasquer un escroc au jeu. Ce sont principalement ces deux "missions" qui occupent ce premier tome, et dans les deux cas on appréciera le grand sens de la ruse et de la manipulation d'Ichirô, un personnage principal pour l'instant encore assez énigmatique, à la fois sombre et intéressant, qui n'hésite pas à jeter sans état d'âme le discrédit sur les gens qui lui font obstacle, mais qui reste fascinant dans sa capacité à prévoir des pièges pour écarter les menaces. Dans tout ceci, le pouvoir de Tamami est encore discret, mais est utilisé à bon escient quand il le faut, Ichirô n'hésitant pas à manipuler la fillette qui, sous ses airs hautains, reste une enfant. L'évolution de la relation entre Ichirô et Tamami est également assez prometteuse, la gamine, extrêmement curieuse de tout et n'ayant globalement pas froid aux yeux, semblant s'intéresser de plus en plus à son prof, qu'elle suit un peu partout avec une certaine confiance mêlée de curiosité...
Il y a néanmoins, dans tout ceci, quelques limites liées à la facilité avec laquelle Ichirô résout ses deux premiers conflits. Le premier, contre son camarade et professeur officiel de Tamami, peine à dégager de la tension, de par le côté un peu ridicule du plan d'Ichirô à base de petite culotte, et encore plus au vu de la chute too much qui place un petit humour pas forcément bienvenue. L'affrontement contre l'escroc du jeu est déjà plus tendu mais souffre aussi de petites facilités, à commencer par la façon dont Ichirô parvient à mettre la main sur la trousse.

Il y a donc quelques imperfections plutôt propres à un début de série, mais dans les faits, Tamami the observer se lit tout seul et intrigue. Les premiers conflits sont un peu trop légers et faciles, mais le personnage principal attise beaucoup la curiosité de par ses ambitions et ses ruses, et le pouvoir de la jeune Tamami devrait beaucoup apporter à ses plans. C'est d'autant plus intrigant que la fin du tome accentue les mystères autour du pouvoir de Tamami et dévoile quelques bribes des raisons poussant Ichirô a tant détester les riches... Affaire à suivre !

C'est une habitude, Komikku nous offre une édition de bonne facture : papier épais et agréable, traduction vive, bonne qualité d'impression... Il y a juste, comme souvent, quelques fautes d'inattention discrètes.

Re: Tamami - The observer

Posté : 16 oct. 2014, 22:39
par Koiwai
Tome 2 :

Devenu le professeur de Tamami, Seiichirô est bien décidé à exploiter le pouvoir de la jeune fille pour s'élever dans la société, mais de nombreux obstacles l'attendent sur cette longue route ! Suite au vol d'un bracelet transmis de génération en génération au sein de la grande famille de la jeune fille, il devra prouver son innocence en plus de concocter un moyen pour démasquer le véritable coupable, le majordome Yozo. Il lui faudra ensuite venir en aide à Tamami à l'école et en profiter pour se rapprocher d'elle et de sa prof principale, puis se tirer d'une affaire de meurtre en participant à un duel contre son propre frère...

Si elles sont parfois un peu rapides dans l'apparition des nouveaux personnages ou dans quelques-uns de leurs rebondissements, les trois nouvelles épreuves de ce tome s'avèrent encore un peu plus prenantes que celles du premier volume. En tête, la première épreuve s'avère originale et rondement menée avec ce test psychologique bien exploité, d'autant que cela permet d'en découvrir plus sur la famille de Tamami, sur la façon dont son père la considère, et sur la croyance religieuse que celui-ci a fondé. Et si Tamami s'avère bien discrète pendant ce passage, elle est le point déclencheur d'une conclusion étonnante et bien fichue, qui parvient à offrir une certaine consistance au majordome Yozo.
Rapide, le deuxième récit est celui qui exploite le plus le talent si particulier de Tamami. Seiichiro y est décidé à utiliser ce pouvoir pour se rapprocher de Tamami, mais les effets de ses manigances vont avoir des conséquences lui échappant et défiant plus que jamais toute logique, en nous montrant à quel point l'extraordinaire capacité de la fillette pourrait devenir puissant et dangereux s'il était bien exploité. En parallèle, la prof principale campe un personnage assez amusant, bien qu'elle soit assez inutile dans l'immédiat.
Quant à la troisième épreuve, elle met totalement de côté le pouvoir de Tamami et démarre de façon un brin poussive tant elle semble débarquer de nulle part, mais le résultat est une nouvelle fois prenant, la confrontation psychologique entre Seiichirô et son frère Seiji étant assez intense en jouant habilement sur les manipulations. Surtout, c'est l'occasion d'entrevoir un peu plus le passé familial chaotique de notre héros, ce qui explique en partie son caractère.

On note également, au fil du tome, l'exploitation de nouveaux facteurs psychologiques exposés d'intéressante manière : l'effet Bouba/Kiki, celui du pont suspendu, et enfin le syndrome du bras fantôme s'avèrent être des éléments dont Hiroto Ida tire bien parti, au fil des manigances psychologiques de son anti-héros.

Toutefois, le bât blesse clairement dans le manque de fil conducteur. Alors qu'on s'attendait à suivre la percée sociale de Seiichirô grâce au pouvoir de Tamami, on assiste à un déroulement un peu décousu, où la fillette est régulièrement sous-exploitée, et où les trois épreuves ne sont pas imbriquées autour de l'évolution des personnages. Chaque épreuve paraît quasiment indépendante, on ne ressent pas l'apport de celles-ci dans la trame principale, et on se demande comment l'auteur va bien pouvoir conclure son histoire dans le prochain tome puisque son scénario n'a quasiment pas avancé. Certes, ce qui arrive à Tamami en fin de tome marque sans doute un rebondissement important, mais un seul volume suffira-t-il pour bien boucler les choses ?

Re: Tamami - The observer

Posté : 22 oct. 2014, 14:07
par Koiwai
Tome 3 :

Alors qu'il pensait son duel contre son frère Keiji terminé, Seiichirô tombe de mal en pis ! Assommé, il se réveille ligoté et enfermé dans un lieu dont il ,ignore l'emplacement, avec pour seule possibilité de s'en sortir une bonne utilisation de son téléphone portable. Mais plutôt que de prévenir la police, il va lui falloir ruser pour sauver Tamami, qui a été kidnappée par sa soeur !
En plus de son frère, voici notre héros contraint de s'opposer à sa frangine, ce qui réveille encore un peu plus un passé qu'il avait préféré oublié, avec des traumatismes d'enfance qui ont conditionné sans façon d'être aujourd'hui. Découvrir encore un peu plus le background de notre personnage principal est un plaisir, de me^me que retrouver le prof principale de Tamami, qui constitue une aide aussi appréciable qu'amusante, la jeune femme restant fidèle à elle-même ! Le côté un peu branque des personnages, devenu une marque de fabrique de la série, se poursuit avec l'arrivée de la frangine en tant qu'ennemie assez atteinte et exagérément disgracieuse, et il n'en faut pas plus pour que le récit s'emballe bien autour d'un affrontement à distance où Seiichirô devra à nouveau ruser pour exploiter comme il se doit le pouvoir de Tamami ! Malgré quelques facilités (comment Seiichirô pouvait-il se douter que sa soeur aller prendre de l'alcool après avoir reniflé l'engrais ?), c'est plutôt bien huilé, et c'est surtout suffisamment bien narré pour qu'on s eprenne au jeu !

Même topo pour le chapitre suivant, où Seiichirô se retrouve contraint de travailler dans la filiale manga d'une maison d'édition, où après une bourde il se retrouve coincé, obligé d'utiliser à nouveau le pouvoir de Tamami pour recréer des planches détruites. Mais l'imagination de la fillette étant plutôt fertile, les choses ne vont pas se passer exactement comme prévu...
Entre les délires sur l'imagination de Tamami qui crée des planches sans queue ni tête et la petite parodie du milieu du manga que nous offre l'auteur (d'ailleurs, entre Hiroto Ida et Birôdo Nida, il n'y a qu'un pas), ce bref passage fait dans un registre plus humoristique avec une certaine efficacité, avant que la dernière ligne droite de la série ne redevienne plus sérieuse.

En effet, les deux derniers chapitres viennent précipiter un peu les choses. L'avenir de Tamami se précise avec un rôle que lui confie son père, et c'est l'occasion pour Seiichirô de grimper encore un échelon dans la société, si tant est qu'il arrive à faire face à son rival le majordome Yozo... et, surtout, qu'il parvienne à sauver Tamami de son plus grand danger... elle-même ?! Dans une ambiance sombre et quasiment horrifique à peine contrebalancée par les réactions too much de Yozo, l'auteur entretient un joli petit suspense tout en révélant les origines du pouvoir de Tamami. Une nouvelle fois, c'est efficace... et pourtant, c'est la frustration qui domine une fois arrivé à la fin de la lecture.

Cette frustration, on la doit au sentiment de ne pas avoir réellement de fin et d'avoir eu un récit un peu trop épars. A l'instar du tome 2, ce troisième volume offre des rebondissements qui manquent un peu trop de connexion entre eux et qui n'exploitent les désirs des personnages que de façon superficielle. Les protagonistes secondaires que sont les frère et soeur de Seiichirô, la prof de Tamami et Yozo sont trop peu développés (ça peut encore passer pour Yozo qui est là à la fin et a eu droit à son petit focus, mais quid des trois autres ? Finalement, que deviennent-ils exactement ?). Et si l'on ressent bien l'évolution de Seiichirô et Tamami à la fin, on a l'impression d'être coupé en plein élan, il règne le sentiment que la série se termine pile au moment où elle semblait commencer, où elle pouvait décoller réellement autour de plus grandes ambitions...

Au bout du compte, la série se lit avec plaisir, car malgré l'aspect épars des chapitres et quelques facilités l'auteur sait assez bien exploiter son sujet de base et alterner les ambiances. Mais il semble malheureusement difficile d'être satisfait par cette conclusion beaucoup trop ouverte. Comme beaucoup d'autres oeuvres, Tamami the Observer s'achève au moment où l'oeuvre aurait pu décoller, et le tout ne semble être que le prologue d'un récit qui aurait pu être largement plus ambitieux.